La consultation publique lancée par la Commission européenne pour « moderniser et simplifier » la Pac post-2020, s’achève le 2 mai 2017. Depuis son ouverture, en février dernier, les associations environnementales et les organisations professionnelles se mobilisent pour faire entendre leurs voix. En particulier la FNSEA qui bat le rappel pour peser face aux ONG, « dans le strict intérêt des agriculteurs ». Une manœuvre épinglée par un article de Médiapart le 13 avril, puis un de la fondation Euractiv, au titre sans ambiguïté : « la FNSEA compromet la consultation de la future Pac ». Dans un communiqué du 19 avril, la Confédération paysanne y voit même une « attitude lourdement condamnable ».

Guide de réponse

Quels sont les faits reprochés ? Le syndicat a envoyé à ses fédérations départementales un « guide de réponse à la consultation » de quatorze pages pour indiquer les cases à cocher. Encore en accès libre sur plusieurs sites de FDSEA, voici ce qu’on peut y lire : « une stratégie offensive a été retenue pour mettre en avant les préoccupations agricoles. Il est facile d’imaginer les réponses des environnementalistes, aussi, l’orientation proposée est de ne pas donner la position de la FNSEA, qui sera équilibrée, mais un accent fort sur l’intérêt uniquement agricole afin de contrebalancer les positions des ONG ». Précision étant faite que « l’usage de mots-clés est un moyen de faire passer nos préoccupations ».

 

Plus loin : « la commission accepte que plusieurs réponses proviennent de la même adresse IP, il est donc possible pour notre réseau d’organiser une réponse massive sur la base du fichier adhérent des FDSEA, tout en veillant à diversifier à minima les réponses aux questions ouvertes ».

Stratégie de bonne guerre

Est-ce à dire que les fédérations pourraient répondre à la place de leurs adhérents ? « Pas le moins du monde, assure Henri Brichart, vice-président de la FNSEA. Il s’agit simplement de proposer aux agriculteurs d’utiliser les ordinateurs de leurs fédé, souvent dotés d’une meilleure connexion que sur leur exploitation. »

 

Pour le reste : « nous donnons des moyens de décryptages aux adhérents, car beaucoup de questions sont compliquées. Je ne vois pas où est le problème, un certain nombre d’ONG font la même chose… » Un seul objectif poursuivi : « inciter les agriculteurs à répondre ». Une stratégie de bonne guerre ? Qu’on la regrette ou non, elle est, en tout état de cause, largement répandue.

 

Les résultats de cette consultation publique seront publiés en ligne et présentés lors d’une conférence à Bruxelles, en juillet 2017. Reste à savoir quel sera l’impact réel des réponses ainsi collectées.