Moi contre mon frère ; Mon frère et moi contre mon cousin ; Moi, mon frère et mon cousin contre l’inconnu » . Proverbe arabe
« Au moment où vous vous cherchez des poux dans la tête, Israël fabrique des puces » Thomas Friedman du New York Times s’adressant aux arabes
Encore une fois les dirigeants arabes viennent de montrer leur limite intellectuelle et leur gabegie s’agissant du feuilleton de l’élection de la directrice générale de l’Unesco. Un coup d’éclair dans un ciel déjà chargé. On apprend que contre toute attente, toute logique, toute morale madame Audrey Azoulay a été élue directrice générale de l’Unesco ! On peut penser que l’Unesco ne pèse rien en terme de poids sur l’échiquier c’est sans compter sur son poids culturel et moral comme elle l’a montré dans la reconnaissance de la Palestine
Audrey Azoulay, né à Paris c’est la fille du journaliste, banquier et homme politique André Azoulay, conseiller du roi du Maroc Hassan II à partir de 1991 , puis de Mohammed VI est une femme politique française. Conseillère culturelle du président de la République François Hollande entre 2014 et 2016, elle est ministre de la Culture et de la Communication entre 2016 et 2017. Elle est élue directrice générale de l’UNESCO le 13 octobre 2017 pour un mandat de quatre ans.
Les dirigeants Arabes dont aucun – exception faite du Liban- n’est arrivé à la magistrature suprême suite à des élections propres et honnêtes– ne représentent pas leurs peuples qui sont admirables. Plus retors que jamais entre eux font de l’aplaventrisme pour se faire bien voir par l’Occident. Nous allons le voir à propos du feuilleton de l’élection à l’Unesco mais aussi de la cause palestinienne qui est présente d’une façon indirecte parce que c’est par elle, que « scandale » au yeux des Américains et Israéliens est arrivé. Un mot pour souligner le courage de l’ancienne Directrice générale Irina Bokova qui, dans l’affaire de l’admission de la Palestine à l’Unesco et dans l’inscription du caveau des Patriarches palestinien au patrimoine de l’humanité a montré ce que devait être le droit international des peuples.
C’est la faute Hollande si Azoulay est à la tête de l’Unesco
Tout a commencé avec Hollande qui voulant plaire a tenté de placer sous orbite sa minsitre de la culture. Il n’a pas pensé à celle qui est restée plus longtemps Fleur Pellerin. Il n’a pas pensé à la précédente ministre de la culture qui est restée encorep lus longtemps et qui est de « sa famille politique » en théorie. Non il a pensé à une haut fonctionnaire mais qui n’a pas de passé- étant spécialiste des médias- ni dans la culture ni dans la politique. Pour Celine Lussaton : « Cela s’appelle un couac diplomatique. Cherchant un point de chute à sa ministre de la Culture, François Hollande a en effet appuyé par mégarde sur le bouton nucléaire de la Maison de l’Unesco. Pour les Etats arabes qui estiment devoir enfin obtenir cette année la prestigieuse direction générale de l’institution internationale, la candidature de dernière minute d’Audrey Azoulay imposée par Hollande n’est rien de moins qu’une provocation ! Jean-Yves Le Drian s’est ainsi vu remettre à l’ambassade de France une pétition signée par une cinquantaine de grands noms de la culture arabe au premier rang desquels l’écrivain égyptien Mohamed Salmawy.
« Nous appelons le président Macron à reconsidérer cette candidature. C’est la relation étroite de la France avec le monde arabe que François Hollande a mis en péril en faisant ce cadeau à Mme Azoulay », estime l’écrivain de passage à Paris. « L’ancien président n’a-t-il pas mesuré combien le prestige de la France allait être écorné par cette candidature qui vient voler la place à l’un de nos représentants ? », interroge l’intellectuel qui occupe actuellement le poste de secrétaire général de l’Union des écrivains d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine » (1).
Accusé de vouloir recaser une personne de son premier cercle, François Hollande a également omis la règle tacite qui empêche l’Etat où siège une organisation internationale de candidater à sa direction. (…) Pour Mohamed Salmawy, il ne fait aucun doute qu’un candidat arabe doit être porté à la tête de l’institution. « Dans ces temps où l’Occident s’inquiète de la montée du fondamentalisme, qui mieux qu’un ressortissant du monde arabe pourrait diriger l’Unesco ? C’est par la culture et l’enseignement que nous pourrons lutter contre les extrémistes. Et la voix d’un ressortissant du monde arabe sera bien mieux entendue en Orient », argumente-t-il. Mieux que celle d’une Européenne qui plus est de confession juive ? L’ancienne ministre de la Culture, qui est la cible d’une campagne contre sa candidature bien plus virulente que celles menées contre les candidats vietnamien ou chinois, voit en effet sa judéité régulièrement mise en avant sous couvert de dénoncer une « maladresse supplémentaire de Hollande » au moment où la direction de l’Unesco devrait revenir à un pays du monde arab) » (2).
Les protestations « incohérentes » des Arabes
Le dernier coup de Jarnac de Hollande à l’endroit des Arabes est d’avoir imposé la candidature d’une illustre inconnue au sein de l’Unesco, n’était ce le siège de l’Unesco à Paris. On dit que c’est du à la cacophonie des Arabes avec quatre candidats au lieu d’ un candidat unique qui l’a convaincu . Les postulants arabes sont au nombre de 4 ; Vera el-Khoury Lacoeuilhe (Liban), Hamad Bin Abdullah al-Kuwari (Qatar), Moushira Khattab (Egypte) et Saleh al-Hasnawi (Irak) Les potentats arabes , c’est connu sont inconséquents avec leurs actes. On le voit avec la lettre ridicule de protestation que nous proposons plus loin Ils passent leur temps à se tirer dans les pattes. On le voit avec la tragédie du Yemen , avec la mise au ban du Qatar, sous les yeux amusés des autres pays qui instrumentent les uns et les autres.
« D’après Georges Malbrunot, « cette candidature de dernière minute suscite les plus grandes réserves de nombreux diplomates arabes à Paris », alors que quatre personnalités issues du monde arabe convoitent également le poste parmi huit candidats . La sénatrice Joëlle Garriaud-Maylam (LR), représentante du Sénat à la commission nationale française de l’Unesco, dénonce une « insulte aux pays arabes, qui n’ont jamais obtenu un tel poste à l’UNESCO et envers lesquels des engagements moraux avaient été pris pour que ce poste revienne à un des leurs ». Elle déclare également qu’« il est en effet de tradition que le pays qui a le privilège d’héberger le site d’une institution internationale, n’en brigue pas pour lui-même le poste de président ou de directeur général » De ce fait Jean-Yves Le Drian, a reçu une pétition signée par une cinquantaine de grands noms de la culture arabe, appelant à « reconsidérer cette candidature » En outre, le candidat du Qatar, Hamad ben Abdelaziz al-Kawari, a l’avantage d’avoir commencé sa campagne deux ans et demi avant le scrutin et de bénéficier d’un budget de campagne exceptionne » (2).
La ridicule lettre de protestation
Dans cet affaite , l’Egypte a eu un rôle médiocre. Au départ elle proteste par « intellectuels arabes » interposés. Elle râle, menace.. et dit que le poste devrait revenir à un candidat arabe du fait de permutation…Ainsi Un communiqué signé par 49 intellectuels arabes, a été adressé au président de la République française, Emmanuel Macron, pour retirer la candidature de la France à l’UNESCO. Ils commencent à louer le personnage pesant qu’ils s’adressaient comme ils s’adressent à un potentat arabe, en abdiquant toute dignité, :
« Nous, écrivains, penseurs, intellectuels et artistes arabes, signataires du présent communiqué, tenons tout d’abord à présenter nos cordiales félicitations au président français élu, Emmanuel Macron. Nous déclarons notre soutien à sa position contre toutes formes d’extrémisme et de préjugés, tant en France qu’à l’étranger et nous réjouissons de voir émerger une nouvelle étape de l’Histoire de France et de ses relations historiques avec le monde arabe « (3).
Ensuite, ces intellectuels auto-proclamés et rassemblés par un ancien ministre de la culture, informent le président qu’en théorie le poste devrait revenir à un Arabe et protestent contre la combine de Hollande qui pour assurer ses « arrières » et minimisant à raison le poids des arabes, impose madame Audrey Azoulay :
« (…) . Cette action, faisant fi des solides liens d’amitié ayant toujours lié la France et le monde arabe, a suscité les vives réprobations de la rue et des intellectuels arabes. Nous sommes persuadés qu’il n’a pas échappé à l’ancien président que la tendance principale, cette année, allait vers l’attribution de la direction de l’Unesco à un candidat du monde arabe : ce monde arabe qui a participé à la création de l’Unesco et dont la civilisation et la culture sont ancrées dans l’histoire » (3).
Ensuite ils énumèrent les quatre candidats arabes pensant que la sélection se feraient entre eux (…) donnant pleine liberté au Comité exécutif de l’Unesco de choisir la personnalité arabe pleinement représentative de notre région du monde. Une telle opportunité était susceptible de corriger le déséquilibre créé par le fait que l’Europe a assuré la direction de ladite institution pour six mandats (dont quinze années assurées par la France alors que le monde arabe ne l’a jamais assurée durant près de trois quarts de siècle » (3).
Ils menacent ensuite, d’une façon ridicule et en appellent à la France amie des Arabes:
« (…)Une telle situation est susceptible de créer une rivalité totalement inutile entre l’Occident et l’Orient et d’aggraver le phénomène de polarisation dont souffre notre monde à tous les niveaux, qu’ils soient politiques, culturels ou confessionnels. Nous appelons le Président français à reconsidérer la fâcheuse décision prise par l’ancien président ; décision compromettant l’image très positive de la France au sein du monde arabe ainsi que les relations franco-arabes qui, nous en sommes pleinement convaincus, jouissent du même intérêt des deux côtés ». On voit que le ridicule ne tue plus ! C’est un autre ministre égyptien Arabe qui fait tout éliminer le Qatari qui était pratiquement sûr de l’emporter » (3)
Après le feu de paille initial de la lettre de protestation des personnalités arabes ( 49 dont la moitié sont égyptiens et soudanais la première personne à signer la pétition est un ancien ministre de la culture en Egypte) qui souhaitaient faire élire la dame égyptienne Tous les coups furent faits car comme la candidature égyptienne risquait de ne pas passer . Les députés égyptiens ont demandé une enquête accusant le candidat du Qatar d’avoir soudoyé les pays africains pour le discréditer Voyant qu’en définitive que le candidat risque de passer une nouvelle manœuvre conjointe était mise en œuvre par un partage des rôles. Le ministre égyptien annonce dans un véritable coup de théâtre que son pays soutenait la candidature française contre la candidature arabe que 50 députés arabes avaient réclamée à corps et à cri.
Le rôle d’Israël dans la diabolisation de la candidature qatarie
L’arme fatale que l’on agite pour emporter les dernières hésitations et la crainte d’être taxé d’être antisémite. Souvenons nous comment, il y a quatre ans le précédent candidat égyptien à la direction de l’Unesco fut descendu en flammes. Ce qui a amené le second mandat d’Irina Bokova. Ainsi la deuxième partie de la stratégie a été confiée à Israël sous le titre suivant :
« L’Unesco aux mains d’un qatari antisémite ? Les Arabes ne veulent pas de la Juive Audrey Azoulay, ex-ministre, à l’Unesco » Nous lisons ce message subliminal qui est un avertissement envers tout ceux qui voteraient « mal » : « L’élection du prochain directeur général de l’Unesco cristallise encore les tensions au sein de l’organisation après le départ fracassant des Etats Unis et d’Israël. Les pays Arabes sont en train de prendre le pouvoir à l’Unesco Après la sortie fracassante des Etats-Unis suivis d’Israël, l’Unesco aura besoin d’un véritable leadership pour surmonter ses dissensions internes. . Au lendemain du retrait des Etats-Unis et d’Israël de l’organisation, qu’ils accusent d’être anti-israélienne, malgré quatre tours de vote, les 58 pays membres du Conseil exécutif ne sont parvenus à désigner qu’un seul des deux finalistes, le Qatari Hamad bin Abdoulaziz Al-Kawari, qui a reçu 22 voix. Arrivées en seconde position ex æquo avec 18 voix chacune, la candidate française Audrey Azoulay et l’égyptienne Moushira Khattab doivent encore être départagées par un nouveau vote, ce 13 octobre. (…) Mais la candidature de cette Franco-Marocaine, fille d’ancien banquier conseiller du roi du Maroc, risque de lever contre elle les pays arabes. Sa nomination comme ministre de la Culture en France en février 2016 avait déjà fait grincer des dents, notamment en Algérie. Née en France, Audrey Azoulay appartient aussi par ses parents à la communauté juive marocaine d’Essaouira, un handicap en pleine crise de l’Unesco sur la politique israélienne dans les territoires disputés. «Les Arabes ne veulent pas de la Juive Audrey Azoulay à l’Unesco», notait déjà en mars 2017, sans ambages le site Jforum, qui se présente comme le portail juif francophone sur internet. (…) Les 58 pays membres de l’organisation internationale pourraient donc avoir à choisir entre une Française qui confiait en 2016 au JDD avoir découvert lors de ses études à l’ENA l’«antisémitisme vieille France», et un Qatari, taxé d’antisémitisme par des associations juives américaines » (4)
Le simulacre des élections et la trahison égyptienne
Alors que ses chances sont évaluées comme étant très minces quand elle lance sa candidature , Audry Azoulay parvient à la deuxième place au premier tour du scrutin, devant la candidate égyptienne Moushira Khattab et derrière le candidat qatari Hamad ben Abdelaziz al-Kawari. Au quatrième tour du scrutin, les 58 membres du conseil exécutif ne désignent qu’un seul des deux finalistes, le Qatari Hamad ben Abdelaziz al-Kawari, arrivé en tête avec 22 voix. Audrey Azoulay et Moushira Khattab arrivent ex æquo en seconde position avec 18 voix . le ministre égyptien des Affaires étrangères appelle à voter pour elle . Hamad ben Abdelaziz al-Kawari . a pâti de la division du monde arabe, exacerbée par la crise du Golfe Voyant les chances ce leurs candidates très minces , les Egyptiens changent de tactiques Selon le quotidien Egypt Today, des parlementaires égyptiens demandent l’ouverture d’une enquête sur le lobbying financier fait par le Qatar, notamment auprès des pays africains
Le gouvernement égyptien, dont la candidate vient d’être éliminée de la course à la direction de l’Unesco, et qui a rompu ses relations diplomatiques avec le Qatar, a appelé vendredi ses soutiens à voter pour la candidate française, opposée à un candidat qatari. Le ministre égyptien des Affaires étrangères, présent à Paris, « incite tous ses amis à voter pour la France », a déclaré à l’AFP un membre de la campagne de la candidate égyptienne, éliminée vendredi à l’issue d’un vote pour la départager de la Française Audrey Azoulay.
Celle-ci affrontera vendredi soir le Qatari Hamad bin Abdoulaziz Al-Kawari. (5)
La division des Arabes
« Les divisions entre les pays arabes lit on sur le site RFI ont eu raison de leur accession à la direction générale de l’Unesco. Un poste auquel les Arabes estimaient avoir droit, vu que leur groupe n’a jamais dirigé l’organisation mondiale de l’éducation et la culture. Sauf qu’il a été remporté in extremis, vendredi 13 octobre, par la française Audrey Azoulay aux dépens du candidat du Qatar. C’est l’illustration du vieux dicton arabe selon lequel « les Arabes se sont mis d’accord à ne jamais être d’accord ».
Pour preuve, ils n’étaient pas moins de trois candidats à vouloir prendre la tête de l’Unesco : un Qatarien, une Egyptienne et une Libanaise. (…) A la veille du tour décisif, le Qatarien avec 22 voix et l’Egyptienne avec 18 avaient 10 voix de plus que la majorité absolue. Finalement l’Egypte a appelé à voter pour la candidate française. Exit les Arabes, sauf aux yeux de quelques internautes qui font remarquer qu’Azoulay est d’origine marocaine. D’autres appellent sarcastiquement Doha à naturaliser Audrey Azoulay qatarienne à coups de millions. (6)
On l’aura compris , les dirigeants arabes par des calculs mesquins ont torpillé l’un des leurs c’est tout bénef pour Israêl qui contemple la cacophonie arabe mais aussi la possible proximité d’Audrey Azoulay avec les revendications d’Israël :
« Les Israéliens se félicitent cependant de l’élection de la Française Audrey Azoulay, ancienne ministre de la Culture, à la tête de l’organisation. En Israël on le souligne, ce qui compte c’est ce qui va se passer dans les faits, (…) On laisse toutefois entendre que l’élection d’Audrey Azoulay est un choix qui va permettre à l’Unesco de choisir une nouvelle voie. Les autres possibilités étaient plus risquées, indique-t-on en Israël, sans plus de précisions. Audrey Azoulay est présentée ici par les médias comme une personnalité juive, et la fille d’un proche ami de Shimon Peres. Mais les Israéliens, particulièrement dans les milieux proches du gouvernement, rappellent que l’Unesco est devenue ces dernières années ce que plusieurs commentateurs qualifient de « théâtre de l’absurde » où se sont surtout multipliées les résolutions anti-israéliennes « (7).
Les raisons du retrait des Etats-Unis et d’Israël
Ce qui est reprochée à l’Unesco peut aisément se comprendre : ce n’est pas un problème de finances qui est en cause. C’est de fait la position de l’Unesco qui a donné une visibilité à la Palestine et qui a tenté de faire l’inventaire de son patrimoine archéologique notamment celui d’Hebron ce qui fait que d’emblée est hors la loi pour ses fouilles La contribution suivante parue sur le journal Le Monde explicite cela : « En quittant une organisation qu’elle juge mal gérée et trop critique à l’égard de l’Etat hébreu, l’administration Trump prend une nouvelle fois ses distances avec un symbole du multilatéralisme. La sentence de Richard Haass, directeur du cercle de réflexion Council on Foreign Relations, n’a guère tardé après l’annonce, jeudi 12 octobre, du prochain retrait des Etats-Unis de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco).
« La politique étrangère de Donald Trump a trouvé son thème : la doctrine du retrait », a estimé cet ancien pilier d’administrations républicaines sur son compte Twitter. , Donald Trump, a pris une nouvelle fois ses distances avec un symbole du multilatéralisme ». (8)
« En 1984, les Etats-Unis se retiraient déjà de l’Unesco Il s’agit du deuxième départ des Etats-Unis de l’organisation onusienne, et pour pratiquement les mêmes raisons. En 1984, le président républicain Ronald Reagan avait déjà mis en avant une proximité jugée trop grande avec ce qui composait alors l’Union soviétique. « Cette décision n’a pas été prise à la légère et reflète les inquiétudes des Etats-Unis concernant l’accumulation des arriérés à l’Unesco, la nécessité d’une réforme en profondeur de l’organisation, et ses partis pris anti-israéliens persistants », a assuré, jeudi, le département d’Etat. (…) Dans les faits, les Etats-Unis ont déjà suspendu le versement de leur contribution, en 2011, après la reconnaissance de la Palestine comme Etat membre de l’organisation. Une loi du Congrès interdit en effet le financement de toute entité des Nations unies qui comprendrait en son sein l’Etat palestinien. Cette décision a privé Washington, deux ans plus tard, de droit de vote au sein de l’Unesco, et elle a provoqué l’accumulation d’arriérés de paiement qui devaient prochainement atteindre la somme de 600 millions de dollars . Déplorée par la directrice générale sortante de l’organisation, Irina Bokova, elle a été suivie quelques heures plus tard par un retrait d’Israël, très critique depuis des années vis-à-vis de l’Unesco. « Nous entrons dans une nouvelle ère aux Nations unies, celle où, quand on pratique la discrimination contre Israël, il faut en payer le prix », a déclaré dans un communiqué Danny Danon, ambassadeur d’Israël auprès de l’ONU. Dans le cas de l’Unesco, Israël suit son allié stratégique, mais en se réservant une marge de manœuvre étroite. Dans un bref communiqué, le bureau de Benyamin Nétanyahou a salué « une décision courageuse et éthique » des Etats-Unis « parce que l’Unesco est devenue un théâtre de l’absurde qui déforme l’Histoire, au lieu de la préserver » (8).
« (…) A intervalles réguliers, les responsables israéliens s’émeuvent de résolutions adoptées dans l’enceinte de l’Unesco, qui, sous couvert de protection du patrimoine, chercheraient selon eux à nier les liens entre les juifs et leurs sites historiques(…) Début mai, le premier ministre a décidé le gel d’un million de dollars prévus au titre de la contribution d’Israël à l’ONU. Dernier épisode : le 7 juillet, le comité du Patrimoine mondial de l’Unesco a classé la vieille ville d’Hébron (sud de la Cisjordanie) comme site palestinien « d’une valeur universelle exceptionnelle ». (8)
Jonathan Cook va plus loin , il résume ne quelques lignes qui va dans le même sens, les raisons qui ont amené les Etats unis à quitter l’Unesco et qui sont , ont l’aura compris pas d’ordre financier comme le martèle la représentante américaine aux Nations Unies.. La contribution américaine (150 millions de dollars étant infinitésimale à l’échelle du budget de la défense des Etats Unis (600 milliards de dollars) soit 0,025 % Signalons au passage que « les États-Unis et Israël ne payent plus leur cotisation depuis l’adhésion des territoires palestiniens autonomes à l’Unesco en 2011, le plan de dépenses pour 2016-2017 n’est toutefois que de 518 millions de dollars. Des économies drastiques, qui ont notamment concerné les frais de personnel et de conférence, mais aussi les projets et programmes se sont donc révélées nécessaires ». (9)
Nous l’écoutons :
« La responsabilité de l’UNESCO, cependant, n’est pas de sauvegarder l’occupation ni de soutenir les efforts d’Israël en matière de judaïsation. Il est là pour faire respecter le droit international et empêcher Israël de faire disparaitre les Palestiniens. « La décision de Trump de quitter l’UNESCO est loin d’être la sienne. Ses prédécesseurs se disputent avec l’agence depuis les années 1970, souvent à cause de son refus de céder à la pression israélienne . Aujourd’hui, Washington a une raison supplémentaire pressante de punir l’UNESCO pour avoir permis à la Palestine de devenir membre. Il doit faire un exemple avec l’organisme culturel pour dissuader d’autres organismes de suivre. L’indignation affectée de Trump contre l’UNESCO et le fait d’ignorer ses programmes mondiaux vitaux rappellent que les États-Unis ne sont pas un «intermédiaire honnête» pour la paix au Moyen-Orient. C’est plutôt le plus grand obstacle à sa réalisation ». (10)
Le problème du caveau des patriarches.
Pour sa part et après les États-Unis, Israël se retirent aussi . : « Israël a engagé des procédures pour quitter l’Unesco, dans la foulée des États-Unis qui dénoncent des « préjugés anti-israéliens » de l’organisation onusienne. Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a annoncé jeudi qu’Israël avait engagé les procédures nécessaires en vue de son retrait de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco), à la suite des États-Unis. « L’Unesco est devenue le théâtre de l’absurde où l’on déforme l’histoire au lieu de la préserver« , a indiqué Benjamin Netanyahu dans un communiqué. La dernière décision de l’Unesco vivement critiquée par Israël et les Etats Unis date du mois de juillet. L’organisation a alors classé la vieille ville d’Hébron comme un patrimoine « palestinien » menacé par la colonisation israélienne. Hébron est une ville antique juive depuis 4 000 ans. La Caveau des Patriarches du Judaïsme se trouve à Hébron actuellement occupée par les palestiniens[souligné par nous pour montrer l’absurdité du discours qui inverse les rôles entre l’occupant et l’occupé ]. A plusieurs reprises, Israël avait aussi contesté plusieurs résolutions portant sur Jérusalem qui reniaient là aussi le lien historique entre les Juifs et la ville sainte. Israël avait d’ailleurs suspendu tous ses liens de travail avec l’Unesco après un vote sur Jérusalem, il y a tout juste un an. Et sur le sujet, la classe politique israélienne est assez unanime : « L’Unesco ne s’occupe pas de l’histoire. Elle s’occupe de déformer l’histoire juive », a également jugé le chef du parti travailliste, l’une des principales formations d’opposition ». (11)
Pendant ce temps business as usual, la communauté internationale lasse de ses résolutions non respectées notamment concernant les implantations dans les territoires occupées où, faut il le rappeler, plus de 550.000 colons se sont installées laisse passer le fait suivant de nouvelles constructions. On apprend que les implantations ont le vent en poupe Israël approuve en ce mois d’octobre la construction de 4 000 logements en Cisjordanie dont Hébron en plein territoire palestinien Les constructions seraient autorisées à Hébron, Beit El et de nombreuses autres implantations, . Netanyahu ayant l’autorisation de Trymp passe outre tout ce que peut penser la communauté internationales ;
« Il y a deux semaines, Netanyahu a annoncé aux dirigeants des implantations que son gouvernement allait approuver des constructions de logements. A ce moment là, le Premier ministre a dit que le président américain Donald Trump était prêt à tolérer des constructions limitées dans les implantations. Netanyahu a affirmé qu’il avait convaincu l’administration Trump de ne plus faire de distinction entre les blocs d’implantations et ce que l’on qualifie d’implantations isolées » (10)
Conclusion
La nouvelle directrice générale fera ce qu’il faut pour qu’Israël revienne à l’Unesco il y a un prix à payer. On peut parier que les Etats Unis reviendront aussi. Le peuple palestinien qui faite dans quelques jours les cent ans de la déclaration de Balfour sera une fois de plus le grand perdant Par ailleurs Imaginons le dépit et la colère de la cinquantaine d’intellectuels « arabes » entrainés par l’Egypte pour une cause qu’ils croyaient juste à savoir permettre àa culture arabe de donner la mesure de son talent et qu’en définitive le même pays qui a manipulé ces personnalités décide de changer de stratégie, il préfère se renier prendre à contre pied les naîfs signataires pour offrir le poste à la française Audrey Azoulay qui pour faire bonne mesure met en avant ses origines marocaines et la proximité avec le Makhzen qui est à des années lumières de ce que peuvent ressentir les peuples arabes ou estampillés tels. Dans cette vaste tragi- comédie, les potentats arabes ont perdu une occasion de se taire. Is passent leurs temps à se chercher des poux dans la tête. C’est à se demander ce que nous avons à gagner en restant dans une ligue arabo-egyptienne ?
Plus largement que restera-t-il de la Palestine ? La diversion et la nomination programmée de la nouvelle directrice de l’Unesco fait que les Américains ont adopté avec les Israéliens une tactique plus payante. On sait que Trump refuse pour le moment que l’ambassade américaine quitte Tel Aviv pour Jérusalem mais comme le déclare le nouvel ambassadeur américain en Israël , il est capable de gérer l’ambassade à partir de son appartement de Jérusalem. Dans le même temps la diversion consiste d’une façon synchrone avec Israël à vider de son sens la réconciliation inter palestinienne et on apprend que pour les Etats Unis le Hamas est toujours une organisation terroriste à moins qu’il ne soit désarmé et qu’il reconnaisse l’Etat d’Israël . Telle que c’est parti avec Abou Mazen qui obéit au dos et à l’œil à ce que les Israéliens et Américains lui disent , c’en est fini du Hamas qui aura occupé la bande de Gaza pendant dix ans sans aboutir à rien si ce n’est à la rendre la vie des gazaouis plus difficile cette dernière reddition en rase compagne selon toute vraisemblance ce sera le dernier clou sur le cerceuil de la Palestine originelle. Ne restera alors qu’un Banthoustan en peau de léopard.
Y at-il un monde dit arabe ? ou des potentats qui tétanisent des peuples harassés par tant d’horreur ? S’agissant de l’Algérie et en faisant la comptabilité des dizaines de coups de Jarnac que se font les Arabes entre eux ; La question qui se pose est de savoir ce que nous faisons dans cette galère ? Aucun des quatre pays du Front du refus après la reddition égyptienne en rase compagne de Sadat et de son voyage en Israël, n’a été épargné par les « évènements ». Ce fut d’abord l’Algérie qui eut son «printemps de la décennie noir » et ce fut un miracle d’en avoir réchappé ! Ce sera ensuite le tour de la Syrie où de ce qu’il en reste après les ingérences qui ont vu ce pays sur la voie de l’implosion programmée , n’était ce la résilience du peuples syrien à la fois multireligieux . Ce fut le tour tragique de la Lybie avec l’assassinat dans des conditions de Kadhafi ; C’est le cas du peuple yéménite oublié qui ne finit pas de souffrir car son malheur vient d’une coalition dirigée par le plus rétrograde des potentats arabes mais qui fait les affaires de l’Occident qui lui vend des armes avec l’argent du pétrole.
Quid de l’Algérie ? Au lieu de nous accrocher à des locomotives nous nous accrochons à des potentats arriérés qui briment leurs peuples pour les compte des plus forts. Le monde a profondément changé et en Algérie nous n’avons pas pris la mesure des défis. Je suis presque sûr que notre représentants à l’Unesco ont fait le minimum syndical, sans feu sacré qui nous animait à une certaine époque ; C’est un peu et ce n’est pas un procès le cas plus général de notre diplomatie qui a traversé le siècle avec des schémas classiques pantouflards nous continuons à mettre en avant nos reliques qui n’ont plus court . C’est Talleyrand qui disait que » pour rester dans son parti, il faut changer plusieurs fois d’opinion » Un aggiornamento s’avère indispensable et la consanguinité dans le corps diplomatique qui n’accepte pas d’autres compétence spécifique, car dans ce XXIe siècle de tous les dangers, l’ambassadeur doit être un 4×4 qui doit pouvoir parler dans le siècle du web 3.0 du Dow Jones et du Brent, de l’intelligence artificielle Tout est dit.
Professeur Chems Eddine Chitour
Ecole Polytechnique Alger
Notes
1..Céline Lussato http://tempsreel.nouvelobs.com/monde/20170705.OBS1681/hollande-tente-de-parachuter-azoulay-a-la-tete-de-l-unesco-les-pays-arabes-furieux.html
2.https://fr.wikipedia.org/wiki/Audrey_Azoulay
3.lettre remise au Caire au ministre français des affaires étrangères par 49 intellectuels arabes
4..http://www.europe-israel.org/2017/10/lunesco-aux-mains-dun-qatari-antisemite-les-arabes-ne-veulent-pas-de-la-juive-audrey-azoulay-ex-ministre-a-lunesco/ Oct 13, 20178
5.http://fr.timesofisrael.com/unesco-legypte-appelle-a-voter-pour-la-france-face-au-qatar/
6.http://www.rfi.fr/moyen-orient/20171014-unesco-echappe-pays-arabes-cause-leurs-dissensions
7.http://www.rfi.fr/moyen-orient/20171015-israel-satisfait-election-audrey-azoulay-tete-unesco .
8.http://www.lemonde.fr/international/article/2017/10/13/les-etats-unis-et-israel-se-retirent-de-l-unesco_5200153_3210.html#IfSKgRz1Mwl7pM85.99
9.http://www.unesco.diplo.de/Vertretung/unesco/fr/03-unesco/05-grundlagen/04-programm-haushalt-seite.html
10.https://www.mondialisation.ca/les-vraies-raisons-pour-lesquelles-trump-quitte-unesco/5614000
11..http://www.europe-israel.org/2017/10/apres-les-etats-unis-israel-se-retire-de-lunesco-lunesco-est-devenue-le-theatre-de-labsurde-ou-lon-deforme-lhistoire-au-lieu-de-la-preserver/
12.Jacob Madjid, http://fr.timesofisrael.com/israel-approuve-la-construction-de-4-000-logements-en-cisjordanie/
La source originale de cet article est Mondialisation.ca
En mai 2009, à l’initiative de ce comité, nous avons lancé la « Coalition contre Agrexco » qui était la première entreprise israélienne de fruits et légumes, et juste après nous avons participé à la création de la Campagne BDS France au mois de juin de la même année. Nous avons donc participé au déploiement de la coalition contre Agrexco qui a, et c’est important de le souligner, remporté au bout de deux ans et demi la première grande victoire de boycott contre une entreprise israélienne, puisque Agrexco, après avoir fait faillite, a été liquidé par le tribunal de Tel Aviv en septembre 2009.
Après la campagne contre Agrexco, notre comité à bien sûr adhéré à la campagne BDS France au niveau national, et nous avons développé dans ce cadre diverses campagnes, en particulier contre Mehadrin le principal exportateur de fruits et légumes israélien qui a remplacé Agrexco. Les actions ont été menées en particulier chez Carrefour, quelques-unes chez Auchan mais nous avons concentré nos tirs sur un Géant Casino qui après plusieurs années d’interventions a pratiquement cessé la vente des fruits et légumes israéliens à l’occasion d’un changement de directeur avec qui nous avons pu discuter du problème.
Depuis deux ans nous menons campagne contre Mehadrin chez LIDL dans le cadre d’une campagne nationale de BDS France.
Nous avons également développé des actions dont certaines victorieuse sur le terrain culturel à propos du festival du Cinéma Méditerranéen (CINEMED). Pendant des années ce festival officiellement sponsorisé par le consulat d’Israël à Marseille déroulait le tapis rouge pour le consul d’Israël. Nous avons fait plusieurs actions de distribution de tracts avec banderoles, panneaux et prises de parole à l’entrée du festival mais aussi des interventions directes dans les salles de cinémas, dont une très importante en 2014 où nous étions une soixantaine de personnes à avoir, si je puis dire, «envahi l’écran» pour expliquer notre action et dénoncer la présence du consul israélien. Depuis 2015 le consul ne s’invite plus au festival et Israël n’est plus dans la liste des sponsors officiels de ce festival. Nous sommes ravis de constater que les organisateurs ont compris qu’accepter la présence d’un représentant de l’État d’Israël et le soutien de cet État, sous couvert de la culture, ici le cinéma, revenait à blanchir la politique israélienne de colonisation et d’apartheid, alors que les organisateurs eux-mêmes et ils l’ont dit, n’étaient pas d’accord avec cette politique.
De la même manière, le Festival International Montpellier Danse invitait systématiquement le consul israélien. Nous avons fait plusieurs interventions, allant même jusqu’à passer par les toits pour jeter des tracts et déployer des drapeaux palestiniens au dessus du spectacle en plein air, et nous avons eu le plaisir de constater en 2017, là aussi, l’absence du consul israélien et noté qu’Israël ne sponsorisait plus ce festival. On espère que cette décision est définitive.
Et enfin, il y a une campagne spécifique à Montpellier, car c’est le seul endroit en Europe où les sionistes – pour reprendre le nom qu’ils se donnent eux-mêmes dans leurs déclarations – organisent ce qu’ils nomment «la journée de Jérusalem». En juin, depuis 39 ans, ils commémorent la « réunification de Jérusalem ». Il s’agit en fait de la prise de Jérusalem en 1967 par Moshé Dayan à la tête de l’armée israélienne et de la décision de la Knesset un mois plus tard qui décrète Jérusalem « capitale une et indivisible d’Israël ». Et bien, nous avons ce scandale vivant à Montpellier – où la municipalité, depuis 39 ans, prête gratuitement un parc municipal avec tout le matériel nécessaire et où défilent les élus des exécutifs de la Région, du Département, de la Ville et de la Métropole qui tous sponsorisent l’événement avec l’argent des contribuables. Tous sont présents ou représentés pour participer à une fête coloniale qui commémore, aux côtés du consul d’Israël un fait colonial condamné par l’ONU : Jérusalem capitale d’Israël, et tous se lèvent comme un seul homme pour saluer le drapeau israélien au son de l’hymne israélien.
Depuis 2010, avec BDS nous avons lancé une pétition, organisé des conférences, et chaque année une manifestation à l’entrée du parc où se déroule la fête sous haute surveillance policière. En 2015 nous avons obtenu un premier résultat puisque la mairie a fait payer la location du parc et du matériel aux organisateurs, et en juin 2017 la « journée » habituelle n’a pas eu lieu, l’événement ne s’est tenu qu’en soirée, sans affichage public, sur inscription et dans un palais des sports (dont il faudra vérifier la facturation). 2018 nous dira si enfin le contenu colonial de cette fête a été abandonné au profit d’une fête culturelle et cultuelle juive « normale » à laquelle nous aurions plaisir à aller. Mais nous restons vigilants et continuerons les actions si ce n’était pas le cas.
CP : Israël craint manifestement cette campagne BDS et considère comme tout à fait stratégique de la contrecarrer. Comment se déclinent les attaques anti-BDS en France et quels sont leurs effets ?
JLM : Le mouvement de solidarité avec la Palestine a toujours été en butte aux attaques des relais de l’État d’Israël en France, notamment de la part du CRIF, par exemple. Ce n’est donc pas la première fois qu’il y a des plaintes ou des procès pour antisémitisme auprès de gens absolument insoupçonnables, comme Daniel Mermet, l’animateur de l’émission radiodiffusée «Là-bas si j’y suis», Pascal Boniface, le directeur de l’Institut de Relations Internationales ou encore le dessinateur Siné. Donc à ce titre, le BDS a été depuis sa création, attaqué et traité d’antisémite.
Mais la caractéristique principale de ces attaques était que jusque ici, c’étaient les officines sionistes en France qui s’emparaient de ce genre de campagnes et en étaient les seules actrices. Or depuis qu’Israël a déclaré que BDS était une menace stratégique pour son existence on assiste au niveau international à l’intervention directe de l’État d’Israël auprès des États et leurs gouvernements via tous les canaux officiels et officieux. Tout est fait pour interdire l’expression de BDS, ses manifestations, conférences etc. En France l’ambassadeur d’Israël s’est même autorisé à demander publiquement l’interdiction de certaines conférences dans les universités à l’occasion de la Semaine Internationale contre l’Apartheid. Et ça c’est nouveau.
Dès 2010, sous N. Sarkozy, la circulaire Alliot-Marie incitait les parquets à déclencher des poursuites pour la moindre action BDS. Mais c’est surtout à partir de 2013-2014 que la pression gouvernementale israélienne s’est exercée directement, après la déclaration de guerre officielle d’Israël contre BDS.
C’est ainsi que l’on a entendu en France, par exemple François Hollande déclarer en 2014 lors de la guerre israélienne contre Gaza, que Israël «avait le droit de se défendre», ce qui était un encouragement direct aux crimes en train d’être commis. Que dans la foulée, l’État français a interdit, l’été 2014, des manifestations de solidarité avec la Palestine à Paris et dans d’autres villes dont Montpellier. C’est la raison pour laquelle à Montpellier, nous avons occupé fin juillet 2014, le local de la Fédération Départementale du Parti Socialiste, lequel a immédiatement porté plainte contre deux porte parole de notre Comité.
En octobre 2014 la police est allée jusqu’à attaquer et détruire notre chapiteau BDS sur la place centrale de la ville de Montpellier. Au même moment, Manuel Valls, reprenant le slogan du CRIF, a publiquement déclaré à plusieurs reprises que «l’antisionisme est la première étape de l’antisémitisme ». Plus récemment, à Paris, à l’instigation de la maire Anne Hidalgo, le Conseil de la ville a adopté un vœu en février dernier condamnant les appels au boycott et a menacé de priver de subventions les ONG qui soutiennent BDS. Et enfin, le nouveau président de la république M. Macron, a déclaré à B. Netanyahu qu’il avait invité en France : « Nous ne céderons rien à l’antisionisme car il est la forme réinventée de l’antisémitisme ».
Ces initiatives sont tout à fait visibles au niveau international, et pas seulement en France. Aux États-Unis cela atteint des niveaux très élevés, en Grande-Bretagne également où ont été organisés des opérations de désinformation contre Jeremy Corbyn et plusieurs membres de son parti – le Labour – qui ont été attaqués pour leurs positions pro-palestiniennes. Dans l ‘État d’Espagne, où plus de 50 municipalités, dont Barcelone, ont osé prendre des mesures contre les produits israéliens et décréter des «zones libres d’apartheid», il y a eu également des pressions pour faire voter (sans succès) aux Cortès des mesures contre le BDS.
Voilà la caractéristique de cette offensive récente contre le BDS : alors qu’en France par exemple, l’image d’Israël est en chute libre et que les lobbies sionistes sont déconsidérés du fait de leurs accusations permanentes, excessives et infondées, c’est désormais le gouvernement et ses institutions qui reprennent à leur compte la défense d’Israël et la campagne israélienne anti-BDS. D’où les mesures et la nature des attaques politiques, juridiques et policières contre BDS.
CP : Comment expliquer cet engagement des États auprès d’Israël et contre le BDS ?
JLM : Le soutien à Israël est une constante de la politique de l’Union Européenne. Israël est le seul pays non européen à bénéficier de la plupart des avantages économiques, universitaires et culturels réservés aux seuls membres de l’UE sans en avoir les contraintes ni en payer les contreparties. Sans doute est-il ainsi récompensé de son rôle de poste avancé de l’impérialisme occidental au Moyen Orient. Les critiques de l’UE à l’égard des violations israéliennes du droit international et des droits humains ne s’expriment que sous la pression de l’opinion internationale, face aux massacres et aux exactions répétées d’Israël, et elles ne se concrétisent jamais en sanctions réelles.
Mais au sein de l’UE, certains pays, dont la France en particulier, ont franchi un cap en s’attaquant directement au BDS. On a toujours considéré que le soutien à Israël était en France le produit de trois forces : le poids de la culpabilité d’avoir collaboré à la déportation des juifs et donc à leur génocide, le poids des lobbies sionistes nombreux et particulièrement actifs en France du fait même de cette collaboration et enfin, l’alignement progressif de la France sur les positions étatsuniennes (Atlantisme).
Mais ce qui se passe aujourd’hui et qui surdétermine l’ensemble est d’une toute autre nature. Il s’agit de l’adhésion revendiquée au paradigme de la guerre contre le terrorisme islamiste et de sa mise en œuvre offensive. Le paradigme de la guerre contre le « terrorisme islamiste » extérieur et intérieur, préconisé avant même le 11 septembre par les néo-conservateurs israéliens, était l’apanage de l’État d’Israël supposé menacé à l’extérieur par l’Iran, qualifié d’État terroriste et supposé menacé de l’intérieur par le « terrorisme palestinien ».
Le socialiste François Hollande restera dans l’Histoire comme le président qui en un seul mandat a instauré et verrouillé l’application de ce paradigme. C’est lui qui a mené le plus grand nombre de guerres soi disant contre le terrorisme en Afrique et au Moyen Orient et c’est lui qui également a imposé et pérennisé l’état d’urgence sur le plan intérieur, déclarant à tout bout de champ avec son premier ministre M. Valls : « Nous sommes en guerre ».
Pourtant tout le monde sait que la colonisation de peuplement israélienne repose sur un système d’apartheid. Nos dirigeants le savent parfaitement, même les dirigeants étatsuniens le savent ! John Kerry l’a dit ouvertement et un rapport conséquent de l’ONU l’a constaté. Chacun sait aussi que dans cet apartheid et donc dans ce système raciste, les arabes sont considérés comme la race inférieure, d’ailleurs les sionistes ne disent pas : « les Palestiniens » ils disent : « les Arabes ». Comment expliquer que « nos démocraties occidentales » parfaitement informées de tout ceci continuent, comme si de rien n’était, d’entretenir des relations « normales » et même privilégiées avec Israël, un État d’apartheid, un État raciste ? Et comment se fait-il qu’elles aient endossé aussi facilement le paradigme de la lutte contre le terrorisme islamiste qui est fondé sur le racisme et l’islamophobie ? La seule explication c’est qu’au fond, nos démocraties occidentales partagent cette vision d’un monde hiérarchisé, dont la hiérarchie est commandée par l’idée qu’il y a des êtres supérieurs et d’autres inférieurs, des civilisations, des cultures (occidentales) supérieures et d’autres inférieures.
Le courant politique décolonial qui nous vient d’Amérique Latine et qui développe en France l’antiracisme politique analyse très clairement les manifestations de ce qu’il nomme après le sociologue péruvien Anibal Quijano : « la colonialité du pouvoir », c’est à dire une structuration raciste des rapports sociaux directement issue des rapports coloniaux fabriqués par l’occident et qui a pris le relai du pouvoir colonial « classique » au moment de la disparition des institutions coloniales proprement dites. [1]
Le mouvement BDS s’oppose frontalement et radicalement à l’apartheid, au sionisme et donc à cette vision du monde raciste dans laquelle la race est l’élément discriminant de base. De ce fait le BDS est un véritable danger pour les tenants de la prétendue guerre contre le terrorisme. D’où les attaques qu’il subit de la part d’Israël et de nos gouvernements successifs…
CP : Justement, comment ces attaques se déclinent-elles dans les autres régions, et ici à Montpellier en particulier ?
JLM : Le fait que le gouvernement et tous les courants politiques du gouvernement, avec le Parti socialiste en tête, s’impliquent totalement dans la solidarité avec Israël, a eu pour effet la multiplication des procès. Cela s’est traduit par des pressions et des interventions auprès de l’appareil de la justice. La plupart des procès – à l’exclusion du premier qui a eu lieu à Bordeaux où une personne avait apposé des auto-collants sur des produits israéliens – ce qui est considéré comme une « dégradation légère » – tous les procès qui ont eu lieu s’appliquaient à des personnes qui distribuaient des tracts devant des magasins. C’étaient pourtant des actions tout à fait pacifiques et non-violentes.
Le moment culminant de cette vague de procès pour distribution de tracts devant des grandes surfaces commerciales, a été l’arrêt de la Cour de Cassation confirmant une condamnation, en invoquant l’argument selon lequel le boycott était une forme de discrimination à l’égard des agriculteurs [israéliens] c’est-à-dire un groupe de personnes appartenant à l’État d’Israël. Il s’agissait donc, selon ce raisonnement, d’une discrimination à caractère antisémite !… Ainsi 12 militants de Mulhouse ont été condamnés à un total de 32 000€ pour ce motif totalement infondé ! Ils ont fait appel devant la Cour de Justice Européenne.
Il y a des procès toujours en cours. Par exemple à Metz, le collectif BDS57 avait envoyé une lettre aux pharmaciens pour dénoncer la politique de Teva, une entreprise israélienne de médicaments fabriquant des produits génériques. Le président du Collectif BDS57 est poursuivi par TEVA pour le simple fait d’avoir envoyé cette lettre. Alors que les juges avaient décidé la prescription en première instance. Comme dans de nombreux cas c’est le parquet qui a fait appel, rejoint par les officines sionistes habituelles. Le jugement en appel a été fixé au 5 octobre 2017.
A Toulouse des militants qui avaient distribué des tracts à plus de 100 mètres d’un magasin pour dénoncer le fait d’avoir été agressés par une officine sioniste, la LDJ (Ligue de Défense Juive, organisation d’extrême-droite) lors d’une précédente distribution de tracts, se sont vus eux aussi attaqués et condamnés. Non pas pour discrimination raciale mais pour entrave à l’exercice du commerce … Et ils ont été condamnés chacun à une amende de près de 1000 euros. Antérieurement et plus près d’ici, il y a eu à Perpignan également des militants poursuivis et condamnés, mais qui ont gagné en appel.
CP : Et à Montpellier ?
JLM : Par le nombre d’actions menées et les terrains couverts, par la nature offensive des actions strictement non-violentes, par les cibles choisies et le nombre de militants-tes participant aux actions, par le développement du comité et son influence, le comité BDS France–Montpellier est un comité très actif de la Campagne BDS France. A ce titre il a concentré sur lui de nombreuses attaques au point qu’il n’est pas exagéré de dire qu’il a été et reste un laboratoire de la « guerre » menée contre BDS par Israël et ses alliés du gouvernement en France.
Profitant d’une plainte déposée contre deux porte parole du Comité BDS Montpellier [2], la LICRA (Ligue Internationale Contre le Racisme et l’Antisémitisme) s’est portée partie civile au procès et a développé une campagne offensive durant plus d’un an contre BDS Montpellier. C’était habile, car même si la LICRA est bien connue pour son soutien à Israël, elle n’est pas publiquement sioniste comme le CRIF par exemple. N’empêche qu’elle a mené pendant plus d’un an et jusqu’à la fin du procès contre nos deux porte parole qui ont été relaxés en appel, une intense campagne de lobbying allant même jusqu’à rassembler régionalement à Montpellier les officines sionistes (CRIF etc…) dans une manifestation de près de 200 personnes au mois de mai 2015 contre BDS Montpellier.
Nulle part en France on a vu une telle offensive. La LICRA et ses amis ont exigé des pouvoirs publics (Préfecture et Mairie) l’interdiction de toute manifestation et expression publique du comité BDS Montpellier et surtout l’interdiction de ses stands place de la Comédie au centre ville où passent des milliers de personnes. Et ils ont partiellement obtenu satisfaction ! Alors que depuis près de 10 ans les maires successifs de Montpellier toléraient sans demande d’autorisation les stands BDS avec chapiteau, l’actuel maire de Montpellier interdit depuis mai 2015 les stands BDS sans autorisation, et a systématiquement opposé un refus aux demandes d’autorisations. Alors même que les stands de nombreuses associations étaient tolérés sans problème… Le ciblage contre BDS était clair et il persiste.
Mais nous avons refusé de nous plier à cette atteinte à la liberté d’expression du BDS et nous avons continué et continuons à tenir nos stands. Après plusieurs interventions de la police municipale qui a tenté de nous faire partir et nous a dressé des procès-verbaux (avec audition par la police) pour occupation illégale de l’espace public, le 17 octobre 2015 la police nationale a attaqué et détruit notre chapiteau place de la Comédie, sous les huées des passants qui se sont portés à notre secours et le 31 octobre suivant, la préfecture est allée jusqu’à nous interdire une manifestation de soutien à la Palestine, fait rarissime et extrêmement grave contre lequel nous avons déposé une plainte au Tribunal Administratif.
Malgré toutes ces intimidations nous n’avons cessé d’être présents Place de la Comédie sous des formes diverses et nous avons organisé à trois reprises, avec une quinzaine d’organisations solidaires de BDS, des « Occupy Comédie » de la place de la Comédie. Chaque organisation amène sa table et expose son matériel d’information, diffuse ses tracts etc… imposant ainsi collectivement la liberté d’expression pour BDS bien sûr, mais aussi pour l’ensemble du mouvement social et associatif.
Par la suite un de nos porte parole a été convoqué à la police et auditionné pour avoir porté le tee shirt de la Campagne BDS France sur lequel est écrit : Boycott Israël Apartheid. C’est dire que les intimidations n’ont pas cessé.
C’est dans ce contexte d’intimidations répétées contre notre comité que l’entreprise Lidl, chez qui nous avons mené de nombreuses actions, a déposé une série de plaintes contre nous. En effet, une campagne BDS nationale a été lancée en 2016 contre l’entreprise israélienne Mehadrin chez Lidl qui commercialise nombre de ses productions (fruits et légumes). Localement, nous avons mené plus de 25 actions en l’espace d’un an, avec un travail sur les quartiers, des campagnes d’affichage, pour dénoncer la présence de ces produits et demander à Lidl de cesser de commercer avec cette entreprise. Nous avons aussi occupé la direction régionale de cette entreprise à Lunel pour obtenir un rendez-vous avec la direction afin de protester contre la présence des produits israéliens. Rendez-vous que nous avons obtenu grâce à l’occupation. C’était donc une campagne non-violente, nationale et locale, construite et offensive.
Lidl a déposé contre nous un total de huit plaintes et nous avons été quatre militants à être auditionnés par la police à deux reprises en 2016 et 2017. En mai dernier l’avocat du BNVCA [[Bureau National de Vigilance Contre l’Antisémitisme]] (qui a plaidé dans le procès contre nos deux porte parole) a tenté une provocation dans un magasin lors d’une action BDS. Il a porté plainte contre l’un de nos porte parole pour soit disant : « menaces sur avocat » alors même que c’est lui que la sécurité du magasin a raccompagné à la sortie tellement il criait et s’excitait contre nous. Ça nous a valu une nouvelle convocation et audition par la police…
CP : Au final quel bilan tirez-vous de ces attaques contre BDS et contre votre comité en particulier ?
JLM : La première attaque est venue du Parti Socialiste qui a porté une plainte nominative contre deux de nos porte parole alors que l’occupation de leur locaux était une action politique, collective, co-organisée et revendiquée par BDS Montpellier, le MIB et le NPA. Quand à peine quinze jours après la plainte du PS, la LDH a porté ses accusations absurdes de négationnisme et d’antisémitisme contre nos deux camarades, nous avons immédiatement compris qu’il s’agissait d’une offensive contre le comité BDS de Montpellier et contre le BDS en général. En effet la LDH 34 (Hérault) argumentait en disant que notre « antisionisme radical était un dérapage vers l’antisémitisme ». De fait, elle reprenait presque mot pour mot les propos du premier ministre socialiste M. Valls qui entonnait déjà avec le CRIF : « L’antisionisme est synonyme de l’antisémitisme » et nous savons bien que dans la LDH il y a un courant PS très influent. A ce moment là nous avons compris que le but des plaintes était, à travers nos deux camarades, de faire passer notre comité pour antisémite et ainsi salir également le BDS tout entier par la même occasion.
Alors nous avons décidé que la meilleure façon de prouver l’innocence de nos deux camarades et faire échouer la manœuvre était d’intensifier nos actions BDS et de nous développer. Nous avons donc mis en place un plan de travail audacieux et l’avons suivi. 2015 et 2016 ont été des années extrêmement productives de notre comité. Aussi quand l’offensive de la LICRA a commencé en avril 2015, nous étions déjà en ordre de bataille et dans l’action. La nature d’atteinte à la liberté d’expression des attaques gouvernementales (la préfecture) et municipales (la mairie) ont suscité un courant de sympathie parmi nos amis dont certains s’étaient éloignés du fait du procès et des accusations portées par la LDH. Le résultat du procès a balayé les doutes des hésitants et porté un coup considérable aux parties civiles. Seul le BNVCA poursuit sans succès ses plaintes.
A ce jour nous considérons que nos analyses étaient justes, en particulier sur la nature coloniale du PS et de ses amis, que la riposte aux attaques (LICRA, État et municipalité) par l’action et l’élargissement du soutien à BDS étaient le bon choix et nous gardons le cap !
CP : Quels sont aujourd’hui les enjeux de la campagne BDS en France ? Quelles sont ses perspectives ? Quelles suggestions ou recommandations pourraient être faites ?
Dans un mouvement hétéroclite comme la Campagne BDS France (une cinquantaine d’organisations nationales et un peu plus de cinquante comités de villes) les approches et les réactions sont diverses, il faut toutes les respecter car les histoires et les contextes sont différents. C’est à chacun de faire ses expériences et les preuves de la justesse de ses positions par les faits et les résultats obtenus. Les procès, la décision de la Cour de Cassation ont fait l’effet d’une douche froide. C’est une réaction normale et temporaire car quelque soit le niveau de répression, l’Histoire montre que la résistance et la lutte sont toujours possibles.
Je m’en tiendrai à notre expérience locale pour dire que l’enjeu fondamental c’est la poursuite des actions de terrain dans le cadre de campagne construites en vue de créer un rapport de force progressif, des campagnes suivies avec cibles restreintes et objectifs précis avec une exigence de résultats. Les résultats, on le sait, sont aussi conditionnés par le nombre qui permet le développement, l’extension et l’amplification de notre activité et donc par l’adhésion de nouvelles forces militantes. C’est ce cercle vertueux qu’il nous faut entretenir.
Quand nous discutons avec les personnes sur les stands et lors des distributions de tracts, comment leur donnons-nous l’envie de nous rejoindre ? En leur parlant des actions qu’on mène, de comment ils pourraient y participer et progressivement en devenir des acteurs et même des organisateurs. Les jeunes – et ils ont raison – veulent transformer la réalité et combattre les injustices par l’action, sur le terrain.
Se poser la question du développement de BDS France, c’est à dire du recrutement de nouveaux militants, est donc un enjeu vital immédiat et à long terme.
Bien sûr il reste encore de nombreuses associations, syndicats et partis avec qui il faut discuter pour les inviter à adhérer à la Campagne BDS France, c’est indispensable et d’un réel soutien politique, mais ce sont des adhésions par « le sommet », peut-être quelques militants et militantes de ces organisations viendront rejoindre les rangs des comités de villes mais dans le contexte d’offensive libérale et de démobilisation que nous traversons, les militants organisés sont saturés de travail et à de rares exceptions, peu disponibles pour s’investir à fond dans BDS. Et donc l’essentiel du potentiel des forces militantes est ailleurs, il est chez les inorganisés que nous rencontrons dans le travail à la base, dans l’action de terrain.
Et là, il nous faut être attentif aux recommandations du BNC appuyées par plusieurs interventions d’O. Barghouti. Que nous disent-ils ? Ils nous disent que de par la colonisation de peuplement, l’apartheid et le génocide progressif de Gaza les Palestiniens sont partie intégrante des populations les plus opprimées au monde et en particulier celles qui subissent le racisme, et que c’est vers elles que nous devons nous tourner, à la fois pour les soutenir mais aussi pour les amener au BDS car elles sont à même de mieux comprendre et se sentir partie prenante des aspirations des Palestiniens.
Le Comité BDS Montpellier est composée depuis sa création d’une majorité de personnes, jeunes pour la plupart, des quartiers populaires et de l’immigration coloniale, c’est un héritage de la CCIPPP34 d’avant BDS et de l’histoire de notre comité. Les personnes qui s’arrêtent à notre stand place de la Comédie, qui nous aident financièrement, qui signent nos pétitions, qui prennent contact avec nous, qui viennent à nos réunions et participent aux actions, sont dans leur écrasante majorité des hommes et des femmes, jeunes, issus-ues des quartiers populaires. Je l’ai déjà dit, c’est pareil dans les grandes manifestations de solidarité, les quartiers représentent plus de 80% des manifestants.
A quoi tient cette sensibilité particulière à la cause palestinienne ? Le plus fréquemment les plus jeunes ont entendu parler de ce problème en famille par les parents, mais dans ce cas c’est souvent sous l’angle des malheurs et des souffrances subies par les Palestiniens. Le fait d’être arabes et musulmans est évidemment une porte d’entrée culturelle et cultuelle qui facilite aussi le rapprochement et l’intérêt pour la Palestine. Bien sûr ces facteurs sont actifs chez les jeunes qui nous approchent mais l’expérience me fait dire que le facteur déterminant qui les fait se sentir proche des Palestiniens c’est le fait de partager avec eux une même réalité : la réalité d’un racisme d’État et de ses méfaits quotidiens dans tous les domaines de la vie. Les réseaux sociaux offrent aujourd’hui profusion d’images de la réalité concrète vécue par les Palestiniens et même si la colonisation et l’occupation militaire sont sans aucune mesure d’une violence létale bien plus élevée en Palestine, il n’empêche que les incessants contrôles d’identité au faciès, les brimades et humiliations de la police, les traques de la BAC, les crimes policiers, l’immunité policière et les emprisonnements pour faits mineurs facilitent les identifications avec les Palestiniens. [3]
Pour son développement, le mouvement BDS a besoin de ces forces, de ces jeunes (et moins jeunes) « racisés » [4] des quartiers populaires car ils connaissent de l’intérieur le racisme et l’injustice structurelle du système. Ils amènent avec eux leur énergie, la colère, la révolte et le courage nécessaires pour se battre mais aussi l’affirmation d’une dignité revendiquée. Ils font preuve d’une grande clairvoyance face aux injustices, au colonialisme et au paternalisme et leur exigence de justice est d’une intransigeance salutaire pour garder le cap. Cette exigence de justice pour la cause palestinienne est d’autant plus forte qu’elle est portée par l’exigence de justice pour eux-mêmes. En combattant le racisme colonial et l’apartheid qui sévissent en Palestine, ils s’inscrivent ici dans un front de lutte contre la colonialité du pouvoir, c’est à dire contre le racisme d’État et un capitalisme mondial qui sont les formes contemporaines structurelles de la suite de l’histoire coloniale, qui a marqué l’histoire de leurs parents et de l’immigration en général.
Ces militants et militantes, car il y a souvent plus de jeunes filles et jeunes femmes que de jeunes hommes, co-fondateurs du comité, ont incontestablement transformé les pratiques de solidarité à la Palestine antérieures à BDS.
Ils et elles ont su imprimer un rythme élevé d’activité, des modalités audacieuses d’interventions, une volonté opiniâtre de gagner – on lâche rien ! – un partage enthousiaste et vivant de la cause palestinienne et une énergie communicative qui attire les nouveaux militants-tes. Bref, ils et elles ont fait la Campagne BDS France-Montpellier, ils et elles en sont la « marque de fabrique », son style et sa signature.
Donc, oui, je crois en effet que ces forces ont un rôle primordial à jouer dans le BDS, mais bien évidemment il faut tenir compte des contextes et s’adresser sans exclusive à tous les courants et toutes les composantes de la société civile en France.
Notes :
[1] Selon A. Quijano la « Colonialité du pouvoir » est le modèle d’un pouvoir global caractérisé par un système de domination colonial occidental, fondé sur l’idée de race et d’un mode d’exploitation capitaliste ouvert sur le marché mondial qui apparaît avec la découverte de l’Amérique …
[2] Plainte injustifiée et irresponsable déposée par la LDH (Ligue des droits de l’Homme) en octobre 2014, suivie par le MRAP (Mouvement contre le Racisme et pour l’Amitié entre les peuples) à laquelle se sont portées partie civiles les officines sionistes : BNVCA (Bureau National de Vigilance contre l’Antisémitisme), France-Israël et Avocats sans Frontières. Le procès a duré 2 ans et demi au terme duquel malgré le contexte des attentats et le climat d’islamophobie, nos deux camarades, Saadia et Husein, ont été relaxés par la Cour d’Appel.
[3] Ceci n’est pas un scoop ! ça fait plus de vingt ans que le MIB dénonce et combat la « gestion coloniale des quartiers » ! Que le courant politique des quartiers populaires et de l’immigration qui anime aujourd’hui le courant décolonial et l’antiracisme politique développe ces thèses au sein du courant de solidarité à la Palestine ; il était majoritairement présent à la création de la CCIPPP, présent aussi à la création de BDS, il a impulsé et animé les grandes manifestations de soutien contre la série d’offensives israéliennes en Cisjordanie et Gaza depuis 2002 à aujourd’hui, et participe activement aux campagnes de soutien de G. Ibrahim Abdallah etc.
[4] Les « racisés-ées » sont les personnes qui sont la cible d’un dispositif d’assignation sociale spécifique, socialement construit qui discrimine les « non blancs » dans la continuité des rapports coloniaux.
Source : http://chroniquepalestine.com/bds-oppose-radicalement-sionisme-vision-raciste-monde/
3 octobre 2017 – Propos recueillis par Chronique de Palestine
, par AF30,Audiard par Audiard page 332 : " Édentée, disloquée, le corps bleu, éclaté par endroits, le regard vitrifié par une expression de cheval fou, la fillette avait été abandonnée en travers d’un tas de cailloux au carrefour du boulevard Edgar-Quinet et de la rue de la Gaîté, tout près d’où j’habitais alors.
Il n’y avait plus personne autour d’elle, comme sur les places de village lorsque le cirque est parti.
Ce n’est qu’un peu plus tard que nous avons appris, par les commerçants du coin, comment s’était passé la fiesta : un escadron de farouche résistants, frais du jour, à la coque, descendu des maquis de Barbes, avait surpris un feldwebel caché chez la jeune personne. Ils avaient, nartulich !, flingué le Chleu. Rien à dire. Après quoi ils avaient férocement tatané la gamine avant de la tirer par les cheveux jusqu’à la petite place où ils l’ avaient attachée au tronc d’un acacia.C’est là qu’ils l’avaient tuée. Oh ! pas méchant. Plutôt, voyez-vous à la rigolade, comme on dégringole des boîtes de conserve à la foire, à ceci près : au lieu des boules de son, ils balançaient des pavés.
Quand ils l’ont détachée, elle était morte depuis longtemps déjà, aux dire des gens. Après l’avoir balancée sur le tas de cailloux, ils avaient pissé dessus, puis s’en étaient allés par les rues pavoisées, sous les ampoules multicolores..... C’était le début de la fête. Je l’avais imaginée un peu autrement.