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6 décembre 2018 4 06 /12 /décembre /2018 14:09

  

 

Nous n’aurons jamais vu un règlement européen être accepté aussi rapidement par les gouvernements européens (en moins de 3 mois !), et ce malgré les inquiétudes exprimées par divers États1. Macron les a manifestement convaincu que, les élections européennes approchant, ils pourraient maintenir leur pouvoir en agitant l’inaltérable prétexte terroriste. En résulte une censure et une surveillance généralisée de l’Internet.

Le Conseil de l’Union européenne vient donc d’acter, à l’instant et sans le moindre débat sérieux, un projet de loi qui obligera tous les acteurs du Web à se soumettre aux outils de surveillance et de censure automatisés fournis par Facebook et Google2, tout en permettant à la police d’exiger le retrait en une heure des contenus qu’elle jugera « terroriste », sans l’autorisation d’un juge.

Deux mesures aussi délirantes qu’inédites, qui conduiront à soumettre tout l’écosystème numérique européen à une poignée de géants que l’Union prétend cyniquement vouloir combattre (lire notre analyse), tout en risquant de remettre en cause la confidentialité de nos correspondances3… Et tout ça alors que ni la Commission européenne ni les gouvernements n’ont jamais réussi à démontrer en quoi cette loi serait utile pour lutter contre le terrorisme4.

Le débat sur ce texte se poursuivra maintenant devant le Parlement européen. Celui-ci votera mercredi prochain, le 12 décembre, un premier « rapport sur la lutte anti-terroriste » qui, sans avoir l’effet d’une loi, promeut peu ou prou les mêmes mesures absurdes que celles prévues dans le « règlement de censure anti-terroriste », que le Parlement examinera dans les semaines suivantes.

Ce premier vote de mercredi sera l’occasion pour chaque député européen de révéler sa position face au projet totalitaire d’Emmanuel Macron, et ils devront en rendre compte alors que s’amorce la campagne électorale pour les élections européennes de 2019.

References

1. Se sont notamment opposés à la version actuelle du texte la Finlande, la Slovaquie, la République Tchèque, la Pologne, le Danemark
2. Dès juin 2017, la Commission européenne se félicite publiquement « avoir travaillé depuis deux ans avec les plateformes clefs du Web au sein du Forum européen de l’Internet », qui regroupe Google, Facebook, Twitter et Microsoft depuis 2015, « pour s’assurer du retrait volontaire de contenus terroristes en ligne », notamment grâce à « l’initiative menée par l’industrie de créer une « base de données d’empreintes numériques » [« database of hashes »] qui garantit qu’un contenu terroriste retiré sur une plateforme ne soit pas remis en ligne sur une autre plateforme ».
Pour la Commission, déjà, « l’objectif est que les plateformes en fassent davantage, notamment en mettant à niveau la détection automatique de contenus terroristes, en partageant les technologies et les outils concernés avec de plus petites entreprises et en utilisant pleinement la « base de données d’empreintes numériques » » (toutes ces citations sont des traductions libres de l’anglais).
3. Notons ici une légère évolution depuis notre dernière analyse concernant les risques pour la confidentialité de nos communications. Dans la version du règlement actée aujourd’hui par le Conseil de l’UE, le considérant 10 a été modifié et semble tenter d’exclure du champ d’application de ce texte les services de communications interpersonnelles : « Interpersonal communication services that enable direct interpersonal and interactive exchange of information between a finite number of persons, whereby the persons initiating or participating in the communication determine its recipient(s), are not in scope ».
Cette précision est toutefois particulièrement hasardeuse et n’a rien de rassurante. D’abord, la précision n’est nullement reprise à l’article 2 du règlement qui définit les différentes notions du texte. Surtout, cette précision n’est pas cohérente : les « service de communications interpersonnelles » sont déjà définis par le code européen des communications électroniques (article 2 et considérant 17), comme pouvant alors couvrir certains services de Cloud (où un nombre limité d’utilisateurs peuvent échanger des documents, typiquement). Pourtant, la version du règlement actée aujourd’hui indique explicitement s’appliquer aux services de Cloud, tout en prétendant ne pas s’appliquer aux communications interpersonnelles. La confusion est totale.
4.

En 2017, l’UNESCO publiait un rapport analysant 550 études publiées sur la question de la radicalisation en ligne. Le rapport conclut que « l’état actuel des preuves sur le lien entre Internet, les médias sociaux et la radicalisation violente est très limité et toujours pas conclusif » et qu’il n’y a « pas de preuves suffisantes pour conclure qu’il existe un lien de causalité entre la propagande extrémiste ou le recrutement sur les réseaux sociaux et la radicalisation violente des jeunes ». Le rapport souligne que « les tentatives pour empêcher la radicalisation des jeunes sur les aspects Internet n’ont pas prouvé leur efficacité mais, d’autre part, peuvent clairement nuire aux libertés en ligne, particulièrement la liberté d’expression » (notre traduction de l’anglais).

 

-Revue de presse:Agence Europe - Les ministres de l'UE veulent un retrait dans l'heure des contenus terroristes sur Internet

Les contenus terroristes en ligne devront pouvoir être retirés dans l'heure

Après avoir reçu une demande de retrait émanant d’une autorité nationale de l’UE, les fournisseurs devront pouvoir retirer les contenus incriminés dans les soixante minutes. S’ils ne se soumettent pas à cette obligation, ils risquent des amendes pouvant aller jusqu’à 4% de leur chiffre d’affaires mondial.

La Belgique a soutenu le texte, tout en insistant sur le fait qu’il convient de ne pas compromettre la coopération volontaire des fournisseurs en matière de suppression des messages de haine en ligne.

 

La proposition avalisée par le Conseil Justice et Affaires intérieures va désormais servir de base pour les négociations avec le Parlement européen, en vue de l’adoption d’un texte définitif

-cet article du 06/12/2018 sur les   Gilets Jaunes : les réseaux sociaux comme outil d’oppression

Extrait :"Depuis 2007 et l’élection à la présidentielle de Nicolas Sarkozy, on assiste à une démolition systématique, organisée et parfaitement réfléchie des corps intermédiaires : syndicats, médias, tissus associatifs, élus locaux, qui répond à une doctrine martiale : un chef est là pour cheffer et il ne doit pas y avoir d’intermédiaire. Le revers de la médaille étant qu’il n’y a plus personne pour faire tampon, pas même le Premier ministre." 

 


-Et voici un QUIZZ de presse  sur   les méthodes politico-policières soit disant   anti-violences:

Notes  journalistiques  sur le «Sécuritarisme de gouvernance,de justice ,de police et de parti» :

-l'article d'Europe 1 sur le «Sécuritarisme d'un président de parti» ( considérant que l'actuel  président de  la République reste l'ennemi public n°1 du macronisme,et pas  uniquement des gens de rien,qu' attend-t-on au juste de  son allocution affectueuse au peuple? :Une formule qui garantisse le garnissage des réfrigérateur  celle   d'un habitat digne et modérément couteux,c'est de la sécurité alimentaire et le besoin fondamental d'etre bien logé ) .

Or concernant le mouvement des "Gilets jaunes" :Laurent Wauquiez appelle Emmanuel Macron à "adopter l'état d'urgence pour quelques jours" .Cela peut signifier qu'au meme titre que le terrorisme islamiste, la violence brute émanant du bas peuple ou celle brutale des idéologies  «émeutières» pratiquée par des ultra  servent conjointement  à la restriction légale des libertés publiques  au plan national ,  et européennes telles que  définies par le droit de l’Union à l’article 3 de la directive 2017/541. .

-Politox  :l'article  à lire sur un mensonge(de plus ),mais tel  qu'il  nécessiterait la démission immédiate de Gabriel Attal du gouvernement. ( .Un proviseur a-t-il été aspergé d'essence par des lycéens près de Lyon)  .

 La fake-new relayée par ce secrétaire d'Etat en charge de la jeunesse   fut d'abord mise en  exergue dans le quotidien régional Le Progrès.Ensuite  un  démenti  du proviseur ,(le soit disant aspergé,selon Attal) clarifie les fausses allégations  : «Il n’y a jamais eu volonté de me viser, j’ai reçu quelques gouttes d’essence dans ma chute. Ils se sont enfuis ensuite. Ce ne sont pas des élèves du lycée». La déclaration du chef d'établissement  est on ne peut plus  précise.

-D'autres articles de France info et de RTL.fr  donnent à voir non pas  de l'infox ou de la  méthode en -"dodo"-logie ,mais du Sécuritarisme «vel d'hiv'» bien réel .Ces nouvelles «tactactactiques du gendarme» mises en oeuvre par  une police qui se veut  républicaine ,  mettent en question  les responsabilités ministérielles de Belloubet ,Blanquer et de Castaner au sujet de la doctrine du maintien de l'ordre face à l'expression populaire des cultes des libertés et de la contestation de la crise fiscale (Alors que pour Gérald Darmanin : La France vit «une crise identitaire)

 

Afin d'entendre  les ministres en question à propos de cet alignement de mineurs ,non pas pour une Nième Missions d'information - Assemblée nationale ,ni les voir faire  de la  pantomime "Face à ces nouvelles formes de violences", devant l' obsolète commission des lois , ("Gilets jaunes": Castaner promet de revoir la doctrine du maintien de l'ordre),mieux vaudrait que ces ministres répondent de la légitimité de  ces actes gouvernementaux  inédits face à une   « commission d’enquête » police-justice  ,qui ,vu le cas de figure inédit soit mixte,avec comme composition des «gens de rien » qui aideront à déterminer les fais , et des élus nationaux ,donc :

-un  parlement de circonstance(populaire) ,

-et une représentation  classique des collègues parlementaires habituels de ces ministres en flagrance  infractionnelle d'arrestations de masse pour«participation à un groupement formé en vue de commettre des violences ou des dégradations»(A priori judiciaire de suspicion de casse )

Lire sur la  “ crash-test”génération :Mantes-la-Jolie :des lycéens arrêtés et mis à genoux par des policiers

 Or ,il est condamnable de mettre quelqu’un à  genoux,car c'est le rendre  faible et le dégrader  à ses propres yeux!

 
;  

- Lire également le  CP - Défenseur des droits - Déontologie

En conséquence, le Défenseur des droits a décidé d’ouvrir une enquête sur les conditions dans lesquelles se sont déroulées des interpellations de lycéens à Mantes-la-Jolie. Il mettra en œuvre ses pouvoirs d’investigation pour instruire ce dossier dans le respect du contradictoire, comme il le fera également dans plusieurs saisines qui lui ont déjà été adressées suite aux manifestations récentes.

Dans ce contexte, le Défenseur des droits rappelle qu’il avait, en décembre 2017, à la demande du Président de l’Assemblée nationale, fait un rapport général sur le maintien de l’ordre qui contenait plusieurs recommandations parmi lesquelles :

  • le retrait des lanceurs de balles de défense de la dotation des forces chargées du maintien de l’ordre au cours des manifestations ;

  • la réalisation d’une expertise sur les armes dites de force intermédiaire, notamment la GLI-F4, visant à mieux encadrer leur usage ;

  • le renforcement de la communication et du dialogue dans la gestion de l’ordre public, avant et pendant le déroulement des manifestations, afin notamment de rendre plus compréhensible l’action des forces de sécurité ;

  • la conduite d’une étude sur la mise en œuvre en France de la doctrine dite de la « désescalade de la violence ».

 -sur la notion de «Sécuritarisme  policier avec défoulement de violence  »voici une  VIDEO. Des "gilets jaunes" passés à tabac samedi par des CRS dans un Burger King à Paris.Que s'est-t-il passé ?

Le texte européen le plus liberticide de cette décennie est en approche

Hors un certain nombre de pays qui se sont opposés à ce texte, le Conseil de l’Union européenne vient d’acter un projet de loi au parfum pour le moins désagréable pour ce qui concerne les libertés publiques. Poussé par la gouvernance actuelle française, ce texte – peu médiatisé – pourrait s’avérer l’un des coups les plus violents jamais portés à la liberté d’expression dans les pays « démocratiques » de l’Union européenne. Le débat autour de ce texte va maintenant se poursuivre au parlement européen.

Il convient de préciser que le 12 décembre 2018 un premier rapport sur la lutte antiterroriste a été adopté à une très large majorité : sur 661 votants, 474 ont voté en faveur de ce dernier tel qu’il a été amendé, 112 voix contre, 75 votants se sont abstenus. Cette adoption était prévisible. Il faut toutefois noter qu’elle s’est déroulée dans un contexte très particulier : au lendemain du terrible drame de Strasbourg à proximité du marché de Noël. Ce rapport sur « les observations et les recommandations de la commission spéciale sur le terrorisme » est dans la même ligne. Ce rapport désormais adopté est un marchepied qui vient appuyer le texte à venir, texte qui recommandera entre autres mesures la sous-traitance de la censure aux géants de l’Internet.

De quoi s’agit-il ?

Usant toujours de la même argumentation – a priori- louable : la lutte contre le terrorisme, ce texte – que vous retrouverez sous l’intitulé : « Règlement du Parlement Européen et du Conseil relatif à la prévention de la diffusion de contenus à caractère terroriste en ligne » obligera tous les acteurs du Web à se soumettre aux outils de surveillance et de censure automatisés fournis par Facebook et Google. Quand la Quadrature du Net qui soulève le problème s’interroge : « Une loi européenne pour censurer les mouvements sociaux sur Internet ? » La réponse apparaît tristement contenue dans la question au regard des éléments exposés ci-après et des mouvements sociaux qui se déroulent en France depuis quelques semaines.

Nonobstant un projet réalisé dans un timing empêchant tout débat public, ces alliances contre-nature associant des géants du Net à des États dans l’exercice de la censure sont préoccupantes.

Pourquoi est-ce une dérive dangereuse ?

Si le règlement européen franchit ici un nouveau cap, c’est qu’au-delà d’une exigence de retrait dans l’heure sous peine de sanctions financières des prestataires, ce projet de loi prévoit d’intégrer également des « mesures proactives ».

Il s’agit donc d’avoir recours à de la censure automatique préventive ! Pour faire simple, cette censure serait alors paramétrée par les autorités concernées et les géants du web.

Voici ci-dessous quelques extraits de ce que propose ce projet de règlement en terme de mesures proactives (article 6). Un règlement que je vous encourage à lire attentivement et dans son ensemble (Bruxelles,le 7 décembre 2018 : Règlement du Parlement européen et du Conseil relatif à la prévention de la diffusion de contenus à caractère terroriste en ligne).

Mesures proactives 

  • Les fournisseurs de services d’hébergement prennent, selon le risque et le niveau d’exposition aux contenus à caractère terroriste, des mesures proactives pour protéger leurs services contre la diffusion de contenus à caractère terroriste. Ces mesures sont efficaces et proportionnées, compte tenu du risque et du niveau d’exposition aux contenus à caractère terroriste, des droits fondamentaux des utilisateurs et de l’importance fondamentale de la liberté d’expression et d’information dans une société ouverte et démocratique.

  • Lorsqu’elle a été informée conformément à l’article 4, paragraphe 9, l’autorité compétente* visée à l’article 17, paragraphe 1, point (c), demande au fournisseur de services d’hébergement de soumettre, dans les trois mois suivant la réception de la demande, et ensuite au moins une fois par an, un rapport sur les mesures proactives spécifiques qu’il a prises, y compris au moyen d’outils automatisés.

Lorsque il est évoqué la notion « d’autorité compétentes » qui seront habilitées à superviser ces mesures proactives elles sont « précisées » dans le point (37) :

« (37) Aux fins du présent règlement, les États membres devraient désigner des autorités compétentes. L’obligation de désigner des autorités compétentes n’impose pas nécessairement la création de nouvelles autorités ; il peut en effet s’agir d’organismes existants chargés des fonctions prévues par le présent règlement. Celui-ci exige la désignation d’autorités compétentes chargées d’émettre les injonctions de suppression et les signalements et de superviser les mesures proactives, ainsi que d’imposer des sanctions. Il appartient aux États membres de décider du nombre d’autorités qu’ils souhaitent désigner pour remplir ces tâches ».

De la contestation à la sédition… jusqu’au terrorisme : le poids des mots, le choc de la censure !

Sans vouloir jouer les oiseaux de mauvais augure, quand le ministre de l’Intérieur dénonce « les séditieux » parmi les gilets jaunes, on peut s’inquiéter fortement sur l’usage futur et dévoyé qui pourrait être fait par la gouvernance actuelle (et d’autres) d’une telle loi.

Les mots ont un sens, et les mots ne sont pas innocents ! Ils le sont d’autant moins lorsque l’on est aux responsabilités. Je rappelle donc qu’une sédition « est une forme d’émeute face à un pouvoir ou une autorité établie, dont le but ne serait pas uniquement de renverser les détenteurs d’une puissance, mais de rompre définitivement tout lien avec ce système ».

La problématique est que de « sédition » à « criminel » puis à « terroriste » il n’y a qu’un pas qui pourrait être vite franchi pour justifier une censure totalement outrancière en cas de mouvement social contestataire s’exprimant demain sur Internet.

Aussi, et au regard du type de qualificatif qui a été utilisé lors du mouvement de contestation sociale massif qui se déroule actuellement en France, que ce qualificatif soit supposé désigner quelques individus ou un collectif est en définitive peu important… Le mot a été lâché ! Il laisse sous-entendre que sous une telle loi un mouvement de contestation du type des « gilets jaunes » – en France comme ailleurs – pourrait être traité comme un mouvement potentiellement séditieux et de fait être censuré au plus tôt par les autorités et leurs nouveaux alliés de la censure.

Cela entraînerait ipso facto (par exemple) une impossibilité d’usage du Net pour l’organisation de rassemblements. Que ces rassemblements soient pacifiques ou non, ils pourraient être rapidement mis « dans le même panier » ! Le couperet de la censure pourrait alors s’abattre de façon généralisée et préventive pour “tuer dans l’œuf” ce type de mouvement contestataire. Il sera nécessaire et suffisant de s’appuyer sur les comportements de quelques illuminés réellement dangereux… pour brandir le terme sédition et co-actionner la censure algorithmique adaptée ! Pour le bien de la sécurité nationale, évidemment…

« Puisque le peuple vote contre le Gouvernement, il faut dissoudre le peuple ». (Bertolt Brecht)

-« L’essayiste Nick Srnicek souligne combien la monopolisation des données fait prospérer Google et Facebook. »

Fruits des progrès de l’informatique, des multinationales rendues célèbres par le moteur de recherche Google, le réseau social Facebook ou même le covoiturage Uber auraient fait accéder le capitalisme à un stade « supérieur ». Ce que conteste Nick Srnicek, spécialiste de l’économie numérique. Selon lui, « nous sommes encore et toujours enchaînés à un système qui repose essentiellement sur la concurrence et la rentabilité », mais qui connaîtra son déclin.

Dans Capitalisme de plateforme, son essai percutant sur « l’hégémonie de l’économie numérique », le chercheur britannique montre que, pour remédier à l’affaiblissement du secteur manufacturier, des affairistes se sont tournés vers l’exploitation des données de l’information dans tous les domaines. Il s’agirait d’une activité plus « intelligente », plus « cognitive », plus démocratisée que l’industrie de jadis, du moins en apparence…

Les relations entre consommateurs et entrepreneurs s’y fondent sur un pivot numérique en constituant ce que les observateurs du nouveau modèle économique appellent une « plateforme ». Mais Srnicek ne se laisse pas leurrer par l’attrait de la nouveauté. Il établit qu’en fait « les plateformes se sont vite avérées la manière la plus efficace de monopoliser » les données, comme s’il s’agissait d’une matière première dans la vraie tradition du capitalisme.

L’essayiste souligne combien cette monopolisation des données fait prospérer Google et Facebook. Au premier trimestre de 2016, 89 % des revenus du premier et 96,6 % de ceux du second, précise-t-il, « provenaient des annonceurs publicitaires ». Il s’agit d’une concurrence que certains jugent déloyale, avec la traditionnelle presse d’opinion imprimée en quête, elle aussi, de revenus publicitaires…

De plus, les plateformes, note-t-on, bénéficient d’une gigantesque aubaine : la présence de la main-d’œuvre gratuite des internautes, qui leur fournissent innocemment nombre de précieuses données ! Elles ont beau se piquer d’apporter au capitalisme un sens social inédit, en réalité, pour ne pas trop contribuer aux finances publiques, elles pratiqueraient allègrement l’évasion fiscale. Srnicek ne craint pas de classer Google, Apple, Facebook, Amazon et Uber parmi les champions en la matière.

L’essayiste démystificateur conclut en analysant le phénomène spectaculaire des plateformes défendu par les partisans retors d’une accessibilité superficielle : « Nous n’assistons pas à la fin de la propriété mais bien à sa concentration. » Or, cette évolution typique et sournoise du capitalisme n’échappe pas aux graves fluctuations historiques de ce système. Même l’économiste en chef de Google, Hal Varian, en est conscient.

Srnicek n’est peut-être pas si rêveur lorsqu’il imagine qu’à l’avenir on pourra « collectiviser les plateformes » rendues à bout de souffle.

Extrait de «Capitalisme de plateforme»
« Une multitude de nouvelles tâches peuvent désormais être effectuées en ligne grâce au Mechanical Turk d’Amazon et à d’autres plateformes similaires. Une fois de plus, cela permet aux entreprises de réduire leurs coûts d’exploitation en utilisant une main-d’œuvre bon marché issue des pays en voie de développement. »
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