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21 novembre 2018 3 21 /11 /novembre /2018 15:16

communiqué de presse

 

 Afin de soutenir un ami du Droit,Hubert  VAN DEN TORREN ,le  public et les adhérents de la Ligue française pour la défense des droits de l'homme et du citoyen  ,section St-Pons -de -Thomières /Hauts -Cantons ,sont invités à se rendre à 8H devant le TGI de Béziers le vendredi 23 novembre 2018  .
 
Nous considérons que tout un chacun doit se sentir  concerné :

-par la judiciarisation de   l'affaire qu'il mène à la barre,
-et par la sécurité  de sa personne .

Après les débats,les éléments développés dans la conférence de presse que tiendra l’intéressé , seront utilisés par notre section  pour évaluer et  rendre compte publiquement et au plan national de notre association ,de l'efficacité  des services du ministère de la Justice qui doivent s'appliquer de droit,dans notre juridiction , afin de prodiguer l'aide et de la protection dues aux  victimes de dommages matériels et de menaces .

En effet,selon la promesse de la réforme pénale, ces droits devraient être strictement renforcés prochainement.
 
Pour aller en ce sens ,notre section  s'est investie depuis plusieurs années dans d'autres dossiers d'atteintes aux Droits de l'Homme du même type que  les atteintes multiples  subies par Hubert,et elle  tente  de comprendre la capacité que possède le système judiciaire  local,à produire et à expliquer ses stratégies de lutte  :

- contre la tourmente Héraultaise  du  crime ou de la délinquance organisée politiquement ,et/ou en association ou  pas, avec d' autres   malfaiteurs ,
- pour l'aide à l'enfance en danger,victime de dérives sectaires ou de phénomènes collectifs similaires,et/ ou victime  d'abus sexuels en réseau ,pour que, comme à notre  habitude, et M.Toubon(le défenseur des Droits)et M.Doudiès (le délégué régional LDH-LR),en soient rapidement  informés ,
-pour la surveillance des transactions financières  pour  lutter contre le blanchiment d'argent qui  semble être  un  aspect  important dans ce dossier ,comme dans d'autres plaintes,qui ont été préalablement signalées par notre  biais associatif , à des  représentants politiques et à ceux de l'autorité publique .
 
  Fait à Saint-Pons -de -Thomières ,le  mercredi 21 Novembre 2018.

Note"Doudiès  a son gilet retourné" par  l'administration du blogue: alors même que sa famille associative déplore comme un seul homme et d'une voie unanime que :"  Le projet de loi justice menace de généraliser le fichage génétique  "( Un  listage des gens tranquilles initié à la façon  Pétain?) ...M.Doudiès,le paradoxale délégué LDH-LR s'oppose, aux militants des Droits de l'Homme qui s'interdisent  leur fichage  multiforme  à  la gendarmerie lorsqu'ils  sont    auditionnés:  Or Doudiès s'est positionné ,pré la commission  sur l'éthique médicale de la LDH   en  bloqueur de proposition ou de   contestation :" je suis contre "( ce refus du prélèvement de leur ADN,empreintes dodécapalmaires ,photos d'identification... ),a-t-il ajouté!


 Ce double jeu  du délégué régional LDH-LR  est mal aisé :  Doudiès peut-il s'afficher en compagnie de ses pairs  en comité centralisé, à la fois :

-comme signataires d'un texte inter-associatif contre le listage des gens tranquilles ,

-et se déclarer par ailleurs défavorable à la résistance directe et active à ce fichage total de la population Française?

Cette attitude ne dénote-elle pas  un parti pris en parrainage flou pour d'autres intérêts que ceux de la défense  de la  DUDH? ( Le flou est identique en ce qui concerne   la Défense et promotion des droits de l'enfant pour des cas déjà rapportés aux autorité,qui doivent les vérifier,de  phénomènes  d'abus collectifs ou en réseau  dont des  mineurs pourraient être victimes souffrantes  ? ).Là il s'est agit pour ce délégué régional LDH-LR de dénier (méconnaître  pour ne pas avoir à tenter de  résoudre ),la présentation en AG,et durant toute cette année  de simplification générale,de la problématique de l'enfance en grand danger.

Faudrait-il désormais que par rapport à cette "simplification pénale" *,les personnes ou les associations ne se  contentent plus que d'en comprendre le danger et n'agisse pas en contre  ,quitte à faire le godillot pénard, et ne pas  tenter d'en empêcher le fait sécuritaire ?

Des fervents pour le sécuritarisme d’État ,mais sans aucune faveur  pour la sécurisation d'enfants ?

Mieux les gens  qui s'opposent à une répertorisation totale des caractéristiques biologiques  et physiques font l'objet de   censure  et  de dénigrement,dualisme dont l'usage  n'a rien d'un simplisme* pour abruti ,c'est  un processus d’affligeance qui ancre   :

-une posture  en pédophobie sociale , considérant comme partie négligeable la sécurisation d'enfants potentiellement exposés au crime ,

- l'absence de résistance  sur le  sujet du fichage comme celle consistant simplement, à ne plus  cultiver le souvenir mémoriel de la  loi du 30 mai 1941  et à s'inscrire en continuité dans  du collaborationnisme Pétainiste  avec l’État !

 

(Actualisation sur ce point  FNAEG : les députés suppriment l'extension du fichier des empreintes génétiques le 4 décembre et  la "garde des Sceaux, (qui )a été favorable aussi bien à sa création qu’à sa suppression".Nicole Belloubet, se prête de bonne grâce à de l'inconstance  en faisant la girouette en terme de convictions personnelles :un coup pour ,le second contre !)

Du point de vue des professionels du système judiciaire (avocats ,forces de l'ordre ,et magistrats), la préoccupation ne semblait pas  porter sur l'ouvrage (le tissage disproportionné d'un  fichier global des citoyens),mais sur le métier juridique  et sa représentativité fonctionnelle :

*Projet de loi de réforme de la justice : derrière la simplification pénale ,un recul du juge ?Cette réforme compromettante, engagée déplorablement  par le socialiste Hollande et poursuivie par  Macron, signe probablement l'effacement  du juge  ,mais elle anticipe plus surement encore l'amoindrissement des Libertés Publiques pour les gens tranquilles,dans un contexte  d'état d'urgence ou d'urgence d’État .

Rappel à l'attention des magistrats  sur ce qu’en écrit  un historien

Fiches S, carte d'identité et ancêtre du numéro de Sécu, quand Vichy inventait les moyens de surveiller la population

Note sur  " A quand la revanche  du pot de terre sur le  pot de vin    ?"par  l'administration du blogue:le procès commence par un rotage à la tronche de  la vérité judiciaire et un manquement  au respect du  aux personnes présentes  pour que la justice soit rendue ce jour là,comme prévu.

Pourquoi le conseil Supérieur de la Magistrature  de l'hérault a-t-il ordonn2 d'un seul coupe 22  mutations "disciplinaires " de juges?

Mais le procureur Yvon Calvet  en avait  décidé autrement et avait programmé  un déplacement ,( ... à Paris!) pour Luc Barbier,le nouveau président du tribunal de grande instance de Béziers,en charge du dossier Van Den Torren.Et le plaignant n'en était pas prévenu .Il y avait bien une a juge du siège qui présidait  tout de même l'audience,mais celle-ci avait fait l'objet d'une Récusation préalable par  Hubert  .

Elle a donc fait renvoyé l'affaire au 18 Janvier 2019 à 14H,journée ou M. Calvet le magistrat du ministère public chargé de l'action publique dans le ressort d'un tribunal de grande instance en charge du dossier est certain d’être là ...pour a relancer la suite de  la purge(déjà une vingtaine de "mutations") ,des magistrats  véreux ou corrompus du  Bitterois ?

-Revue de presse "Criminel un jour de Noël ,criminel toujours ?":

"Le Doyen de l'ordre des avocats de Béziers a été mis en examen et écroué avant les fêtes de Noël. Il serait poursuivi dans le cadre d'une enquête ouverte pour escroquerie parmi plusieurs autres motifs".

Lire Les avocats sous le choc à Béziers : le bâtonnier Guigues et sa femme incarcérés 

Et L'ancien patron des avocats de Béziers en prison - France Bleu

 

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14 juillet 2018 6 14 /07 /juillet /2018 12:45

 

Les amies et amis,

C'est avec une immense tristesse que nous avons appris le décès de Jacques dans la nuit du jeudi 12 Juillet après des semaines de lutte contre la maladie. Il est parti entouré de son épouse et des ses enfants.

Jacques nous quitte mais il tenait à ce que le combat pour la justice et les droits du peuple palestinien continue. Pour respecter sa volonté et rester fidèle à son engagement, la publication d’Infos Gaza va reprendre. Nous gardons vos cordonnées pour vous donner des informations ultérieurement. 

Les obsèques auront lieu le Jeudi 19 Juillet à 14h au cimetière de Pessac. Vous trouverez les informations complémentaires dans la pièce jointe.

Françoise souhaite vous transmettre ses quelques mots :

« Chers Amis,

Jacques nous a donc quitté mais je peux vous assurer que jusqu’à la dernière heure la Palestine était présente dans son cœur et son esprit. Même si parfois il avait du mal à l’exprimer, son regard parlait pour lui. 

La veille de son départ, un ami palestinien lui a apporté un Keffieh. Bien entendu, Jacques n’a pu exprimer aucun sentiment, mais moi qui le connait si bien, je sais ce qu’il a pu ressentir au fond de son cœur. Plusieurs fois pendant ses délires, le mot Palestine revenait souvent et son regard changeait.

Soyez certains chacun de vous chers amis de l’Amitié que Jacques vous portait. Notre façon à nous de lui rester fidèle est d’être nous mêmes fidèles à son combat et ses engagements. 

Son épouse Françoise SALLES. »

Sa famille.

 

-es autres en continuité remercient  Jacques et pour sa continuelle lutte    :

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21 mai 2018 1 21 /05 /mai /2018 06:04

"Il y a un an jour pour jour, Jérôme Laronze, agriculteur à Trivy, tué par un gendarme à Sailly. Ce dimanche, Sa famille, ses proches, mais aussi ceux qui soutiennent leur combat, se sont donnés rendez-vous à Trivy pour une journée d'hommage. Près de 200 personnes ont répondu à cet appel.

Menée par la famille de l'agriculteur une marche blanche silencieuse est partie de l'église pour rejoindre la ferme où vivait et travaillait Jérome Laronze.

Les murs étaient décorés d'extraits des " chroniques des états d'âme ruraux": le long texte retrouvé sur Jérome Laronze et à son domicile après sa mort. Un enregistrement de ce texte  poignant de 14 minutes lu par le comédien Jacques Gamblin a été diffusé.

Avant cela, Marie-Pierre Laronze, l'une des sœurs de Jérome, avocate de profession a pris la parole. Elle a fait le point sur la situation judiciaire. L'occasion de déplorer " une instruction à charge contre Jérôme alors qu'il est la victime". D'après elle tout est entrepris pour faire passer son frère pour quelqu'un de "violent" et " schizophrène ".

Elle demande que soit nommé un nouvel expert ( indépendant des gendarmes) pour faire toute la lumière sur les circonstances dans lesquelles a été tué Jérome. " Pour le moment, on à affaire à une inégalités des armes", indique Marie-Pierre Laronze qui assure " nous continuons à soutenir que le gendarme qui a tiré ne s'est jamais retrouvé en situation de danger"

Elle a également lancé : " le but de l'administration et des gendarmes c'était de faire taire Jérome et ils ne se sont rien interdits. Mais on ne fera pas taire Jérome !"

La journée se poursuit par un pique-nique

Vers 16 heures: Un arbre " résistant" à été planté en hommage de Jerome. Tous prennent maintenant la route de Sailly où à été abattu l'éleveur.

Sur le lieu du drame une minute de silence a été observée et de la ficelle rouge a été symboliquement accrochée à la végétation.

Vers 19 heures 30: Rafia rouge sur les grilles de la gendarmerie de Cluny, où le gendarme qui a tué l'agriculteur se trouvait en poste à l'époque. Une enquête est toujours en cours. Très vite des gendarmes ( en civil) sont venus à la rencontre des manifestants. Les échanges ont été tendus et le dialogue impossible, mais tout s'est déroulé sans débordement."

-La violence générale et généralisée avec " Là-bas si j'y suis"
 

La violence, c’était bien pire avant. C’est ce que nous croyons, c’est ce que nous disent les experts. Pour François Cusset, la violence n’a pas reculé, elle a changé de formes et de logiques, elle couve, elle fermente, elle désagrège en profondeur.

[VIDÉO : 1H01] La guerre des idées, "le déchaînement du monde", un entretien de Daniel Mermet avec François Cusset à voir en intégralité (ou par chapitre) ici : la-bas.org/la-bas-magazine/entretiens/francois-cusset-l-etat-brandit-la-violence-pour-cacher-celle-qu-il-pratique

 

Le déchaînement de la violence. Logique nouvelle de la violence

« Arracher le masque de la violence », écrit en préambule François Cusset, professeur à l’université Paris-Nanterre. Le ton, surtout le fond, est donné. Dans cet essai sous-titré «  logique nouvelle de la violence », il assure que celle-ci a changé de formes et de logique, elle est moins visible, plus constante. Plutôt qu’enrayée, elle a été prohibée. La pacification policière de nos sociétés cacherait non pas la diminution des violences mais leurs mutations. D’où l’idée de faire apparaitre son nouveau visage, certes transformé mais bien réel. C’est à partir de ce postulat que François Cusset analyse les transformations de notre monde et met en lumière ce que le système néolibéral voudrait laisser dans l’ombre : les violences nouvelles, infligées sans trace, sans marque, sans visibilité et à bas bruit.

François Cusset, Le déchaînement de la violence. Logique nouvelle de la violence, La Découverte, Paris, 2018.

Rep
23 mai 2018 / Nicolas de La Casinière (Reporterre)

 

Un jeune homme a eu la main droite arrachée par l’explosion d’une grenade GLI-F4, mardi sur la Zad de Notre-Dame-des-Landes. Les circonstances de cette blessure restent floues. Sur la Zad, l’émotion est intense.

  • Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique), reportage

Trois heures après le drame, la Zad est sous le choc, oscillant entre rage et abattement sans trop d’information précise sur les circonstances qui ont laissé ce zadiste mutilé sur le carreau. On l’a su très vite, il a eu une main arrachée par une grenade GLI-F4. Son nom ? Personne ne le sait encore. Depuis, des zadistes découvrent qu’il est originaire de Marseille, retrouvent un de ses amis proches, pour qui cette idée de ramasser une grenade pour la relancer ne cadre pas du tout avec le comportement de son pote. La famille est prévenue. En prenant soin de demander à la victime ce qu’elle veut faire savoir des circonstances et de ses intentions.

Sur l’affrontement qui a valu à ce zadiste de perdre la main droite, voici les premiers éléments d’information.

Quand la grenade a explosé, la victime était auprès d’un passage en creux entre deux champs, cernée de haies, face à la forêt de Rohanne, entre Bellevue et La Chateigne. Les gendarmes encerclaient la forêt pour permettre aux camions de déblaiement de retirer les matériaux des décombres. C’était dans un moment de relative accalmie, après un affrontement plus intense. Quelques cailloux, pas plus, vers les gendarmes mobiles qui décident de dégager le groupe d’une trentaine d’opposants. Le ministère de l’Intérieur en a vu cinquante, selon son communiqué : « Une cinquantaine d’opposants radicaux cagoulés se sont attaqués aux forces de l’ordre en leur jetant notamment des cocktails Molotov et des projectiles. »

 

Le lieutenant-colonel Philippe Marestin, officier presse de la gendarmerie nationale, a apporté quelques précisions par téléphone à Reporterre : « On avait ce matin des opérations de dégagement, de déconstruction à la fois sur les axes et sur les parcelles où les structures avaient été installées illégalement au cours des deux derniers jours. Depuis le matin, on avait un certain nombre de forces déployées pour procéder à ces opérations. On avait notamment des déblaiements sur le chemin de Suez où plusieurs barricades avaient été réalisées, qu’il fallait déblayer. Nous avions des gendarmes qui étaient entre le squat de Bellevue et l’ancien squat du Chateigne, on a eu une cinquantaine d’opposants particulièrement virulents qui harcelaient les forces de l’ordre qui étaient justement en bouclage pour protéger les opérations de déblaiement. À coups de cocktails Molotov et de divers projectiles, ils empêchaient ces opérations de se dérouler normalement. Donc, les gendarmes mobiles ont tiré du gaz lacrymogène — grenades lacrymogènes instantanées de classe F4 (GLI-F4), qui combinent à la fois un effet sonore, un effet de souffle et un effet lacrymogène — pour pouvoir dégager cette zone. L’un des opposants a ramassé une grenade au sol, et lorsqu’il a ramassé la grenade au sol, la grenade lui a explosé au niveau de la main. Donc, il a été secouru rapidement, médicalisé, puis évacué par voie routière sur le centre hospitalier de Nantes. Il était aux alentours de midi. Le parquet de Saint-Nazaire a saisi la section de recherche de Nantes pour faire la lumière sur les circonstances de ces blessures. »

Les habitants de la Zad font entendre un autre son de cloche. « Ce qui est sûr, c’est qu’il n’y avait pas de cocktail Molotov, assure à Reporterre un membre de ce groupe. C’est une grenade, ou plusieurs, qui a mis le feu au taillis. Il faut même ajouter que, quand ce bord du bois a cramé, c’est nous qui avons été chercher deux extincteurs à Bellevue. Mais comme les flics tenaient le bout de forêt en feu, il était impossible de passer pour l’éteindre. » Après négociations, les extincteurs ont été fournis aux gendarmes vers 14 h, mais cela n’a pas suffi à éteindre les flammes.

À l’accueil de la ferme de Bellevue, à 400 mètres du lieu où est tombée la victime, un petit cahier avec des surlignages en jaune a enregistré les heures où l’information est arrivée : « 12 h 23 : Une personne blessée traînée hors de zone au nord. 12 h 34 : Une autre personne s’est fait embarquer. »

Radio Klaxon, la voix de la Zad sur les ondes, annonce à 11 h52 « un blessé grave, demande de soutien urgent Médics entre Bellevue et la Chateigne » ; puis à 15 h 10, « la personne qui a été blessée à la main selon nos sources a voulu ramasser la grenade pour la repousser et laisser passer ses camarades et elle a été plaquée au sol par la gendarmerie, c’est à ce moment exact que la grenade a explosé ».

Que s’est-il passé à l’orée de ce champ ? « Franchement, la version selon laquelle il aurait ramassé la grenade pour la relancer, je peux pas la croire. On le sait tous qu’il faut pas les ramasser, ces engins-là. C’est écrit partout, tout le monde est au courant. Ce qu’on peut relancer, c’est juste les palets lacrymogènes, mais les grenades au sol non éclatées, et qui viennent de tomber, personne ferait un truc pareil », soupire cette zadiste, consternée. Sur place, la procureure de Saint-Nazaire se refuse à toute déclaration. Dans un chemin plus loin, une femme officier de communication de la gendarmerie refuse tout aussi net de répondre aux journalistes.

Un petit groupe des protagonistes, qui étaient sur place, est encore là, sous le choc. Leurs témoignages sont assez flous : « Les gendarmes se sont remis à nous tirer dessus, tout le monde courait, on a reculé dans le champ.
— Quand la grenade a explosé, les gendarmes qui venaient de charger lui ont sauté dessus…
— Il a levé le bras, montrant son moignon aux copains, mais bon c’est un témoignage indirect, je ne fais que rapporter ce que m’a dit un gars qui y était.
— Il était à quelques mètres de moi, mais franchement, je n’ai rien vu. Ça se passe très vite.
— On a eu l’impression que les gendarmes fauchaient l’herbe à coups de pied pour cacher les traces. »

Une photo parvient vers 16 h sur un téléphone portable. Plutôt insoutenable. Les deux jeunes femmes qui l’ont reçue se méfient, vérifient leurs sources :
« Faut être sûr que c’est bien ça. D’abord, qui te l’a envoyée, cette photo ?
— Un gars avec qui j’ai déjà été en contact sur Facebook »
, répond cette femme, qui ne sait plus manipuler son téléphone, tellement l’image la choque.

On y voit un jeune homme à terre dans l’herbe, tête renversée, bouche ouverte par la douleur, T-shirt blanc déchiré, torse nu ensanglanté, le bras droit ballant. Un moignon rouge sang à la place de la main, des lambeaux de chair. Du sang sur le ventre, du sang dans l’herbe. Autour de lui, des pompiers portant des casques de gendarmes, les mêmes qui accompagnent les escadrons depuis la semaine passée. Ils portent des parkas sombres rayés de bandes fluo grises et jaunes et des baudriers orange siglés « infirmier ».

Une photo éprouvante que Reporterre a choisi de ne pas publier. Une photo de guerre. Elle contredit la communication du parquet de Saint-Nazaire, saisi de l’enquête, qui rapporte qu’après évacuation vers le centre hospitalier universitaire de Nantes, et « au regard des blessures occasionnées, il a été amputé de la main droite et demeure hospitalisé. Ses jours ne sont pas en danger ».

Qui a pris et transmis cette photo ? « D’après ce qu’on me dit, ce serait un gendarme…
— Non, c’est pas possible que la gendarmerie se vante de tels
“exploits”.
— Pas l’institution, mais peut-être un gendarme à titre individuel, soit pour faire le malin, soit parce que lui-même est écœuré. »

Alors que les pompiers au service des gendarmes ont pris en charge le blessé, la violence ne s’est pas arrêtée. À 14 h 20, le cahier de l’accueil de Bellevue enregistre trois nouveaux blessés : « Flashball dans le coude, un éclat de grenade dans le dos, un éclat de grenade de côté. » Un des trois a perdu connaissance.

 

À 17 h, une conférence de presse de l’équipe médicale de la Zad se tient à La Rolandière, à 50 mètres des fourgons de gendarmes, pare-choc contre pare-choc. Ambiance sous tension.

 

La représentante de l’équipe Médics explique qu’« il est assez peu probable et pas du tout crédible que la personne ait ramassé la grenade volontairement, étant donné qu’elle était en train de fuir. Quant à nos soignants, ils n’ont pas pu prendre en charge le blessé, qui n’était pas accessible. Nous n’avons pas de nouvelles de cette personne, évacuée par les forces de l’ordre. On ne sait pas si on va réussir à en avoir. Mais nous lui apportons tout notre soutien. On sait les conditions difficiles, d’être interrogé dans sa chambre d’hôpital, avec des pressions pour influer sur le témoignage. » Elle évoque les autres blessés du jour : une personne avec des éclats de grenade dans la fesse, avec des plaies de deux centimètres de large et autant de profondeur. Un autre avec des morceaux d’éclats dans le dos.

Devant les micros, le zadiste qui l’accompagne a la voix étranglée d’émotion : « Depuis le 9 avril [début des expulsions], de nombreuses personnes ont été atteintes à quelques millimètres d’organe vitaux, donc à quelques millimètres de la mort. On est à plus de 300 blessés. On craint vraiment un mort. Si l’on veut éviter le pire, il faut que l’État arrête d’utiliser des armes létales contre nous. »

La GLI-F4 est une « grenade lacrymogène instantanée » bien connue dans ce bocage qui en a vu exploser près de 4.000 depuis le début des opérations militaires à Notre-Dame-des-Landes. Cette grenade cumule puissance sonore, effet de souffle et diffusion lacrymogène. Ces grenades parfois dites « assourdissantes » sont réputées constituer l’arme la plus puissante de l’attirail du maintien de l’ordre avant l’usage des armes à feu, selon le code de sécurité intérieure qui régit la gradation des usages de la force. Sa charge de 25 grammes de TNT (à quoi s’ajoutent 10 grammes de gaz lacrymogène CS pur) rend cette grenade cousine de la grenade offensive F1 qui a tué Rémi Fraisse le 26 octobre 2014, grenade aujourd’hui interdite et qui contenait 60 grammes de TNT. La GLI-F4 est dotée de moitié moins de substance explosive, et pourtant elle a déjà fait des dégâts bien connus, arrachant un pied à un opposant au projet d’enfouissement des déchets nucléaires de Bure, le 15 août dernier.

À Notre-Dame-des-Landes, le 10 avril, quatre gendarmes ont été blessés par une de leurs propres grenades, obligeant à une évacuation d’urgence d’un de ces militaires à l’hôpital de Nantes. Sur les circonstances, la gendarmerie et la préfecture sont restées très discrètes. Pour ne pas dire mutiques.

 
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-SUITE DE LA REVUE DE PRESSE

F

 

Après la grave blessure d'un occupant de Notre-Dame-des-Landes qui a tenté de ramasser une grenade lacrymogène lancée par les forces de l'ordre, le porte-parole d'Europe Écologie Les Verts Julien Bayou a appelé à l'interdiction pure et simple des grenades dans l'équipement des gendarmes.

"Tous les jours on prend le risque d'un blessé grave ou d'un mort" , des deux côtés, à cause de l'utilisation des grenades "qui sont souvent renvoyées aux gendarmes", par les manifestants estime Julien Bayou. Le porte-parole d'Europe Écologie Les Verts a appelé mardi 22 mai sur franceinfo à l'interdiction pure et simple des grenades dans l'équipement des gendarmes.

franceinfo : Pourquoi voulez-vous l'interdiction des grenades ?

Julien Bayou : Il y a déjà eu un mort avec Rémi Fraisse [victime d'une grenade offensive qui s'était logée entre son dos et son sac en octobre 2014 à Sivens], et là on parle de plusieurs dizaines de milliers de grenades [lacrymogènes] qui ont été déversées depuis le mois d'avril à Notre-Dame-des-Landes. Cette opération est devenue un bourbier, il y a eu des centaines de blessés côté zadiste, et une bonne centaine côté gendarmes. C'est quoi l'objectif ? Tout ça pour quelques cabanes ? Est-ce qu'on mesure la débilité sans nom de la situation ?

L'évacuation de Notre-Dame-des-Landes est devenue impossible selon vous ?

Tous les jours, on court aussi le risque d'un blessé grave ou d'un mort. Et puisque ces grenades sont renvoyées aux gendarmes, on court le risque d'un mort chez les gendarmes. C'est idiot ! Je condamne les violences à l'égard des gendarmes et dans l'autre sens. On envoie les gendarmes au casse-pipe. Ils ne sont pas équipés pour patauger dans le bocage, ce sont des missions humiliantes. La sécurité de l'État n'est pas en jeu dans l'occupation de Notre-Dame-des-Landes : on parle de cabanes ! Qu'est-ce qu'on s'en moque, que des gens veulent élever des brebis, faire une bibliothèque, une forge, etc. Laissons-les faire ! Il faut maintenant en sortir par le haut, comme ça s'est fait au Larzac.

Comment justement s'en sortir ?

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Le fait que Gérard Collomb, ministre de l'Intérieur, et non son collègue de la Transition écologique et solidaire Nicolas Hulot, gère la situation, est un problème : parce qu'il y a ces évacuations, ça renforce les manifestants qui disent : 'il faut se battre'. On se retrouve avec des 'cow-boys' qui ne font qu'alimenter la violence. Apaiser la situation désarmera littéralement les plus violents qui laisseront les terres à ceux qui veulent les cultiver.

Communiqué du groupe presse de la zad   
Les mensonges de la gendarmerie sur les circonstances du tir de
grenade qui a mutilé Maxime. 
. 
Alors que l'opération de gendarmerie en cours sur la zad venait de
commettre une faute aussi dramatique que prévisible, le premier réflexe
du parquet comme du ministère de l'intérieur a été de dégainer au plus
vite dans les médias le récit adéquat dans le but de couvrir les faits,
se justifier de la mutilation de maxime et tenter de neutraliser les
réactions. M. Collomb ou le procureur général s'y sont employés
immédiatement de la manière la plus affirmative possible, sans la moidre
décence ni le moindre regret. C'est l'usage. Au-delà des considérations
générales sur la brutalité de l'opération policière en cours, de la
dangerosité avérée des grenades explosives et de leur usage immodéré sur
la zad ces dernières semaines, nous avons souhaité pour notre part
attendre d'avoir pu croiser différents témoignages avant d'être aussi
affirmatif sur les faits.

Il nous apparaît aujourd'hui que la version gouvernementale selon
laquelle les gendarmes auraient lancé des grenades pour se dégager en
urgence d'un groupe d'une cinquantaine de manifestant.e.s les attaquants
avec des cocktails molotovs est une fiction. Les communiquant.e.s de la
gendarmerie pouvaient aisément le vérifier : chacune des interventions
des gendarmes sur la zone a été filmée par leurs services. D'après les
témoignages que nous avons recueilli, le drame est au contraire
intervenu dans un moment décrit comme calme ou quelques dizaines de
personnes faisaient face de manière statique depuis environs 45 minutes
aux gendarmes mobiles. Ceci alors que le déblaiement d'habitat de la
chateigne était en cours derrière la ligne policière. Les gendarmes
étaient alors très nombreux face à un groupe réduit de manifestant.e.s.
Un
effectif de gendarmes mobiles, en embuscade est alors sorti à
l'improviste de la forêt. Ils ont chargé les manifestant.e.s pour les
dégager du champs et susciter un mouvement de panique. Cette charge
subite a effectivement causé une fuite immédiate des personnes
présentes, en direction de l’unique et étroit passage de sortie au bout
du champs. C'est à ce moment là qu'une série de grenades a été lancée
sur quelques personnes à la queue du groupe tentant d'échapper à la
charge. Après l'explosion, plusieurs personnes se sont retournées et ont
vu la victime, debout, dos aux gendarme, se tenant le poignet droit avec
la main gauche. Celle-ci a ensuite été plaquée au sol et tirée plusieurs
mètres plus loin. Les témoins disent avoir vu les gendarmes "nettoyer"
autour de la victime, enlever les morceaux de chair et mettre de la
terre sur les traces de sang.

Ce qui ressort de l'ensemble des témoignages est clair : contrairement à
ce qu'ils affirment, les gendarmes ne sont pas intervenus avec des
grenades explosives pour se dégager d'un groupe d'assaillant.e.s et se
sortir d'une situation de danger grave, mais bien pour disperser des
manifestant.e.s alors statiques et en sous-nombre d'un champs. Ceci n'a
d'ailleurs malheureusement rien d'inhabituel dans cette opération
policière. Au cours des dernières semaines, chacun peut témoigner que
les grenades explosives GLI-F4, entre autres armes mutilantes, ont été
utilisées à de multiples reprises comme simple outil de dispersion et de
terreur et non pour faire face à des attaques réelles d'opposants.
Soulignons en passant que du côté même des gendarmes, les seules
blessures  graves dans leur rangs - à l'automne 2012 comme lors de cette
nouvelle vague d'expulsion -  ont été causées par un mauvais usage et
l'explosion de leurs propres grenades. 

--- Nous appelons à réagir partout pour dénoncer les mutilations causées
par les armes de la police et la brutalité de l'opération toujours en
cours sur la zad.





-- 
Liste de communication de la ZAD de Notre-Dame-Des-Landes.
06.95.06.81.49 
zadcontactpresse@riseup.net

Zone A defendre - http://zad.nadir.org/

-Appel:

 

Un appel initié par des personnes blessées et des collectifs contre les violences policières est lancé pour organiser partout des rassemblements le mercredi 30 mai 2018 à 18 heures, en soutien à Maxime, qui a eu la main arrachée par une grenade à la ZAD le 22 mai dernier, mais aussi pour exiger l'interdiction de toutes les grenades et lanceurs de balles.

Un rassemblement aura notamment lieu le 30 mai à 18 heures sur le parvis de l'hôtel de ville de Paris.

A télécharger, l'affiche conçue par une personne blessée pour appeler à ces rassemblements. Il suffit d'y ajouter le lieu de rassemblement (police "impact" taille 90), ainsi que le fichier PDF de l'appel mis en forme : https://wetransfer.com/downloads/f5c9d8f352f397a208a17b92ff37c25120180527144908/a59597

Un événement Facebook (et oui, on n'y coupe plus) a été créé : https://www.facebook.com/events/1791346417619747/?active_tab=about

Une vidéo réalisée au cours d'un rassemblement pour Maxime et servant d'appel est également visible ici : https://www.youtube.com/watch?v=DtB2hAEKt_s&feature=youtu.be

Certain-es blessé-es ont émis le souhait que soient présent-es et se mobilisent également les avocat-es et journalistes consciencieux-ses et sympathisant-es de nos combats, afin de participer à construire un rapport de force pour la suppression de toutes les grenades et lanceurs de balles de type Flashball.

Ne sont indiqué-es que les signataires qui se sont manifesté-es avant dimanche. Il est tout à fait possible d'ajouter d'autres signataire d'ici à mercredi, donc merci à celleux-ci de se manifester au plus vite auprès du collectif Désarmons-les! (desarmons-les@riseup.net)

POUR MAXIME ET CONTRE LES VIOLENCES POLICIERES,

TOU-TES DANS LA RUE MERCREDI A 18 HEURES !

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10 avril 2018 2 10 /04 /avril /2018 05:55

 

Jeannot s’est fait la malle.  

Jeannot le Suisse,

Jeannot La brocante,

Jeannot Le fugitif,

le renard argenté s’est barré, par surprise,

ce mardi 3 avril, autour de minuit.

« Diabolique », comme il aurait dit.

La cigale est en pleurs,

le drapeau rouge est en berne.

Ses amis et camarades de La Cigale et du village, où il était une figure incontournable, lui rendront un dernier hommage le MARDI 10 AVRIL à 11h à la cathédrale de Saint-Pons-de-Thomières (pour les modalités, voir en bas de ce mail)

Jeannot était une vedette de notre film La cigale, le corbeau et les poulets. A l’occasion des tournées beaucoup d’entre vous avaient eu l’occasion d’apprécier son humour et son sens du spectacle. Il faisait plier de rire des salles entières et pleurer parfois aussi quand il parlait des effets douloureux de l’affaire du corbeau. Certains d’entre vous ont eu l’occasion de le connaître un peu plus longtemps, de percevoir sa sensibilité profonde, son sens de l’autodérision exemplaire, sa vision du monde souvent très perspicace.

Jeannot, nous l’avions rencontré en 2009 lors de l’affaire du corbeau de l’Hérault et nous étions devenus bons copains. Nous ne nous sommes plus lâchés. Tous les ans à la fête de l’Huma, Jeannot était là avec nous à rigoler et à observer l’humanité. Il fut un formidable compagnon de voyage sur le chemin de nos tournées de débats.

Depuis la tournée en salles de La cigale, le corbeau et les poulets, nous tournions secrètement un nouveau film sur sa vie rocambolesque. Il y jouait son propre rôle avec talent et un goût pour la comédie chaque jour grandissant. Au fil du temps, nous avons découvert peu à peu l’incroyable aventure qui lui avait fait gagner tous ses surnoms et le secret de ses longs cheveux.

Jeannot était un révolté au grand cœur, il aimait les gens et rendait beaucoup de services dans le village, du repère de subversion de La Cigale à la Cathédrale dont il gérait la fermeture et les cloches pour rendre service.

Jeannot aimait jouer, jouer la comédie, jouer aux cartes, au Tiercé… jouer à tout propos, il a joué jusqu’au bout.

Il ne fermera plus les portes de la cathédrale au chœur inversé.

La fête de l’Huma ne sera plus jamais comme avant.

Nous n’oublierons jamais notre ami.

Il s’appelait Jean Oréglia.

 

Olivier Azam, Laure Guillot

Les Mutins de Pangée

PARTICIPER AUX OBSÈQUES DE JEAN ORÉGLIA

 

Rendez-vous le mardi 10 avril à 11h à la Cathédrale de Saint-Pons pour un dernier hommage.  A la fin de la cérémonie, un pot sera organisé à la Cigale. Le corps sera ensuite transporté à Tarascon pour y reposer auprès de sa mère, selon sa volonté.

Les dernières volontés de Jeannot : Ni fleurs, ni couronnes, mais gros apéro à La Cigale. 

Jeannot n’avait bien sûr pas un rond ni assurance vie. Ses amis ont décidé de prendre en charge ses obsèques dans le respect de ses volontés. Celles et ceux qui souhaitent participer à la collecte organisée à La Cigale par Pierre Blondeau, peuvent effectuer un virement (même une petite somme bien sûr) sur ce compte ouvert par Pierre :

Etablissement : 20041

Guichet : 01012

N° de compte : 0167905W033  Clef : 33

IBAN : FR88 2004 1010 1201 6790 5W03 333

Titulaire du compte : Pierre Blondeau

ou par chèque à envoyer à l’ordre de Pierre Blondeau,

La Cigale, 3 route de Castres, 34220, St-Pons-de-Thomières

Les frais des obsèques est de 3000 €. Si la collecte venait à dépasser cette somme, le surplus sera reversé au Secours Populaire.

-CP- disparition du militant JEAN ORÉGLIA

La LDH St-Pons-de  Thomières/Hauts-Cantons déplore la disparition de  JEAN ORÉGLIA  survenue le 3 avril 2018 à minuit.
L'honneur de  Jeannot  était d’être "jusqu'au bout " l'un de ces "justes"   qui ,sur le sol Français , sont venus  en aide humanitaire à des mineurs en exil  .
En 2009 il fut la cible avec d'autres  habitants  d'une  descente antiterroriste sur la commune .

 Quand il  racontait l'opération restée inexpliquée  jusqu'à ce jour,il  disait: «J’étais à poil, je n’ai même pas eu le temps d’enfiler un slip qu’ils avaient défoncé la porte».
Mais en réponse,il devint l'un des dignes fondateurs  et membre écolo-libertaire de la section de la LDH St Pons de Thomières  .

 C'est aussi un participant actif à  bien des luttes sociales et il était engagé  dans  de nombreux  mouvements  d' insurrection permanente pour la terre  qui le portait:il se battait contre l'exploitation des gaz de schiste ,contre le projet "poubelle " de la Sita ,contre celui de  l'implantation défigurante des éoliennes  industrielles  .
 
L'esprit de Jean dit" Le Suisse " et ses  longs cheveux  blancs plane sur  les montagnes des Hauts-Cantons.

Il restera  ici dans nos mémoires ,et pour  toujours dans celle des luttes  comme  l'un des résistants pour l'avenir de l' humanité:il est certainement allé faire un tour  à Notre Dame des Landes dont on expulse en ce moment certains des compagnons  .
 
Fait à St Pons de  Thomières  mardi 10 avril 2018 .

Salut à toutes et tous,

Il y a quelques jours, nous vous annoncions la disparition subite de notre ami Jean Oreglia, Jeannot dit « le Suisse », vedette de La cigale, le corbeau et les poulets. Avec les copains de la Cigale de Saint-Pons, nous avons reçu beaucoup de messages très chaleureux. Certains d’entre vous on tenu à envoyer leur participation à la collecte organisée par son ami Pierre Blondeau de La Cigale afin d’organiser de dignes obsèques. Pierre nous signale que dans l’état actuel des comptes, la collecte semble avoir été suffisante et qu’il n’est plus nécessaire d’envoyer des sous. Merci pour tout ça. Nous vous informerons dès que possible du montant total des dons et dépassements éventuels qui seront versés au Secours Populaire.

Ce                                              mardi 10 avril, jour du début de l’attaque blindée de Notre-Dame-Des-Landes, un dernier salut a donc été rendu à Jeannot en la cathédrale de Saint-Pons, réunissant une foule hétéroclite de gens qui l’ont connu : de tous les âges, de tous bords, de toutes confessions (ou sans), anarchistes, communistes, joueurs de cartes, saltimbanques, poètes, commerçants, sans papiers, chasseurs, écolos, clodos, zadistes, champignonistes… Même le curé a chanté Brassens : Je vous salue Marie ! La véritable unité dont on entend souvent parler par des gens qui ne la font jamais, c’est Jeannot qui savait la faire !

Sur l’air des « Copains d’abord » jazzifié, béni de l’encens du prêtre et de la mousse d’un zadiste, Jeannot est reparti sur les routes pour être enterré à Tarascon auprès de sa mère, morte en le mettant au monde soixante et onze ans plus tôt. Retour aux sources. Comme il l’avait voulu, on a fait un bon apéro à La Cigale, mais il manquait quelqu’un d’irremplaçable…

Avec tous les copains et copines de La Cigale, nous vous remercions pour vos messages très touchants et pour cet élan de solidarité qui a permis ce dernier salut.

Maintenant, on reprend la route, en gardant pour toujours en tête et dans le cœur la mémoire de Jeannot et en attendant, sans trop y croire, qu’il réalise la promesse de son dernier SMS :

« Dès que j’arrive au paradis je vous envoie une carte. Bisous. JLS. »

Chaleureusement.

Les Mutins de Pangée

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21 août 2017 1 21 /08 /août /2017 10:01
 
Lundi, 21 Août, 2017
Humanite.fr
Dick Gregory s’est éteint samedi soir. Il utilisait l’humour comme arme de combat et de lutte contre la ségrégation raciale des années 1960 aux États-Unis. 
« Un Sudiste tolérant ? C’est un type qui va vous lyncher sur un petit arbre », avait lancé le comédien, selon le Washington Post. Dick Gregory est mort ce samedi 19 août, à l’âge de 84 ans. C’est son fils, Christian Gregory, qui a annoncé la terrible nouvelle sur Facebook. Un message dans lequel il explique que son père était tombé malade le 9 août, au point de se faire hospitaliser le 12. Plusieurs personnalités ont souhaité lui rendre un dernier hommage sur Twitter. « Il nous a appris à rire. Il nous a appris à nous battre. Il nous a appris à vivre. Dick Gregory s'était engagé pour la justice. Il me manque déjà. RIP », écrit Jesse Jackson, militant pour les droits civiques. Selon l'actrice Whoopi Goldberg, il « disait la vérité et vous faisait tomber par terre de rire ». Pour les comédiens noirs, Dick Gregory était « le » pionnier qui a ouvert la voie, notamment à Bill Cosby et Richard Pryor. 
Un humour « noir » pour dénoncer le racisme.
C’est dans les grands clubs des États-Unis, dans les années 1960, que Dick Gregory se produit sur scène. Sans crainte, il ose confronter le public blanc aux réalités du racisme. Le comédien multiplie les grèves de la faim (pour lutter contre les violences policières, la guerre du Vietnam, l’apartheid en Afrique du Sud, le nucléaire, les droits des Indiens américains etc.) et est devenu le symbole du militantisme pour les droits civiques, après une manifestation en 1962 dans l’État du Mississippi. « Pour mes frères et sœurs militants, ne confondez pas le fait d'être aimant et aimable avec de la faiblesse ou de la soumission. L'amour triomphera toujours de la haine », avait-il dit. 
Dick Gregory naît à Saint-Louis, dans le Missouri, en 1932. Dès l’enfance – marquée par l’absence de son père – il a dû se confronter aux injures de ses camarades. « Si je faisais des blagues, ils riaient avec moi plutôt que de moi. Je pouvais dire n’importe quoi, j’avais une réputation de comique. Après, j’ai pu faire des blagues sur eux », explique-t-il dans son autobiographie Nigger publié en 1964. Provoquer pour se faire entendre, cela ne lui fait pas peur. Dick Gregory est un combattant qui ose dénoncer les violences raciales. Selon le New York Times, il aurait tenté de commander dans un restaurant du Sud ségrégationniste. La serveuse lui aurait dit : « nous ne servons pas les personnes de couleur ici ». Ce à quoi, il répondit : « Tout va bien, je ne mange pas de personne de couleur. Apportez-moi simplement un bon poulet grillé ». Dick Gregory s’est présenté en 1966 à la mairie de Chicago puis en 1968 à l’élection présidentielle. Une carrière politique brève qui lui valut tout de même 200 000 voix. Il était marié et avait deux enfants.
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6 mai 2017 6 06 /05 /mai /2017 02:58
Ruwen Ogien est mort Il était né un 24 décembre. Ne cherchez pas l’année, peu la connaissent. Aux journalistes qui la lui demandaient, souvent avec insistance, il se dérobait, et en souriant, se justifiait : « J’aurais l’impression de voir ma mort. » Le philosophe Ruwen Ogien est mort, ce jeudi 4 mai 2017.

De doctes personnes analyseront l’œuvre (une trentaine d’essais en une trentaine d’années) de ce directeur de recherche au CNRS, membre du laboratoire La République des savoirs (ENS/CNRS/Collège de France), dont les travaux portaient notamment sur la philosophie morale. Il travaillait sur l’éthique, qu’il voulait « minimale », bataillait contre la prétention de certains de ses collègues à ériger des manuels de savoir-vivre, à dicter des codes de bonnes conduites (qui peut aller de la façon d’aimer à celle de se vêtir), et plaidait pour une morale dont le principal souci est d’éviter simplement de nuire à autrui.

 

De Ruwen Ogien, je me souviendrai pour ma part à jamais du regard gourmand de ces adolescents lorsque Ruwen arrivait quelque part. Ils savaient sa façon de leur raconter des histoires en forme de « courtes questions de philosophie morale expérimentale »

Ainsi, « le dilemme du témoin » :

« Vous vous baladez le long de la voie d’un tramway quand vous comprenez que le conducteur de la locomotive qui fonce à toute allure a perdu connaissance. Vous voyez cinq traminots piégés sur la voie, qui seront inévitablement écrasés. Que faire ? Par chance, il y a tout près de vous un levier d’aiguillage. Si vous l’activez, le tramway sera envoyé vers une voie secondaire. Mais, manque de chance, un autre traminot travaille sur cette voie. Si vous actionnez l’aiguillage, le traminot sera inévitablement tué. 

Vous êtes donc confronté au dilemme suivant : ne pas intervenir et laisser cinq traminots se faire écraser sur la voie principale ou intervenir en actionnant le levier d’aiguillage et causer la mort du traminot sur la voie secondaire. Vous est-il moralement permis d’actionner le levier ? »

Entre les rires face à une situation aussi improbable, les arguments fusaient : faut-il laisser faire le hasard ? Avons-nous le choix ? une responsabilité ? Une vie vaut-elle moins que cinq ? Chacun expérimentait ses arguments, son raisonnement, son intelligence, sa liberté. 

Avec le doux humour dont il ne se départait jamais, quand le débat s’apaisait, Ruwen proposait alors une variante :

« Vous vous trouvez sur un pont, quand vous voyez sur la voie en contrebas, un tramway foncer à toute allure, et de l’autre côté du pont, cinq traminots qui travaillent sur les rails. Vous comprenez immédiatement que le tramway ne pourra pas s’arrêter. Mais vous avez assez de connaissance en physique pour savoir que si un objet massif était jeté à ce moment là sur la voie, le tramway s’arrêterait immédiatement. Or un gros homme, qui semble avoir le volume et le poids nécessaires, se trouve justement sur le pont, tout près de vous. Il est penché sur le parapet. Il attend pour voir passer le tram sans se douter de rien. Il suffirait d’une légère poussée sur le gros homme pour le faire basculer sur la voie. Vous est-il moralement permis de le faire ? » 

Ceux qui argumentaient précédemment qu’une vie valait moins que cinq soudain étaient déstabilisés. Ce n’est pas la même chose de pousser un levier ou un homme, même si, in fine, le décompte est le même. L’argument peut-il avoir force de principe ? L’émotion peut-elle agir contre la raison ?

 

 

Jamais Ruwen ne leur apportait de réponse. Comme un Socrate ou un Candide de notre temps, ils les laissaient éprouver leurs certitudes, évaluer leurs doutes. Sans qu’ils le sachent, il les laissait accueillir les raisonnements d’Emmanuel Kant, Jeremy Bentham, John Rawls, John Stuart Mill… ou ceux de Judith Jarvis Thomson à laquelle il empruntait ce dilemme, repris avec autant d’ingénuité et autrement plus de force d’analyse dans son essai L’influence de l’odeur des croissants chauds sur la bonté humaine (éd. Grasset, 2011). Certains de ces adolescents en ont lu ensuite des passages, proprement époustouflés par la profondeur de la pensée de ce qui leur semblait n'être qu'un jeu. 

 

Essayiste, Ruwen Ogien était ainsi : venu à la philosophie après avoir été formé à l’anthropologie sociale (après un passage par le dessin et la caricature qui lui avait donné le surnom de Dougie, ainsi que l'appelait tous ses fidèles amis), il avait l’élégance de laisser cheminer sa pensée, que chacun pouvait faire sienne ou amender, en précisant les références, les divergences, les écoles et leurs conflits en simples notes de bas de page. Bien loin des professeurs qui imposent d’abord de connaître l’histoire de la philosophie avant de s’octroyer le droit de penser.  

Il traquait ainsi tous les arguments paternalistes, qui, bien souvent au nom de la position sociale de celui qui les profère, entendent décider « pour son bien » à la place d’un autre. Un autre plus jeune, moins instruit, plus pauvre… dont l’opinion ne compte finalement pas. 

Pour Ruwen Ogien, si tant est que chacun ait réellement le choix, chacun est libre d’organiser sa vie comme il l’entend, sans que l’État ait la prétention d’élever moralement les uns et les autres (L'État nous rend-il meilleurs ? Essai sur la liberté politique, Gallimard, 336 pages, 2013). D’où la défense de la prostitution (La Panique morale, Grasset, 2004), de la consommation de drogue, du suicide assisté, de la gestation pour autrui (Le Corps et l'argent, Paris, La Musardine, 2010. Mon dîner chez les cannibales, Paris, Grasset, 2016)… ou sa critique de l’enseignement de la morale à l’école qui viserait en fait « à contenir, discipliner, vaincre un ennemi intérieur, une classe dangereuse qui ne partagerait pas les “valeurs de la République”» (La guerre aux pauvres commence à l'école. Sur la morale laïque, Grasset, 2012).

Bien avant les attentats de Charlie Hebdo et de l’Hyper Cacher, bien avant cette campagne présidentielle où la dépénalisation du cannabis et toutes les formes de procréation assistée sont devenues des éléments de programme, Ruwen Ogien, grâce à une lecture féroce de l’actualité, anticipait les débats et donnait tout le contre-argumentaire à l’établissement d’une « police morale » qui voudrait donner des raisons de limiter les domaines de liberté ; tout le contre-argumentaire à l’instauration d’une « panique morale qui au lieu d’aider à calmer nos appréhensions injustifiés face à tout ce qui paraît neuf ou déviant » nous interdit la réflexion.

 

 

Certains ont cru voir dans son combat pour une éthique minimale la figure de l’“idiot utile du libéralisme”, celui qui, au nom du seul principe de la liberté, ne se soucierait guère de la protection des plus faibles. C’était sans vouloir comprendre que, selon lui, « on ne devrait pouvoir interdire (…) qu’en invoquant des raisons claires et neutres d’un point de vue religieux et moral » et que son unique combat fut la défense intransigeante des principes de justice et d’égalité, particulièrement à l’égard des femmes, des immigrés, des enfants, des homosexuel.les, des transgenres…

 

Chez Ruwen Ogien, la philosophie était aussi une expérience sensible. Ainsi s’est-il aussi longuement penché sur le sentiment de honte, cette émotion que l’on cache, alors que nos sociétés, régies par la compétition, sont « de véritables machines à produire de la honte ». Pourquoi avons-nous honte d’être gros, d’être au chômage, d’être pauvre, d’être étranger… alors qu’on n’y est souvent pas pour grand-chose ? Comment peut-on, à l’inverse, crier haut et fort avoir « honte d’être Français », tels les manifestants de l’après 21 avril 2002 ? Quelle morale se glisse derrière ce sentiment à tête de Janus (La honte est-elle immorale ?, Bayard, 2002) ? 

 

 

De même, son dernier essai (Mes Mille et Une Nuits. La maladie comme drame et comme comédie, Albin Michel, 2017) puisait dans l’expérience de son cancer pour aiguiser sa réflexion. Le paternalisme (toujours) des soignants, le dolorisme et l’injonction à croire que « la maladie nous rend plus fort » ou à l’inverse qu’il faut s’y résigner. Tous les arguments y sont implacablement réfutés pour faire apparaître la maladie comme une comédie, avec sa mise en scène, ses rôles, ses rebondissements et toute une partition de situations qu’il lui faut apprendre pour pouvoir vivre avec, « comme un couple mal assorti ».

 

Cet ultime ouvrage, arraché à la souffrance et chargé d'angoisse, est pourtant celui où l'observation des mœurs est la plus féroce et la plus indulgence ; où la noirceur bataille avec l’humour ; où l’absurde s’amuse de la raison la plus implacable. Son livre le plus vivant.   

Ruwen est mort. Né en Allemagne dans un camp pour personnes déplacées, il a grandi dans une famille d’origine juive polonaise où il eut pour frère le sociologue Albert Ogien. Ses parents parlaient le yiddish et il disait même lire Isaac Bashevis Singer dans sa langue originale, cette langue « qu’aiment des fantômes et que tous parlent » ainsi que l’avait déclaré l’écrivain lors de la réception de son prix Nobel de littérature. Ruwen Ogien était arrivé en France peu après sa naissance, juste après la Seconde Guerre mondiale, et c’est à l’école qu’il a appris le français. En bon « petit juif parfaitement intégré », disait-il avec malice « je suis né un 24 décembre. Ainsi, comme tous les copains d’école, je recevais plein de cadeaux pendant la période de Noël. Mais je n’en faisais aucun ! », lâchait-il dans un joli rire qui l’inscrivait d'emblée dans la lignée de Woody Allen.

*

Toute la bibliographie de Ruwen Ogien est sur Wikipédia

> A lire : Un beau portrait signé Robert Maggiori, pour Libération. Un autre d'Eric Aeschimann, dans le Nouvel Observateur.
Des critiques de ses livres, dans Le Monde, les Inrockuptibles, ou dans Philosophie Magazine 
Ses chroniques comme autant de réflexions sur l'actualité, dans le blog Philo de Libération.

> A écouter : sur France Culture, ses nombreux entretiens. Son intervention dans l'émission Si tu écoutes j'annule tout, de Charline Vanhoenacker et Alex Vizorek (France inter).

> A voir : son intervention au cours de l'émission La grande librairie (France 5), autour de son livre Mes milles et une nuits

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13 avril 2017 4 13 /04 /avril /2017 10:57
 
 
 Le militant écologiste Chaïm Nissim avait été un farouche opposant à la construction du réacteur nucléaire Superphénix, à Creys-Malville.

Atteint par la maladie de Parkinson, Chaïm Nissim a décidé de partir par euthanasie.

Chaïm Nissim est décédé mardi à 68 ans à Genève, a annoncé mercredi l'association Noé21 qu'il avait fondée. Né en 1949 à Jérusalem, cet ingénieur, farouche opposant au nucléaire, était notamment connu pour avoir tiré au lance-roquettes sur la centrale de Creys-Malville (F).

«Atteint par la maladie de Parkinson, il a décidé de partir par euthanasie, de la même façon qu'il a pris ses décisions, hors des conventions pendant toute sa vie», écrit Noé21. L'association rappelle qu'il avait démissionné de son poste d'ingénieur en Israël quand il apprenait que son travail participerait à la «guerre des étoiles».

Arrivé à Genève enfant avec sa famille, Chaïm Nissim étudia l'électronique et l'informatique à l'Ecole polytechnique fédérale de Lausanne. Diplômé en 1973, il alla travailler en Israël. De retour à Genève, il fut, dès le milieu des années 1970, un farouche opposant à la construction du réacteur nucléaire Superphénix, à Creys-Malville (F), à 50 kilomètres de Genève.

Trois législatures au Grand Conseil

Membres des Verts, il siégea au Grand Conseil de 1985 à 1989 puis de 1993 à 2001, soit trois législatures. En 2003, les Verts prirent leurs distances avec lui lorsqu'il confia dans un livre être l'auteur, demeuré inconnu, des tirs contre la centrale Superphénix en 1982 qui était encore en construction. Les faits étaient alors depuis longtemps prescrits. Le surgénérateur a été arrêté en 1998.

Chaïm Nissim s'est ensuite détourné de la lutte antinucléaire, estimant que le modèle économique de cette énergie était en bout course, pour fonder Noé21 en 2003. L'association milite pour la protection du climat par le désinvestissement dans les énergies fossiles, la dénonciation des crédits carbones, l'opposition à l'expansion constante de Genève aéroport. 

 
 

Pionnier de la lutte pour la reconnaissance des conséquences des essais nucléaires français sur les populations locales, en particulier sur les Polynésiens, Bruno Barrillot est mort le 25 mars à l’âge de 76 ans.

LE MONDE | Par

 L’un portait des chemises à fleurs, l’autre de larges chapeaux de paille typiques de son archipel, les Australes. Les deux hommes reposent désormais à quelques mètres de distance dans le cimetière de Papeari, sur l’île de Tahiti, en Polynésie française. Bruno Barrillot, mort le 25 mars à Papeete, partageait avec son ami John Doom, disparu en décembre 2016, le même objectif : faire reconnaître la dette laissée par l’ambition atomique française. Sa mort, quelques mois après celle de son ami, un personnage-clé de l’Eglise protestante polynésienne, laisse orphelin les malades des essais nucléaires. Ils doivent beaucoup à cet acteur infatigable mais discret du monde associatif.

Entre 1960 et 1996, la France a réalisé 210 essais dans le Sahara et sur les atolls de Mururoa et Fangataufa, en Polynésie française. Longtemps tabou, leur impact sanitaire a été officiellement reconnu par la loi Morin, adoptée le 5 janvier 2010. Un tournant après quarante années durant lesquelles l’Etat assurait de l’innocuité de ses expérimentations. Une demi-victoire pour Bruno Barrillot. A la lecture du texte, il ne pouvait cacher sa colère : « Comment l’Etat peut-il encore agir ainsi ? »

La loi introduit la notion de « risque négligeable » entre l’exposition à la radioactivité et la pathologie. Une manière de limiter la capacité des plaignants à obtenir gain de cause. En sept ans, sur un millier de requêtes, une vingtaine d’indemnisations seulement ont été octroyées. En février 2017, le verrou litigieux a été levé par des amendements. Mais, le militant gardera un goût amer d’une législation minimale. Celui de la persistance du déni et du mépris de la France envers les malades des essais.

« Il a donné sa vie pour dénoncer un mensonge d’Etat. » Michèle Rivasi, député européenne Europe Ecologie - Les Verts

Sa visite, en 1990, à Mangareva, dans l’archipel des Gambier, situé à 500 kilomètres de Mururoa, est un choc. Le mépris, déjà. La France affirmait aux Polynésiens.

Gatti est mort. A la Parole Errante ses mots résonnent encore !

Ce dimanche, le collectif Q2C a une pensé émue pour Dante Sauveur Gatti dit Armand, mort ce jeudi 6 avril. Nous tenons une table au Salon du Livre antifasciste qui a déposé ses tréteaux à la Parole Errante, le lieu qu’il a créé et animé depuis des décennies, dans les anciens ateliers de Georges Méliès à Montreuil.
Il ne s’agit pas seulement aujourd’hui de remercier de façon posthume Gatti pour sa (...)

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13 février 2017 1 13 /02 /février /2017 17:04
 
 
Dimanche, 12 Février, 2017
Fernand Iveton ( à gauche sur la photo), ouvrier, communiste, guillotiné, il y a soixante ans, le 11 février 1957.
DR

 Il y a soixante ans, le 11 février 1957, Fernand Iveton, 31 ans, militant communiste, accusé de terrorisme, était guillotiné. Sa grâce avait été refusée par le gouvernement de Guy Mollet. Relire le portrait publié en février 2007 dans l’Humanité. 

«Je vais mourir, mais l'Algérie sera indépendante » furent les derniers mots prononcés par Fernand Iveton, avant d'être guillotiné juste après Mohamed Ounouri et Ahmed Lakhnache, le 11 février 1957 à 4 h 30 du matin. « Ce matin, ils ont osé/ Ils ont osé/ Vous assassiner/ C'était un matin clair/ Aussi doux que les autres/ Où vous aviez envie de vivre et de chanter (...) », déclamait dans un poème écrit après son exécution Annie Steiner, alors jeune militante détenue dans le quartier des femmes de la prison de Barberousse d'Alger (1). Fernand Iveton avait trente et un ans, ses deux codétenus, un peu plus de vingt ans. « Nous avons voulu sa mort et nous l'avons obtenue sans défaillance », écrivait ce jour-là Jean-Paul Sartre. « Les 300 condamnés à mort d'Algérie sont, pour la plupart, des otages que l'on veut fusiller », dénonçait l'écrivain et journaliste communiste Pierre Courtade dans l'Humanité.

 

Rencontrée dans une librairie à Alger, Annie Steiner se souvient encore de ce 11 février 1957 quand sa compagne de cellule, Yvette Bacri, l'a réveillée. « Annie, réveille-toi, ils emmènent Fernand », lui crie-t-elle. Elle avait reconnu la voix d'Iveton quand il était passé devant le quartier des femmes encadré par des gardiens qui l'emmenaient vers le lieu de son exécution. Il était en train de chanter. « Il s'est dirigé vers la guillotine comme s'il allait revenir », écrit alors Étienne Fajon dans l'Humanité. « Tous les détenus, c'était la tradition quand un militant était exécuté, ont commencé à crier, à faire du bruit avec n'importe quoi et à scander "tahia el-djazaïr" (vive l'Algérie). Après sa mort, on a fait une grève de quarante-huit heures », ajoute Annie Steiner. « La vie d'un homme, la mienne, compte peu, ce qui compte, c'est l'Algérie, son avenir et l'Algérie sera libre demain », déclarait-il au greffe de la prison, quelques minutes avant son exécution. Au pied de la guillotine, il a embrassé ses deux codétenus qui allaient être exécutés avant lui (2). « Celui-là, fut un condamné à mort modèle, droit, impeccable, courageux jusqu'au couperet », relate son bourreau, Fernand Meissonnier (3).

 

Exécuté pour l'exemple, Fernand Iveton était accusé d'avoir tenté, selon l'expression du ministre résident en Algérie, le socialiste Robert Lacoste, d'avoir voulu « faire sauter Alger ». Or, s'il a, certes, déposé une bombe dans les vestiaires de l'usine de gaz d'Alger, elle ne devait exploser qu'une fois les employés partis. Selon Jacqueline Guerroudj, qui lui a remis la bombe, Iveton avait exigé qu'elle ne fasse aucune victime civile. Il voulait des « explosions témoignages » pour faire avancer la cause de l'indépendance sans faire de victimes civiles. De ce fait, la bombe, de faible puissance, avait été réglée pour exploser le 14 novembre 1956 à 19 h 30. À cette heure, il n'y avait plus personne sur les lieux de travail, rapporte l'enquête. D'ailleurs, les artificiers l'avaient désamorcé vers 18 heures.

 

Arrêté sur dénonciation, le 14 novembre 1956, Iveton est présenté devant le tribunal permanent des forces armées d'Alger dix jours après, le 24 novembre, rasé, sans moustache, le visage marqué par les coups. Le procès se déroule dans une atmosphère de haine. La presse coloniale titre « Iveton le dynamiteur ». Quand il fait son entrée dans le tribunal, des insultes fusent à son endroit, le public exige sa mort et ses avocats sont menacés. Le procès est expéditif : il est condamné à mort le jour même pour terrorisme. En vérité, son sort avait été réglé en France. Sur proposition du garde des Sceaux, François Mitterrand, le gouvernement socialiste de Guy Mollet avait décidé que l'examen des recours des militants du FLN serait accéléré et que ceux dont la grâce était refusée par le chef de l'État seraient exécutés au plus vite. Le 10 février 1957, son recours en grâce est rejeté par le président René Coty.

 

Né à Alger le 12 janvier 1926, Fernand Iveton a suivi l'itinéraire classique du militant communiste. À quatorze ans, le certficat d'études primaires en poche, il quitte l'école pour travailler. À seize ans, il adhère au Parti communiste algérien (PCA), dont il diffuse l, Liberté, et les appels à la sortie des stades d'Alger. Ouvrier tourneur, à l'usine Lebon, puis à l'usine de Gaz d'Alger, délégué CGT, il est de toutes les luttes sociales. Et quand débute la guerre d'indépendance algérienne, il s'engage dans les Combattants de la libération (CDL) mis en place par le PCA. Aujourd'hui, cinquante ans après, ses amis à Alger commémorent le cinquantième anniversaire de sa mort au cimetière d'El Alia et ils réclameront une nouvelle fois qu'une rue de cette capitale qui l'a vu naître porte son nom (4).

Un portrait signé Hassan Zerrouky paru en février 2007 dans l'Humanité. 

(1) Poème cité dans le Peuple algérien et la guerre,

lettres et témoignages, de Patrick Kessel et Giovanni Pirelli ; Éditions Maspero, Paris 1963.

(2) idem.

(3) El Watan du 17 février 2005, « Qui se souvient de Fernand Iveton ? »

(4) Une impasse, à peine longue de 30 mètres, dans le quartier de Madania (ex-Clos Salembier) où il est né, porte son nom.

Lire également, "Pour l'exemple : l'affaire Fernand Iveton", de Jean-Luc Enaudi, Éditions l'Harmathan. Paris.

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11 septembre 2016 7 11 /09 /septembre /2016 12:47

15ème anniversaire des attentats du 11 septembre

jeudi 8 septembre 2016

Par Giulietto Chiesa

Le 11 septembre prochain correspondra au 15ème anniversaire du plus grand attentat terroriste de l’Histoire. Des fleuves d’encre ont coulé depuis à ce sujet : qui l’a fait ? Quels objectifs politiques poursuivaient ses organisateurs ? Nous ne reprendrons pas cette discussion ici. L’auteur de ces lignes a depuis toujours soutenu que les 19 "pirates de l’air" emmenés par Ben Laden n’auraient en aucun cas pu réaliser un tel plan. Il existe une foule de preuves montrant l’implication dans cette opération de puissantes forces liées à différents services secrets, à commencer par certaines branches de la CIA et du FBI, de l’ISI pakistanaise, des services secrets saoudiens et ceux, très certainement impliqués, du Mossad israélien.

Le travail de la "Commission sur le 11/9" (aussi appelé "version officielle") ne résiste pas à une innombrable quantité d’objections… faites par des chercheurs ou des journalistes indépendants dans le monde entier. Ceux que cela intéresse peuvent se référer au site consensus911.org où un certain nombre de ces remarques et de ces incohérences ont été rassemblées ces dernières années par un groupe de spécialistes dont je fais également partie. La "Commission sur le 11/9" – comme nous l’avons appris officiellement après les révélations de l’ex-sénateur démocrate Bob Graham (qui fut président de la Commission du Congrès, la première à avoir enquêté sur les attentats du 11/9) et de nombreux sénateurs et députés américains – cette Commission donc, refusa d’examiner des documents et des éléments de preuve concernant les mystérieuses manœuvres (militaires) qui précédèrent les attentats. Les 28 pages du premier rapport, récemment divulguées – après être restées au secret pendant 15 ans, nous apprennent sans aucun doute possible, documents à l’appui, que le gouvernement saoudien a aidé et financé les "boucs émissaires" (les 19 pirates de l’air – NdT) lors de leur installation aux États-Unis. Et ce seul fait (sans compter que le FBI et la CIA étaient – et tout cela est prouvé – au courant de la préparation des attentats), montre que la Commission sur le 11/9 a livré une version mensongère de toute cette affaire, afin de couvrir les vrais responsables.

À ces falsifications – déjà établies – viennent s’en ajouter quelques dizaines d’autres. Suffisamment pour conclure qu’il s’est trouvé, le 11 septembre 2001, de puissants intérêts au sein même de l’élite américaine et des cercles dirigeants occidentaux désireux de couvrir les vrais protagonistes de ces attentats. Savez-vous par exemple que le Procureur émérite de la Cour de cassation italienne, Ferdinando Imposimato, a déclaré et a même écrit à diverses occasions, qu’il existe désormais des preuves plus que suffisantes pour accuser l’administration américaine de George W. Bush et Dick Cheney de "participation à un massacre", et pour les trainer devant un tribunal international. Le problème est que ce tribunal international, même s’il existe (La Haye – NdT) n’est pas habilité à juger l’administration américaine. Reste le fait, et cela constitue un élément important, que l’ensemble des grands médias occidentaux ont invariablement défendu, durant ces 15 dernières années, une version officielle désormais totalement fausse, se couvrant de ridicule, dans le seul but d’empêcher l’émergence de la vérité. Les concepteurs et les protagonistes de ces attentats, leurs amis ou complices, avaient et ont toujours le contrôle quasi total sur les moyens de communication mondiaux, et ont ainsi pu profiter de l’ignorance totale des faits dans laquelle des centaines de millions de personnes sont restées plongées.

Le problème relève donc à la fois du niveau politique et de celui de la communication. Et il est vital de trouver une solution avant qu’il ne soit trop tard. Non seulement les organisateurs du 11-Septembre ont encore les mains libres, mais ils sont désormais en mesure de créer des dommages irréparables à la paix dans le monde. Rappelons-nous qu’ils ont gagné la partie : la portée de leur action a considérablement changé le cours de l’histoire de la planète. On a vu après le 11-Septembre toute une série de guerres sanguinaires (Afghanistan, Irak, Libye, Syrie) et de modifications du système des règles internationales : autant de changements motivés par la nécessité de combattre le "nouvel ennemi" de l’Occident, à savoir, l’Islam fondamentaliste. La guerre au terrorisme international, qui a débuté ce jour-là, se poursuit depuis maintenant 15 ans. Mais paradoxalement, au lieu de produire des résultats tangibles, elle semble au contraire étendre le chaos et le désordre dans à peu près toutes les directions. À première vue, la situation actuelle semble être la preuve que l’Empire américain – la plus puissante armée du monde, à laquelle s’ajoutent les autres armées occidentales réunies sous l’égide de l’OTAN – n’est pas capable d’arrêter son nouvel ennemi, celui fabriqué artificiellement (le 11/9) au travers du "plus grand spectacle (terroriste) de tous les temps, auquel assistèrent en direct à la télévision près de 3 milliards de personnes."

Je ne pense pas que cette impression d’impuissance de l’Empire soit correcte. Les développements auxquels nous assistons semblent plutôt dessiner les lignes d’un chaos global qui correspond clairement aux intérêts des inventeurs de cette "guerre globale au terrorisme". Il s’agit d’un chaos organisé, dont le principal objectif est de cacher aux peuples occidentaux, qui vivent désormais dans la "terreur", le fait que l’origine de la crise mondiale est totalement interne à l’Occident. Elle dérive directement du fait que le système bancaire mondial, créé par la globalisation et qui, à son tour, a porté à encore plus de globalisation, n’est plus en mesure de résister longtemps sans exploser en une crise mondiale cent fois supérieure en intensité à celle qui mena à la crise de 1929. Le "terrorisme islamique" qui est en train de se transformer jour après jour en une "guerre asymétrique" diffuse (selon la définition qu’en a donné Vladimir Poutine) équivaut à une gigantesque "distraction de masse", dont le but est de désorienter l’opinion publique mondiale, mais aussi de tirer bénéfice de terroristes et de groupe extrémistes ou radicalisés dans la poursuite d’intérêts particuliers. La preuve éclatante en est donnée par la théorie – inventée pour l’occasion par les sources officielles occidentales afin de dissimuler leur soutien aux terroristes dans la guerre contre la Syrie – des "terroristes modérés", opposés aux "méchants terroristes". Une théorie qui a poussé à considérer comme potentiels alliés des groupes affiliés à al-Qaïda, dans le but d’abattre le régime de Bashar el-Assad. Comme par hasard, cette même al-Qaïda à laquelle a été attribuée voilà 15 ans la paternité des megas-attentats contre le World Trade Center et le Pentagone.

Après la crise de 2008 provoquée par la faillite de Lehman Brothers, aucune des recettes des centres du pouvoir financier global n’a été en mesure de remettre en marche la machine financière mondiale. La masse d’argent a pourtant été démultipliée de façon vertigineuse, à travers le mécanisme du "Quantitative Easing" pratiqué par toutes les banques centrales occidentales. Mais la machine globale n’a pas réussi à repartir. Au contraire, toutes les prévisions (savamment cachées aux yeux du grand public des investisseurs) indiquent que d’ici à 2020-2025, la croissance du PIB global s’approchera du point zéro, signant ainsi la fin de toutes les illusions sur la croissance économique si largement diffusées au cours de ces 10 dernières années, même si les faits montraient tout le contraire. Le problème appelle une solution politique rapide, puisque les solutions politico-économiques sont pour l’instant inatteignables. L’explosion systémique se produira dans un délai indéterminé, relativement élastique, mais qui ne sera pas supérieur à 10 ans. C’est ce qui explique la hâte (et aussi les signes de panique) avec laquelle l’Occident cherche à brouiller les cartes et à déstabiliser le monde en faisant table rase de toutes les règles qui avaient résisté pendant la Guerre froide.

Se répète ainsi le scénario qui précéda le 11 septembre 2001. Quelques années auparavant, en 1998, le groupe de néoconservateurs emmené par Paul Wolfowiz avait produit un document intitulé "Projet pour un nouveau siècle américain" (PNAC, Project for the New American Century). Le titre était déjà révélateur de la folie de ses auteurs : suggérer d’imposer au monde un autre siècle à domination américaine, sur une planète abritant plus de 7 milliards d’habitants, et où existent désormais des géants comme la Chine et l’Inde, équivalait à une déclaration de guerre contre le reste du monde. Les auteurs néo-cons avaient parfaitement conscience de la violence qu’un tel projet nécessitait pour se réaliser. Ils savaient – ils l’ont écrit – que la Chine, en 2017, serait devenue le concurrent objectif et non contrôlable dont il faudrait tenir compte. Inversant les rôles, ils qualifièrent la Chine de "menace pour la sécurité nationale des États-Unis". Et ils se préparèrent à renforcer un différentiel militaire stratégique destiné à devenir toujours plus impossible à combler, pour toujours, pour n’importe quel État ou groupe d’États qui aurait eu des velléités de seulement s’approcher de la puissance de l’Empire.

Ces gens-là avaient déjà, à l’époque, connaissance de l’immense escroquerie financière sur laquelle reposait le dollar. Et de fait, les premiers signes de récession apparurent précisément en 2001. Il s’agissait alors d’imposer un changement psychologique dans la population américaine (et dans les populations occidentales en général, Europe incluse), laquelle étant parfaitement ignorante de tout cela et attirée par la carotte consumériste que lui présentaient les médias, n’était pas vraiment prête à se laisser embarquer dans une aventure guerrière. Il fallait donc provoquer quelque chose d’extraordinaire, de terrible ; quelque chose de "semblable à un nouveau Pearl Harbor", de façon à ce que les masses populaires perçoivent un danger immense et surtout imminent, à même de détruire leur sécurité et de mettre fin à leur bien-être. Un tel danger n’existait plus à la fin du siècle dernier. La Russie – ainsi le pensaient-ils, et cela fut leur plus grande erreur – avait déjà été mise hors-jeu, conquise, colonisée culturellement et politiquement. Elle n’incarnait plus l’"ennemi rouge" qui avait tant tourmenté l’élite américaine au cours de la Guerre froide. La Russie ne pouvait plus être considérée comme un concurrent potentiel. Le Mur de Berlin était tombé. Comme l’écrivait Gore Vial, "quand les Russes nous ont frappés dans le dos en abandonnant leur empire en 1991, nous sommes restés sur de fausses idées sur nous-mêmes, et surtout, bien plus grave, sur le reste du monde."

Il fallut donc créer la menace de manière parfaitement artificielle. Et ainsi fut-il fait. Cela peut sembler étrange, mais ils le déclarèrent ouvertement. Rappelons-nous des paroles de Zbignew Brzezinski prononcées en 1997 : "Il faut prendre en considération le fait que l’Amérique est en train de se transformer toujours plus en une société multiculturelle, et en tant que telle, il peut devenir de plus en plus difficile de créer le consensus sur des questions de politique étrangère, à moins d’une menace ennemie énorme, perçue directement au niveau des masses." La prévision d’une Chine hors de contrôle était la bonne. Mais il fallait un ennemi tout de suite, sur-le-champ. L’Islam fut servi sur l’autel de toutes les Nations comme cet "ennemi". George W. Bush et son ministre de la Défense Donald Rumsfeld clamèrent devant les micros et les caméras de tous les grands médias que "venait de commencer une guerre qui allait durer toute une génération" (Rumsfeld parla même de "50 ans"). Les premières 15 années de ces 50 ans viennent de passer. Et personne ne peut nier que la situation mondiale est en train de dégénérer. Mais l’Occident se refuse à prendre acte des changements dans les rapports de force planétaires. Ce qui est le plus insupportable pour les cercles de pouvoir américains, c’est de voir réapparaitre la Russie comme protagoniste sur la scène internationale. Dans les prévisions – erronées – des néo-cons, la Russie avait été mise définitivement hors-jeu. Et cette erreur de calcul a rendu problématique le reste de leurs plans. Ils pensaient qu’une fois la Russie écartée, il y aurait eu assez de temps pour s’occuper de la Chine et en faire le nouvel "Empire du Mal", à la place de la Russie.

Tout aussi fausse fut leur hypothèse selon laquelle après ce "Nouveau Pearl Harbor", les 7 milliards d’habitants de la planète se seraient rangés en file indienne pour acheter tout ce qui pouvait être acheté dans les supermarchés créés pour eux. Et tout aussi fausse fut l’idée qu’il suffisait de fabriquer de l’argent de toute pièce pour résoudre le problème. La somme de ces succès, et de ces erreurs, permit à l’Empire – entre une guerre et l’autre – de dominer 7 ans de plus. La 7ème année fut 2008, et il fallut 13 000 milliards de dollars inventés de toute urgence par la Federal Reserve d’Allan Greenspan, pour sauver de la faillite les banques occidentales. Et comme nous l’avons déjà rappelé, les dernières 8 années ont vu s’établir le règne du chaos. Voilà pourquoi l’Empire se trouve à nouveau devant la nécessité de compacter son système d’alliances, exactement comme il le fit à travers les attentats terroristes de 2001. En 2008, le stratagème consista à déstabiliser les "petits ennemis" et fut confié à Barack Obama, qui le réalisa à travers la multiplication des "révolutions colorées" et surtout, l’usage des "printemps arabes" destinés à faire place nette de tous ces régimes devenus inutiles ou gênants au Moyen-Orient. Et il faut bien reconnaitre que cette opération stratégique a fonctionné, mais uniquement dans le sens d’encore plus de déstabilisation globale. La présence de la Russie, redevenue puissance mondiale, a cependant contraint les néo-cons à changer de stratégie, et à revenir sur le lieu du crime. C’est de nouveau la peur qui a prévalu. La crise fait rage, et à l’Est on voit poindre deux "ennemis", la Russie et maintenant la Chine, le grand "pays du milieu".

C’est ainsi que s’explique le coup d’État en Ukraine, la destitution de Janukovic par les groupes nazis et ultranationalistes russophobes depuis longtemps formés et entrainés avec l’aide de la Pologne et des républiques baltiques. Le piège, fort bien préparé, devait obliger la Russie à intervenir directement pour soutenir les Russes d’Ukraine, soumis à une véritable purification ethnique d’un nouveau genre. Vladimir Poutine n’est pas tombé dans le piège et les Russes d’Ukraine – pas tous, mais une bonne partie – ont trouvé la force pour se défendre. La Crimée a choisi de "revenir au pays". Toujours est-il que l’objectif a été en grande partie atteint par l’Empire. L’Europe s’est rangée aux côtés des États-Unis, des sanctions ont été prises (contre la Russie), la vague russophobe s’est propagée dans tout l’Occident et l’a compacté autour de Washington. La Russie et Poutine sont les "véritables ennemis à abattre." Comment ? Ce sera à Hillary Clinton de résoudre le problème. La confrontation directe est en cours de préparation. Mais tous à Washington ne sont assez pas assez suicidaires pour la déclencher. Ils se préparent à la guerre, et pensent pouvoir mettre à genoux la Russie de Poutine, comme ils le firent avec l’URSS de Gorbatchev.

C’est un pari qu’ils pourraient bien perdre. Et l’Europe est en pleine ébullition, au point qu’elle pourrait bien exploser avant. L’Empire lui-même est profondément divisé. Donald Trump a très peu de chances de gagner les élections, mais sa présence montre à quel point le peuple américain n’a plus aucune confiance dans ses élites. On pourrait appliquer à l’Amérique le dicton latin "omne regnum in se ipse divisum desolabitur" (tout règne, lorsqu’il est divisé en son sein, finit par s’écrouler.)

Giulietto Chiesa

Traduction : Christophe pour ilFattoQuotidiano.fr

Ce documentaire qui rompt le mur du silence.

New York Il y a quinze ans, le 11 septembre 2001... Les États-Unis dans le recueillement

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26 août 2016 5 26 /08 /août /2016 03:25

Michel Butor, à l'écart, définitivement par Jean-Claude Renard

L’auteur de La Modification, de L’Emploi du temps et de plusieurs recueils, s’est éteint le 24 août, à l’âge de 89 ans.

Difficile de trouver le terme exact pour désigner ou plutôt évoquer Michel Butor. Écrivain, romancier, universitaire, poète, essayiste, critique d’art, intellectuel discret. Inclassable donc. Insaisissable aussi.

Né en 1926 à Mons-en-Bareuil, il glane trente ans plus tard le prix Renaudot pour La Modification, en 1957, un roman déployé en train entre Paris et Rome, à la deuxième personne du pluriel. C’est alors un prof de lettres en fac, ballotté entre les États-Unis, l’Egypte et l’Angleterre, des postes qui se présentent à celui qui a loupé l’agrégation, demeure rejeté par l’université française. Auparavant, il a déjà publié aux éditions de Minuit Passage de Milan (1954) et l’Emploi du temps (1956). À chaque fois, une audace formelle prodigieuse et un regard qui tranchent avec la production habituelle, un phrasé au scalpel, sans un pet de gras. Ce sera sa marque de fabrique (une expression qu’il détestait).

La critique le range du côté des « nouveaux romanciers », entre Robbe-Grillet, Duras et Claude Simon, lui s’en défend, et s’écarte du groupe pour suivre son chemin personnel. À « l’écart ». Ce sera, non sans hasard, le nom de son domaine, en Haute-Savoie, où il s’installe très tôt, guère éloigné de l’université de Genève où il enseigna jusqu’en 1993. Quittant l’univers du roman, mais sans jamais cesser d’écrire (publié donc chez Minuit, et encore chez Gallimard, largement à La Différence et une foule de petits éditeurs), s’interrogeant (presque physiquement) sur la forme et sur les lieux, sur tous les supports – cornaqué aux typographes, aux imprimeurs, aux artistes, pour des œuvres tirées à un nombre d’exemplaires très confidentiel, au diapason d’une correspondance épistolaire qu’il pouvait établir avec n’importe qui, mais furieusement originale, faite de collages.

Voilà tout juste vingt ans, en septembre 1996, au sortir d’une conférence à la Maison de la Poésie, à l’occasion d’un nouveau recueil de poésie, À la frontière, Michel Butor nous avait accordé mieux qu’un entretien exclusif, mais une soirée en tête-à-tête, autour d’une bonne table, entre les verres de rouge sur lesquels il se montrait exigeant, une viande saignante et une assiette de frites qu’il mangeait goulûment avec les doigts. En toute simplicité, et avec beaucoup de rires en coin, de sourires pleins, de drôlerie, avant de reprendre tard le soir un dernier métro le raccompagnant à son hôtel. Déjà à la retraite, à l’écart des médias et de l’université, le voyageur au long cours semblait conquis par sa tranquillité, prenant soin d’éviter de parler de littérature (il n’avait pas envie de faire cours), évoquant Paris, les médias, l’université, dressant, sans en avoir l’air, un bilan de sa vie et du monde en marche.

Extrait

Pourquoi êtes vous si rare ?

Michel Butor : C’est tout simple. Je n’habite pas Paris ! Et ça ne me manque pas. Je suis un scandale pour les médias parisiens : je n’habite pas la capitale ! Mais, est-ce que c’est possible, ça ? ! En plus, je suis un emmerdeur. Parce que j’ai des idées complètement autres. D’abord, je ne suis pas là. Habiter en Haute-Savoie, est-ce que c’est sérieux ? Vous plaisantez ! Je viens à Paris une fois par trimestre, comment voulez-vous arranger un rendez-vous ? Pour Bernard Pivot, Nagui, Arthur, Jean-Luc Delarue, comment peut-on arranger cela ? C’est impossible. Vous ne vous rendez pas compte ? Bernard-Henri-Lévy est à Paris, comme Jean-Edern Hallier ! C’est un crétin, soit. BHL aussi. Mais ce sont des crétins à la mode. Ils n’ont rien à dire, mais ils sont à Paris. Et tous ces gens-là n’ont qu’une envie, celle de paraître. Moi, ça ne m’intéresse pas du tout. De temps en temps, je vois des gens du Monde. Ils viennent jusque chez moi, mais seulement tous les trois ans. Ainsi, c’est moral. Les gens qui aiment ça ont ça.

Comment expliquez-vous qu’on ne vienne pas vous voir davantage ?

Je trouve cela très bien. Si tout le monde venait, ce serait épouvantable. Je partirais ailleurs. Par exemple, je n’ai surtout pas envie de voir Mireille Dumas. Je n’irai jamais à une de ses émissions. Entre médias et public, le cercle fonctionne bien. Il y a le gouvernement qui écoute la télé, et les gens de la télé qui écoutent le gouvernement. Si jamais nous imaginons un gouvernement qui n’écoute plus la télévision, il fera quelque chose d’autre. Si jamais encore nous imaginons une télévision qui n’écoute plus le gouvernement, elle proposera tout à fait autre chose. On peut faire sauter ce cercle : on peut faire sauter soit le gouvernement, soit monsieur Elkabbach ou ses successeurs, ce sont les mêmes. En réalité, c’est beaucoup plus facile et beaucoup plus simple qu’on ne le dit. Tout cela est embrouillé par toutes sortes d’intérêts. Le gouvernement actuel a intérêt à ce que la télévision nous mente. Et la télévision a intérêt à ce que le gouvernement continue ainsi.

Votre discrétion ne vient-elle pas d’un manque de reconnaissance ?

Les émissions essayent de trouver des trucs qui fassent de l’audience. Si jamais un universitaire risque d’en faire, il a toutes les chances d’être invité. Ce n’est pas la valeur, ni la qualité, c’est l’audience immédiate que l’on attend. La parole n’est pas prise par les universitaires, mais par les médias. Je suis autant reconnu aux États-Unis qu’en France, c’est-à-dire assez peu. Mais il y a des passionnés. En France, je suis reconnu peu à peu en tant qu’artiste, mais pas du tout comme universitaire. La France est un pays absolument fermé à cet égard.

Déjà, à l’époque de ma thèse, je dérangeais l’université. D’une part, j’avais été un des acteurs de mai 68, et d’autre part j’étais un personnage connu et reconnu en dehors de l’université, et donc un danger, à cause de mes essais, de Répertoire. Ils étaient intolérables parce qu’ils montraient que la recherche universitaire en France était en retard. C’est cela qu’on ne me pardonnait pas. Il était difficile de neutraliser l’animosité de vieux sorbonnards. J’étais considéré par le système comme tout à fait autre, mais j’ai fait tout ce que j’ai pu pour être en marge.

Finalement, j’ai réussi. J’ai enseigné à l’université de Vincennes, c’était tout à fait suspect. Après quelque temps comme maître-assistant à Nice, je n’ai pas réussi pour autant à être inscrit sur la bonne liste au Comité consultatif, celle des professeurs. Grâce à Jean Starobinski, j’ai obtenu un poste de professeur à Genève en tant qu’invité, puis on a régularisé mon poste. C’était un superbe camouflet de la petite université de Genève à l’université française, pour laquelle j’étais indésirable. Je n’avais aucune raison de revenir en France. Et l’université française n’a jamais compris ce qui s’est passé, pas plus que le ministère. J’ai abandonné totalement l’idée d’entrer à l’université française. Il faut reconnaître qu’au point de vue administratif, elle fonctionne incroyablement mal. Et aujourd’hui, ils n’ont rien changé de leurs habitudes. J’estime aussi que le système universitaire français était tellement pourri que j’aimais beaucoup mieux être ailleurs !

Quand on est rejeté par l’université française, et qu’on revient dans le programme de l’agrégation, n’y a-t-il pas un décalage ?

Je peux être docteur honoris causa de cinquante universités. Cela m’est totalement indifférent. Je pense que le temps passe, c’est tout. Il n’y a pas de raison d’être amer, de toute façon, il faut vieillir tranquillement. Tous ces crétins, je m’en fiche. Leur bêtise est passée. Il y a toujours des gens pour me soutenir, et quelques universitaires. Maintenant, j’ai pris ma retraite, c’est fini tout ça.

L'Invité culture Hommage à Michel Butor - France Culture

Les Matins de France Culture, en compagnie de ses invités, Mireille Calle-Gruber, directrice de l'édition de l'oeuvre complète de Michel Butor et Pierre Brunel, critique littéraire, biographe et ami de Michel Butor, rendaient hommage à Michel Butor.

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