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17 juin 2017 6 17 /06 /juin /2017 14:35
   "Crispr, des ciseaux génétiques magiques ou un danger pour l'humanité ?"
© DR | Crispr est une technique de découpage génétique : un enzyme (le Cas9) sert de ciseaux pour altérer un gène visé.

Texte par Sébastian SEIBT , au salon Vivatech, à Paris.

La technologie de découpage génétique Crispr promet des bouleversements majeurs dans la recherche scientifique et thérapeutique. À l’occasion du salon parisien de l’innovation Vivatech, l’un de ses principaux promoteurs en explique les enjeux.

Qu'ont en commun un aveugle qui retrouve la vue et une vache sans corne ? Crispr. Un acronyme qui sonne comme une biscotte suédoise mais auquel le grand public risque de devoir s’habituer. De son nom complet Clustered Regularly Interspaced Short Palindromic Repeats (“Courtes répétitions palindromiques groupées et régulièrement espacées”), cette technologie d’édition génétique a le potentiel de changer la conception même que l’on se fait de la vie.

“Crispr permet à un scientifique de modifier les détails du gène d'une cellule”, explique à France 24 Paul Dabrowski, cofondateur de Synthego, l’une des entreprises américaines les plus à la pointe dans ce domaine. Il est venu au salon parisien de l’innovation VivaTech, qui se déroule du 15 au 17 juin, pour vanter les mérites de cette technologie. Il s’agit d’une technique de découpage génétique : un enzyme (le Cas9) sert de ciseaux pour altérer un gène visé. Un bout de molécule, de l’ARN, permet de guider l’enzyme à la manière d’un GPS.

De la lutte contre le cancer à la renaissance du mammouth

La découverte, en 2012, de Crispr par la Française Emmanuelle Charpentier et l’Américaine Jennifer Doudna leur a valu une reconnaissance scientifique immédiate. Elles ont reçu plusieurs prix et ont même été pressenties pour un Nobel de chimie. L’enthousiasme pour cette technologie peut se comprendre : elle est plus efficace, simple, rapide et moins coûteuse que les alternatives, souligne un rapport de l’Assemblée nationale publié début 2016. Les applications dans la lutte contre les maladies génétiques sont évidentes : “Nous ne sommes qu’à quelques années, par exemple, pour que des traitements prometteurs pour venir à bout de certains cancers puissent être testés”, note Paul Dabrowski. Des milliers de laboratoires à travers le monde se sont emparés de cette technologie.

Vidéo sur le site
 

La diversité de leurs recherches démontre le champ des possibles. Une entreprise américaine a créé une vache sans corne, des essaims de moustiques ont été immunisés contre le paludisme en leur retirant un gène et des rats atteints de cécité ont pu recouvrer en partie la vue. Une équipe de Harvard travaille même sur un projet pour recréer un mammouth en utilisant Crispr. “Je ne pense pas qu’on saisisse encore parfaitement toute l’étendue des changements que cette technologie peut entraîner”, s’enthousiasme l’entrepreneur américain.

Les investisseurs s’y intéressent aussi de très près. Synthego, la société de Paul Dabrowski qui propose une plateforme pour simplifier le processus de création des “couteaux” Crispr, a ainsi levé 47 millions de dollars en janvier 2017. Car ce découpage génétique promet, en effet, des lendemains économiques qui chantent, tout particulièrement dans l’agriculture.

Aux États-Unis, un scientifique a ainsi découvert, en avril 2016, un moyen de rallonger la durée de vie et de consommation des champignons de Paris, tandis que des Chinois ont amélioré la valeur nutritive du riz. Cerise sur le gâteau, Crispr n’introduit pas des gènes étrangers dans l’organisme et le résultat peut donc échapper à l’étiquette souvent infamante d’OGM. Les autorités sanitaires américaines en ont décidé ainsi dans le cas du champignon de Paris. Une véritable aubaine pour des géants de l’agrochimie comme Monsanto.

En Europe, la pilule a beaucoup plus de mal à passer. La Cour de justice de l’Union européenne a été saisie, en octobre 2016, du dossier de ces “OGM cachés” comme les appellent leurs détracteurs. En effet, comme la technologie Crispr altère seulement des gènes déjà présents, la modification est plus difficile à déceler. La Cour doit trancher dans les mois à venir.

“Armes de destructions massives”

L’agriculture n’est qu’un exemple où cette technologie se heurte à des réticences. La question éthique n’est jamais loin. Paul Dabrowski en convient : “Je ne pense pas que le débat éthique nécessaire a encore été mené, et il convient rapidement de se mettre d’accord sur des standards”. Sans cela, rien n’empêcherait, par exemple, le monde militaire de s’en saisir pour créer des soldats génétiquement améliorés ou plancher sur des armes biochimiques mortelles.

Un scénario qui ne relève pas de la science-fiction. En novembre 2016, les conseillers scientifiques de Barack Obama ont alerté l’administration américaine sur la possibilité d’utiliser “Crispr pour créer des virus qui pourraient modifier, inhiber ou activer des gènes chez les victimes pour causer des dysfonctionnements du corps”. Plus direct dans sa formulation, James Clapper, lorsqu’il était directeur de la CIA, ajoutait “les modifications génétiques” à la liste des armes de destructions massives, dans son rapport 2016 sur les menaces pour les États-Unis.

La tentation d’améliorer le patrimoine génétique est un autre écueil. En agissant dès les premiers stades de la vie, il est théoriquement possible de rendre les modifications génétiques transmissibles au sein d’une famille. “Je pense qu’on peut facilement arriver à un consensus pour dire qu’il ne faut pas utiliser cette technologie pour ajouter des fonctions (plus d’intelligence, de puissance etc.), mais seulement en ôter dans des cas thérapeutiques”, assure Paul Dabrowski. Tout le monde n’est pas de cet avis. Une équipe de chercheurs chinois a essayé d’immuniser des embryons contre une maladie du sang. L’expérience a échoué, mais elle a suscité une vaste polémique scientifique sur l’utilisation des embryons dans ce genre de recherches.

Mutations inattendues

Mais même sans aller aussi loin, Crispr risque aussi d’entraîner l’émergence d’une médecine à deux vitesses. Les riches pourraient se prémunir contre toute une série de maladies potentiellement mortelles, tandis que les pauvres n’y auraient pas accès. Pour Paul Dabrowski, ce danger est beaucoup plus imminent qu’une militarisation de cette technologie. “Il faut veiller à ce que les utilisations soient accessibles à tous, par exemple en faisant rembourser les interventions par la sécurité sociale”, estime-t-il.

La technologie n’est pas non plus infaillible. L’un des principaux défis est d’éviter que l’altération du gène entraîne des conséquences non souhaitées. Des erreurs ont été commises dans les premiers temps, soulevant des appels à la prudence de la part du monde scientifique. Une étude de l’université de Columbia, publiée en mai 2017, met en garde contre “les centaines de mutations inattendues” que le découpage des gènes peut entraîner. “On a fait d’énormes progrès, mais il faut que la technique devienne encore plus précise et fiable avant de pouvoir l’appliquer à l’homme”, reconnaît Paul Dabrowski.

Pour 150 ONG, qui ont publié un appel pour un moratoire sur l’utilisation de Crispr, il est surtout urgent d’attendre que le débat ait lieu et qu’un cadre légal soit instauré. Paul Dabrowski estime qu’il ne faut pas brider outre mesure la recherche, sans quoi “le danger est de voir apparaître un marché noir”. Comme la technologie existe et qu’elle est prometteuse, il y a fort à parier, d’après cet entrepreneur, qu’en cas de prohibition, des personnes sans scrupule continuent les recherches clandestinement et proposent à prix d’or ces “ciseaux miracles” en dehors de tout contrôle.

-Articles J.Doudna sur l'une des deux inventrice de  cette méthode d'édition :

 
 

 

 
Jennifer Doudna was a pioneer of CRISPR, which is a gene-editing technology that is being increasingly studied and used across the world. Jennifer relates the genesis of CRISPR to us and explains the pros and cons of giving birth to such a potentially world changing process. On the positive side, she tells us how scientists are already combining her technology with stem cell research to potentially rid the world of sickle cell anemia. On the negative side, she describes a vivid nightmare she had early on in the process wherein she meets Hitler with a pig nose—a David Lynch-ian vision that represents the negative possibilities of what could happen if CRISPR falls into the wrong hands. While the Pig Hitler scenario is a lot less likely to actually happen, Jennifer understands the duality of her role in CRISPR's creation.

 

- éditer l'homme  serait-il constitutif d'une  étape vers l'amélioration de son espèce  (comme le voudrait le transhumanisme )?

vendredi 3 mars 2017 par Pièces et main d’œuvre

Le journal Inf’OGM publie dans son numéro 144 (mars/avril 2017) un entretien où nous avons tâché de répondre aux questions suivantes :
 Qu’est-ce que le transhumanisme ?
 Quelles sont les différences entre des lunettes et des implants neurologiques ? Où s’arrêtent les soins « classiques » et où commence l’homme augmenté ?
 Pourquoi parlez-vous des humains comme des « chimpanzés du futur » ?
 Pourquoi vous opposez-vous à ces « progrès », comme les tenants de ces technologies les nomment ?
 Est-ce que le transhumanisme est acceptable par la population ? Est-elle au courant de ce qui se trame actuellement ?

Le journal est en vente (6 €) dans les magasins bio et à la rédaction :

infOGM c/o Mundo M
47 avenue Pasteur – 93100 Montreuil
Tel : 01 48 51 65 40
infogm@infogm.org

Pour en savoir plus sur le sujet, on peut lire aussi :
 Ecologisme et transhumanisme
 Transhumanisme et cannibalisme
 Trois jours chez les transhumanistes
 Clinatec : corps-machine, masque "humain"
 Appel des Chimpanzés du futur
 La fabrication des humains
 La fabrication du mort vivant

Et sur papier : Transhumanisme : du progrès de l’inhumanité, commander la Pièce détachée n°68 (voir catalogue ici )


Version prête à circuler
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7 juin 2017 3 07 /06 /juin /2017 15:04

À la frontière franco-italienne, les locaux de la police aux frontières (PAF) des Alpes-Maritimes, situés à Menton pont Saint-Louis, sont utilisés par le préfet du département pour enfermer illégalement les personnes migrantes avant de les refouler en Italie. Le tribunal administratif de Nice a été saisi d’une requête en référé-liberté déposée par l’Anafé, l’ADDE, La Cimade, le Gisti et le SAF le 6 juin dans l’après-midi, afin de « faire cesser toutes les atteintes graves et manifestement illégales aux libertés fondamentales résultant de la privation de liberté de personnes exilées, consécutives de la décision informelle du préfet des Alpes-Maritimes de créer une ‘zone de rétention provisoire pour les personnes non-admises’ ».

La frontière franco-italienne a régulièrement été fermée depuis 2011 en violation des droits des personnes exilées. Depuis près de deux ans, la situation à cette frontière caractérisée par la violation quotidienne du droit national et international est devenue catastrophique : contrôles discriminatoires opérés au faciès, blocages, refoulements systématiques, refoulement de mineurs vers l’Italie en dehors de toute procédure, etc. Depuis le 13 novembre 2015, date à laquelle les contrôles aux frontières ont été officiellement rétablis dans la région, ils sont systématiques aux sept points de passage autorisés localisés sur les routes et dans trois gares dont Menton Garavan.

Lors d’une mission exploratoire menée à la frontière franco-italienne du 15 au 20 mai 2017, l’Anafé et La Cimade se sont vu refuser l’entrée dans « cette zone de rétention provisoire » constituée d’Algécos et de sanitaires amovibles. Les représentants des associations ont pu constater sur place le 16 mai, puis le 6 juin lors d’une seconde visite, que des personnes y étaient bien privées de liberté. La PAF a dans un premier temps affirmé qu’il s’agissait d’une zone d’attente, lieu où sont retenues les personnes à qui l’entrée sur le territoire est refusée et distinct d’un centre de rétention où sont enfermées les personnes déjà présentes sur le territoire. Elle s’est ensuite rétractée pour refuser l’accès à ces représentants d’associations habilitées à visiter toutes les zones d’attente françaises. Selon les déclarations du commandant de la PAF, il s’agirait « d’une zone de rétention provisoire pour les personnes non admises, un lieu privatif de liberté pour les personnes qui vont être réadmises en Italie ». Les témoignages d’observateurs locaux et de personnes migrantes indiquent que le 1er étage de la gare de Menton Garavan est également utilisé comme lieu d’enfermement.

L’existence de ce lieu de privation de liberté illégal s’ajoute donc, dans cette région de non droit pour les étrangers, aux contrôles discriminatoires, aux poursuites judiciaires menées contre les citoyens solidaires, aux refoulements illégaux, à la violation du droit d’asile, à la non-prise en charge des mineurs étrangers isolés, etc.

Les associations signataires demandent au tribunal de faire la lumière sur ce lieu de privation de liberté illégal en effectuant une visite sur place, de suspendre la décision informelle de sa création prise par le préfet des Alpes-Maritimes, de mettre immédiatement fin à la situation de privation de liberté des personnes qui y sont détenues et de garantir l’accès effectif aux droits des personnes interpellées à la frontière.

L’État est responsable de la mise à l’abri des personnes en quête de protection. Il est temps qu’il prenne ses responsabilités au lieu de les renvoyer en Italie en toute illégalité.

Le 7 juin 2017

Signataires :

  • ADDE (Avocats pour la défense des droits des étrangers)
  • Anafé (Association nationale d’assistance aux frontières pour les étrangers)
  • Gisti (Groupe d’information et de soutien des immigré.e.s)
  • La Cimade
  • SAF (Syndicat des avocats de France)

 

 
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27 mai 2017 6 27 /05 /mai /2017 06:27

A trop courir après le modèle industriel, les progressistes n’ont pas imaginé un nouveau rapport à la nature. Pourtant, selon le philosophe, de Fourier à Reclus, écologie et égalité ont toujours été liées.

Privée d’un véritable candidat à l’élection présidentielle, l’écologie a trouvé une place de choix dans le nouveau gouvernement sous la houlette de Nicolas Hulot, nommé ministre d’Etat, dont l’intitulé du ministère, «Transition écologique et solidaire», allie action écologique et transformation sociale. Logique, d’après le nouveau rapport à la nature que le philosophe Serge Audier reconstitue dans son ouvrage la Société écologique et ses ennemis. Rappelant que la société écologique a été maltraitée par les mouvements progressistes au cours des deux derniers siècles, le maître de conférences à l’université Paris-Sorbonne (Paris-IV) estime que le respect de la nature et les questions d’égalité sociale sont indissociables.

Lors de la campagne présidentielle, Benoît Hamon ou Jean-Luc Mélenchon ont clairement mis en avant leurs préoccupations écologiques. La gauche s’est-elle réconciliée avec ces questions ?

On assiste à une montée de la sensibilité écologique dans la société civile et les discours politiques. Par-delà les frontières françaises, le mouvement altermondialiste ou les Indignés ont promu le thème des «biens communs», ces ressources fondamentales aussi bien écologiques que sociales. Durant la campagne présidentielle, Hamon a repris le thème des limites des critères classiques de la richesse : le PNB occulte les dégâts sociaux, sanitaires et environnementaux de la croissance. Mais il a été lâché sans convaincre que son avenir était «désirable». Mélenchon a, lui, prôné une planification écologique et une «règle verte». Cependant, l’écologie se marie-t-elle avec son «populisme de gauche» emprunté à la philosophe Chantal Mouffe ? Celle-ci exalte les «affects» populaires nationaux, et, de fait, la stratégie mélenchonienne a

privilégié un horizon très stato-national. Or, les enjeux écologiques relèvent aussi du cosmopolitisme. Quant aux «affects», sont-ils le moyen privilégié de promouvoir une politique écologique, qui suppose aussi un espace public réfléchi où prévalent les solutions argumentées ? Quoi qu’il en soit, l’échec de Hamon et de Mélenchon montre l’ampleur du défi : il n’y a pas d’hégémonie écologique. Ce qu’a confirmé le débat télévisé entre Marine Le Pen et Emmanuel Macron, où l’écologie fut absente, comme s’il était acquis que les exigences de l’économie et des électeurs sont ailleurs. L’avenir dira si la nomination de Nicolas Hulot, dans un gouvernement si peu écologique, infléchit ces tendances.

Vous montrez que «les gauches» se sont penchées sur la nature et l’écologie avant d’oublier cette préoccupation…

Les mouvements socialistes puis anarchistes ont manifesté, dès les années 1820 et pendant quelques décennies, une sensibilité aux mutilations de la nature et de la santé provoquées par le capitalisme industriel. Des visions de la société future ont esquissé un lien entre transformations sociales et environnementales, en inventant un nouveau rapport à la nature qui ne soit pas destructif. Mais ces projets se sont souvent perdus ensuite, ou dilués dans le socialisme et le communisme. La gauche, par-delà son hétérogénéité, s’est convertie au modèle industrialiste qu’elle a nourri : le «progrès» industriel devait abolir la

subordination des pauvres et diffuser le bien-être. Parallèlement, la critique de l’industrialisme a été captée par des milieux conservateurs, réactionnaires et préfascistes. Ce qui a renforcé la difficulté de la gauche à imaginer un nouveau rapport à la nature.

Vous ouvrez votre livre avec une phrase de Marcel Gauche : «Sous l’amour de la nature, la haine de l’homme…»

Ce slogan fut lancé en 1990 dans la revue le Débat. Il est symptomatique d’une vulgate longtemps dominante véhiculant l’opposition binaire entre l’humanisme et le souci de la nature. L’article de Gauchet a inspiré d’autres diatribes anti-écologiques de Gilles Lipovetsky, de Luc Ferry [le Nouvel Ordre écologique] ou Pascal Bruckner [le fanatisme de l’Apocalypse], c’est-à-dire des intellectuels qui ont voulu incarner une sorte de «retour à la normale» dans les années 80-90. Avec l’eau du bain gauchiste qu’ils exécraient, ils ont jeté le bébé de la conscience écologique qui avait ressurgi dans les années 70. Ce que j’ai appelé la «pensée anti-68» a, de fait, réhabilité une forme de capitalisme libéral, en balayant des critiques subversives portées par le mouvement écologique après les contestations des années 60. Déjà, des protestataires contre la guerre du Vietnam avaient mis en avant, en plus de la tragédie humaine, la dévastation de la nature vietnamienne par le napalm. Puis le Club de Rome et les luttes écologistes avaient enclenché de fortes remises en question, provoquant des résistances à gauche,

singulièrement dans le Parti communiste français. Mais la crise et le chômage ont agi comme une massue disciplinaire, qui a freiné l’effervescence écologique à gauche, tandis que la contre-révolution néolibérale - Milton Friedman et tant d’autres - assénait que les législations environnementales nuisaient à la croissance et aux libertés économiques. Après l’ennemi communiste est apparu l’ennemi écologiste.

En quoi l’histoire des mouvements de gauche permet-elle de dépasser les dichotomies - l’écologie contre le progrès, les hommes contre la nature… - qui ont longtemps détourné la gauche des questions écologiques ?

Mon livre est une tentative de produire un autre récit qui montre que, logiquement et historiquement, les luttes pour la liberté et l’égalité se sont articulées à des luttes pour défendre la «nature». Des mouvements émancipateurs ont investi avec cohérence, très tôt, ces enjeux, que ce soit parmi des libéraux républicains modérés, des anarchistes ou des socialistes. Alfred Russel Wallace, un savant proche de Darwin, de conviction socialiste, est l’un des premiers grands penseurs de la destruction de la planète par une logique capitaliste. Avant lui, un

pionnier du socialisme, Charles Fourier, formule dès les années 1820 l’idée que le capitalisme industriel ravage le globe, que la déforestation a un effet catastrophique sur les sols et le climat. D’où le projet de Fourier et de ses disciples d’une reforestation de la Terre. Les utopies fouriéristes prônent un rapport esthétique à la nature, une relation de soin et de valorisation, qui relève d’un «socialisme jardinier». Mais il y a aussi une tendance humanitaire et romantique, représentée par George Sand ou Marie d’Agoult, célèbre militante républicaine des années 1830-1840. On trouve dans ces fragments de pré-écologie progressiste, sociale et féministe, une dimension universaliste qui les distingue de la critique réactionnaire de la modernité. Le géographe libertaire Elisée Reclus est quant à lui emblématique de la sensibilité des milieux anarchistes à la nature. Par anti-hiérarchisme et anti-autoritarisme, ce courant a déployé une vive critique de l’industrialisme capitaliste et du propriétarisme bourgeois, pointant leurs conséquences destructrices tant sur l’individualité que sur le monde naturel. Loin de l’allergie réactionnaire au monde urbain, Elisée Reclus voit dans la ville «verte» qu’il imagine le lieu même de la vie démocratique. Il croit aux progrès de la science et à la conquête du bien-être universel - pourvu que ces avancées s’effectuent dans la connaissance et le respect de la nature.

Au XIXe siècle, l’historien Jules Michelet - le républicain par excellence - attirait l’attention sur le sort fait aux animaux et aux océans…

On trouve chez Michelet, précurseur de l’éthique animale, une très grande réceptivité aux dévastations des océans et de leur faune. J’évoque aussi un savant lié aux cercles républicains, Edmond Perrier, le directeur du Muséum d’histoire naturelle, qui invitait les humains à cesser de détruire la Terre pour devenir ses sages usufruitiers sur le très long terme. Ces penseurs de la solidarité avec les animaux et la nature participaient d’un horizon républicain : pour eux, la République devait prendre soin de l’environnement et des générations futures.

Pourquoi l’écologie échoue-t-elle alors à chaque fois à s’imposer ?

Les pionniers de cette sensibilité pré-écologiste - Fourier, Reclus, Kropotkine - ont été marginalisés. Surtout, une puissante intériorisation de la nécessité d’une domination exponentielle de la nature s’est imposée. Un imaginaire de la croissance d’autant plus séduisant qu’il nourrit une promesse de bien-être universel. Les précurseurs de l’écologie ont peiné à prouver qu’un autre chemin pouvait être épanouissant pour tous.

Comment la gauche peut-elle concrétiser son ambition écologique ?

La bataille culturelle pour une écologie de gauche est devant nous. Et il faudrait établir une relation créative entre les mouvements de la société civile et la politique institutionnalisée. Tout un pan de l’écologie se déploie sous forme d’expériences locales ou de transformation personnelle. Mais si ces mouvements ponctuels ne s’articulent pas à la politique au niveau national et international, s’ils n’emportent pas la conviction de la majorité et échouent à générer une législation contraignante, ils risquent de rester des contre-expériences sans débouchés et d’apparaître comme excluant une grande partie de la population.

A quoi ressemblerait une «société écologique» ?

C’est une société solidaire qui ne se conçoit pas comme «l’autre» de la nature mais qui invente un rapport de partenariat et de soin vis-à-vis d’elle sur le très long terme. Tous les auteurs que je cite avaient déjà compris que l’être humain se réalise autrement que par la maximisation de son intérêt, que le travail et la nature ne sont pas des marchandises. La société écologique doit proposer un modèle alternatif de bien-être et de richesse, de relation à soi, aux autres et à la nature, de partage - autant d’intuitions qu’avaient déjà les présocialistes.

Sonya Faure , Simon Blin

-Revue de presse:

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29 avril 2017 6 29 /04 /avril /2017 02:13
Avril 2017

Catherine Jewell, Division des communications, OMPI, et Vijay Shankar Balakrishnan, journaliste spécialisé en sciences et en santé

Des millions de personnes souffrent de graves maladies génétiques comme le cancer, la dystrophie musculaire, la fibrose cystique, la drépanocytose, la maladie d’Huntington et bien d’autres.  Imaginez les douleurs et les souffrances qui pourraient être évitées (sans parler des coûts de santé) si nous pouvions guérir ces pathologies simplement en réécrivant le code génétique des patients. C’est ce que promet la technologie de modification du génome CRISPR-Cas9.
 

Annoncé comme la percée la plus prometteuse en matière de recherche biomédicale depuis l’avènement du génie génétique dans les années 70, l’outil de modification du génome CRISPR-Cas9 ouvre des horizons infinis pour nous aider à mieux comprendre les maladies humaines et animales et leur traitement.  Il a le potentiel de révolutionner la recherche médicale et agricole.  Dès lors, la course pour développer des applications commerciales de CRISPR-Cas9 dans les domaines de la santé, de l’agriculture et de l’industrie a plongé la technologie, ses pionniers, les institutions pour lesquelles ils travaillent et une poignée de jeunes entreprises auxquelles ils participent dans une bataille juridique aux enjeux colossaux pour savoir qui l’a effectivement inventée et quand.  L’issue de cette bataille déterminera qui sera le maître de la technologie et dans quelle escarcelle tomberont les bénéfices faramineux qu’elle devrait générer.
Genèse de la technologie

Depuis que Watson et Crick ont découvert la structure en double hélice de l’ADN, les scientifiques n’ont cessé de chercher des moyens de mieux comprendre le rôle que joue l’ADN dans le patrimoine génétique des organismes vivants.  L’outil CRISPR est un immense pas en avant dans cette direction.  Comparé aux outils de recherche existants, il offre un moyen relativement rapide, simple, fiable et bon marché de cibler et de modifier des séquences déterminées du génome.

Désigné sous le nom de CRISPR pour “Clustered Regularly Interspaced Short Palindromic Repeats”, c’est-à-dire “courtes répétitions palindromiques groupées et régulièrement espacées”, il s’agit d’un mécanisme de défense naturel qui permet aux cellules bactériennes de détecter et de détruire les virus qui les attaquent.

Jon Cohen écrit dans la revue Science que le mécanisme CRISPR a été reconnu pour la première fois comme “outil de modification du génome de portée générale” dans un article publié par les scientifiques Erik Sontheimer et Luciano Marrafinni de la Northwestern University, Evanston, Illinois (États-Unis d’Amérique) en 2008.  Les deux chercheurs ont déposé une demande de brevet qui a été rejetée au motif qu’ils n’avaient pas été en mesure de la réduire à une application pratique particulière.

Au demeurant, CRISPR a réellement commencé à faire parler de lui avec la publication, en juin 2012, d’un article scientifique écrit par Emmanuelle Charpentier, microbiologiste française travaillant à l’époque à l’Université de Vienne et aujourd’hui à l’Institut Max Planck de biologie infectieuse (Allemagne) et à l’Université Umeå (Suède), et Jennifer Doudna de l’Université de Californie Berkeley (États-Unis d’Amérique).  Leur article décrivait comment la technologie CRISPR, avec l’aide d’une enzyme appelée Cas9, peut devenir un outil de modification du génome.  Il y était plus précisément question de la façon dont CRISPR-Cas9 peut être utilisé pour couper l’ADN dans un tube à essai.  Les deux scientifiques ont déposé leur première demande de brevet pour CRISPR en mai 2012.  Elle est encore en cours d’examen.

Six mois plus tard, en janvier 2013, des scientifiques du Broad Institute du Massachusetts Institute of Technology (MIT) et de l’Université de Harvard, sous la direction de Feng Zhang, ont annoncé qu’ils avaient trouvé un moyen d’utiliser CRISPR-Cas9 pour modifier les cellules des mammifères, ravivant encore l’intérêt suscité par sa capacité potentielle à générer de nouveaux traitements médicaux plus efficaces.  Les chercheurs du Broad Institute ont déposé leur première demande de brevet portant sur CRISPR en décembre 2012 et ont payé pour bénéficier d’une procédure d’examen accélérée.  Toujours selon Jon Cohen, 11 autres demandes de brevet ont été déposées pour étayer la revendication selon laquelle ils étaient les premiers à inventer un système CRISPR pour modifier les cellules de mammifères.  En avril 2014, l’Office des brevets et des marques des États-Unis d’Amérique (USPTO) a accordé un brevet à l’équipe du Broad Institute pour sa technologie CRISPR.
 
La bataille pour les droits de propriété

L’octroi du brevet à l’équipe du Broad Institute a déclenché une tempête juridique.  Le professeur Jake Sherkow de la New York Law School parle d’une “monstrueuse bataille autour d’un brevet de biotechnologie”.

Les enjeux sont phénoménaux.  Quiconque possède les droits commerciaux ou de propriété intellectuelle sur CRISPR-Cas9 est potentiellement en mesure de générer d’énormes gains financiers et de décider qui pourra l’utiliser.

Les pionniers de la recherche et leurs institutions respectives ont chacun des parts dans une poignée de jeunes entreprises qui ont attiré des millions de dollars d’investissement pour que les systèmes CRISPR-Cas9 se transforment en nouveaux traitements pour un large éventail de maladies génétiques.  On citera notamment Intellia Therapeutics (UC Berkeley), Caribou Sciences (J. Doudna), CRISPR Therapeutics et ERS Genomics (E. Charpentier) et Editas Medicine (Broad Institute).

Une analyse du paysage commercial de CRISPR-Cas9, réalisée par Jon Cohen pour la revue Science, révèle qu’une multitude de licences, qui souvent se recoupent, ont déjà été délivrées par les jeunes entreprises utilisant CRISPR pour de nombreuses applications dans les domaines de la médecine, de l’agriculture et de l’industrie.
La loi Bayh-Dole

Conformément à la loi Bayh-Dole de 1980, les universités américaines peuvent détenir des droits de propriété intellectuelle sur des inventions issues de recherches financées par des fonds fédéraux.  Dans leurs directives, les National Institutes of Health (ou Instituts nationaux de la santé aux États-Unis d’Amérique) recommandent toutefois que ces technologies soient concédées sous licence “à des conditions et selon des modalités raisonnables” afin de pouvoir les mettre au service d’autres recherches biomédicales.  L’UC Berkeley et le Broad Institute proposent d’ailleurs volontiers des licences non exclusives à des fins de recherche scientifique pure, relève Megan Molteni dans WIRED.  Néanmoins, quiconque souhaite commercialiser un produit en lien avec CRISPR doit obtenir une sous-licence de l’une des jeunes entreprises utilisant CRISPR.

Par ailleurs, étant donné que le champ d’application des licences exclusives qu’elles détiennent couvre les 20 000 gènes constituant le génome humain, certains mettent en doute la capacité de ces entreprises à développer à elles seules toutes les applications potentielles de la technologie.  Quel sera l’impact sur les autres sociétés de biotechnologie intéressées par la commercialisation des produits CRISPR?  Le fait de devoir obtenir une sous-licence supplémentaire de ces entreprises mettra-t-il un frein à l’innovation?
La procédure de collision de brevets

En avril 2015, l’UC Berkeley, représentant E. Charpentier et J. Doudna, a demandé l’ouverture d’une procédure de collision de brevets contre les brevets accordés au Broad Institute.  La Commission de première instance et d’appel pour les brevets (PTAB) de l’USPTO, qui est compétente pour statuer en la matière, a donné suite à la demande.  Les audiences ont débuté en janvier 2016.

Les procédures de collision de brevets sont en fait des “procès administratifs visant à déterminer laquelle de deux parties (ou plus) a été la première à inventer quelque chose”, explique Jake Sherkow.  Cette procédure est un vestige du système du premier inventeur en vigueur aux États-Unis d’Amérique jusqu’en mars 2013, date à laquelle il a été remplacé par la loi américaine sur les inventions (America Invents Act).  Les États-Unis d’Amérique délivrent désormais des brevets sur la base du système du “premier déposant”.  Étant donné que les brevets CRISPR contestés ont été déposés avant mars 2013, ils peuvent faire l’objet d’une procédure de collision de brevets.  “Une procédure de collision de brevets devant l’USPTO est généralement intentée lorsque plusieurs demandes de brevet déposées devant l’USPTO par différents inventeurs sont susceptibles de se chevaucher en portant sur la même invention”, observe Joe Stanganelli dans Bio IT World.

Selon lui, la question à laquelle devait répondre la PTAB était celle de savoir si les travaux des chercheurs du Broad Institute constituaient une nouveauté ou s’ils étaient “la prochaine étape logique, et/ou fondamentalement basés sur l’état de la technique”.

Le 12 février 2017, la PTAB a rendu sa décision.  Elle a considéré qu’il n’y avait ni chevauchement ni collision entre les brevets délivrés par l’USPTO au Broad Institute pour l’utilisation du CRISPR-Cas9 en vue de modifier les cellules de mammifères (génomes eucaryotes) et les demandes de brevet déposées par l’équipe de l’UC Berkeley pour l’utilisation du système dans n’importe quel environnement (voir l’encadré).  La PTAB a ainsi jugé que les revendications figurant dans la demande de brevet de Zhang n’étaient pas évidentes eu égard aux informations fournies dans la demande de brevet américain déposée par l’UC Berkeley.

En vertu de cette décision, le Broad Institute peut conserver ses brevets américains revendiquant des méthodes d’utilisation de CRISPR-Cas9 dans les cellules de mammifères (eucaryotes).  De son côté, l’UC Berkeley peut maintenir sa demande de brevet américain, qui revendique des méthodes d’utilisation de CRISPR-Cas9 dans n’importe quelles cellules.  Si les deux institutions y trouvent leur compte, cette décision est en revanche synonyme d’“incertitude maximale” pour la communauté des entreprises de biotechnologie qui ne savent pas trop si elles doivent obtenir une licence des deux universités, relève Kevin Noonan, associé chez McDonnell Boehnen Hulbert & Berghoff à Chicago (États-Unis d’Amérique), dans la revue Nature.
Résumé de la décision de la PTAB sur la requête déposée

Aux termes de la décision, “Broad a fourni suffisamment d’éléments probants montrant que ses revendications, qui sont toutes limitées aux systèmes CRISPR-Cas9 dans un environnement eucaryote, ne portent pas sur la même invention que les revendications présentées par l’UC, qui elles visent toutes les systèmes CRISPR-Cas9 sans les limiter à un environnement particulier.  Plus précisément, il est démontré que l’invention desdits systèmes dans les cellules eucaryotes n’aurait pas découlé de manière évidente de l’invention des systèmes CRISPR-Cas9 dans n’importe quel environnement, y compris dans les cellules procaryotes ou in vitro, dès lors que l’homme du métier moyen n’aurait pas pu raisonnablement escompter que le système CRISPR-Cas9 s’appliquerait avec succès dans un environnement eucaryote.  Les éléments de preuve démontrent que les revendications des parties n’entrent pas en collision”.
Les raisons de s’intéresser à la technologie CRISPR-Cas9

Le système de modification du génome CRISPR-Cas9 peut potentiellement “modifier la façon dont les chercheurs en sciences de la vie manipulent et programment l’ADN de pratiquement tous les organismes vivant sur terre”, explique le professeur Jake Sherkow.

Cette technologie ouvre la voie à une meilleure compréhension du fonctionnement des gènes dans les cellules et permettra de mettre au point de nouveaux traitements médicaux et de nouvelles thérapies plus efficaces pour un grand nombre de maladies aux effets dévastateurs.  En supprimant les séquences d’ADN dysfonctionnelles sous-jacentes, on pourrait non seulement soigner ces maladies mais aussi éviter leur transmission à la génération suivante.  Son application à l’agriculture et à l’industrie permet aussi d’entrevoir le développement de végétaux et d’animaux plus robustes et résistants aux maladies.  Les bienfaits potentiels pour la société sont donc immenses.
 
Les chercheurs à travers le monde utilisent déjà les systèmes CRISPR-Cas9 pour modifier le génome, notamment celui des champignons comestibles, du maïs, des souris, des singes, voire des embryons humains.  En juin 2016, les National Institutes of Health américains ont approuvé les premiers essais cliniques utilisant le CRISPR-Cas9 dans le traitement du cancer.  En septembre 2016, ce fut au tour de l’autorité britannique Human Fertilization and Embryo Authority (HFEA) d’approuver son utilisation pour modifier de façon permanente l’ADN d’un embryon humain.

Rappelons cependant qu’en l’état actuel des choses, la technologie CRISPR-Cas9 comporte toujours des risques importants et doit encore être affinée, par exemple en termes de précision et d’application aux cellules humaines.  Elle soulève aussi de nombreuses questions éthiques qui méritent un examen attentif.  Après tout, elle a le potentiel de modifier en profondeur le patrimoine génétique de l’humanité.  Face à ces préoccupations, Jake Sherkow fait remarquer que le Broad Institute a déjà délivré des “licences éthiques” à des preneurs de licence afin d’interdire certaines activités jugées contraires à l’intérêt général.  Vu le temps nécessaire pour élaborer des politiques efficaces, il estime qu’il s’agit là d’un bon moyen de “stopper momentanément les applications préoccupantes des nouvelles biotechnologies”
Quelles suites aura la décision de la PTAB?

Bien que la décision de la PTAB puisse être perçue comme une victoire incontestable pour le Broad Institute, les perspectives sont plus nuancées.  La bataille pour les droits de propriété intellectuelle sur la technologie CRISPR est loin d’être gagnée, et ce pour plusieurs raisons.

Premièrement, l’UC Berkeley examine actuellement la possibilité de faire appel de la décision de la PTAB.  Elle reste convaincue que “l’équipe Doudna/Charpentier a été la première à inventer cette technologie pour une utilisation dans tous les environnements et tous les types de cellules, qu’elle a été la première à publier et à déposer des demandes de brevet portant sur cette invention, et que les brevets du Broad Institute portant sur l’utilisation du système CRISPR-Cas9 dans des types de cellules particuliers ne présentent pas de différence, du point de vue de la protection par brevet, avec l’invention de Doudna/Charpentier”.

Deuxièmement, plusieurs commentateurs pensent que les parties finiront sans doute par parvenir à un règlement impliquant la concession de licences croisées sur leur technologie.  Compte tenu des questions en suspens concernant la titularité des droits de propriété intellectuelle sur les vecteurs de CRISPR – qui permettent l’exécution du mécanisme dans l’ADN récepteur – ce scénario semble probable.  “Si l’UC obtient gain de cause pour les revendications du brevet sur les vecteurs de CRISPR, elle aurait le droit d’empêcher quiconque de les fabriquer, de les utiliser ou de les vendre”, explique Phillip Webber, conseil spécialisé en brevets de biotechnologie au sein du cabinet d’avocats Dehns à Oxford (Royaume-Uni).  Cela signifierait que même Editas Medicine, qui détient pourtant une licence exclusive pour exploiter les méthodes CRISPR de Zhang, devrait acquérir une licence de l’UC Berkeley.

Troisièmement, le Broad Institute et l’UC Berkeley ont tous deux déposé des demandes de brevet et les défendent en Europe.  Catherine Coombes, avocate spécialisée en brevets chez HGF à New York, note dans la revue Nature que la jurisprudence européenne pourrait donner lieu à une décision différente de celle de la PTAB.  Si l’Office européen des brevets estime que la recherche de l’UC Berkeley fournissait “une motivation suffisante” pour que d’autres chercheurs tentent d’appliquer le système CRISPR-Cas9 aux cellules de mammifères, le brevet de l’UC Berkeley pourrait alors être considéré comme couvrant les applications dans tous les types de cellules, ce qui lui donnerait un avantage sur les brevets du Broad Institute en Europe.

Enfin, de nombreux autres groupes de recherche se lancent eux aussi dans la course aux brevets CRISPR-Cas9.  Selon IPStudies, société suisse de conseil en gestion de la propriété intellectuelle, on compte actuellement plus de 900 familles de brevet, qui revendiquent toutes des droits sur différents aspects des systèmes CRISPR-Cas9.  Dès lors que ces groupes font valoir leurs droits, et exigent le paiement de redevances, le Broad Institute et l’UC Berkeley devront livrer encore de nombreuses batailles juridiques.

Quoi qu’il en soit, pendant que les tribunaux sont aux prises avec ces questions, la science continue d’avancer.  Des chercheurs du Broad Institute, toujours sous la houlette de Feng Zhang, ont déjà découvert une alternative intéressante à l’enzyme Cas9, dénommée Cpf1, pour laquelle ils ont déposé une demande de brevet.  Cette nouvelle enzyme offre plus de possibilités aux scientifiques pour modifier les gènes de certaines bactéries.  S’il n’existe pas encore de thérapie CRISPR, il semblerait qu’un certain nombre d’essais débuteront cette année.  Affaire à suivre.
 

-Aux origines de la pensée eugéniste avec Jean Gayon (Philosophe et professeur),,en faisant un petit détour pédagogique vers les débuts de la découverte de ce système de défense  bactérien avec Pauline Gravel et Inf'OGM:

 

CRISPR-Cas9, cet acronyme bizarroïde qui a envahi la littérature scientifique et a fait la manchette à maintes reprises en 2015, désigne un extraordinaire outil permettant de modifier le génome à volonté. CRISPR-Cas9 fait rêver les chercheurs qui espèrent corriger les mutations génétiques à l’origine de maladies héréditaires, rendre les cellules sanguines résistantes au VIH, et beaucoup plus… La puissance de cette technique est telle que la communauté scientifique s’est réunie en décembre dernier afin d’en interdire l’usage dans le but d’effectuer des modifications chez l’humain qui se transmettraient aux générations futures.

C’est en essayant de comprendre comment certaines bactéries lactiques arrivaient à se défendre contre les virus qui les attaquaient que des chercheurs ont découvert le système CRISPR-Cas9, en 2007. Sylvain Moineau, de l’Université Laval, qui a contribué à mettre en lumière le fonctionnement de ce moyen de défense, travaillait alors avec des collaborateurs français et américains sur la bactérie Streptococcus thermophilus qui est utilisée pour la fermentation du yogourt et du fromage. « Il arrive à l’occasion que ces bactéries se font attaquer par des virus, appelés phages, qui sont naturellement présents dans le lait. La pasteurisation n’élimine que les cellules pathogènes, mais il subsiste de ces petits phages qui ne sont pas dangereux pour les humains mais qui détruisent les bactéries qui ne feront plus leur travail. On se ramasse alors avec un fromage de mauvaise qualité ou pas de fromage du tout ! » explique M. Moineau, avant d’ajouter que les bactéries ont développé au cours de l’évolution divers mécanismes leur permettant de résister aux phages. Quelques-uns d’entre eux étaient déjà connus, et en 2007, M. Moineau et ses collègues en ont caractérisé un nouveau, qui a été nommé Clustered regularly interspaced short palindromic repeats — associated protein 9 (Courtes répétitions palindromiques groupées et régulièrement espacées), fréquemment désigné sous l’acronyme CRISPR-Cas9. « Seulement la moitié des espèces de bactéries possèdent le système crspr-cas et celui-ci est dominant chez les bactéries du yogourt et du fromage », précise M. Moineau, qui est professeur au Département de biochimie, microbiologie et bio-informatique de la Faculté des sciences et génie de l’Université Laval.

 

Fonctionnement de CRISPR-Cas9

 

Lorsqu’une bactérie est infectée par un phage, et que ce dernier pénètre à l’intérieur de la bactérie, le système CRISPR-Cas de la bactérie s’empare d’une portion du génome du virus et l’insère dans le génome de la bactérie à un endroit spécifique, appelé locus du CRISPR. De ce locus sont ensuite produits de petits ARN, dont une partie de la séquence est complémentaire à celle de l’ADN du phage qui a été intégrée au génome de la bactérie. L’autre partie de l’ARN complémentaire (ARNc) se lie à une enzyme, en l’occurrence une nucléase appelée Cas9, qui a le pouvoir de couper l’ADN comme le feraient des ciseaux.

 

« Ce complexe formé de l’ARNc et de l’ADN de la Cas9 agit comme un anticorps », explique M. Moineau. Ces anticorps se promènent dans la cellule et jouent le rôle de sentinelles qui guettent l’arrivée de phages similaires à celui qu’elles doivent combattre. Ainsi, dès qu’un nouveau phage entre dans la bactérie, l’ARNc reconnaît la portion de l’ADN du phage qui lui correspond et va s’y fixer. La liaison entre l’ARNc et l’ADN du phage entraîne l’activation de la protéine Cas9, qui coupe l’ADN du phage venant d’entrer dans la cellule. La section du génome du phage entraîne alors sa mort. « Ce mécanisme est naturel. Il se met en branle naturellement dans les cellules », souligne M. Moineau, qui a mis en évidence le rôle de la Cas9 et celui des ARNc chez les bactéries lactiques.

 

Outil d’édition du génome

 

Par la suite, la biologiste moléculaire Jennifer Doudna, de l’Université de Californie à Berkeley, et la microbiologiste française Emmanuelle Charpentier, de l’Institut Max Planck de Berlin, d’un côté, et Feng Zhang du Broad Institute de Cambridge, au Massachusetts, ont compris que ce système naturel pourrait s’avérer un outil fort utile.

 

« Ils ont domestiqué le système CRISPR-Cas9. Ils ont rassemblé dans un même vecteur le petit ARNc et une portion du locus CRISPR qui comprend le gène codant pour Cas9. Ce vecteur peut ensuite être introduit dans des cellules végétales, animales ou humaines, précise Sylvain Moineau. La beauté du système est que l’on peut changer la séquence du petit ARNc à volonté. On peut changer cette séquence pour qu’elle soit complémentaire à n’importe quelle région spécifique du génome que l’on veut modifier, et pour qu’elle puisse ainsi la reconnaître lorsqu’on l’introduira dans une cellule. On change ainsi la spécificité de nos ciseaux [c’est-à-dire la Cas9] simplement en changeant la séquence de ce petit ARN. »

 

Lorsque l’ARNc se fixe à la séquence d’ADN de la cellule que l’on désire modifier, l’enzyme Cas9 coupe les deux brins d’ADN. « Cette coupure met la vie de la cellule en péril si elle n’est pas réparée. Mais heureusement, la cellule possède des mécanismes de réparation car des accidents de ce genre sont assez fréquents », indique M. Moineau.

 

« La cassure des deux brins d’ADN de la cellule met en branle le système de réparation. Or, si à ce moment-là on fournit alors à la cellule un ADN donneur contenant les changements que l’on désire apporter, des enzymes copieront cet ADN et l’intégreront exactement à l’endroit où le double brin a été coupé », explique Jerry Pelletier, professeur au Département de biochimie de l’Université McGill.

 

L’ADN donneur peut contenir une mutation que l’on veut introduire ou le gène exempt de la mutation que l’on cherche à éliminer, par exemple.

 

Comparativement aux techniques précédentes, la CRISPR-Cas9 est beaucoup plus précise et permet d’effectuer des modifications génétiques beaucoup plus facilement et rapidement. Pour toutes ces raisons, son emploi s’est répandu comme une traînée de poudre dans les laboratoires.

 

Applications

 

Actuellement, la technique CRISPR-Cas9 est surtout utilisée en recherche fondamentale. « Beaucoup de progrès ont été faits en génomique. On séquence des génomes à une vitesse incroyable, mais en fin de compte, il reste encore beaucoup de gènes dont on ne connaît pas la fonction. Or, le système CRISPR-Cas9 nous permet d’inactiver un gène (en le mutant) pour voir ce que cela entraîne dans la cellule [ce qu’on appelle la génétique inverse]. C’est fabuleux. Ça va accélérer notre compréhension du génome », fait valoir M. Moineau.

 

Yannick Doyon, professeur au Département de médecine moléculaire du Centre de recherche du CHU de Québec-Université Laval, a réussi à corriger les défauts génétiques responsables de l’hémophilie chez un modèle de souris de la maladie. Toujours chez la souris, il s’applique maintenant à faire les corrections génétiques nécessaires pour guérir des maladies métaboliques d’origine génétique, comme la tyrosinémie, des maladies rares mais qui sont plus fréquentes au Québec en raison de l’effet fondateur.

 

L’équipe de Jacques-P. Tremblay, de la Faculté de médecine et du CHU de Québec-Université Laval, publiait un article cette semaine dans lequel elle explique avoir utilisé le système CRISPR-Cas9 pour réparer le gène responsable de la dystrophie musculaire de Duchenne dans des cellules humaines cultivées en laboratoire, un tout premier pas, mais un pas important dans la lutte contre cette maladie impitoyable qui fauche les garçons avant l’âge de 25 ans.

 

L’équipe de Jerry Pelletier, à McGill, a recours au système CRISPR-Cas9 pour mieux comprendre le dérèglement que subissent les cellules qui deviennent cancéreuses. « Quand une cellule devient cancéreuse, la nature et l’abondance des protéines qu’elle synthétise changent. Elle produit plus de certaines protéines et moins de certaines autres, ce qui lui permet de croître plus rapidement et de devenir résistante au stress. Nous mutons certains gènes que nous croyons impliqués dans la régulation de ce processus et nous regardons l’effet de ces mutations sur la production des protéines. Si nous voyons quelque chose nous indiquant qu’il s’agit d’un gène stratégique, nous chercherons une drogue qui pourrait agir sur ce gène ou la protéine qu’il synthétise », explique M. Pelletier.

 

Des essais cliniques visant à rendre les cellules T sanguines résistantes au VIH devraient débuter sous peu. Pour ce faire, on prélèvera des cellules T de patients. Puis, on introduira dans le génome de ces cellules une mutation qui inactivera les récepteurs sur lesquels se fixe le VIH lorsqu’il s’apprête à les investir. Ces cellules seront ensuite réinfusées aux patients. « Ces essais cliniques ont lieu avec un autre système plus ancien que Cas9, le zinc ZFN [zinc figer nuclease, ou nucléase à doigt de zinc], mais il serait plus facile, plus rapide et préférable d’utiliser Cas9 », précise Jerry Pelletier.

 

Dans un article scientifique publié en avril 2015, l’équipe de Junjiu Huang, de l’Université Sun Yat-sen en Chine, décrivait avoir employé la technologie CRISPR-Cas9 pour réparer le gène responsable de la ß-thalassémie, une maladie sanguine héréditaire chez des embryons humains. Cette publication a soulevé un tollé au sein de la communauté scientifique. Le chercheur chinois s’est alors défendu d’avoir réalisé ces expériences sur des embryons non viables, qui ne se seraient jamais développés complètement, et qu’il avait voulu simplement montrer que la technique n’était pas encore assez sûre pour de telles utilisations chez l’humain.

 

Moratoire

 

En raison de l’inquiétude suscitée par cette publication, l’Académie nationale des sciences des États-Unis, l’Académie des sciences de Chine et la Société royale de Londres ont organisé une rencontre en décembre dernier à Washington afin de discuter de la possibilité d’imposer un moratoire sur l’utilisation du système CRISPR-Cas9 pour modifier le génome des cellules germinales humaines, car ces cellules, qui sont issues des toutes premières cellules embryonnaires et qui forment les ovules et les spermatozoïdes, transmettent les changements qu’elles ont subis à leur descendance.

 

Alors que la thérapie génique, une technique médicale bien acceptée qui consiste à corriger la mutation — causant une maladie génétique — directement dans les cellules du tissu affecté d’un individu, procéder à de telles corrections dans les cellules germinales engendre la transmission de cette modification aux enfants du patient. Or, si cette démarche devenait courante, elle finirait par altérer la nature de l’espèce humaine, font valoir certains scientifiques. Ces derniers rappellent que les maladies qui sont causées par un seul gène défectueux sont rares et qu’on peut très souvent les prévenir en ayant recours à la fécondation in vitro et en implantant dans l’utérus de la femme uniquement des embryons qui auront été diagnostiqués exempts de la mutation.

 

D’autres chercheurs ont souligné le fait que s’il est permis de modifier le génome des cellules germinales, la tentation sera grande de favoriser l’expression de traits physiques ou mentaux désirables, et de créer des bébés répondant à tous nos désirs.

 

Les chercheurs réunis en sont arrivés à la conclusion que la technique CRISPR-Cas9 n’est pas encore suffisamment sûre pour que son utilisation soit autorisée dans les cellules germinales.

 

« Nous ne sommes vraiment pas prêts pour des modifications génétiques chez l’humain. Il est très important qu’il y ait un moratoire car cette technologie est utilisée depuis peu et contient encore des boîtes noires qu’il nous faut élucider », affirme Sylvain Moineau.

 

Le système CRISPR-Cas9 est beaucoup plus précis et efficace que les outils précédents, mais il n’est pas parfait. Parfois, le système CRISPR-Cas9 ne coupe pas les brins d’ADN exactement à l’endroit désiré. « En recherche, ce n’est pas un problème car nous avons des façons de vérifier si la coupure a eu lieu au bon endroit. Mais quand cela se passe chez l’humain, c’est une autre paire de manches, cela peut être problématique, prévient M. Moineau. Une fois qu’on aura maîtrisé la technique et qu’on aura diminué ce risque, pourquoi pas ? Mais pour l’instant, non. »

 

Jerry Pelletier croit aussi que les chercheurs ne sont absolument pas prêts pour procéder à des corrections sur des embryons humains. Il explique que la « coupure hors cible » est un problème de taille qu’il faudra surmonter avant d’envisager d’intervenir sur des embryons humains. Celle-ci peut survenir lorsque, par exemple, « 15 des 20 nucléotides qui composent l’ARN complémentaire que nous avions préparé reconnaissent une autre séquence dans le génome qui n’est pas à l’endroit que nous avions prévu », précise M. Pelletier.

 

Yannick Doyon ajoute que si l’ARN guide « n’est pas totalement spécifique », et qu’il ne se fixe pas à l’endroit prévu, des mutations pourront apparaître à des endroits non désirés. « Pour le moment, ces techniques-là sont utilisées uniquement en recherche fondamentale », dit-il avant de souligner l’importance de poursuivre le débat, car « la technologie est tellement accessible et facile à utiliser ».

18/05/2013
Jean Gayon Philosophe, professeur
EUGÉNISME - Galton a défini ainsi le mot (Galton, 1883, p. 24): "[L'eugénique est] la science de l'amélioration des lignées [stock], qui n'est aucunement confinée à des questions de croisement judicieux, mais qui, tout particulièrement dans le cas de l'homme, prend appui sur tous les facteurs susceptibles de conférer aux races ou souches [strains of blood] les plus convenables une plus grande chance de prévaloir rapidement sur celles qui le sont moins" (Galton, 1883, p. 24). Cette définition est complexe. Elle parle d'une "science" mais, visant un effet pratique, c'est sans doute plus une technique qu'une science. Par ailleurs, la définition implique un jugement de valeur ("races les plus convenables"), et suggère un projet politique. [...]
 

On peut distinguer quatre strates successives de l'eugénisme, qui ont sédimenté au cours de l'histoire, chacune laissant sa trace dans les suivantes (Gayon, 1998).

L'idée

L'idée est un archétype transculturel qui semble avoir existé chez les peuples élevant des animaux. Platon en a donné une fois pour toutes une formule saisissante: "Il faut [...] que, le plus souvent possible, ce soit l'élite des hommes qui ait commerce avec l'élite des femmes, et, au contraire, le rebut avec le rebut ; que les rejetons des premiers soient élevés, non ceux des seconds, si l'on veut que le troupeau garde sa qualité éminente ; et, en outre, que toutes ces dispositions, quand on les prend, soient ignorées de tout le monde sauf des Magistrats" (République, 459d-460b ; Platon 1963, vol. II, p. 1033).

 

L'appel platonicien à régler les unions pour préserver la qualité des peuples a été souvent repris dans la littérature politique, puis en médecine, lorsque celle-ci a commencé au XVIIe à s'intéresser à "l'art de faire de beaux enfants" (la "callipédie"). Au XVIIIe siècle, les aspects politique et médical se joignent dans des déclarations appelant à prendre en compte l'amélioration des qualités "naturelles" de l'homme dans la conception du progrès (par exemple: Condorcet, 1793).

 

L'idéologie eugéniste

Qualifier l'eugénisme comme une idéologie, c'est admettre qu'à un moment donné de l'histoire, il a porté reflet d'une réalité sociale conflictuelle, et a fonctionné comme un discours visant à justifier des rapports inégalitaires entre les hommes. L'idéologie eugéniste s'est construite en référence à deux aspects importants de la pensée scientifique de la seconde moitié du XIXe siècle qui ont joué un rôle capital dans sa stratégie de justification: la théorie de l'hérédité et la théorie de l'évolution par sélection naturelle.

 

Galton, qui forgea le terme d'eugénique, est aussi le savant qui a le premier proposé un concept "dur" de l'hérédité, selon lequel les organismes individuels ne sont du point de vue de l'hérédité que des "transporteurs passifs". Dans cette conception de l'hérédité, les individus ne transmettent pas à leur progéniture ce qu'ils ont acquis au cours de leur développement et existence, mais un stock de caractères qu'ils avaient eux-mêmes à leur conception. Le concept dur de l'hérédité était tout adapté à un discours fataliste sur la maladie, la délinquance, et les handicaps sociaux.

Le lien entre eugénisme et théorie de l'évolution par sélection naturelle est plus subtil. [...] Dans les peuples civilisés - a-t-on dit - la sélection naturelle ne joue plus son rôle d'amélioration, car divers facteurs entraînent la dégénérescence des peuples européens et favorisent la prolifération des inaptes: les guerres nationales, qui exterminent les jeunes hommes les plus vigoureux, la médecine, qui permet à des individus maladifs de grandir et de se reproduire, enfin la fécondité supposée plus grande des classes inférieures de la société. Tous ces facteurs étaient autant de formes d'une "sélection sociale" qui font échec à la sélection naturelle. Ces contre-sélections ont été présentées comme des facteurs d'évolution rétrograde, condamnant les sociétés "civilisées" à une décadence certaine, si elles ne réagissaient pas par une sélection artificielle appropriée (Galton, 1865 ; Greg, 1868 ; Haeckel, 1874 ; Vacher de Lapouge, 1888).

[...]

L'eugénisme a aussi interféré avec des aspirations nouvelles relatives au statut de la reproduction dans les sociétés modernes. En écho aux féministes de la fin du XIXe siècle qui faisaient valoir le droit des femmes à "l'amour libre", à se marier avec qui elles le voulaient, et à exercer un métier, certains eugénistes ont plaidé dans le même sens, déclarant que le mariage était trop souvent déterminé par des contraintes sociales indifférentes à la qualité de "la race". [...]

Lois eugénistes

Dans la première moitié du XXe siècle, l'eugénisme cesse d'être un objet de débat, et fait l'objet de lois coercitives dans de nombreux pays. Mais là encore, il faut se défier de généralisations hâtives.

En Angleterre, pays où l'idéologie s'est d'abord développée avec le plus de vigueur, aucune loi eugéniste ne fut jamais votée. En France, où les conceptions eugénistes étaient plus faiblement représentées, la loi sur l'examen prénuptial, promulguée sous le régime de Vichy en 1942, fut la seule, et ressemblait plutôt à une mesure d'hygiène générale et non discriminatoire. Aux États-Unis, environ 50 000 individus furent stérilisés entre 1907 et 1949 sous couverture légale, et dans un grand nombre de cas pour des motifs explicitement eugéniques. En Allemagne, on estime qu'environ 400 000 individus furent stérilisés entre 1933 et 1937 au nom des lois de 1933 et 1935. Ces lois prescrivaient la stérilisation obligatoire des personnes présentant des troubles héréditaires tels que l'épilepsie, la cécité, la schizophrénie et de manière générale l'arriération mentale. En 1939-41, l'opération Euthanasie (opération secrète, et donc non légale, même du point de vue de l'État nazi) aboutit au meurtre d'au moins 70 000 malades mentaux. L'extermination massive des Juifs et des Tziganes fut enfin menée au nom d'une politique d' "hygiène raciale", selon le terme accrédité en Allemagne depuis le début du XXe siècle pour désigner l'eugénisme. Bien que l'entreprise génocidaire nazie soit un cas unique dans l'histoire internationale de l'eugénisme, et bien que les Procès de Nuremberg l'en ait distinguée, elle a bien relevé d'un même projet politique global de discrimination, stérilisation et extermination (Müller-Hill, 1989). Dans les pays scandinaves enfin, des lois de stérilisation des criminels et des malades mentaux furent votées dans les années 1930, et appliquées avec une sévérité croissante, en particulier après la guerre: entre 1945 et 1949, le rythme des stérilisations a été de quarante fois supérieur à ce qu'il avait été aux États-Unis avant la guerre (Sutter, 1950).

Diane Paul (1995) a bien tiré la conclusion de ces faits: l'idéologie eugéniste n'a pas conduit partout à des lois eugénistes, et lorsque de telles lois ont existé, elles n'ont pas mené automatiquement aux mêmes extrêmes ni servi les mêmes buts. [...]

Le nouvel eugénisme: l'eugénisme à l'ère de la génétique médicale

[...] Après la Seconde Guerre mondiale, les mots "eugénique" et "eugénisme" ont régressé, en raison des horreurs auxquelles le nazisme les avait associés. La question est néanmoins revenue sous des formes inédites. [...]

C'est la combinaison d'une série d'événements techniques (amniocentèse, diagnostic prénatal, fécondation in vitro...) et d'une série d'événements juridiques (dépénalisation de l'avortement au Royaume-Uni en 1967, aux USA en 1973, en France en 1975, puis dans d'autres pays) qui a spectaculairement réactualisé la question eugénique dans les années 1990. [...] D'autres techniques bio-médicales ont été dans le même sens. La fécondation in vitro, associée au diagnostic pré-implantatoire, permet un tri des embryons. L'insémination artificielle est aussi une pratique "eugénique", dans la mesure où les donneurs ne sont pas choisis au hasard (au moins du point de vue des médecins). Enfin les campagnes de prévention des mariages entre hétérozygotes dans certaines communautés (maladie de Tay-Sachs chez les Juifs ashkénazes américains, anémie falciforme chez les Noirs américains, thalassémie à Chypre), ont aussi fait parler d'un "retour de l'eugénisme" (Duster, 1992).

Ces pratiques contemporaines ont presque toutes quelque chose en commun. Elles sont fondées sur le volontariat, et sont communément justifiées par le souci de prévenir une souffrance individuelle, plutôt que par l'avenir génétique de la race ou de l'espèce. [...]

Le « nouvel eugénisme » a donc un profil assez différent de l'eugénisme traditionnel. Celui-ci procédait de l'État, et de la conviction que la reproduction était une affaire trop importante pour être laissée aux seuls individus. Le nouvel eugénisme, souvent qualifié comme "eugénisme individuel", ou encore "eugénisme domestique" (home eugenics) procède d'une vision opposée de la reproduction. [...]

 

Extrait de l'article "Eugénisme" du Dictionnaire Historique et Critique du Racisme, sous la direction de Pierre-André Taguieff
 - Les premières explications du 7 novembre 2014avec Inf'OGM

Eric MEUNIER,

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25 mars 2017 6 25 /03 /mars /2017 05:28
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Le [EXTRAIT] Les délinquants solidaires de Vintimille

Ils viennent jusque dans nos bras égorger nos fils et nos compagnes. L’extrême droite s’engraisse sur le fantasme des hordes d’envahisseurs métèques assoiffés du bon sang des vrais Français de souche.
De peur de déplaire, la plupart des candidats s’abstiennent de dénoncer ces délires xénophobes, y compris des partis de gauche, malgré les grandes postures indignées.
Pourtant, études et chiffres montrent facilement que l’immigration n’est pas un problème en France, au contraire. Aux États-Unis, le 1er mai 2006, l’organisation d’une Journée sans migrants montrait que sans eux, le pays ne tarderait pas à tomber en panne. De même en France, chacun sait que notre histoire est tissée des mille fils des migrations.
Qu’a-t-il fallu pour qu’on l’oublie ?
Voilà que la solidarité devient un délit, ou bien au contraire, voilà que la solidarité la plus élémentaire fait de vous un héros. C’est ce que les médias ont fait de Cédric Herrou, un agriculteur condamné pour avoir aidé des migrants érythréens dans la vallée de la Roya. Nous l’avons rencontré. Mais Cédric n’est pas le seul à commettre le délit d’ « aide au séjour des étrangers », des associations, des collectifs, des particuliers se mobilisent. Loin des caméras c’est eux que nous partons rencontrer. Un grand reportage radio de Sylvie Coma.

Jeudi 23 mars, 250 nouveaux migrants sont morts en Méditerranée en tentant de rejoindre l’Italie à partir de la Libye. Les cadavres repêchés étaient ceux d’Africains âgés de 16 à 25 ans. Depuis le début de l’année, 690 personnes se sont noyées à bord d‘embarcations de passeurs, selon l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR).

Dans la vallée de la Roya, à quelques kilomètres de la frontière italienne, les délinquants solidaires s’organisent pour secourir les réfugiés bloqués à Vintimille après leur longue traversée.

C’est un réseau fluide et discret de citoyens solidaires. De procès en procès, certains noms ont émergé : Cédric Herrou, Pierre-Alain Mannoni… Mais derrière eux, dans l’anonymat, se cachent tous les autres. Chaque soir, l’un des cinq villages de la montagne organise une maraude. En toute illégalité.

Un grand reportage de Sylvie COMA.

Les différentes séquences du reportage :

 
 
04:18
 
01. Un message sur le répondeur de Là-bas
 
Patrick
L’Association pour la Démocratie à Nice (ADN) lance un appel à dons pour les réfugiés :
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L’appel à dons de l’Association pour la Démocratie à Nice
Quelques repères


La vallée de la Roya, un cul-de-sac dans les Alpes-Maritimes
Tout au long du fleuve Roya, six petites communes sont accrochées à la montagne. Le premier village, en venant d’Italie, est Breil-sur-Roya (le village de Cédric Herrou).

Des milliers de migrants remontent la vallée de la Roya à partir de Vintimille (Italie) pour éviter les contrôles — rétablis en juin 2015 — de la police française aux frontières.

Problème : la vallée se situe dans une boucle, un cul-de-sac. Si l’on remonte la route vers le col de Tende, on finit par se retrouver en Italie. Les migrants doivent donc rebrousser chemin.

Frontière franco-italienne rétablie en juin 2015
En principe, il n’y a plus de contrôles aux frontières à l’intérieur de l’espace Schengen.
Mais en juin 2015, des points de contrôle frontaliers ont été rétablis entre la France et l’Italie, sur une bande de 20 km. Tous les points de passage sont verrouillés. Les gares et les trains sont contrôlés.

Plus de 35 000 étrangers interpellés en 2016
Selon les chiffres de la préfecture, plus de 35 000 étrangers en séjour irrégulier ont été interpellés à la frontière en 2016 (27 000 en 2015).
Quelque 1 500 mineurs isolés ont été pris en charge en 2015, contre seulement 348 en 2016.

Accidents mortels
Au moins sept morts sont recensées, dont plusieurs dans les tunnels ferroviaires ou autoroutiers.
Il existe désormais des panneaux « Attention piétons » sur l’autoroute.

Les associations venant en aide aux migrants dans le département
 association Habitat et Citoyenneté
 association pour la démocratie à Nice et dans les Alpes-Maritimes (ADN)
 collectif Roya Citoyenne
 collectif d’habitants qui s’est créé pour venir en aide aux nombreux migrants coincés dans leur vallée

Revendications du collectif Roya Citoyenne
 la fin du délit de solidarité pour les citoyens bénévoles qui se substituent à l’État en portant assistance à des personnes en danger
 l’ouverture d’un centre d’accueil dans le département des Alpes-Maritimes où les migrants puissent faire valoir leurs droits conformément aux conventions internationales
 la prise en charge par le Conseil départemental, au travers de l’Aide Sociale à l’Enfance, et conformément à la loi, des mineurs bloqués dans la vallée de la Roya

Pratiques illégales des autorités

 Dépôts de demandes d’asile impossibles
En principe, tout migrant a le droit de déposer une demande d’asile auprès de la police aux frontières. Mais en pratique, cette demande n’est jamais enregistrée et les migrants sont refoulés en Italie.

Par ailleurs, il leur est impossible d’aller à Nice pour déposer leur demande d’asile en préfecture (si ce n’est en se cachant dans les coffres de voiture, c’est notamment en les transportant que les bénévoles se font arrêter).

  Renvoi systématique de mineurs
La France ne respecte pas son obligation de prendre en charge les mineurs. Alors que l’Aide Sociale à l’Enfance devrait s’en occuper, ces mineurs sont bien souvent renvoyés en Italie, sans même avoir été informés de leurs droits.

Éric Ciotti : président du Conseil départemental

En décembre dernier, les internautes de Nice-Matin ont désigné Cédric Herrou « Azuréen de l’année » parmi 10 candidats, avec 55% des voix (7 677 votants). Éric Ciotti, ulcéré, se fend d’une tribune le lendemain dans le journal, titrée « Non, M. Herrou n’est pas l’Azuréen de l’année » pour y dénoncer « une générosité de façade » qui « met en danger la République », et « favorise un communautarisme islamique dangereux, fauteur de divisions profondes dans notre société ». « Qui peut dire avec certitude que dans les centaines de migrants que M. Herrou se targue d’avoir fait passer ne se dissimule pas un futur terroriste ? »

« Délit de solidarité »

En réalité le « délit de solidarité » n’existe pas dans le Code pénal.

Selon l’article 622-1 du Code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile, ceux qui ont « facilité ou tenté de faciliter l’entrée, la circulation ou le séjour irréguliers d’un étranger en France » encourent 5 ans de prison et 30 000€ d’amende.

En 2012, cet article été aménagé mais pas supprimé. Selon les nouvelles dispositions, il n’y a pas de poursuites contre ceux qui « sans but lucratif » portent assistance afin « d’assurer des conditions de vie dignes et décentes » aux migrants sans titre de séjour. Autrement dit, ceux qui les nourrissent, les hébergent ou les soignent.

 
 
Poursuites judiciaires contre Cédric Herrou

Cédric Herrou a été placé trois fois en garde à vue et a subi trois perquisitions. Il a été poursuivi pour « aide à l’entrée, à la circulation ou au séjour irrégulier d’un étranger en France ».

1ère arrestation :
En août 2016, il est arrêté une première fois pour avoir transporté des Érythréennes. Il est finalement blanchi au nom de l’immunité humanitaire. Après sa relaxe, le président du Conseil départemental des Alpes-Maritimes (Les Républicains) écrit alors au Garde des sceaux pour s’offusquer de la clémence envers celui qu’il considère comme un « passeur ».

2ème arrestation :
Arrêté une deuxième fois, il passe en jugement le 04 janvier au tribunal correctionnel de Nice. Jugé pour avoir facilité l’entrée sur le territoire national, la circulation et la présence de 200 migrants en situation irrégulière, et en avoir hébergé une cinquantaine chez lui, puis dans un centre désaffecté de la SNCF en octobre 2016.
Le procureur requiert 8 mois de prison avec sursis et une mise à l’épreuve.
Le 10 février, il est finalement condamné à 3 000 € avec sursis.

Aujourd’hui, Cédric Herrou compte attaquer l’État pour « non-respect des protocoles des réadmission ».


Programmation musicale :
 Toumast : Ezeref
 Les Ogres de Barback : Lily

(Vous pouvez podcaster ce reportage en vous rendant dans la rubrique « Mon compte », en haut à droite de cette page.)

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13 mars 2017 1 13 /03 /mars /2017 16:26

 

 
La tension monte à Athènes depuis l’aube, suite à une nouvelle agression du pouvoir contre le mouvement social et les réfugiés.
 
TSIPRAS ATTAQUE À NOUVEAU LES SQUATS, CETTE FOIS À ATHÈNES !
 
Huit mois après l’attaque surprise et simultanée de trois squats à Thessalonique le 27 juillet 2016*, Tsipras vient de recommencer ce matin à l’aube, mais cette fois au centre de la capitale.
 
C’est à nouveau un squat de réfugiés et de migrants qui a été la victime principale de sa répression policière : le squat « Scholeio » (École) de la rue Alkiviadou (Alcibiade), dans le quartier d’Acharnon, à 500 mètres d’Exarcheia .
 
 
 
Les 126 réfugiés et migrants, pour la plupart des familles syriennes (une cinquantaine d’enfants), ont été malmenés, effrayés et parfois trainés sur le sol dans la rue selon des témoins, avant d’être envoyés au centre d’identification des étrangers de Petrou Ralli. Ils rejoindront par la suite les indignes camps de rétention de l’Attique, pour la plupart conçus à l’initiative des dirigeants de l’Union européenne. Début 2016, Bernard Cazeneuve (alors ministre de l’intérieur) s’était déplacé en personne, accompagné par plusieurs dizaines de techniciens français pour faire ce sale boulot en Attique et dans plusieurs îles dont Lesbos.
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Simultanément, une deuxième attaque a été planifiée, à l’aube également, contre le squat « Villa Zografou », au cœur d’un parc tranquille de l’autre côté du Lycabette, qui était pourtant occupé depuis 2012 et offrait de nombreuses activités gratuites ou à prix libres à tous les habitants du quartier : projections de films, débats, activités sportives et artistiques, jardins partagés… 7 camarades anarchistes et antiautoritaires ont été arrêtés et transférés à la Division générale de la police de l’Attique (GADA) et le parc est bouclé par une armada de CRS (MAT).
 
 
 
 
Préparée en secret, l’ensemble de l’opération a été coordonnée par le sinistre Nikos Toskas, ministre de l’ordre public, homme de main de Tsipras et ancien général de l’armée à la retraite.
 
Alors que la journée avance, une forte présence policière vient d’être déployée dans plusieurs secteurs du centre d’Athènes, principalement autour d’Acharnon, Exarcheia, Zografou et derrière le parlement.
 
Parmi les premières ripostes du mouvement social, en ce moment même, des rassemblements ont commencé : place Gardenias à Zografou, place Exarcheia, mais aussi dans d’autres villes en solidarité avec les expulsés.
 
Le rassemblement de la place Exarcheia vient maintenant de se déplacer devant le nouveau squat « Gare » situé 74 rue Kalidromiou à Exarcheia. Une grande manif « Pas touche aux occupations » est prévue ce soir à Athènes, à 18 heures locales, au départ de la place Gardenias. Demain, il y aura également une manif à motos et d’autres actions (dont probablement plusieurs mauvaises surprises pour le pouvoir).
 
Une rumeur évoque un risque d’attaque dans les prochains jours au cœur même d’Exarcheia. Des assemblées ont prévu, dès ce soir, de débattre et de s’organiser pour parer à cette éventualité. Une attaque qui ne serait pas sans dommages collatéraux, quand on connait l’énorme capacité de résistance d’Exarcheia, qui plus est à quelques jours de l’arrivée du convoi solidaire** (avec son soutien politique, financier et matériel, et la présence dans le quartier des 57 camarades venus de France, Suisse, Espagne et Belgique).
 
A suivre…
 
Yannis Youlountas
 
* L’attaque des trois squats à Thessalonique le 27 juillet 2016 et les suites :
 
** Le convoi solidaire de 23 fourgons qui est attendu à Exarcheia le 28 mars :

 

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2 mars 2017 4 02 /03 /mars /2017 14:16

Lettre ouverte à la municipalité de Saint-Pons-de-Thomières.

 

Notre section de la Ligue des Droits de l'Homme salue la décision municipale prise lundi 27 Février 2017 à l'avantage de personnes régularisées.

 

Gageons que ,s'agissant de permettre l’accès à des logements sociaux pour trois familles ,ce geste en Fraternité Républicaine sera redondant et suivit d'effet pour le plus grand bénéfice de la commune.

 

Car votre exemple ,mesdames et messieurs les élus ,défend les principes énoncés dans les Déclarations des droits de l’Homme de 1789 et de 1793, la Déclaration universelle de 1948 et la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’Homme et ses protocoles additionnels.

 

Il est des lors accueilli avec une grande satisfaction et unanimement par l'ensemble des acteurs préoccupés par la situation des populations en exode,sachant que« devant la persécution, toute personne a le droit de chercher asile et de bénéficier de l'asile en d'autres pays ». Et que « toute personne a le droit de circuler librement et de choisir sa résidence à l’intérieur d'un État».

 

Fait à Saint-Pons-de-Thomières , le jeudi 2 mars 2017.

 

La présidente

 Par  Rachid Laïreche

Le candidat «insoumis» publie ce jeudi un livre d’entretien. A gauche, certains l’interpellent sur l’ambiguïté de son discours concernant l’accueil des étrangers.

Dimanche 28 août, Jean-Luc Mélenchon donne rendez-vous au parc de l’Observatoire de Toulouse, sur la colline de Jolimont. Au programme, pique-nique et discours de rentrée. L’ambiance est détendue. L’eurodéputé, en forme. Il insiste sur l’importance du «vivre ensemble», dénonce la polémique «hypocrite» sur le burkini et égratigne ses adversaires. Pas un mot, après sa sortie du mois de juillet au Parlement européen, sur le «travailleur détaché, qui vole son pain au travailleur qui se trouve sur place». Une petite phrase qui a heurté à gauche. Le NPA de Besancenot a prévenu son monde : «Celles et ceux que nous côtoyons dans les mobilisations et qui soutiennent ou envisagent de soutenir la campagne JLM 2017 ne peuvent continuer à excuser, pour quelque raison que ce soit, des orientations qui ne sont pas des dérapages mal contrôlés.» Sur son blog, le candidat de «La France insoumise» a jugé cette «polémique stérile et organisée» qui vise à lui «attribuer» une orientation politique qui n’est pas la sienne. En privé, selon son entourage, il a regretté ses mots. Mais le 25 août, dans une interview au Monde, il a une nouvelle fois suscité le doute. Jean-Luc Mélenchon s’est dit favorable à la «régularisation des travailleurs sans papiers mais pas pour le déménagement permanent du monde, ni pour les marchandises ni pour les êtres humains». Il a également déclaré : «Je n’ai jamais été pour la liberté d’installation et je ne vais pas commencer aujourd’hui. Est-ce que, s’il venait 10 000 médecins s’installer en France, ce serait une chance ? Oui.»

«Le chemin du populisme»

Jeudi, le candidat à la présidentielle est revenu dans la lumière avec la parution d’un livre d’entretiens avec Marc Endeweld, journaliste à Marianne (1) . Jean-Luc Mélenchon revisite son enfance, son parcours politique et son programme pour s’installer à l’Elysée. Au sujet des migrants et des réfugiés, il répond : «Si on ne veut pas que les gens viennent, il vaut mieux qu’ils ne partent pas [de leurs pays, ndlr]. Et il faut cesser de croire que les gens partent par plaisir. Donc éteignons l’une après l’autre les causes de leur départ. Elles sont très simples, c’est la guerre et la misère.» Quelques lignes plus loin, il avoue être «fatigué» des discussions «où les fantasmes s’affrontent les uns avec les autres». D’un côté, «ceux qui hurlent sans réfléchir et s’en remettent à des expédients sécuritaires». De l’autre, «ceux pour qui il est normal que tout le monde puisse s’établir où il veut, quand il veut. Passeport, visas et frontières n’existeraient pas.» Cet entre-deux lui vaut des critiques à gauche : ses anciens copains et nouveaux ennemis lui jettent des regards de travers depuis un petit moment. Personne ne doute du «fond de sa pensée». Comprendre : Mélenchon n’est ni raciste ni xénophobe. Mais ils l’accusent de courir derrière les électeurs du Front national. «Il n’est plus sur la ligne de Podemos ou de Syriza mais sur celle de Beppe Grillo [le populiste italien du Mouvement Cinq Etoiles, ndlr]. Quand Mélenchon dit : "Il faut sortir de tous les traités", il va plus loin que le FN» , confiait à Libération, Jean-Christophe Cambadélis, premier secrétaire socialiste, avant l’été et la polémique.

Le patron d’EE-LV, David Cormand, se permet de lui donner un petit conseil : «La gauche ne doit jamais prendre le chemin du populisme qui, au final profite toujours aux côtés obscurs, c’est-à-dire aux extrêmes.» Le porte-parole des Verts, Julien Bayou, lui, ne retient pas ses coups : «Si le programme de Mélenchon, c’est "on ferme les frontières et on trie les réfugiés", ça ne va pas le faire. Il est dans une course à l’échalote avec le FN. Mais le plus inquiétant dans cette histoire, c’est que Jean-Luc est intelligent, vertébré, et il sait que le FN gagne toujours à ce petit jeu.» Les regards les plus durs se trouvent sur la place du Colonel-Fabien. Les communistes digèrent «moyennement» le départ en «solo» de leur ancien porte-drapeau à la présidentielle. Mais ils se disent peu ou pas surpris par ses dernières sorties sur l’immigration et les réfugiés. Selon plusieurs cadres du PCF, Mélenchon se «retenait parce qu’il faisait partie du Front de gauche». Le secrétaire national, Pierre Laurent, confirme à demi-mot. Un secrétaire départemental argumente : «Il dit tout cela pour des raisons stratégiques et électoralistes, pas par conviction. Il sait que ce sont des thèmes qui préoccupent les Français.» Frédéric Boccara, membre du conseil national du PCF, lui, ne mâche pas ses mots. Il tape fort : «Mélenchon tourne nationaliste. L’orientation qu’il a progressivement choisie, y compris à propos de l’euro, est de caresser les nationalistes dans le sens du poil. Avant son score de 12 % à la présidentielle, il n’avait pas son autonomie, ni la légitimité du suffrage universel. Maintenant, c’est le cas, donc il se permet de tenir de tels propos.» Tout cela n’augure pas d’un réchauffement des relations entre les communistes - qui sont toujours à la recherche d’un candidat à la présidentielle - et Mélenchon. L’ambiance va être belle ce week-end à la Fête de l’Humanité, où Mélenchon, ainsi que toute la gauche anti-Hollande, seront présents…

Mathématiques politiques

Au fil des commentaires et des attaques en direction de Mélenchon une date refait surface : le 14 avril 2012. Flash-back. Le candidat du Front de gauche a le vent dans le dos. Différents sondages le créditent de 15 % à quelques jours du premier tour de la présidentielle. L’ancien socialiste se pointe sur la plage du Prado, à Marseille. Face à lui, près de 100 000 personnes. Le tribun se lance dans un discours qui file des frissons. Le natif de Tanger - dont les parents sont nés en Algérie et les grands-parents en Espagne -, arrivé en France par le port de Marseille à 11 ans, commence par une ode au Bassin méditerranéen. Il salue les «Arabes et Berbères» par qui sont venues en Europe «la science, les mathématiques ou la médecine», au temps où «l’obscurantisme jetait à terre l’esprit humain». Puis, il déclare que «les peuples du Maghreb sont nos frères et nos sœurs» et qu’il «n’y a pas d’avenir pour la France sans eux». Les youyous se mélangent aux applaudissements.

La semaine suivante, il réalise 11,11 % et étale ses regrets. Un socialiste, doué en mathématiques politiques, décrypte : «Les derniers jours, Mélenchon a été victime du vote utile et de son discours pro-immigration à Marseille qui a fait fuir des électeurs. Et il l’a très vite compris : c’est l’une des raisons de son nouveau positionnement.» Des arguments qui irritent Cécile Duflot. La candidate à la primaire a rompu (politiquement) en 2015 avec Mélenchon après la sortie de son livre, le Hareng de Bismarck, aux «accents parfois quasi "déroulédiens"» (2). Aujourd’hui, elle se dit «visionnaire» et explique : «Plus la gauche déporte le débat sur la droite, plus les autres se radicalisent. On ne doit pas lâcher le moindre centimètre, et peu importe les risques à prendre électoralement.»

Face aux critiques, le camp Mélenchon s’arrache les cheveux. «Ce monde devient fou, on tente de faire croire que nous sommes devenus racistes, c’est ça ?» lâche un proche en colère. Il ajoute : «Qui a expulsé une adolescente à la sortie des cours ? C’est le gouvernement socialiste, avec la présence des écologistes, et après on vient nous chercher des poux.» Eric Coquerel, lui, assure que le «Mélenchon de Marseille n’a pas changé», et que dans les personnalités fortes, «il est l’un des seuls à être pour la régularisation des sans-papiers, à défendre la cohésion nationale et dire aux enfants issus de l’immigration qu’ils sont français comme tous les autres, sans ambiguïté». Selon le coordinateur du Parti de gauche, les attaques ont un seul objectif : faire chuter Mélenchon. Dans les derniers sondages, il approche les 12 %.

Dans son livre, le Choix de l’insoumission, le rassemblement de Marseille en 2012 arrive dès les premières pages. Mélenchon écrit : «A ce moment-là, j’ai su que j’allais parler sans demi-mesure. Avec ce discours, je crois que j’ai fait du bien à mon pays. Peut-être pas à mon résultat électoral mais je m’en fiche, ça ne compte pas.» Il poursuit : «Le plus beau moment, c’est quand je baisse les yeux, et que, parmi les gens qui youyoutaient, il y avait ma propre fille, qui n’a jamais vécu un seul jour de sa vie, sinon en vacances, en Afrique du Nord. Ce fut un pur moment de bonheur et d’accomplissement personnel.» Reste à savoir, s’il est prêt à reprendre ce risque et défendre cette France «mélangée, métissée» en 2017. Pour le moment, certains de ses (anciens) camarades en doutent.

(1) Le Choix de l’insoumission, éd. Seuil, 2016.

(2) Paul Déroulède était un nationaliste revanchard français du début du XXe siècle.

Rachid Laïreche

-Outremer

www.streetpress.com/sujet/
-France,LE RAPPORT à connaître:
www.primolevi
 

 
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16 février 2017 4 16 /02 /février /2017 10:23
 
Par Charles Elie Guzman
Le 16 Février 2017
 

On craignait cette information : que des scientifiques, profitant des avancées spectaculaires de l’édition génétique permise notamment grâce à CRISPR, ne se mettent à vouloir apporter des changements génétiques aux embryons humains. Et que ces changements soient ensuite transmis aux générations suivantes. C’est chose faite.

 

L’intervention génétique sur l’embryon humain a jusqu’à présent été considéré comme un véritable champ de mines éthique. Nombreux sont ceux qui craignent que sous prétexte de combattre des maladies génétiques, on ne se mette à créer des humains ayant certains traits particuliers ou même des armées entières de soldats surdoués. Mais, pour la première fois, un groupe d’experts de deux des institutions scientifiques les plus reconnues aux États-Unis ont indiqué que ce processus, dénommé « édition germinale », devrait être sérieusement considéré comme une option future et ne devrait plus être interdit.

Pourtant, en décembre 2015, un sommet international de scientifiques avait déclaré qu’il serait « irresponsable de procéder à l’édition germinale » sauf si les questions de sécurité et de consensus social étaient résolues.

 

La nouvelle position, décrite dans un rapport publié cette semaine par l’Académie américaine des sciences et l’Académie nationale de médecine stipule que l’édition germinale (des embryons, des ovules ou du sperme) pouvait être désormais envisagée.

 

Cette décision, fruit du travail d’un comité de 21 membres, composé de scientifiques mais aussi de bioéthiciens, d’avocats, de défenseurs de patients ou d’entrepreneurs de biotechnologie, est bordée par un certain nombre de conditions : que l’intervention permette d’éviter une maladie grave ou une invalidité dans un cadre de critères stricts.

 

Le comité précise ainsi qu’aucun essai clinique d’édition de gènes ne devrait être mené, « à moins que » :

 - il n’y ait pas de « solution raisonnable » pour éviter « une maladie grave ou un état » ;

- il ait été « démontré de façon convaincante » que les gènes modifiés soient bien la « cause » ou « prédisposent fortement » les gens à cette maladie ;

- l’édition de gène ne soit utilisée que pour « convertir ces gènes à des versions connues pour être associées à la santé ordinaire » ;

- une recherche « préliminaire suffisante » ait été faite sur « les risques et les avantages potentiels pour la santé » ;

- il existe « des mécanismes de contrôle fiables pour empêcher l’extension à d’autres usages que la prévention d’une maladie grave ».

Le rapport de 261 pages conclut sur une exigence : « il serait essentiel que cette recherche soit abordée avec prudence et qu’elle permette de procéder à une large participation du public ».

 

Le professeur Richard Hynes, chercheur au MIT et qui a dirigé le comité d’experts déclare au New York Times : « Auparavant, il était facile pour les gens de dire ce n’est pas possible, donc inutile d’y penser. Maintenant, nous pouvons être en mesure de le faire, en s’assurant que cette intervention soit utilisée seulement pour les bonnes choses et non pour les mauvaises ».

 

Dans ce contexte, le comité d’experts envisage d’utiliser l’édition germinale pour prévenir des maladies héréditaires comme la maladie d’Huntington. Certaines critiques s’élèvent déjà pour alerter sur les risques aux conséquences incalculables de ce type de pratique. En effet, il serait possible d’introduire de nouvelles conditions héréditaires, des maladies ou des mutations qui ne deviendront évidentes qu’une fois que l’embryon sera devenu un être formé et viable.

Un autre risque serait d’ouvrir la porte d’une société où l’on pourrait choisir son bébé sur mesure, où les gens riches pourraient se permettre des manipulations génétiques alors que les plus pauvres resteraient sur la touche. Bienvenue à Gattaca !

 

La biotechnologiste Marcy Darnovsky qui dirige le Center for Genetics and Society, un groupe américain de surveillance en génétique, a déclaré à NPR : « Ce type de scénario a été considéré comme de la science-fiction, comme une hypothèse très lointaine. Mais en fait, c’est devenu une question de justice sociale d’urgence. Nous allons créer un monde dans lequel les riches déjà privilégiés pourront utiliser ces procédures de haute technologie pour donner des avantages biologiques à leurs enfants. Le scénario qui se joue n’est pas très joli ».

 

Afin de contrer ce type de dérives, le rapport du comité d’experts recommande que les techniques d’édition ne soient réservées que pour traiter une maladie ou un handicap et ne soient pas utilisées pour un renforcement de certains traits humains comme la force physique, l’apparence ou même l’intelligence, si une telle manipulation s’avérait un jour possible.

 

En d’autres termes, l’édition de super-humains n’est pas d’actualité et c’est tant mieux.

Eric Lander, qui dirige le Broad Institute du Massachusetts Institute of Technology et de l' Université Harvard se félicite au micro de NPR des conclusions et de la prudence du rapport : « Il est important d'être extrêmement prudent sur les technologies qui pourraient laisser une marque permanente sur la population humaine pour toutes les générations à venir ».  

Soit, mais, à partir du moment où l’édition génétique deviendra une pratique médicale plus banale, plus mainstream, on peut imaginer que les barrières éthiques ne se distendent.  Dès lors que l’on saura, par édition génétique, traiter ou prévenir une dystrophie musculaire dans une maladie du muscle par exemple, qu’est-ce qui empêchera de l’utiliser pour apporter plus de force musculaire à certains individus ? La frontière entre médecine préventive et amélioration est, dans certains cas, extraordinairement ténue.

On pourrait ainsi imaginer des cliniques de fertilité qui vanteraient, dans leurs publicités, leur capacité à donner à votre enfant un meilleur départ dans la vie.

 

Pour l’instant, la recherche en édition germinale reste interdite aux États-Unis par la Food and Drug Administration, en France et dans de nombreux autres pays à travers le monde à l’exception notable de la Chine. Mais si ces restrictions venaient à être levées comme le préconise le rapport du comité d’experts, un nouveau monde de possibilités génétiques serait ouvert aux scientifiques et aux patients. Il ne nous resterait plus qu’à espérer que cette hypothèse soit vraiment le monde dans lequel nous avons envie de vivre.

Vidéo:

Le Monde

Avec CRISPR-CAS9 (Clustered Regularly Interspaced Palindromic Repeats associated protein 9 ou « courtes répétitions palindromiques groupées et régulièrement interespacées associées à la protéine 9 »), nouvelle technique de modification de l’ADN, un outil de génie génétique facile à utiliser s’installe dans tous les laboratoires. Dans cette vidéo réalisée par Universcience.tv, le généticien Patrick Gaudray, membre du Haut Conseil des biotechnologies, revient sur les dérives potentielles liées au développement fulgurant de cet outil.

En savoir plus sur http://www.pourlascience.fr/ewb_pages/a/article-crispr-cas-9-l-outil-qui-revolutionne-la-genetique-35917.php#zD8wZrXg5VWb8bZq.99

 
La prolifération de CRISPR nous mène-t-elle vers un nouvel équilibre de la terreur ?
- See more at: http://up-magazine.info/index.php/le-vivant/bio-innovations/6354-la-proliferation-de-crispr-nous-mene-t-elle-vers-un-nouvel-equilibre-de-la-terreur#sthash.rixhXpLR.dpuf

- Pendant la guerre froide, ce que l’on craignait par-dessus tout c’était qu’une bombe atomique ne nous tombe sur la tête. L’équilibre de la terreur était maintenu entre les grandes puissances détentrices de l’arme nucléaire. Chacun se tenait par la barbichette et tout, finalement, allait très bien. Une nouvelle guerre froide est en train de se profiler à notre proche horizon. Il ne s’agit pas ici de bombe atomique mais de bombe génétique. Les progrès technologiques que nous observons chaque jour – avec notamment le CRSPR-Cas 9 – vont, selon certains observateurs, scinder le monde en deux camps opposés. Ceux qui refuseront toute manipulation sur l’humain au nom de principes éthiques ; et ceux qui y verront l’occasion de créer de toute pièce une humanité augmentée, améliorée, invincible. Le théâtre des opérations serait en train de se former sous nos yeux, en ce moment., ,Nous parlons souvent de CRISPR dans nos colonnes. Nous suivons ses évolutions, ses expérimentations, nous alertons sur ses enjeux et ses risques. Mais comme une image vaut mieux que mille mots, nous vous recommandons de regarder cette vidéo relayée par le site Science-post. Elle est pédagogique, relativement complète mais nul doute, qu’après son visionnage, un goût amer s’installera dans votre bouche. Une étrange inquiétude.,- See more at: http://up-magazine.info/index.php/le-vivant/bio-innovations/6354-la-proliferation-de-crispr-nous-mene-t-elle-vers-un-nouvel-equilibre-de-la-terreur#sthash.rixhXpLR.dpufOui, les outils de manipulations génétiques dont nous disposons aujourd’hui et encore plus ceux qui se profilent dans les laboratoires pour demain matin seront bel et bien en mesure de modifier l’espèce humaine. Face à cette issue, deux possibilités s’offrent à nous : soit réguler, soit récupérer. Réguler cela signifie laisser aux États, aux organisme internationaux, le soin de décréter ce qui est bien et mal dans ces recherches, ce qu’il faut brider ou cesser immédiatement au nom du bonum humanum comme le disait Hans Jonas. Principe responsabilité oblige. Mais cette position soulève, aussitôt qu’on l’évoque, des questions sur le droit d’interrompre la science, de brider le progrès. Cette interrogation est d’autant plus justifiée que CRISPR est une technologie duale qui est en capacité de résoudre la plupart des maladies dont l’humanité est hantée et peut-être même aussi la vieillesse.,L’autre possibilité est de récupérer ces technologies pour asseoir son pouvoir ou sa puissance. Nous avons récemment évoqué le risque de dissémination de ces outils dans les univers terroristes. Mais au niveau des États aussi, les tentations peuvent être grandes d’améliorer physiquement sa population, son armée, pour prendre des avantages décisifs sur le reste du monde.,,LIRE DANS UP : CRISPR-Cas9 pourrait-il devenir une arme de destruction massive ?,Le futurologue d’obédience transhumaniste, Zoltan Istvan, s’est livré au jeu des scénarios dans un article publié dans Motherboard. Il déclare d’emblée « La technologie d'édition génétique n'a pas d'effets dangereux immédiats. Pourtant, elle promet de créer autant de dissensions au sein de l'humanité que 70 ans de prolifération nucléaire ». Selon lui, deux camps vont s’opposer. D’un côté, la Chine et ses armées de scientifiques qui ont emprunté, bride abattue, le cheval de bataille de la révolution génétique et font fi des susceptibilités éthiques des occidentaux. Ils ont été les premiers à expérimenter CRISPR sur des embryons humains. De l’autre côté, les États-Unis, dirigés dès le 20 janvier prochain par des conservateurs chrétiens qui affirment que l’Homme doit demeurer tel que Dieu l’a créé., ,Pour Zoltan Istvan, nul doute que c’est dans cette opposition que germeront « les graines d'un grand conflit futur, qui se traduira à coup sûr par des manifestations de masse, des émeutes, et même une guerre civile ». Si, d’un côté, la Chine décidait d’accroître la force et l’intelligence de ses enfants grâce à des manipulations génétiques (ce qui sera du domaine du possible dans moins de dix ans) et si d’un autre côté, les américains décidaient de rester naturels et de bannir toute intervention génétique destinée à modifier l’humain, pour se mettre en accord avec la volonté supposée de Dieu, alors « un conflit majeur à l'échelle de l'espèce humaine éclatera rapidement »., ,Le monde se divisera en deux populations : ceux qui seront « augmentés » et les autres. Fermera-t-on les frontières à ces nouveaux humains ? Les enfermera-t-on dans des camps ? Les exterminerons-nous ? Et vice-versa, les nouveaux humains accepteront-ils la présence de vestiges d’une espèce ancienne à leurs côtés ? Ce scénario laisse libre cours à toutes les paranoïas…, ,Il n’en demeure pas moins que réguler ou pas, mettre en place des moratoires sur les recherches génétiques ou tâcher de contrôler ce qui se passe dans les laboratoires semble vain. CRISPR-Cas 9 s’achète aujourd’hui en kit pour moins de 100 $ sur Internet. Partout dans les laboratoires du monde, des apprentis sorciers s’exercent à ces manipulations. Le mouvement est lancé. Le danger ne viendra pas forcément des États, mais des zones obscures de la société., ,Alors faut-il prôner, comme le propose Istvan, une autre voie, celle de la libéralisation de la recherche partout, aux États-Unis comme en Chine et ailleurs ? Une « bonne vieille compétition scientifique » dit-il et « voyons quel pays est capable de proposer les meilleures améliorations à ces citoyens, et partageons ensuite ce que nous aurons créé de mieux pour faire en sorte que les peuples soient aussi égaux que possibles ». Ce vœu pieux appelant à concilier la paix et le progrès scientifique est-il viable ? Ou seulement possible ? Sommes-nous condamnés à entrer dans une nouvelle guerre froide avec comme enjeu décisif, l’espèce humaine elle-même ? La question reste entière et mérite d’autant plus d’être posée dans nos sociétés atteintes par le doute, l’inquiétude et le rétrécissement de leur horizon prédictif

Oui, les outils de manipulations génétiques dont nous disposons aujourd’hui et encore plus ceux qui se profilent dans les laboratoires pour demain matin seront bel et bien en mesure de modifier l’espèce humaine. Face à cette issue, deux possibilités s’offrent à nous : soit réguler, soit récupérer. Réguler cela signifie laisser aux États, aux organisme internationaux, le soin de décréter ce qui est bien et mal dans ces recherches, ce qu’il faut brider ou cesser immédiatement au nom du bonum humanum comme le disait Hans Jonas. Principe responsabilité oblige. Mais cette position soulève, aussitôt qu’on l’évoque, des questions sur le droit d’interrompre la science, de brider le progrès. Cette interrogation est d’autant plus justifiée que CRISPR est une technologie duale qui est en capacité de résoudre la plupart des maladies dont l’humanité est hantée et peut-être même aussi la vieillesse.
L’autre possibilité est de récupérer ces technologies pour asseoir son pouvoir ou sa puissance. Nous avons récemment évoqué le risque de dissémination de ces outils dans les univers terroristes. Mais au niveau des États aussi, les tentations peuvent être grandes d’améliorer physiquement sa population, son armée, pour prendre des avantages décisifs sur le reste du monde.

LIRE DANS UP : CRISPR-Cas9 pourrait-il devenir une arme de destruction massive ?

Le futurologue d’obédience transhumaniste, Zoltan Istvan, s’est livré au jeu des scénarios dans un article publié dans Motherboard. Il déclare d’emblée « La technologie d'édition génétique n'a pas d'effets dangereux immédiats. Pourtant, elle promet de créer autant de dissensions au sein de l'humanité que 70 ans de prolifération nucléaire ». Selon lui, deux camps vont s’opposer. D’un côté, la Chine et ses armées de scientifiques qui ont emprunté, bride abattue, le cheval de bataille de la révolution génétique et font fi des susceptibilités éthiques des occidentaux. Ils ont été les premiers à expérimenter CRISPR sur des embryons humains. De l’autre côté, les États-Unis, dirigés dès le 20 janvier prochain par des conservateurs chrétiens qui affirment que l’Homme doit demeurer tel que Dieu l’a créé.
 
Pour Zoltan Istvan, nul doute que c’est dans cette opposition que germeront « les graines d'un grand conflit futur, qui se traduira à coup sûr par des manifestations de masse, des émeutes, et même une guerre civile ». Si, d’un côté, la Chine décidait d’accroître la force et l’intelligence de ses enfants grâce à des manipulations génétiques (ce qui sera du domaine du possible dans moins de dix ans) et si d’un autre côté, les américains décidaient de rester naturels et de bannir toute intervention génétique destinée à modifier l’humain, pour se mettre en accord avec la volonté supposée de Dieu, alors « un conflit majeur à l'échelle de l'espèce humaine éclatera rapidement ».
 
Le monde se divisera en deux populations : ceux qui seront « augmentés » et les autres. Fermera-t-on les frontières à ces nouveaux humains ? Les enfermera-t-on dans des camps ? Les exterminerons-nous ? Et vice-versa, les nouveaux humains accepteront-ils la présence de vestiges d’une espèce ancienne à leurs côtés ? Ce scénario laisse libre cours à toutes les paranoïas…
 
Il n’en demeure pas moins que réguler ou pas, mettre en place des moratoires sur les recherches génétiques ou tâcher de contrôler ce qui se passe dans les laboratoires semble vain. CRISPR-Cas 9 s’achète aujourd’hui en kit pour moins de 100 $ sur Internet. Partout dans les laboratoires du monde, des apprentis sorciers s’exercent à ces manipulations. Le mouvement est lancé. Le danger ne viendra pas forcément des États, mais des zones obscures de la société.
 
Alors faut-il prôner, comme le propose Istvan, une autre voie, celle de la libéralisation de la recherche partout, aux États-Unis comme en Chine et ailleurs ? Une « bonne vieille compétition scientifique » dit-il et « voyons quel pays est capable de proposer les meilleures améliorations à ces citoyens, et partageons ensuite ce que nous aurons créé de mieux pour faire en sorte que les peuples soient aussi égaux que possibles ». Ce vœu pieux appelant à concilier la paix et le progrès scientifique est-il viable ? Ou seulement possible ? Sommes-nous condamnés à entrer dans une nouvelle guerre froide avec comme enjeu décisif, l’espèce humaine elle-même ? La question reste entière et mérite d’autant plus d’être posée dans nos sociétés atteintes par le doute, l’inquiétude et le rétrécissement de leur horizon prédictif
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Oui, les outils de manipulations génétiques dont nous disposons aujourd’hui et encore plus ceux qui se profilent dans les laboratoires pour demain matin seront bel et bien en mesure de modifier l’espèce humaine. Face à cette issue, deux possibilités s’offrent à nous : soit réguler, soit récupérer. Réguler cela signifie laisser aux États, aux organisme internationaux, le soin de décréter ce qui est bien et mal dans ces recherches, ce qu’il faut brider ou cesser immédiatement au nom du bonum humanum comme le disait Hans Jonas. Principe responsabilité oblige. Mais cette position soulève, aussitôt qu’on l’évoque, des questions sur le droit d’interrompre la science, de brider le progrès. Cette interrogation est d’autant plus justifiée que CRISPR est une technologie duale qui est en capacité de résoudre la plupart des maladies dont l’humanité est hantée et peut-être même aussi la vieillesse.
L’autre possibilité est de récupérer ces technologies pour asseoir son pouvoir ou sa puissance. Nous avons récemment évoqué le risque de dissémination de ces outils dans les univers terroristes. Mais au niveau des États aussi, les tentations peuvent être grandes d’améliorer physiquement sa population, son armée, pour prendre des avantages décisifs sur le reste du monde.

LIRE DANS UP : CRISPR-Cas9 pourrait-il devenir une arme de destruction massive ?

Le futurologue d’obédience transhumaniste, Zoltan Istvan, s’est livré au jeu des scénarios dans un article publié dans Motherboard. Il déclare d’emblée « La technologie d'édition génétique n'a pas d'effets dangereux immédiats. Pourtant, elle promet de créer autant de dissensions au sein de l'humanité que 70 ans de prolifération nucléaire ». Selon lui, deux camps vont s’opposer. D’un côté, la Chine et ses armées de scientifiques qui ont emprunté, bride abattue, le cheval de bataille de la révolution génétique et font fi des susceptibilités éthiques des occidentaux. Ils ont été les premiers à expérimenter CRISPR sur des embryons humains. De l’autre côté, les États-Unis, dirigés dès le 20 janvier prochain par des conservateurs chrétiens qui affirment que l’Homme doit demeurer tel que Dieu l’a créé.
 
Pour Zoltan Istvan, nul doute que c’est dans cette opposition que germeront « les graines d'un grand conflit futur, qui se traduira à coup sûr par des manifestations de masse, des émeutes, et même une guerre civile ». Si, d’un côté, la Chine décidait d’accroître la force et l’intelligence de ses enfants grâce à des manipulations génétiques (ce qui sera du domaine du possible dans moins de dix ans) et si d’un autre côté, les américains décidaient de rester naturels et de bannir toute intervention génétique destinée à modifier l’humain, pour se mettre en accord avec la volonté supposée de Dieu, alors « un conflit majeur à l'échelle de l'espèce humaine éclatera rapidement ».
 
Le monde se divisera en deux populations : ceux qui seront « augmentés » et les autres. Fermera-t-on les frontières à ces nouveaux humains ? Les enfermera-t-on dans des camps ? Les exterminerons-nous ? Et vice-versa, les nouveaux humains accepteront-ils la présence de vestiges d’une espèce ancienne à leurs côtés ? Ce scénario laisse libre cours à toutes les paranoïas…
 
Il n’en demeure pas moins que réguler ou pas, mettre en place des moratoires sur les recherches génétiques ou tâcher de contrôler ce qui se passe dans les laboratoires semble vain. CRISPR-Cas 9 s’achète aujourd’hui en kit pour moins de 100 $ sur Internet. Partout dans les laboratoires du monde, des apprentis sorciers s’exercent à ces manipulations. Le mouvement est lancé. Le danger ne viendra pas forcément des États, mais des zones obscures de la société.
 
Alors faut-il prôner, comme le propose Istvan, une autre voie, celle de la libéralisation de la recherche partout, aux États-Unis comme en Chine et ailleurs ? Une « bonne vieille compétition scientifique » dit-il et « voyons quel pays est capable de proposer les meilleures améliorations à ces citoyens, et partageons ensuite ce que nous aurons créé de mieux pour faire en sorte que les peuples soient aussi égaux que possibles ». Ce vœu pieux appelant à concilier la paix et le progrès scientifique est-il viable ? Ou seulement possible ? Sommes-nous condamnés à entrer dans une nouvelle guerre froide avec comme enjeu décisif, l’espèce humaine elle-même ? La question reste entière et mérite d’autant plus d’être posée dans nos sociétés atteintes par le doute, l’inquiétude et le rétrécissement de leur horizon prédictif
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Oui, les outils de manipulations génétiques dont nous disposons aujourd’hui et encore plus ceux qui se profilent dans les laboratoires pour demain matin seront bel et bien en mesure de modifier l’espèce humaine. Face à cette issue, deux possibilités s’offrent à nous : soit réguler, soit récupérer. Réguler cela signifie laisser aux États, aux organisme internationaux, le soin de décréter ce qui est bien et mal dans ces recherches, ce qu’il faut brider ou cesser immédiatement au nom du bonum humanum comme le disait Hans Jonas. Principe responsabilité oblige. Mais cette position soulève, aussitôt qu’on l’évoque, des questions sur le droit d’interrompre la science, de brider le progrès. Cette interrogation est d’autant plus justifiée que CRISPR est une technologie duale qui est en capacité de résoudre la plupart des maladies dont l’humanité est hantée et peut-être même aussi la vieillesse.
L’autre possibilité est de récupérer ces technologies pour asseoir son pouvoir ou sa puissance. Nous avons récemment évoqué le risque de dissémination de ces outils dans les univers terroristes. Mais au niveau des États aussi, les tentations peuvent être grandes d’améliorer physiquement sa population, son armée, pour prendre des avantages décisifs sur le reste du monde.

LIRE DANS UP : CRISPR-Cas9 pourrait-il devenir une arme de destruction massive ?

Le futurologue d’obédience transhumaniste, Zoltan Istvan, s’est livré au jeu des scénarios dans un article publié dans Motherboard. Il déclare d’emblée « La technologie d'édition génétique n'a pas d'effets dangereux immédiats. Pourtant, elle promet de créer autant de dissensions au sein de l'humanité que 70 ans de prolifération nucléaire ». Selon lui, deux camps vont s’opposer. D’un côté, la Chine et ses armées de scientifiques qui ont emprunté, bride abattue, le cheval de bataille de la révolution génétique et font fi des susceptibilités éthiques des occidentaux. Ils ont été les premiers à expérimenter CRISPR sur des embryons humains. De l’autre côté, les États-Unis, dirigés dès le 20 janvier prochain par des conservateurs chrétiens qui affirment que l’Homme doit demeurer tel que Dieu l’a créé.
 
Pour Zoltan Istvan, nul doute que c’est dans cette opposition que germeront « les graines d'un grand conflit futur, qui se traduira à coup sûr par des manifestations de masse, des émeutes, et même une guerre civile ». Si, d’un côté, la Chine décidait d’accroître la force et l’intelligence de ses enfants grâce à des manipulations génétiques (ce qui sera du domaine du possible dans moins de dix ans) et si d’un autre côté, les américains décidaient de rester naturels et de bannir toute intervention génétique destinée à modifier l’humain, pour se mettre en accord avec la volonté supposée de Dieu, alors « un conflit majeur à l'échelle de l'espèce humaine éclatera rapidement ».
 
Le monde se divisera en deux populations : ceux qui seront « augmentés » et les autres. Fermera-t-on les frontières à ces nouveaux humains ? Les enfermera-t-on dans des camps ? Les exterminerons-nous ? Et vice-versa, les nouveaux humains accepteront-ils la présence de vestiges d’une espèce ancienne à leurs côtés ? Ce scénario laisse libre cours à toutes les paranoïas…
 
Il n’en demeure pas moins que réguler ou pas, mettre en place des moratoires sur les recherches génétiques ou tâcher de contrôler ce qui se passe dans les laboratoires semble vain. CRISPR-Cas 9 s’achète aujourd’hui en kit pour moins de 100 $ sur Internet. Partout dans les laboratoires du monde, des apprentis sorciers s’exercent à ces manipulations. Le mouvement est lancé. Le danger ne viendra pas forcément des États, mais des zones obscures de la société.
 
Alors faut-il prôner, comme le propose Istvan, une autre voie, celle de la libéralisation de la recherche partout, aux États-Unis comme en Chine et ailleurs ? Une « bonne vieille compétition scientifique » dit-il et « voyons quel pays est capable de proposer les meilleures améliorations à ces citoyens, et partageons ensuite ce que nous aurons créé de mieux pour faire en sorte que les peuples soient aussi égaux que possibles ». Ce vœu pieux appelant à concilier la paix et le progrès scientifique est-il viable ? Ou seulement possible ? Sommes-nous condamnés à entrer dans une nouvelle guerre froide avec comme enjeu décisif, l’espèce humaine elle-même ? La question reste entière et mérite d’autant plus d’être posée dans nos sociétés atteintes par le doute, l’inquiétude et le rétrécissement de leur horizon prédictif
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Oui, les outils de manipulations génétiques dont nous disposons aujourd’hui et encore plus ceux qui se profilent dans les laboratoires pour demain matin seront bel et bien en mesure de modifier l’espèce humaine. Face à cette issue, deux possibilités s’offrent à nous : soit réguler, soit récupérer. Réguler cela signifie laisser aux États, aux organisme internationaux, le soin de décréter ce qui est bien et mal dans ces recherches, ce qu’il faut brider ou cesser immédiatement au nom du bonum humanum comme le disait Hans Jonas. Principe responsabilité oblige. Mais cette position soulève, aussitôt qu’on l’évoque, des questions sur le droit d’interrompre la science, de brider le progrès. Cette interrogation est d’autant plus justifiée que CRISPR est une technologie duale qui est en capacité de résoudre la plupart des maladies dont l’humanité est hantée et peut-être même aussi la vieillesse.
L’autre possibilité est de récupérer ces technologies pour asseoir son pouvoir ou sa puissance. Nous avons récemment évoqué le risque de dissémination de ces outils dans les univers terroristes. Mais au niveau des États aussi, les tentations peuvent être grandes d’améliorer physiquement sa population, son armée, pour prendre des avantages décisifs sur le reste du monde.

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Le futurologue d’obédience transhumaniste, Zoltan Istvan, s’est livré au jeu des scénarios dans un article publié dans Motherboard. Il déclare d’emblée « La technologie d'édition génétique n'a pas d'effets dangereux immédiats. Pourtant, elle promet de créer autant de dissensions au sein de l'humanité que 70 ans de prolifération nucléaire ». Selon lui, deux camps vont s’opposer. D’un côté, la Chine et ses armées de scientifiques qui ont emprunté, bride abattue, le cheval de bataille de la révolution génétique et font fi des susceptibilités éthiques des occidentaux. Ils ont été les premiers à expérimenter CRISPR sur des embryons humains. De l’autre côté, les États-Unis, dirigés dès le 20 janvier prochain par des conservateurs chrétiens qui affirment que l’Homme doit demeurer tel que Dieu l’a créé.
 
Pour Zoltan Istvan, nul doute que c’est dans cette opposition que germeront « les graines d'un grand conflit futur, qui se traduira à coup sûr par des manifestations de masse, des émeutes, et même une guerre civile ». Si, d’un côté, la Chine décidait d’accroître la force et l’intelligence de ses enfants grâce à des manipulations génétiques (ce qui sera du domaine du possible dans moins de dix ans) et si d’un autre côté, les américains décidaient de rester naturels et de bannir toute intervention génétique destinée à modifier l’humain, pour se mettre en accord avec la volonté supposée de Dieu, alors « un conflit majeur à l'échelle de l'espèce humaine éclatera rapidement ».
 
Le monde se divisera en deux populations : ceux qui seront « augmentés » et les autres. Fermera-t-on les frontières à ces nouveaux humains ? Les enfermera-t-on dans des camps ? Les exterminerons-nous ? Et vice-versa, les nouveaux humains accepteront-ils la présence de vestiges d’une espèce ancienne à leurs côtés ? Ce scénario laisse libre cours à toutes les paranoïas…
 
Il n’en demeure pas moins que réguler ou pas, mettre en place des moratoires sur les recherches génétiques ou tâcher de contrôler ce qui se passe dans les laboratoires semble vain. CRISPR-Cas 9 s’achète aujourd’hui en kit pour moins de 100 $ sur Internet. Partout dans les laboratoires du monde, des apprentis sorciers s’exercent à ces manipulations. Le mouvement est lancé. Le danger ne viendra pas forcément des États, mais des zones obscures de la société.
 
Alors faut-il prôner, comme le propose Istvan, une autre voie, celle de la libéralisation de la recherche partout, aux États-Unis comme en Chine et ailleurs ? Une « bonne vieille compétition scientifique » dit-il et « voyons quel pays est capable de proposer les meilleures améliorations à ces citoyens, et partageons ensuite ce que nous aurons créé de mieux pour faire en sorte que les peuples soient aussi égaux que possibles ». Ce vœu pieux appelant à concilier la paix et le progrès scientifique est-il viable ? Ou seulement possible ? Sommes-nous condamnés à entrer dans une nouvelle guerre froide avec comme enjeu décisif, l’espèce humaine elle-même ? La question reste entière et mérite d’autant plus d’être posée dans nos sociétés atteintes par le doute, l’inquiétude et le rétrécissement de leur horizon prédictif
- See more at: http://up-magazine.info/index.php/le-vivant/bio-innovations/6354-la-proliferation-de-crispr-nous-mene-t-elle-vers-un-nouvel-equilibre-de-la-terreur#sthash.rixhXpLR.dpuf
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17 janvier 2017 2 17 /01 /janvier /2017 04:38
 La solidarité n’est pas un délit, elle est une obligation morale impérative, notre façon de rester debout. Tout simplement.

 

Sur la modernité du mot solidarité
lundi 2 janvier 2017
 

 

 

Vendredi 6 janvier prochain nous connaîtrons le sort réservé par le Tribunal correctionnel de Nice à Pierre-Alain Mannoni, traîné en justice par le Préfet des Alpes Maritimes pour avoir aidé des réfugiés en détresse dans la vallée de la Roya.

L’événement serait en lui même anodin dans ces départements bordant la Méditerranée où d’autres procès ont déjà été intentés contre d’autres militants solidaires des sans-papiers et demandeurs d’asile, par des Préfets tout autant audacieux.

Mais l’originalité – si cette expression a un sens ici – réside dans l’intervention publique du tout nouveau Préfet des Alpes-Maritimes au travers d’un texte transmis à Nice Matin début décembre.

Avec ce texte, riche de considérations générales lénifiantes et hors sujet, le Préfet des Alpes Maritimes tente de minimiser le rôle qui est le sien dans l’application – dans son département – de la politique de l’État, le rôle qui est le sien d’employer la police et la gendarmerie pour le maintien de l’ordre et la chasse aux réfugiés, le rôle de la justice enfin, chargée de sanctionner et qui œuvre en liaison étroite tant avec la police et la gendarmerie qu’avec les services préfectoraux.

Triptyque administratif et répressif d’État, tout ce qu’il y a de banal.

Monsieur le Préfet semble tout ignorer de la politique d’abandon par l’Europe et la France des réfugiés juifs fuyant le nazisme et le fascisme à la veille de la Seconde Guerre Mondiale ; tout ignorer de la Conférence d’Evian de juillet 1938, cette Conférence internationale au cours de laquelle, la France particulièrement, s’est illustrée par son refus d’accueillir « toute la lie de la terre », ces populations « en trop »,« indésirables », en « surnombre dans l’économie française », une politique à l’œuvre aujourd’hui encore, sous d’autres oripeaux, mais avec les mêmes préoccupations de forteresse assiégée, cette fois à l’encontre des réfugiés fuyant les guerres du Proche et du Moyen-Orient, fuyant les famines et les guerres africaines, calamités dans lesquelles la France porte de lourdes responsabilités.

Evoquer les accords européens actuels, leur « légalité » – au mépris de la Convention de Genève relative au statut des réfugiés de 1951, ratifiée par la France – faisant obligation à celle-ci d’accueillir les réfugiés en toutes circonstances – pour justifier le refus fait aux réfugiés et demandeurs d’asile d’entrer en France actuellement est tout autant problématique que lorsque les Juifs, en 1938/1939/1940, étaient pourchassés par les nazis avant de l’être par les autorités françaises.

Toujours dans ce texte, le Préfet des Alpes Maritimes – contrairement à la célèbre déclaration de Jacques Chirac en 1995 alors président de la République Française, affirmant que la France de Vichy était bien la France, que sa responsabilité était totale dans la répression et la déportation des Juifs de France – tente à nouveau de réécrire l’Histoire, gommant au passage, le discours prononcé par le même Jacques Chirac le 18 janvier 2007 au Panthéon à l’occasion de l’Hommage de la Nation aux Justes de France et négligeant l’instauration – le 16 juillet de chaque année – de la Journée nationale de la Déportation et d’hommage aux Justes de France.

Tentant de justifier ainsi sa volonté de criminaliser la solidarité, celle là même que Jacques Chirac offrait en exemple aux générations à venir.

Rappeler aujourd’hui le rôle des Justes français n’est en aucune façon confondre l’Histoire, leur exemple irrigue notre réflexion, est la source d’enseignements d’une extrême actualité.

Simplement, il s’agit de rappeler qu’en tous temps, il s’est trouvé des hommes et des femmes pour dire NON ! aux politiques criminelles de leurs gouvernements, et qu’aujourd’hui – plus que jamais – il est nécessaire de ne pas accepter l’intolérable, de ne pas accepter que l’Autre, notre semblable, soit à nouveau soumis aux traitements inhumains qui ont été notre quotidien dans la France de Vichy.
Nous sommes toutes et tous comptables de notre Histoire, nul ne peut et ne doit y déroger, n’en déplaise à Monsieur le Préfet des Alpes Maritimes, .

La solidarité n’est pas un délit, elle est une obligation morale impérative, notre façon de rester debout. Tout simplement.

Honneur à Pierre-Alain Mannoni !

Georges GUMPEL

Enfant juif français, caché en 1943/1944
Fils de déporté « Mort pour la France » en avril 1945 à Melk – Autriche.
Partie civile au procès de Klaus Barbie.
Membre de l’ UJFP – Union Juive Française pour la Paix.

-Note " Voici un texte"de l'administration du blog,envoyé par  [Citoyens Solidaires 06]  , et une petite revue de presse  avec  Cédric Herrou, l'agriculteur qui aide les migrants : "Je resterai fidèle à mes convictions"
http://www.marianne.net/cedric-herrou-agriculteur-qui-aide-les-migrants-je-resterai-fidele-mes-convictions-100249395.html  
 

- [Citoyens Solidaires 06] Ces mères qui nous élèvent dans l'amour et contre la violence Bonjour, bonsoir nos frères et nos sœurs, gens de cœur de toute la France et d'ailleurs !





Malgré la couverture médiatique, les communiqués, les revendications, les interpellations, les procès des Citoyens Solidaires, on oublie que celui qui aide a reçu une éducation d'une manière ou d'une autre. Car les valeurs qu'il a reçu sont bien venues de quelque part et c'est pas la télé ou les discours qui forgent le cœur des gens.


Les mamans


Avec ces procès en cascade, ce sont des personnes individuelles qui se présenteront à la barre, mais derrière il y a souvent une famille et quand une mère voit son enfant au tribunal elle est touchée en plein coeur. La mère de Pierre-Alain s'était exprimée ici avant son procès et ensuite après le procès ici . Aujourd'hui c'est au tour de la mère de Cédric qui s'adresse au procureur ici et il y a des moments ou il faudrait écouter les mamans.


Fraternit é Liberté Egalité


Notre société n'est pas un livre de lois froides mises en œuvre par des robots, c'est un ensemble d'hommes et de femmes qui vivent ensemble avant tout. Et pour vivre ensemble dans la paix, il nous faut ces valeurs de Fraternité, de Liberté et d’Égalité. Même si nos modes de vie nous font parfois oublier ces concepts, ce ne sont pas des vains mots. Le premier épisode de cette série Fraternité Liberté Eg alité est exceptionnel, il est tourné dans la vallée de la Roya pour la fête de la Liberté et montre que là bas si les citoyens sont aptes à défendre ces valeurs, les pouvoirs publics semblent en avoir oublié le sens. A regarder jusqu'au bout, les dernières minutes appellent à prendre conscience qu'il faut défendre ces valeurs.

La Violence


Lors de la Fête de la Liberté la violence de la rafle n'était pas physique mais glaçante, lors de la perquisition chez Cédric (article très complet et précis sur les 3 jours par médiapart), des armes étaient pointées, une infirmière était mise en joue à bout portant, des injonctions étaient hurlées, un photographe était violenté et l'on ne peut pas ignorer cette escalade de violence qui ressemble à de la provocation. Il faut donc faire attention à ce que ce combat pour la dignité ne glisse pas vers un terrain où il perdrait son sens. Soyons extrêmement vigilants dans nos actions et dans nos propos.



"Répondre à la violence par la violence multiplie la violence, ajoute une obscurité plus profonde à une nuit déjà dénuée d'étoiles... La haine ne peut pas chasser la haine : seul l'amour peut faire ça." - Martin Luther King.




Fraternellement,


Toute l'équipe du Comité de Soutien aux Citoyens Solidaires du 06
https://citoyenssolidaires06.com
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25 novembre 2016 5 25 /11 /novembre /2016 12:30
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  • : Le blog des empêcheurs de tourner en rond
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ZONE HORS AGCS et SANS OGM


Petit mémo : L’AGCS, Accord Général sur le Commerce des Services est un accord signé lors de la création de  l’OMC (organisation mondiale du commerce) en 1994. Il vise à libéraliser progressivement tous les services des états membres : éducation, santé, culture, recherche…ainsi que l’énergie et l’environnement. Tous les aspects de nos vies sont mis à la vente. Les besoins de l’être humain et toutes formes d’activité humaines sont redéfinis comme des services commercialisables.

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