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16 février 2017 4 16 /02 /février /2017 10:23
 
Par Charles Elie Guzman
Le 16 Février 2017
 

On craignait cette information : que des scientifiques, profitant des avancées spectaculaires de l’édition génétique permise notamment grâce à CRISPR, ne se mettent à vouloir apporter des changements génétiques aux embryons humains. Et que ces changements soient ensuite transmis aux générations suivantes. C’est chose faite.

 

L’intervention génétique sur l’embryon humain a jusqu’à présent été considéré comme un véritable champ de mines éthique. Nombreux sont ceux qui craignent que sous prétexte de combattre des maladies génétiques, on ne se mette à créer des humains ayant certains traits particuliers ou même des armées entières de soldats surdoués. Mais, pour la première fois, un groupe d’experts de deux des institutions scientifiques les plus reconnues aux États-Unis ont indiqué que ce processus, dénommé « édition germinale », devrait être sérieusement considéré comme une option future et ne devrait plus être interdit.

Pourtant, en décembre 2015, un sommet international de scientifiques avait déclaré qu’il serait « irresponsable de procéder à l’édition germinale » sauf si les questions de sécurité et de consensus social étaient résolues.

 

La nouvelle position, décrite dans un rapport publié cette semaine par l’Académie américaine des sciences et l’Académie nationale de médecine stipule que l’édition germinale (des embryons, des ovules ou du sperme) pouvait être désormais envisagée.

 

Cette décision, fruit du travail d’un comité de 21 membres, composé de scientifiques mais aussi de bioéthiciens, d’avocats, de défenseurs de patients ou d’entrepreneurs de biotechnologie, est bordée par un certain nombre de conditions : que l’intervention permette d’éviter une maladie grave ou une invalidité dans un cadre de critères stricts.

 

Le comité précise ainsi qu’aucun essai clinique d’édition de gènes ne devrait être mené, « à moins que » :

 - il n’y ait pas de « solution raisonnable » pour éviter « une maladie grave ou un état » ;

- il ait été « démontré de façon convaincante » que les gènes modifiés soient bien la « cause » ou « prédisposent fortement » les gens à cette maladie ;

- l’édition de gène ne soit utilisée que pour « convertir ces gènes à des versions connues pour être associées à la santé ordinaire » ;

- une recherche « préliminaire suffisante » ait été faite sur « les risques et les avantages potentiels pour la santé » ;

- il existe « des mécanismes de contrôle fiables pour empêcher l’extension à d’autres usages que la prévention d’une maladie grave ».

Le rapport de 261 pages conclut sur une exigence : « il serait essentiel que cette recherche soit abordée avec prudence et qu’elle permette de procéder à une large participation du public ».

 

Le professeur Richard Hynes, chercheur au MIT et qui a dirigé le comité d’experts déclare au New York Times : « Auparavant, il était facile pour les gens de dire ce n’est pas possible, donc inutile d’y penser. Maintenant, nous pouvons être en mesure de le faire, en s’assurant que cette intervention soit utilisée seulement pour les bonnes choses et non pour les mauvaises ».

 

Dans ce contexte, le comité d’experts envisage d’utiliser l’édition germinale pour prévenir des maladies héréditaires comme la maladie d’Huntington. Certaines critiques s’élèvent déjà pour alerter sur les risques aux conséquences incalculables de ce type de pratique. En effet, il serait possible d’introduire de nouvelles conditions héréditaires, des maladies ou des mutations qui ne deviendront évidentes qu’une fois que l’embryon sera devenu un être formé et viable.

Un autre risque serait d’ouvrir la porte d’une société où l’on pourrait choisir son bébé sur mesure, où les gens riches pourraient se permettre des manipulations génétiques alors que les plus pauvres resteraient sur la touche. Bienvenue à Gattaca !

 

La biotechnologiste Marcy Darnovsky qui dirige le Center for Genetics and Society, un groupe américain de surveillance en génétique, a déclaré à NPR : « Ce type de scénario a été considéré comme de la science-fiction, comme une hypothèse très lointaine. Mais en fait, c’est devenu une question de justice sociale d’urgence. Nous allons créer un monde dans lequel les riches déjà privilégiés pourront utiliser ces procédures de haute technologie pour donner des avantages biologiques à leurs enfants. Le scénario qui se joue n’est pas très joli ».

 

Afin de contrer ce type de dérives, le rapport du comité d’experts recommande que les techniques d’édition ne soient réservées que pour traiter une maladie ou un handicap et ne soient pas utilisées pour un renforcement de certains traits humains comme la force physique, l’apparence ou même l’intelligence, si une telle manipulation s’avérait un jour possible.

 

En d’autres termes, l’édition de super-humains n’est pas d’actualité et c’est tant mieux.

Eric Lander, qui dirige le Broad Institute du Massachusetts Institute of Technology et de l' Université Harvard se félicite au micro de NPR des conclusions et de la prudence du rapport : « Il est important d'être extrêmement prudent sur les technologies qui pourraient laisser une marque permanente sur la population humaine pour toutes les générations à venir ».  

Soit, mais, à partir du moment où l’édition génétique deviendra une pratique médicale plus banale, plus mainstream, on peut imaginer que les barrières éthiques ne se distendent.  Dès lors que l’on saura, par édition génétique, traiter ou prévenir une dystrophie musculaire dans une maladie du muscle par exemple, qu’est-ce qui empêchera de l’utiliser pour apporter plus de force musculaire à certains individus ? La frontière entre médecine préventive et amélioration est, dans certains cas, extraordinairement ténue.

On pourrait ainsi imaginer des cliniques de fertilité qui vanteraient, dans leurs publicités, leur capacité à donner à votre enfant un meilleur départ dans la vie.

 

Pour l’instant, la recherche en édition germinale reste interdite aux États-Unis par la Food and Drug Administration, en France et dans de nombreux autres pays à travers le monde à l’exception notable de la Chine. Mais si ces restrictions venaient à être levées comme le préconise le rapport du comité d’experts, un nouveau monde de possibilités génétiques serait ouvert aux scientifiques et aux patients. Il ne nous resterait plus qu’à espérer que cette hypothèse soit vraiment le monde dans lequel nous avons envie de vivre.

Vidéo:

Le Monde

Avec CRISPR-CAS9 (Clustered Regularly Interspaced Palindromic Repeats associated protein 9 ou « courtes répétitions palindromiques groupées et régulièrement interespacées associées à la protéine 9 »), nouvelle technique de modification de l’ADN, un outil de génie génétique facile à utiliser s’installe dans tous les laboratoires. Dans cette vidéo réalisée par Universcience.tv, le généticien Patrick Gaudray, membre du Haut Conseil des biotechnologies, revient sur les dérives potentielles liées au développement fulgurant de cet outil.

En savoir plus sur http://www.pourlascience.fr/ewb_pages/a/article-crispr-cas-9-l-outil-qui-revolutionne-la-genetique-35917.php#zD8wZrXg5VWb8bZq.99

 
La prolifération de CRISPR nous mène-t-elle vers un nouvel équilibre de la terreur ?
- See more at: http://up-magazine.info/index.php/le-vivant/bio-innovations/6354-la-proliferation-de-crispr-nous-mene-t-elle-vers-un-nouvel-equilibre-de-la-terreur#sthash.rixhXpLR.dpuf

- Pendant la guerre froide, ce que l’on craignait par-dessus tout c’était qu’une bombe atomique ne nous tombe sur la tête. L’équilibre de la terreur était maintenu entre les grandes puissances détentrices de l’arme nucléaire. Chacun se tenait par la barbichette et tout, finalement, allait très bien. Une nouvelle guerre froide est en train de se profiler à notre proche horizon. Il ne s’agit pas ici de bombe atomique mais de bombe génétique. Les progrès technologiques que nous observons chaque jour – avec notamment le CRSPR-Cas 9 – vont, selon certains observateurs, scinder le monde en deux camps opposés. Ceux qui refuseront toute manipulation sur l’humain au nom de principes éthiques ; et ceux qui y verront l’occasion de créer de toute pièce une humanité augmentée, améliorée, invincible. Le théâtre des opérations serait en train de se former sous nos yeux, en ce moment., ,Nous parlons souvent de CRISPR dans nos colonnes. Nous suivons ses évolutions, ses expérimentations, nous alertons sur ses enjeux et ses risques. Mais comme une image vaut mieux que mille mots, nous vous recommandons de regarder cette vidéo relayée par le site Science-post. Elle est pédagogique, relativement complète mais nul doute, qu’après son visionnage, un goût amer s’installera dans votre bouche. Une étrange inquiétude.,- See more at: http://up-magazine.info/index.php/le-vivant/bio-innovations/6354-la-proliferation-de-crispr-nous-mene-t-elle-vers-un-nouvel-equilibre-de-la-terreur#sthash.rixhXpLR.dpufOui, les outils de manipulations génétiques dont nous disposons aujourd’hui et encore plus ceux qui se profilent dans les laboratoires pour demain matin seront bel et bien en mesure de modifier l’espèce humaine. Face à cette issue, deux possibilités s’offrent à nous : soit réguler, soit récupérer. Réguler cela signifie laisser aux États, aux organisme internationaux, le soin de décréter ce qui est bien et mal dans ces recherches, ce qu’il faut brider ou cesser immédiatement au nom du bonum humanum comme le disait Hans Jonas. Principe responsabilité oblige. Mais cette position soulève, aussitôt qu’on l’évoque, des questions sur le droit d’interrompre la science, de brider le progrès. Cette interrogation est d’autant plus justifiée que CRISPR est une technologie duale qui est en capacité de résoudre la plupart des maladies dont l’humanité est hantée et peut-être même aussi la vieillesse.,L’autre possibilité est de récupérer ces technologies pour asseoir son pouvoir ou sa puissance. Nous avons récemment évoqué le risque de dissémination de ces outils dans les univers terroristes. Mais au niveau des États aussi, les tentations peuvent être grandes d’améliorer physiquement sa population, son armée, pour prendre des avantages décisifs sur le reste du monde.,,LIRE DANS UP : CRISPR-Cas9 pourrait-il devenir une arme de destruction massive ?,Le futurologue d’obédience transhumaniste, Zoltan Istvan, s’est livré au jeu des scénarios dans un article publié dans Motherboard. Il déclare d’emblée « La technologie d'édition génétique n'a pas d'effets dangereux immédiats. Pourtant, elle promet de créer autant de dissensions au sein de l'humanité que 70 ans de prolifération nucléaire ». Selon lui, deux camps vont s’opposer. D’un côté, la Chine et ses armées de scientifiques qui ont emprunté, bride abattue, le cheval de bataille de la révolution génétique et font fi des susceptibilités éthiques des occidentaux. Ils ont été les premiers à expérimenter CRISPR sur des embryons humains. De l’autre côté, les États-Unis, dirigés dès le 20 janvier prochain par des conservateurs chrétiens qui affirment que l’Homme doit demeurer tel que Dieu l’a créé., ,Pour Zoltan Istvan, nul doute que c’est dans cette opposition que germeront « les graines d'un grand conflit futur, qui se traduira à coup sûr par des manifestations de masse, des émeutes, et même une guerre civile ». Si, d’un côté, la Chine décidait d’accroître la force et l’intelligence de ses enfants grâce à des manipulations génétiques (ce qui sera du domaine du possible dans moins de dix ans) et si d’un autre côté, les américains décidaient de rester naturels et de bannir toute intervention génétique destinée à modifier l’humain, pour se mettre en accord avec la volonté supposée de Dieu, alors « un conflit majeur à l'échelle de l'espèce humaine éclatera rapidement »., ,Le monde se divisera en deux populations : ceux qui seront « augmentés » et les autres. Fermera-t-on les frontières à ces nouveaux humains ? Les enfermera-t-on dans des camps ? Les exterminerons-nous ? Et vice-versa, les nouveaux humains accepteront-ils la présence de vestiges d’une espèce ancienne à leurs côtés ? Ce scénario laisse libre cours à toutes les paranoïas…, ,Il n’en demeure pas moins que réguler ou pas, mettre en place des moratoires sur les recherches génétiques ou tâcher de contrôler ce qui se passe dans les laboratoires semble vain. CRISPR-Cas 9 s’achète aujourd’hui en kit pour moins de 100 $ sur Internet. Partout dans les laboratoires du monde, des apprentis sorciers s’exercent à ces manipulations. Le mouvement est lancé. Le danger ne viendra pas forcément des États, mais des zones obscures de la société., ,Alors faut-il prôner, comme le propose Istvan, une autre voie, celle de la libéralisation de la recherche partout, aux États-Unis comme en Chine et ailleurs ? Une « bonne vieille compétition scientifique » dit-il et « voyons quel pays est capable de proposer les meilleures améliorations à ces citoyens, et partageons ensuite ce que nous aurons créé de mieux pour faire en sorte que les peuples soient aussi égaux que possibles ». Ce vœu pieux appelant à concilier la paix et le progrès scientifique est-il viable ? Ou seulement possible ? Sommes-nous condamnés à entrer dans une nouvelle guerre froide avec comme enjeu décisif, l’espèce humaine elle-même ? La question reste entière et mérite d’autant plus d’être posée dans nos sociétés atteintes par le doute, l’inquiétude et le rétrécissement de leur horizon prédictif

Oui, les outils de manipulations génétiques dont nous disposons aujourd’hui et encore plus ceux qui se profilent dans les laboratoires pour demain matin seront bel et bien en mesure de modifier l’espèce humaine. Face à cette issue, deux possibilités s’offrent à nous : soit réguler, soit récupérer. Réguler cela signifie laisser aux États, aux organisme internationaux, le soin de décréter ce qui est bien et mal dans ces recherches, ce qu’il faut brider ou cesser immédiatement au nom du bonum humanum comme le disait Hans Jonas. Principe responsabilité oblige. Mais cette position soulève, aussitôt qu’on l’évoque, des questions sur le droit d’interrompre la science, de brider le progrès. Cette interrogation est d’autant plus justifiée que CRISPR est une technologie duale qui est en capacité de résoudre la plupart des maladies dont l’humanité est hantée et peut-être même aussi la vieillesse.
L’autre possibilité est de récupérer ces technologies pour asseoir son pouvoir ou sa puissance. Nous avons récemment évoqué le risque de dissémination de ces outils dans les univers terroristes. Mais au niveau des États aussi, les tentations peuvent être grandes d’améliorer physiquement sa population, son armée, pour prendre des avantages décisifs sur le reste du monde.

LIRE DANS UP : CRISPR-Cas9 pourrait-il devenir une arme de destruction massive ?

Le futurologue d’obédience transhumaniste, Zoltan Istvan, s’est livré au jeu des scénarios dans un article publié dans Motherboard. Il déclare d’emblée « La technologie d'édition génétique n'a pas d'effets dangereux immédiats. Pourtant, elle promet de créer autant de dissensions au sein de l'humanité que 70 ans de prolifération nucléaire ». Selon lui, deux camps vont s’opposer. D’un côté, la Chine et ses armées de scientifiques qui ont emprunté, bride abattue, le cheval de bataille de la révolution génétique et font fi des susceptibilités éthiques des occidentaux. Ils ont été les premiers à expérimenter CRISPR sur des embryons humains. De l’autre côté, les États-Unis, dirigés dès le 20 janvier prochain par des conservateurs chrétiens qui affirment que l’Homme doit demeurer tel que Dieu l’a créé.
 
Pour Zoltan Istvan, nul doute que c’est dans cette opposition que germeront « les graines d'un grand conflit futur, qui se traduira à coup sûr par des manifestations de masse, des émeutes, et même une guerre civile ». Si, d’un côté, la Chine décidait d’accroître la force et l’intelligence de ses enfants grâce à des manipulations génétiques (ce qui sera du domaine du possible dans moins de dix ans) et si d’un autre côté, les américains décidaient de rester naturels et de bannir toute intervention génétique destinée à modifier l’humain, pour se mettre en accord avec la volonté supposée de Dieu, alors « un conflit majeur à l'échelle de l'espèce humaine éclatera rapidement ».
 
Le monde se divisera en deux populations : ceux qui seront « augmentés » et les autres. Fermera-t-on les frontières à ces nouveaux humains ? Les enfermera-t-on dans des camps ? Les exterminerons-nous ? Et vice-versa, les nouveaux humains accepteront-ils la présence de vestiges d’une espèce ancienne à leurs côtés ? Ce scénario laisse libre cours à toutes les paranoïas…
 
Il n’en demeure pas moins que réguler ou pas, mettre en place des moratoires sur les recherches génétiques ou tâcher de contrôler ce qui se passe dans les laboratoires semble vain. CRISPR-Cas 9 s’achète aujourd’hui en kit pour moins de 100 $ sur Internet. Partout dans les laboratoires du monde, des apprentis sorciers s’exercent à ces manipulations. Le mouvement est lancé. Le danger ne viendra pas forcément des États, mais des zones obscures de la société.
 
Alors faut-il prôner, comme le propose Istvan, une autre voie, celle de la libéralisation de la recherche partout, aux États-Unis comme en Chine et ailleurs ? Une « bonne vieille compétition scientifique » dit-il et « voyons quel pays est capable de proposer les meilleures améliorations à ces citoyens, et partageons ensuite ce que nous aurons créé de mieux pour faire en sorte que les peuples soient aussi égaux que possibles ». Ce vœu pieux appelant à concilier la paix et le progrès scientifique est-il viable ? Ou seulement possible ? Sommes-nous condamnés à entrer dans une nouvelle guerre froide avec comme enjeu décisif, l’espèce humaine elle-même ? La question reste entière et mérite d’autant plus d’être posée dans nos sociétés atteintes par le doute, l’inquiétude et le rétrécissement de leur horizon prédictif
- See more at: http://up-magazine.info/index.php/le-vivant/bio-innovations/6354-la-proliferation-de-crispr-nous-mene-t-elle-vers-un-nouvel-equilibre-de-la-terreur#sthash.rixhXpLR.dpuf
Oui, les outils de manipulations génétiques dont nous disposons aujourd’hui et encore plus ceux qui se profilent dans les laboratoires pour demain matin seront bel et bien en mesure de modifier l’espèce humaine. Face à cette issue, deux possibilités s’offrent à nous : soit réguler, soit récupérer. Réguler cela signifie laisser aux États, aux organisme internationaux, le soin de décréter ce qui est bien et mal dans ces recherches, ce qu’il faut brider ou cesser immédiatement au nom du bonum humanum comme le disait Hans Jonas. Principe responsabilité oblige. Mais cette position soulève, aussitôt qu’on l’évoque, des questions sur le droit d’interrompre la science, de brider le progrès. Cette interrogation est d’autant plus justifiée que CRISPR est une technologie duale qui est en capacité de résoudre la plupart des maladies dont l’humanité est hantée et peut-être même aussi la vieillesse.
L’autre possibilité est de récupérer ces technologies pour asseoir son pouvoir ou sa puissance. Nous avons récemment évoqué le risque de dissémination de ces outils dans les univers terroristes. Mais au niveau des États aussi, les tentations peuvent être grandes d’améliorer physiquement sa population, son armée, pour prendre des avantages décisifs sur le reste du monde.

LIRE DANS UP : CRISPR-Cas9 pourrait-il devenir une arme de destruction massive ?

Le futurologue d’obédience transhumaniste, Zoltan Istvan, s’est livré au jeu des scénarios dans un article publié dans Motherboard. Il déclare d’emblée « La technologie d'édition génétique n'a pas d'effets dangereux immédiats. Pourtant, elle promet de créer autant de dissensions au sein de l'humanité que 70 ans de prolifération nucléaire ». Selon lui, deux camps vont s’opposer. D’un côté, la Chine et ses armées de scientifiques qui ont emprunté, bride abattue, le cheval de bataille de la révolution génétique et font fi des susceptibilités éthiques des occidentaux. Ils ont été les premiers à expérimenter CRISPR sur des embryons humains. De l’autre côté, les États-Unis, dirigés dès le 20 janvier prochain par des conservateurs chrétiens qui affirment que l’Homme doit demeurer tel que Dieu l’a créé.
 
Pour Zoltan Istvan, nul doute que c’est dans cette opposition que germeront « les graines d'un grand conflit futur, qui se traduira à coup sûr par des manifestations de masse, des émeutes, et même une guerre civile ». Si, d’un côté, la Chine décidait d’accroître la force et l’intelligence de ses enfants grâce à des manipulations génétiques (ce qui sera du domaine du possible dans moins de dix ans) et si d’un autre côté, les américains décidaient de rester naturels et de bannir toute intervention génétique destinée à modifier l’humain, pour se mettre en accord avec la volonté supposée de Dieu, alors « un conflit majeur à l'échelle de l'espèce humaine éclatera rapidement ».
 
Le monde se divisera en deux populations : ceux qui seront « augmentés » et les autres. Fermera-t-on les frontières à ces nouveaux humains ? Les enfermera-t-on dans des camps ? Les exterminerons-nous ? Et vice-versa, les nouveaux humains accepteront-ils la présence de vestiges d’une espèce ancienne à leurs côtés ? Ce scénario laisse libre cours à toutes les paranoïas…
 
Il n’en demeure pas moins que réguler ou pas, mettre en place des moratoires sur les recherches génétiques ou tâcher de contrôler ce qui se passe dans les laboratoires semble vain. CRISPR-Cas 9 s’achète aujourd’hui en kit pour moins de 100 $ sur Internet. Partout dans les laboratoires du monde, des apprentis sorciers s’exercent à ces manipulations. Le mouvement est lancé. Le danger ne viendra pas forcément des États, mais des zones obscures de la société.
 
Alors faut-il prôner, comme le propose Istvan, une autre voie, celle de la libéralisation de la recherche partout, aux États-Unis comme en Chine et ailleurs ? Une « bonne vieille compétition scientifique » dit-il et « voyons quel pays est capable de proposer les meilleures améliorations à ces citoyens, et partageons ensuite ce que nous aurons créé de mieux pour faire en sorte que les peuples soient aussi égaux que possibles ». Ce vœu pieux appelant à concilier la paix et le progrès scientifique est-il viable ? Ou seulement possible ? Sommes-nous condamnés à entrer dans une nouvelle guerre froide avec comme enjeu décisif, l’espèce humaine elle-même ? La question reste entière et mérite d’autant plus d’être posée dans nos sociétés atteintes par le doute, l’inquiétude et le rétrécissement de leur horizon prédictif
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Oui, les outils de manipulations génétiques dont nous disposons aujourd’hui et encore plus ceux qui se profilent dans les laboratoires pour demain matin seront bel et bien en mesure de modifier l’espèce humaine. Face à cette issue, deux possibilités s’offrent à nous : soit réguler, soit récupérer. Réguler cela signifie laisser aux États, aux organisme internationaux, le soin de décréter ce qui est bien et mal dans ces recherches, ce qu’il faut brider ou cesser immédiatement au nom du bonum humanum comme le disait Hans Jonas. Principe responsabilité oblige. Mais cette position soulève, aussitôt qu’on l’évoque, des questions sur le droit d’interrompre la science, de brider le progrès. Cette interrogation est d’autant plus justifiée que CRISPR est une technologie duale qui est en capacité de résoudre la plupart des maladies dont l’humanité est hantée et peut-être même aussi la vieillesse.
L’autre possibilité est de récupérer ces technologies pour asseoir son pouvoir ou sa puissance. Nous avons récemment évoqué le risque de dissémination de ces outils dans les univers terroristes. Mais au niveau des États aussi, les tentations peuvent être grandes d’améliorer physiquement sa population, son armée, pour prendre des avantages décisifs sur le reste du monde.

LIRE DANS UP : CRISPR-Cas9 pourrait-il devenir une arme de destruction massive ?

Le futurologue d’obédience transhumaniste, Zoltan Istvan, s’est livré au jeu des scénarios dans un article publié dans Motherboard. Il déclare d’emblée « La technologie d'édition génétique n'a pas d'effets dangereux immédiats. Pourtant, elle promet de créer autant de dissensions au sein de l'humanité que 70 ans de prolifération nucléaire ». Selon lui, deux camps vont s’opposer. D’un côté, la Chine et ses armées de scientifiques qui ont emprunté, bride abattue, le cheval de bataille de la révolution génétique et font fi des susceptibilités éthiques des occidentaux. Ils ont été les premiers à expérimenter CRISPR sur des embryons humains. De l’autre côté, les États-Unis, dirigés dès le 20 janvier prochain par des conservateurs chrétiens qui affirment que l’Homme doit demeurer tel que Dieu l’a créé.
 
Pour Zoltan Istvan, nul doute que c’est dans cette opposition que germeront « les graines d'un grand conflit futur, qui se traduira à coup sûr par des manifestations de masse, des émeutes, et même une guerre civile ». Si, d’un côté, la Chine décidait d’accroître la force et l’intelligence de ses enfants grâce à des manipulations génétiques (ce qui sera du domaine du possible dans moins de dix ans) et si d’un autre côté, les américains décidaient de rester naturels et de bannir toute intervention génétique destinée à modifier l’humain, pour se mettre en accord avec la volonté supposée de Dieu, alors « un conflit majeur à l'échelle de l'espèce humaine éclatera rapidement ».
 
Le monde se divisera en deux populations : ceux qui seront « augmentés » et les autres. Fermera-t-on les frontières à ces nouveaux humains ? Les enfermera-t-on dans des camps ? Les exterminerons-nous ? Et vice-versa, les nouveaux humains accepteront-ils la présence de vestiges d’une espèce ancienne à leurs côtés ? Ce scénario laisse libre cours à toutes les paranoïas…
 
Il n’en demeure pas moins que réguler ou pas, mettre en place des moratoires sur les recherches génétiques ou tâcher de contrôler ce qui se passe dans les laboratoires semble vain. CRISPR-Cas 9 s’achète aujourd’hui en kit pour moins de 100 $ sur Internet. Partout dans les laboratoires du monde, des apprentis sorciers s’exercent à ces manipulations. Le mouvement est lancé. Le danger ne viendra pas forcément des États, mais des zones obscures de la société.
 
Alors faut-il prôner, comme le propose Istvan, une autre voie, celle de la libéralisation de la recherche partout, aux États-Unis comme en Chine et ailleurs ? Une « bonne vieille compétition scientifique » dit-il et « voyons quel pays est capable de proposer les meilleures améliorations à ces citoyens, et partageons ensuite ce que nous aurons créé de mieux pour faire en sorte que les peuples soient aussi égaux que possibles ». Ce vœu pieux appelant à concilier la paix et le progrès scientifique est-il viable ? Ou seulement possible ? Sommes-nous condamnés à entrer dans une nouvelle guerre froide avec comme enjeu décisif, l’espèce humaine elle-même ? La question reste entière et mérite d’autant plus d’être posée dans nos sociétés atteintes par le doute, l’inquiétude et le rétrécissement de leur horizon prédictif
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Oui, les outils de manipulations génétiques dont nous disposons aujourd’hui et encore plus ceux qui se profilent dans les laboratoires pour demain matin seront bel et bien en mesure de modifier l’espèce humaine. Face à cette issue, deux possibilités s’offrent à nous : soit réguler, soit récupérer. Réguler cela signifie laisser aux États, aux organisme internationaux, le soin de décréter ce qui est bien et mal dans ces recherches, ce qu’il faut brider ou cesser immédiatement au nom du bonum humanum comme le disait Hans Jonas. Principe responsabilité oblige. Mais cette position soulève, aussitôt qu’on l’évoque, des questions sur le droit d’interrompre la science, de brider le progrès. Cette interrogation est d’autant plus justifiée que CRISPR est une technologie duale qui est en capacité de résoudre la plupart des maladies dont l’humanité est hantée et peut-être même aussi la vieillesse.
L’autre possibilité est de récupérer ces technologies pour asseoir son pouvoir ou sa puissance. Nous avons récemment évoqué le risque de dissémination de ces outils dans les univers terroristes. Mais au niveau des États aussi, les tentations peuvent être grandes d’améliorer physiquement sa population, son armée, pour prendre des avantages décisifs sur le reste du monde.

LIRE DANS UP : CRISPR-Cas9 pourrait-il devenir une arme de destruction massive ?

Le futurologue d’obédience transhumaniste, Zoltan Istvan, s’est livré au jeu des scénarios dans un article publié dans Motherboard. Il déclare d’emblée « La technologie d'édition génétique n'a pas d'effets dangereux immédiats. Pourtant, elle promet de créer autant de dissensions au sein de l'humanité que 70 ans de prolifération nucléaire ». Selon lui, deux camps vont s’opposer. D’un côté, la Chine et ses armées de scientifiques qui ont emprunté, bride abattue, le cheval de bataille de la révolution génétique et font fi des susceptibilités éthiques des occidentaux. Ils ont été les premiers à expérimenter CRISPR sur des embryons humains. De l’autre côté, les États-Unis, dirigés dès le 20 janvier prochain par des conservateurs chrétiens qui affirment que l’Homme doit demeurer tel que Dieu l’a créé.
 
Pour Zoltan Istvan, nul doute que c’est dans cette opposition que germeront « les graines d'un grand conflit futur, qui se traduira à coup sûr par des manifestations de masse, des émeutes, et même une guerre civile ». Si, d’un côté, la Chine décidait d’accroître la force et l’intelligence de ses enfants grâce à des manipulations génétiques (ce qui sera du domaine du possible dans moins de dix ans) et si d’un autre côté, les américains décidaient de rester naturels et de bannir toute intervention génétique destinée à modifier l’humain, pour se mettre en accord avec la volonté supposée de Dieu, alors « un conflit majeur à l'échelle de l'espèce humaine éclatera rapidement ».
 
Le monde se divisera en deux populations : ceux qui seront « augmentés » et les autres. Fermera-t-on les frontières à ces nouveaux humains ? Les enfermera-t-on dans des camps ? Les exterminerons-nous ? Et vice-versa, les nouveaux humains accepteront-ils la présence de vestiges d’une espèce ancienne à leurs côtés ? Ce scénario laisse libre cours à toutes les paranoïas…
 
Il n’en demeure pas moins que réguler ou pas, mettre en place des moratoires sur les recherches génétiques ou tâcher de contrôler ce qui se passe dans les laboratoires semble vain. CRISPR-Cas 9 s’achète aujourd’hui en kit pour moins de 100 $ sur Internet. Partout dans les laboratoires du monde, des apprentis sorciers s’exercent à ces manipulations. Le mouvement est lancé. Le danger ne viendra pas forcément des États, mais des zones obscures de la société.
 
Alors faut-il prôner, comme le propose Istvan, une autre voie, celle de la libéralisation de la recherche partout, aux États-Unis comme en Chine et ailleurs ? Une « bonne vieille compétition scientifique » dit-il et « voyons quel pays est capable de proposer les meilleures améliorations à ces citoyens, et partageons ensuite ce que nous aurons créé de mieux pour faire en sorte que les peuples soient aussi égaux que possibles ». Ce vœu pieux appelant à concilier la paix et le progrès scientifique est-il viable ? Ou seulement possible ? Sommes-nous condamnés à entrer dans une nouvelle guerre froide avec comme enjeu décisif, l’espèce humaine elle-même ? La question reste entière et mérite d’autant plus d’être posée dans nos sociétés atteintes par le doute, l’inquiétude et le rétrécissement de leur horizon prédictif
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