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19 avril 2015 7 19 /04 /avril /2015 04:13

Après l’huile de palme, le caoutchouc

Le 17 avril 2015

Faune et flore, Sites et sols naturels, Politique & Société, Entreprises, Biodiversité

Le caoutchouc va-t-il à son tour saigner la forêt?
DR

Le caoutchouc naturel menace-t-il les forêts du sud-est asiatique? Poussée par le prix élevé du pétrole, la culture de l’Hevea brasiliensis, dont 70% est utilisé pour la fabrication de pneus, pourrait bien s’envoler ces prochaines années, avec les mêmes effets sur la biodiversité, révèle une étude publiée dans les Conservation Letters.

Comme avec l’huile de palme, les premières victimes de cette monoculture sont les forêts primaires du sud-est asiatique, abritant de nombreuses espèces menacées. Parmi les zones les plus touchées, l’Indonésie, la Malaisie, le Laos, le Cambodge, le Vietnam, le sud-ouest de la Chine et les Philippines.

De 5,5 millions d’hectares en 1983 dans le monde, la culture de l’hévéa s’étendait sur 9,9 millions en 2012. Soit 57% de la surface consacrée à l’huile de palme, mais jusqu’à 71% en Asie du sud-est. Et le rythme s’accélère: dans les années 2000, ce sont 219.000 hectares qui ont été plantés d’hévéas chaque année, contre 108.000 hectares par an lors des deux décennies précédentes.

Or la demande de caoutchouc naturel, très forte dans les pays asiatiques en pleine croissance, ne devrait pas faiblir. Actuellement, elle connaît même une hausse annuelle de 3,5%, voire de 5,3% rien que pour les pneus.

Jusqu’à 86% de plus en 2024

Eleanor Warren-Thomas, de l’université d’East Anglia à Norwich (Royaume-Uni), et ses collègues ont fait leurs calculs: d’ici à 2024, ce sont 4,3 à 8,5 millions d’hectares de plus qui pourraient être plantés d’hévéas, du même ordre que pour l’huile de palme. Par rapport à 2012, la hausse de terres cultivées avec de l’hévéa pourrait donc s’élever jusqu’à 86%.

«De nombreuses aires protégées ont déjà été converties en plantations à caoutchouc. Par exemple, plus de 70% des 75.000 hectares de la réserve naturelle Snoul, au Cambodge, ont été converties entre 2009 et 2013», notent les chercheurs. Et ce malgré la présence de nombreuses espèces menacées, dont le cerf d’Eld, le banteng (un bœuf sauvage) et divers singes et carnivores.

Une fois la forêt convertie en plantations d’hévéas, «les macaques et les gibbons en disparaissent complètement, et nos travaux montrent que le nombre d’oiseaux, de chauves-souris et de scarabées décline jusqu’à 75%», ajoutent-ils. Sans oublier les effets désastreux sur les cours d’eau, qui se retrouvent soudain gorgés de fertilisants et de pesticides.

Contrairement à l’huile de palme, le public semble encore très peu au fait des ravages de l’hévéa sur les forêts tropicales. «Au minimum, les entreprises qui convertissent, en toute légalité, des forêts protégées en plantations d’hévéas devraient faire l’objet de restrictions d’accès au marché, avec une certification d’exploitation durable», juge l’équipe. Dénommé Sustainable Natural Rubber Initiative (SNR-i), un projet international a été lancé dans ce sens en janvier.

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