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9 janvier 2016 6 09 /01 /janvier /2016 06:06
  • Déchéance institutionnelle janv. 201 par gilles.sainatI
  • Nous vivons bien une déchéance institutionnelle qui vise a supprimer les principes fondateurs de l’État de droit moderne à l’instar de pays comme la Pologne ou la Hongrie. Dans l'hexagone, la première préoccupation est de contourner l’autorité judiciaire. Ce n’est visiblement pas la lutte contre le terrorisme qui est privilégiée mais un autre programme qui est mis en œuvre .Il faut lutter contre les auteurs des attentats de terroristes des 7 janvier et 13 novembre 2015, les terroristes, leur(s) organisation(s), leur idéologie sectaire et barbare.La question est comment y parvenir de la manière la plus efficace.

  • De l’anti-terrorisme

    En France, la lutte anti terroriste s’est caractérisée depuis 1986 par une centralisation parisienne aussi de l’investigation policière, de la poursuite pénale que du jugement voire même de l’application des peines avec la création d’un juge de l’application des peines spécialisé dans ce type de contentieux.
    La proximité de cette justice spécifique avec le pouvoir politique a souvent brouillé les cartes, en témoigne les pratiques du juge Bruguière https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Louis_Brugui%C3%A8re ou l’affaire TARNAC https://fr.wikipedia.org/wiki/Julien_Coupat.
    La réforme de la DGSI initiée par Nicolas Sarkozy a conduit à une désorganisation fonctionnelle en mélangent des cultures professionnelles souvent très éloignées..en renseignements généraux et contre espionnage, police judiciaire.
    Bref, l’on ne peut pas dire que l’intervention politique fut toujours bénéfique à la lutte anti terroriste, mais compte tenu du caractère très politique du danger, ces interférences étaient inévitables.

    à l'anti-juge

    Dans le même temps depuis les années 1990 s’est développé une armada de mesures sécuritaires renforçant les pouvoirs de la police en matière pénale mais toujours sous le contrôle d’un magistrat du parquet ou d’un juge des Libertés et de la Détention..
    Il faut dire que l’article 66 de la constitution de 58 prévoit que « Nul ne peut être arbitrairement détenu. L'autorité judiciaire, gardienne de la liberté individuelle, assure le respect de ce principe dans les conditions prévues par la loi. »

    Ce principe repose sur une évidence: On remet nos libertés individuelles entre les mains d’une autorité qui sera la plus indépendante vis à vis du pouvoir exécutif. Certes il reste encore beaucoup de progrès a faire pour que cette justice devienne indépendante: modifier le statut du parquet pour le rendre indépendant, approfondir la séparation des pouvoirs, transférer la police judiciaire sous l’autorité de juges indépendants.
    Cette évolution est lente, on peut même dire que ces vingts dernières années chaque avancée s’est soldée par un recul, chez les partisans de Nicolas SARKOZY le but est de supprimer la fonction de juge d’instruction, dans les partis considérés comme plus progressistes, c’est plutôt un transfert des pouvoirs vers un parquet dépendant de l’exécutif qui est plébiscité…Les affaires URBAT, des frégates... sont passées par là…

    L’explication clamée haut et fort par tous les politiques c’est que les juges ne seraient pas légitimes, et puis tatillons, lents, laxistes.

    Pourtant il n’y a jamais eu autant de personnes incarcérées qu’en 2015 avec des peines de plus en plus lourdes et des poursuites pénales en augmentation.…

    Nouvelles stratégies de contournement judiciaire par l’arbitraire administratif

    Suite à l’émotion suscitée par les attentats de 2015 la stratégie de l’exécutif reprend cette volonté de minoration des pouvoirs des juges judiciaires, non pas suite à une analyse précise des dysfonctionnements judiciaires éventuels dans la lutte anti terroriste mais simplement pour rendre « l’état efficace » face à l’urgence, alimentant en cela le discours caricatural de la droite forte ou extrême contre les juges laxistes..

    Reprenant sans le dire le schéma déjà adopté lors des plans prévus en cas de pandémie il est mis en oeuvre la suspension immédiate de la justice judiciaire ( CF plan de pandémie grippale http://www.finistere.gouv.fr/Politiques-publiques/Securite/Securite-sanitaire/Prevention-et-lutte-contre-la-pandemie-grippale).

    La loi sur le renseignement avait déjà donné tous pouvoirs au premier ministre en matière de surveillance, sans aucun contrôle effectif et sans transparence.

    Au vu de l’état d’urgence de trois mois les préfets décident et coordonnent des perquisitions de nuit, des mesures de coercition comme l’assignation à résidence avec pointage au services de polices trois fois par jour.


    Maintenant il n’y a plus de contrôle a priori de ces mesures de sûretés qui fonctionnent à l’identique des lettres de cachets sous l’ancien régime, en témoigne les militants écolo, les cultivateurs bio et bien d’autres encore, qui subirent ces mesures..

    Pourtant ces pratiques administratives étaient mise en oeuvre après les attentats sanglants de novembre 2015, mais le projet de révision constitutionnelle prévoit un état d'urgence permanent sans recours ni contrôle de l'autorité judiciaire en cas de " de péril imminent résultant d’atteintes graves à l’ordre public, soit en cas d’événements présentant, par leur nature et leur gravité, le caractère de calamité publique "...

    La référence explicite au terrorisme est euphémisée et le nombre de cas dans lesquels ce type de définition va pouvoir s’appliquer augmente vertigineusement.
    Le juge judiciaire est donc évacué et comme si ce n’était assez clair, le gouvernement prépare une reforme nommée réforme pénale qui transfère une grande partie des pouvoirs des parquets vers les préfets, ce sans avoir a viser l’état d’urgence.http://www.20minutes.fr/societe/1759855-20160105-lutte-contre-terrorisme-pouvoirs-bientot-elargis-policiers.

    Vous pourrez donc toujours plaider votre liberté devant le juge administratif, mais a postériori.

    Celui-ci devient de facto avec cette nouvelle version constitutionnelle le gardien des libertés individuelles et publiques..L’on change vraiment de constitution.

    Déchéance de nationalité tous azimuts

    Dans l’esprit fébrile des novateurs constitutionnels de cette fin d’année 2015, il convenait, pour faire bon poids à l’extrême droite, de constitutionnaliser la sanction individuelle de déchéance de nationalité pour les bi nationaux, déjà prévue par le code civil.

    Inefficace; a-t-on déjà vu un kamikaze ne pas accomplir son geste par peur de ne pas conserver sa nationalité?
    Le pouvoir le dit : c’est inutile… c’est pour cela qu’il propose maintenant la déchéance de nationalité pour tous ses nationaux…
    Le pouvoir le dit: c’est mieux car au moins tout le monde pourra être apatride…
    Le pouvoir de gauche le dit; Même si c’est interdit par l’article 15 de la déclaration Universelle des Droits de l’Homme, c’est pas grave, on a pas ratifié cette convention… et puis de toute manière on ne l’applique pas…( honte aux droits de l’hommistes répondent en choeur le Front National et les réactionnaires de tous poils).

    Et puis quand on aura plein d’apatrides, que l’on ne pourra pas expulser… il ne restera plus qu’à les interner dans des camps.. à l’exemple de Guantanamo. Très efficace contre le terrorisme, on a déjà pu l’expérimenter..

    Demain, une autre facétie s’emparera des conseillers du prince, pourquoi ne pas constitutionnaliser d’autres sanctions que l’on pourra appliquer: la roue, les brodequins etc. de toute manière on se moque des conventions internationales sur les droits de l’homme que l’on a pas ratifié.. et principalement de la déclaration universelle.


    L’Etat de droit était une notion qui permettait d’éviter l’arbitraire de l’Etat, et fondait la légitimité de la violence de l’état sous le contrôle de la justice car elle était limitée à lutte contre les criminels. Le droit était le principe, la violence l’exception.
    Aujourd’hui notre ministre de l’intérieur parle de refonder l’Etat de droit mais cette novlangue inverse le principe: l’arbitraire devient le principe, et le contrôle, le droit est l’exception..
    La légalité a supplanté la légitimité. Bien entendu ce nouveau système sera légal… mais il aura quitté toute légitimité n’étant plus en référence avec la Déclaration Universelle des droits de l’Homme ou même la Convention Européenne des Droits de l’Homme..autant d’instruments internationaux qui , aux yeux des novateurs constitutionnels, sont sans doute devenus désuets..

    Nous vivons bien une déchéance institutionnelle qui vise a supprimer les principes fondateurs de l’Etat de droit moderne à l’instar de pays comme la Pologne ou la Hongrie. Dans l'Hexagone, la première préoccupation est de contourner l’autorité judiciaire.

    Ce n’est visiblement pas la lutte contre le terrorisme qui est privilégiée mais un autre programme qui est mis en oeuvre.

    Il y a quelques années beaucoup avaient voté pour un Président normal qui voulait s’affranchir de la dictature de l’émotion, c’était un autre temps, c’était il y a un siècle.

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3 janvier 2016 7 03 /01 /janvier /2016 08:28

Le fichage ADN sert à « pré-mâcher le travail de la dictature » Giorgio Agamben,philosophe.

Xavier Renou, des Désobéissants, jugé pour refus du ...

Le fichage ADN est une agrégation juridique qui assimile l'action militante à la délinquance sexuelle:

Procès pour refus de prélèvement d'ADN de deux faucheurs ...

Le fichage ADN est une discrimination sur l'information génétique

Une société condamnée pour avoir forcé à un test ADN des ...
Les maîtres de l'ADN | Enquêtes, reportages et autres ...

Le fichage ADN est une discrimination politique ,sinon , contrairement à ce que la loi permet pour ce qui est de

L'utilisation des empreintes génétiques dans la procédure ...

on se demande bien pourquoi le socialiste-ADN de notre ami Hubert Védrine ne lui a pas été demandé en tant que témoin ,juste avant qu'il ne retire sa plainte (...et n'en relance une autre), comme victime de l'action d'ensanglantement que Xavier Renou avait menée contre lui en novembre 2007 ?

Rappelons quand même que c'était son accusation de complicité dans le génocide des Tutsi du Rwanda de 1994 ,par le Rwanda, et de nombreux chercheurs , le prétexte de l'ensanglantement de ce membre du Parti de Hollande,.

Là , dans la procédure qui fut lancée par un procureur contre Xavier,la réalité du blocage politique est plus grande que la faveur policière elle-même ,concédée à Védrine .

Celle qui consista a ne pas utiliser (Par un "barbouillage"buccal ou le don d'un poil de son cul,par exemple) le matériel génétique de Védrine pour l’enquête.

Car le problème est double et ,le hic véritable n'est pas uniquement le passe-droit policier que l'on dénonce ,c'est surtout qu'un grand principe ,celui de compétence universelle ,étant juridiquement bloqué,il bloque par là aussi une éventuelle inculpation de Védrine dans une autre affaire qui est le motif de l'ensanglantement .

Voilà qu'on juge Xavier Renou,mais qu'on ne se permet pas depuis belle lurette ,et pour des raisons pas si obscures que ça, une enquête Française sur le Rwanda parce qu'elle ne peut pas s'encrer ou s'ancrer correctement dans le Droit Français:

En France | Compétence universelle

Si cette permission dérogatoire continue ,ça serait du fait du président Hollande lui même.Le "normal"permettrait ainsi à de supposés bourreaux de chez nous de se draper d'une bonne réputation politique et républicaine ,de passer à la radio et à travers les mailles du filet du droit international.Or une condamnation inscrite au casier judiciaire de Védrine pour le rôle de la France au Rwanda sous Mitterrand condamnerait probablement à sa déchéance, le "socialisme politique( i.e. d'entre-gens gravement compromis )"d'aujourd'hui ,mais acterait avec un grand bénéfice pour tous ,une expiation civique dans l'histoire des Français avec l’Étranger.

Le projet chimérique d'une compétence universelle en France

Pour qu'en 2016, l'assemblée nationale et le Sénat aillent au moins pire à Versailles, dans ce qui s'annonce comme un inquiétant aménagement de la constitution et une gabegie réformatrice de la procédure pénale donnant dans le "tous pas pareil", pour soit-disant lutter contre les auteurs de crimes de masse sur le territoire national,encore faudrait-il ,avant que de vouloir légiférer sur la "nécessité " de l'état d'urgence et celle en doublon,de déchoir de leur nationalité des criminels Français précautionneusement sélectionnés sur le mode du "tous pas pareil", envisager en amont ,au préalable et le plus tôt possible,(car pour la Révision de la Constitution : l'Elysée veut une adoption avant fin mars),de constitutionnaliser une procédure d’empêchement sévère afin de solder l'inéquitable contentieux Védrine par une réponse pénale axée sur le Droit international.

La condition bien entendue serait que certains des agissements "diplomatiques "de ces potes et despotes de Hollande à l'étranger s'avéreraient encore relever d'une cour pénale internationale et qu'il n'y ait pas de prescription.Mais même si ce n'était plus le cas il faudrait ROMPRE AVEC LA CHAINE DES COMPLICES et des complicités,et adopter cette clause générale de compétence signifiante à l'international.

Ensuite le législateur Français pourrait mettre en œuvre tout un programme qui présupposerait que les juges Français puissent d'abord s'opposer aux éventuelles protections politiques de ses amis par le chef de l'état.Actuellement,il faut que les magistrats puissent tout oser se permettre en matière de "défense et de mise en œuvre des exigences profondes de l'humanité".Il faut pour cela la désobstruction et l'obligation de l'instruction de certaines affaires internationales en toute urgence,même s'il faut toucher à la sacro-sainte réputation des élites gouvernementales en inculpant , tout ces potes et despotes "mouillés" mais à l’abri du bon vouloir du chef de l'état.

Alors seulement,on aurait un sentiment d'un bien fondé représentatif avancé,et un sentiment que la justice serait plus compétente qu'avec l'actuel projet de modification constitutionnelle ,PAR trop concocté à la sauce indigeste d'une répression pour tous!

On croit savoir pourtant,(ou il apparaitrait sur la toile voir par exemple les résultats d’un sondage OpinionWay pour Le Figaro). ),que les Français ,dans un élan de fascisme consanguin,plébisciterait davantage La déchéance qu’autre chose.

Essayons plutôt qu'un rituel sécuritaire avec la déchéance et un risque répressif pour tous , pour voir,un autre acte universaliste et généreux:dotons nous d'une loi pour la nationalisation des étrangers pourrait nous relier davantage ,et nous rendrait logiquement plus philosophes et fraternels .

Soyons convaincus ,à contrario du débat à texture nationale-socialiste lancé aujourd'hui par un Hollande qui qui nous lasse déjà tant et tant parce qu'il n’a tenu aucune des promesses pré-électorales de 2012 ,qu'il existe bien d'autres ambitions politiques en France,que celle de faire passer pour des obstinés de l'exclusion, les" Français normaux"(Ceux qui n'ont pas pour amis des criminels ).

Incitons Hollande à se convaincre qu'il existe des gens accueillants ,désintoxiqués des bassesses de nos politiques ,disant stop à l'idée d'un ordre nouveau ,non au dopage de l' état d'urgence permanent ,non à la diffusion répétitive du brunissage idéologique FN/les républicains /socialiste, qui voudraient bien chez eux des "migrants ",afin qu'il prenne appui sur ces valeurs pour lui aussi et qu'il propose aux Français un autre projet politique avec un peu plus de hauteur,puisqu'il est en recherche d'un corpus d'électeur pour 2017.

Il se pourrait alors que des concitoyens consciencieux lui expriment de la reconnaissance d’avoir fait en sorte que ce ne soit pas une majorité de haineux et des vengeurs qui veuillent le remette en selle.

Car actuellement ,le projet constitutionnel de Hollande dépasse largement en bêtise et nuisance républicaine ,les espérances extrémistes exprimées par le FN et de Les républicains réunis.

Au lieu de tout ça ,Hollande pourrait penser à remercier par exemple l'Algérien Didi pour sa conduite magnifique au Bataclan! @Elysee @fhollande Honorez Didi, le héros oublié du Bataclan en lui validant sa demande de naturalisation

Gageons qu'Hollande le fera,au moins pour plaire à ce qui reste de ses admirateurs-électeurs PS.

Mais craignons à plus forte raison électoraliste ,(et donc égoïste), que notre actuel président n'utilisera pas préférentiellement contre lui-même( le plus surprenant serait le contraire!On voit bien comment dans cette mandature perturbée deux fois par des attentats,la réponse choisie est et reste sécuritaire ), l’article 11 de la Constitution pour se contraindre à moins de pouvoir ,et particulièrement à ne plus user du pouvoir de répression.

Constitution du 4 octobre 1958 - Article 11 | Legifrance

Hollande néanmoins ,préférera sans doute en bon faire légiférer chef sous peu les deux chambres sur l'état d'urgence , instrumentalisé par l'injonction au nettoyage lancée par son prédécesseur.Faire musclé,c'est selon ces deux addicts du commandement ,le seul gage d'une hypothétique réélection.

Pourtant ,sur proposition du Gouvernement ou sur proposition conjointe des deux assemblées, cette article 11 permettrait au président de la République de faire un geste contre cette dictature de l'état d'urgence ,qui déplait à beaucoup puisqu'elle reprend des thèses issues de la la droite extrême,consanguine et cagoularde .

En soumettant à référendum un projet de loi beaucoup moins démagogique et vengeur que la promesse de déchéance ou l'armement permanent des policiers , qui amènerait d’avantage de suicides professionnels,de bavures létales et de meurtres raciaux, un projet qui serait plus restrictif pour ses pouvoirs ,puisqu'il préciserait les limites de l’empêchement présidentiel autre que l'exercice des fonctions du chef de l’État par le président du Sénat en cas d 'absence momentané ou définitive.

Ces limites sont simplistes,la notion d’empêchement trop floues encore, pour de rendre possible l'action de la justice pénale en politique française ,devraient permettre précisément à un gouvernement d'ester contre ses "propres" amis Socialistes s'ils s’avèrent être ennemis des Droits ,de la vie et de la liberté des peuples à l' étranger.

M. Benjamin Ferencz, ancien procureur au Tribunal de Nuremberg, considérait qu' "il ne peut y avoir de paix sans justice, ni de justice sans loi, ni de loi digne de ce nom sans un tribunal chargé de décider ce qui est juste et légal dans des circonstances données". Ainsi se trouvaient rappelés les liens complexes, parfois équivoques, que la paix entretient avec la justice, singulièrement la justice pénale.

Historique de la justice pénale internationnale - La justice ...

Ainsi donc ,avant que de voter la modification de la constitution ,nous saurons rappeler à notre bon élu Frédéric Roig ,Socialiste de la 4em circonscription, qu'il devrait peut être se fendre d'un bon conseil au président "musclé":celui d’être plus clair dans son message du" vivre ensemble" ,comme l'on dit ,et marquer légalement et précisément les limites de son copinage présidentiel et préjudiciable avec des criminels justiciables.

Car s' "il ne peut y avoir de paix sans justice, ni de justice sans loi, ni de loi digne de ce nom sans un tribunal chargé de décider ce qui est juste et légal dans des circonstances données",comment peut -ton se laisser aller à l'injustice pour ce qui est d' un acte génocidaire ,et après cela estimer qu'on va juger équitablement des Français qui au nom du terrorisme ont assassiné ou voudraient tuer d'autres Français? Comment juger les ennemis de l'État ? (Ou supposés tels dans de telles conditions ?)

en ce qui concerne précisément l’organisation des pouvoirs publics ,comme la justice, sait-t-on jamais quelle direction en "Anormalie " ou en démocratisme peut prendre encore Hollande ?:

Préférerai-t-il la voie de l'injustice d'exception à celle de la justice définie par Benjamin Ferencz ? A l'inverse ,le président redevenu normal ferait-il passer une bonne loi d'empêchement au lieu de poursuivre pour se dorer le blason en vue des élection de 2017 avec une loi sur l'état d'urgence ?

Si par la loi du genre "démocratique "les citoyens choisiront pour ou contre en 2017,il ne tient qu'à lui présentement d'envoyer paitre et de lâcher ses amis supposément criminels!

Hubert Védrine - Rwanda, un génocide made in France
[PDF]Hubert Védrine, gardien de l'Inavouable - Pages ...

Alors comme pour l'instant certains de nos résidents restent assignés à l'impunité et ne sont même pas inventoriés au FNAEG,il va falloir parler en conscience de ces à notre député PS Frédéric Roig ,car il va vers le 3-4 février regarder de près le projet de loi sur l'état d'urgence qui semble avoir priorité sur certaines magouilles de Hollande!Avant son élection de 2012 ,Hollande n'avait-il pas assuré de faire intégrer la compétence universelle dans notre droit national ?

Voilà la réponse de François Hollande à l’ACAT « Je veux être ici très ferme. Je n’accepte pas le mécanisme juridique existant qui défend (protège) des bourreaux en France. La loi du 9 août 2010 ne permet pas aux victimes des crimes internationaux les plus graves d’obtenir justice dans notre pays. Les possibilités de poursuites à l’encontre des auteurs présumés de ces crimes sont restreintes. Ce texte a rendu quasiment impossible le bon fonctionnement de la Cour Pénale Internationale en France.Je veux, bien entendu, revenir sur ces restrictions. Je n’accepterai pas que la France soit terre d’impunité pour des criminels de guerre ou des auteurs de génocide. »

L'agenda présidentiel n'a pas été respecté?Recourons à nos législateurs PS pour qu'ils le rappellent à leur tête de liste et chef de gouvernement!

En ce qui concerne l'agenda de Frédéric Roig - Son activité de député à l'Assemblée nationale est plutôt axée sur la cynégétique que sur la génétique policière.Revenons un peu sur ce FNAEG qui est un fameux merdier avant de retourner aussitôt à l'universalité des droits.

Le FNAEG nous éloigne du "traditionnel"bertillonnage policier mais nous rapproche à grande vitesse de Nuremberg",des lors que la généralisation du fichage ADN permettant de connaître les origines géographiques (raciales) et diverses caractéristiques intimes (comme les prédispositions à certaines maladies ) de la population pourrait aboutir à ce que soient menées:

-la sélection de la clientèle d'assurance rêvée selon le principe des pathologies prédéterminées par empreinte génétique,ou que le rêve devienne "cauchemar eugénique" avec le remboursement possible quand la modification génétique sur des embryons humains serait agréé,si viable (ce qui n'est pas le cas pour le moment lire plus ici) ,

- ou qu 'un gouvernement périlleusement Marianiste Le MRAP s'insurge contre la proposition de faire subir un ... ... , soit tenté par des politiques de discriminations raciales ,(ou génocidaires ?).

Il faut s'attendre à tout et n'importe quoi en rétrogradation des Droits avec cette "permanence exceptionnelle " que les parlementaires ont entre leurs mains.

C'est ce fait rétrograde sur lequel notre bon élu Frédéric Roig devrait avoir une réflexion politique et peut-être se fendre d'une QPC au sujet de la dérive scientiste ou sciento-policière,de la tentation du fichage politique ou social,pourrait remettre en cause purement et simplement l'usage du Fichier national automatisé des empreintes génétiques!

Procès du refus du fichage biologique (ADN) : le fichage ...
Fichage génétique en France Brèves - [Yonne Lautre]
Les prélèvements ADN : Une première vict oire vers l ...

Le refus de donner son ADN pour le fnaeg notamment,permet

-au militant de s’offrir une possibilité de dénoncer publiquement l'apprenti-scientisme des policiers,et leur croyance sincère ou feinte,en le "nettoyage " par la scientifique des informations codantes et donc à caractère intime dans le segment qu'elle (la scientifique)compte utiliser ...

- étant donné que de nouvelles dérives eugéniques sont facilitées par le tout un nouvel outil CRISPR-Cas9,http://www.lesechos.fr/idees-debats/sciences-prospective/021563150765-revolution-dans-la-manipulation-des-genes-1189168.php#

de façon "Révolutionnaire dans la manipulation des gènes",il revient aux militants des droits de l'homme et des autres causes d'emprunter la voie juridique et informative et de s'associer ,pour lancer une "vigilance Nuremberg" la plus large possible à l'encontre de certains malfrats scientistes qui se permettent actuellement du tripatouillage génomique sur l'embryon humain.

des dérives eugéniques que permettent les nouvelles techniques de la biologie.

Il existe actuellement une pratique bien vivante du refus de fichage au FNAEG dans l'Hérault .Pourtant cette pratique du refus et de la désobéissance n'est pas mentionnée dans ce qui est donné à lire dans les archives 2015 du MIDI LIBRE de Lodève (l'article en question qui est signé de MR,est titré "Une vingtaine de personnes en soutien à deux faucheurs volontaires convoqués en gendarmerie pour destruction de parcelles d’essai")Voir aussi Un champ de colza muté, fauché pour dénoncer les OGM cachés.

Cependant ,il faut faire savoir ce savoir faire militant .

le 3 décembre 2015 alors qu'elles étaient invitées ,( en plein état d'urgence) dans les locaux des gendarmes ,de Lodève afin de répondre à un questionnaire de police dans le cadre d'une enquête lancée par le procureur de Poitiers après le fauchage le 5 avril 2015 de parcelles d’essai de colza,ce ne sont pas deux mais bien quatre personnes qui ,en "sujets actifs"tout comme François Vaillant, déboulonneur de publicité,le syndicaliste agricole Jacques Pasquier, le syndicaliste des ouvriers de Continental Xavier Mathieu et bien d'autres avant eux ,ont refusé par un acte de désobéissance commune, une mesure de prélèvement in vivo de cette partie de leur biologie qui est codante.

Donc voilà pourquoi en ce qui concerne l'avancée en cours pour une plus grande reconnaissance des droits civiques et politiques des désobéissants et lanceurs d'alerte ,le point qui concerne la remise en cause du Fichier national automatisé des empreintes génétiques est on ne peut plus fondamentale .

"On va faire péter le FNAEG"voilà ce qu'a rappelé aux gendarmes Lodèvois ,un de ces refuzniks lors d'un échange avec la maréchaussée,() .Ceux-ci lui on rétorqué que l'ADN prélevé ,permettait néanmoins de résoudre certaines affaires criminelles .Ce à quoi le militant à rappelé "Nous ne sommes pas des délinquants "Les gendarmes ont alors demandé à ce qu'en leur fasse parvenir les communiqués de presse et les futures déclarations de la ligue des Droits de l'Homme!

Ce fichage ADN qui ,à déjà fait l'objet de 4 Questions Prioritaires de Constitutionnalité déposées par le porte-parole du collectif des Désobéissants,Une première victoire vers l'abrogation du Fichier ADN ... a été combattu aussi par la ligue des Droits de l'Homme :il en sera encore et toujours ainsi!

Désobéissance civile et fichage génétique des populations ...

La Déclaration universelle des droits de l'homme illustrée (éditions du Chêne)

Évènement refuz'ADN ,à suivre dans la presse locale sur le secteur de Thau,et à soutenir solidairement ,le rendez -vous en gendarmerie de Mèze pour courant janvier 2016 (?),d' un militant Loupianais (1) pour son fichage et son interrogatoire pour "raisons le concernant"

(1)-proche d'élus de l'ancienne municipalité,....,ex-président co-fondateur de la section LDH "Loupian et les commune du Nord du bassin de Thau",

-et co-organisateur,le samedi 8 janvier 2011 .Tag - LDH - Collectif Unitaire pour une Alternative au ...d'une conférence à Poussan sur la désobéissance au sécuritarisme de l’état (avec entre autre le refus du fichage ADN ),:invité:un refuznik ADN ,un instituteur en désobéissance contre base -élèves,et un juge ,membre du syndicat de la magistrature .

-Participant en conscience.,avec Xavier Renou ,au Blocage des Faucheurs volontaires au port de Saint-Nazaire pour protester contre l'importation massive de soja génétiquement modifié le lundi 23 juillet 2007

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30 décembre 2015 3 30 /12 /décembre /2015 10:41

Médiapart - 23 DÉCEMBRE 2015
PAR EDWY PLENEL

L’ultime rupture

https://www.mediapart.fr/journal/france/231215/l-ultime-rupture?onglet=full

https://www.mediapart.fr/

(dossier sur cette question)




L’introduction dans notre Constitution de la déchéance de nationalité pour les binationaux nés Français serait un attentat contre la République, ruinant son principe d’égalité de tous les citoyens sans distinction d’origine. En portant ce projet, la présidence Hollande et le gouvernement Valls actent leur propre déchéance politique en signifiant leur ultime rupture avec le peuple de gauche qui les a élus.

L'histoire de la gauche est pavée de moments où l’essentiel est soudain en jeu parce qu’il a été trahi par ceux qui s’en réclamaient. De moments où il ne s’agit plus de savoir si l’on est d’accord ou non sur les politiques économique, sociale ou européenne suivies, mais où il est question de ce qui fonde durablement une identité politique, au-delà de ses aléas momentanés. Or, même si elle n’est en rien propriétaire de la morale ou du bien, la gauche, dans notre histoire républicaine, s’est affirmée en brandissant l’exigence démocratique fondamentale issue de la philosophie du droit naturel et de sa première traduction politique, la Déclaration des droits de l’homme de 1789. Ce fut toujours son étendard, son cri de ralliement, son dernier refuge.

Nous naissons libres et égaux en droit. Nous avons le droit d’avoir toutes et tous les mêmes droits, sans distinction d’origine, de sexe, de croyance, d’apparence. Et ces droits sont inaliénables et sacrés. C’est ainsi que nous sommes égaux devant la justice, répondant de nos actes selon les mêmes lois, sans différence de traitement et, notamment, de peines, sans discrimination liée à nos spécificités, par exemple le fait d’avoir hérité d’une double nationalité. Bref, il n’y a pas deux catégories de Français, dont l’une aurait une nationalité conditionnelle parce qu’elle aurait cette particularité d’avoir une autre nationalité. Non, il n’y a pas des Français plus que d’autres qui n’auraient qu’à répondre de leur crimes éventuels et d’autres qui, commettant les mêmes crimes, devraient être exclus de la nation alors même qu’ils sont nés Français, ont grandi en France, ne connaissent que la France.

Idéal souvent malmené dans la réalité mais néanmoins fondateur du pacte républicain, ce qui vient d’être rappelé n’est autre que ce qu’énonce notre loi fondamentale, la Constitution de la République française. Et c’est cette loi fondamentale que la présidence Hollande et le gouvernement Valls entendent violenter avec le projet de loi constitutionnelle dit « de protection de la Nation » présenté au conseil des ministres du 23 décembre. Loin de protéger la Nation, ce texte entend la diviser, portant le ferment du démembrement d’une République indivisible pour tous ses citoyens en République divisée entre Français à raison de leur origine, ceux dont la double nationalité atteste d’un lien familial avec l’étranger, l’ailleurs et le monde, étant désignés comme Français sous réserve, Français d’occasion, Français en sursis.

Pour dévaler un escalier, il n’y a que le premier pas qui coûte, écrivions-nous après le vote de la loi sur l’état d’urgence. Et quand les amarres sont rompues, les dérives peuvent être infiniment rapides. Nous y sommes, donc : la supposée habileté politicienne du discours de François Hollande devant le Congrès, le 16 novembre, enfante, un mois plus tard, d’une monstruosité politique que, sans doute, aucun électeur du second président socialiste de la Cinquième République n’aurait imaginé. Le chemin de perdition emprunté avec ce projet de loi cumule l’infamie, l’imposture et l’irresponsabilité. L’infamie, c’est de suivre l’extrême droite. L’imposture, c’est de surenchérir sur Nicolas Sarkozy. L’irresponsabilité, c’est de nous exposer encore un peu plus, de nous fragiliser et de nous diviser, face au terrorisme.

Il est en effet infâme, c’est-à-dire vil, bas, indigne, qu’un pouvoir qui se prétend l’adversaire du Front national, épouse, à la lettre, l’idéologie de l’extrême droite, celle selon laquelle nos maux, quels qu’ils soient, nous viennent de l’étranger, ont pour cause les étrangers et supposent de chasser l’étranger qui est en nous. En brandissant dans l’urgence comme une mesure de protection, face à des attentats proférés pour la plupart par des Français, enfants égarés de notre nation, la déchéance de nationalité pour ceux d’entre eux qui sont binationaux parce que de parents étrangers, le pouvoir sème le poison de la purification nationale.

Il accrédite le préjugé xénophobe selon lequel nos malheurs viendraient de la part étrangère de notre peuple. Il sème l’illusion identitaire d’une nation qui se renforcerait et se protègerait en excluant l’allogène. Il diffuse l’aveuglement nationaliste d’un pays refusant de s’interroger sur lui-même, sa politique sociale ou sa politique étrangère, en affirmant à la face du monde qu’il ne saurait y avoir de terroristes autochtones et que d’autres nations, celles qui pourraient les accueillir alors même qu’ils n’y ont jamais vécu, en produisent, par héritage barbare, par identité culturelle, par religion dominante.

Faire de la déchéance nationale l’urgence politique, c’est convoquer un imaginaire d’exclusion, de tri et de sélection, où xénophobie et racisme s’entretiennent et s’épanouissent autour du bouc émissaire principal de notre époque, le musulman, de croyance, de culture ou d’origine. Car, chacun le devine, les nations qui, dans l’esprit de nos gouvernants, sont destinées à accueillir ces déchus de la nationalité sont celles-là même d’où viennent les bataillons d’immigrés qui, depuis plus d’un demi-siècle, ont régénéré nos classes populaires. Sans souci vivant du passé, sans mémoire vigilante ni fidélité historique, les apprentis sorciers qui, au palais de l’Elysée comme à l’hôtel Matignon, légitiment aujourd’hui ces amalgames où s’enracine la discrimination, semblent avoir oublié combien la déchéance de nationalité est l’arme idéologique de l’extrême droite. Non pas un dispositif technique, tant elle n’a aucune efficacité préventive, mais un levier propagandiste qui donne crédit à son idéologie inégalitaire, de hiérarchie et d’exclusion.

A peine renversée la République et instauré l’Etat français, les 10 et 11 juillet 1940, le premier geste du régime de Vichy ne fut-il pas de promulguer, le 16 juillet, une loi « relative à la procédure de déchéance de la qualité de Français ». Dans la foulée, le 17 juillet, les naturalisés furent exclus de toute la fonction publique, puis, successivement, dès l’année 1940, des professions suivantes: médecins, dentistes, pharmaciens, avocats, vétérinaires, architectes. Le 22 juillet, une nouvelle « loi » – en fait, l'acte autoritaire d'un pouvoir dictatorial, le maréchal Pétain exerçant seul le pouvoir législatif – instaura une procédure expéditive de révision des naturalisations. Enfin, le 23 juillet 1940, était promulguée la « loi relative à la déchéance de la nationalité à l’égard des Français qui ont quitté la France », dont furent notamment victimes Charles de Gaulle et Pierre Mendès France.

Quand elle est ainsi élargie et renforcée, la déchéance nationale devient une pathologie du droit de la nationalité : elle ouvre une brèche dans laquelle peuvent s’engouffrer les fantasmes de communauté nationale épurée, avec des hiérarchies de loyauté. En visant explicitement des citoyens nés Français, et non pas des personnes nées étrangères ayant ensuite acquis la nationalité française, qui plus est des Français n’ayant aucun lien de citoyenneté avec le pays dont ils ont l’autre nationalité par héritage familial, le projet de loi constitutionnelle ouvre grand la porte aux pires arrière-pensées : sous la binationalité, c’est l’origine qui est disqualifiée, qu’elle soit culturelle, ethnique ou religieuse. De fait, tous nos compatriotes issus de la communauté juive d’Algérie se souviennent de l’abrogation par Vichy, dès octobre 1940, du décret Crémieux qui faisait d’eux des citoyens français à part entière. Soudain, tous, sans distinction, furent déchus de leur nationalité, à raison de leur origine.

Un imaginaire d’exclusion, de tri et de sélection

L’engrenage est terrible, et l’on comprend que le Front national, c’est-à-dire la formation politique héritière idéologique de Vichy, se félicite de cette bataille gagnée sans savoir à combattre, par simple désertion de leur camp des irresponsables qui nous gouvernement. C’est bien pourquoi nos récentes Républiques, que l’on se gardera pourtant d’idéaliser sur ce terrain de la nationalité, n’en ont pas moins tenu à distance la déchéance nationale, exclusion exceptionnelle, voire rarissime. Quand, entre 1940 et 1944, sous Vichy, il y eut 15.154 dénaturalisations dont une majorité de Français juifs, pour un peu moins de 2.000 naturalisations d’adultes, la Troisième République n'appliqua que 16 déchéances entre 1927 et 1940 pour 261.000 naturalisations d’adultes. Rappelant dans Qu'est-ce qu'un Français? (Folio, 2004) que, depuis la fin des années 1950, la déchéance pour déloyauté, dont est passible tout Français qui possède une nationalité étrangère, était « tombée en désuétude », l’historien Patrick Weil soulignait qu’elle « représente une sorte d’arme de dissuasion, un article 16 de notre droit de la nationalité. »

Ces comparaisons sont instructives : tout comme la bombe atomique, arme de destruction massive, ou les pleins pouvoirs, symbole d’un Etat d’exception, donc de non-droit, la déchéance nationale est faite pour ne pas servir. Elle est en quelque sorte l'impensé violent et autoritaire de notre droit de la nationalité. Un reliquat du passé, notamment de la guerre froide. De fait, la plupart des vieilles démocraties ne l’ont gardée en réserve que pour des situations extrêmement rares et sortant de l'ordinaire, touchant à l’espionnage entre nations. Vouloir l’actualiser et l’étendre, jusqu’à viser les comportements criminels de certains Français, c'est donc ressusciter une idéologie de l’exclusion et de la purification, celle-là même contre laquelle se sont reconstruites nos démocraties européennes depuis 1945.

Quelles que soient ses suites concrètes, cette transgression politique libère une violence qui n'est pas seulement symbolique. Le pacte social qui soude une nation autour d’un peuple souverain, communauté d’hommes libres assemblés librement, est rompu depuis le sommet de l’Etat. Un discours de guerre civile, agressant une partie de la population, toujours la même, celle qui est venue d’Afrique ou du Maghreb et où la binationalité est fréquente, tient lieu non seulement de parole officielle, mais désormais de projet constitutionnel. On aurait tort de se rassurer en pensant qu'il ne s’agit là que de gesticulations démagogiques : ces mots produisent forcément des actes, tant cette hystérie verbale est un appel à la violence. En ce sens, le crime contre la République se double d'une provocation contre la Nation, son unité et sa concorde.

Les principes ne se bradent pas au prétexte de la peur. Sauf à égarer la République elle-même, en concédant à ses ennemis, adversaires de sa liberté, ennemis de son égalité, négateurs de sa fraternité, ce qu’ils souhaitent précisément : sa perdition. Nous affirmons donc aujourd’hui, avec les mêmes mots, les mêmes rappels, ce que nous disions haut et fort, en 2010, quand Nicolas Sarkozy rompit le premier le pacte de concorde républicaine en affirmant, à Grenoble, que « la nationalité française doit pouvoir être retirée à toute personne d’origine étrangère qui aurait volontairement porté atteinte à la vie d’un fonctionnaire de police, d’un militaire de la gendarmerie ou de toute autre personne dépositaire de l’autorité publique ».

Nous n’étions pas seuls. « La Nation, c’est un traitement digne et égal pour tous » : François Hollande a alors signé cet appel de septembre 2010 où l’on lisait ceci : « Sous le faux prétexte d’assurer la sécurité des Français, le pouvoir tend en fait à imposer une idée aussi simple que malhonnête : les problèmes de notre société seraient le fait des étrangers et des Français d’origine étrangère ». « Non à l’extension des possibilités de déchéance de nationalité ! » clamait cette appel qui dénonçait, dans la politique de Nicolas Sarkozy, « une atteinte intolérable aux principes constitutifs de la Nation ». Aux côtés de l’actuel président de la République, parmi les signataires de cet appel solennel à un sursaut : Martine Aubry, alors première secrétaire du PS ; Claude Bartolone, aujourd’hui président de l’Assemblée nationale ; Bertrand Delanoë, alors maire de Paris ; Myriam El Khomry, aujourd’hui ministre du travail ; Laurent Fabius, actuel ministre des affaires étrangères ; Lionel Jospin, devenu membre du Conseil constitutionnel ; et, bien sûr, Christiane Taubira, la garde des sceaux qui, maintenant, se prépare à défendre l’inverse, c’est-à-dire ce déshonneur.

Interrogé à l’époque par Mediapart, Pierre Rosanvallon, professeur au Collège de France mais aussi témoin et acteur de la gauche réformiste française, nous expliquait que le sarkozysme « n’est plus une politique : il est une tentative permanente d’adaptation opportuniste aux réalités ». Dans sa désastreuse manœuvre tactique où il espère cannibaliser la droite face au Front national, le hollandisme se révèle donc une dérisoire prolongation du sarkozysme. Avec préscience, Pierre Rosanvallon estimait alors que « la forme la plus caricaturale et révoltante de ce sarkozysme, c’est l’union nationale négative. C’est la tentative de construire du consensus par les formulations les plus archaïques de la xénophobie ». Hélas – oui, hélas, car nous avons appelé de nos vœux cette alternance après l’hystérie de l’hyperprésidence de Nicolas Sarkozy –, sous son apparence plus cauteleuse et plus ronde, le hollandisme ouvre la voie aux mêmes passions tristes et dévastatrices, nées des noces de la peur et de la haine.

Enfin, à l’infamie de créditer l’extrême droite et à l’imposture de surenchérir sur Sarkozy, s’ajoute l’irresponsabilité de mesures qui, loin d’une quelconque efficacité, ne font que mettre la France sous tension, qu’aviver ses plaies, qu’accroître ses divisions. La déchéance de nationalité n’a aucune portée pratique vis-à-vis de jeunes ayant épousé une idéologie totalitaire qui fait du sacrifice de sa propre vie une arme de guerre. Elle ne répond à aucune des questions légitimes que posent les échecs sécuritaires d’un pouvoir n’ayant pas réussi à nous protéger des attentats de janvier et des massacres de novembre, mais ayant, de plus, choisi de nous exposer en se lançant dans des aventures guerrières – au Mali, en Irak, en Syrie, en Libye, hier mais sans doute demain – sur lesquelles nous n’avons aucun droit de regard et dont les terrains sont des pays dont les peuples ne nous ont jamais déclaré la guerre.

Les suites de l’état d’urgence l’ont amplement montré : la lutte antiterroriste n’est qu’un prétexte tacticien pour survivre au pouvoir, se faire réélire, affaiblir le camp adverse. Nous sommes bien loin des grands mots et des phrases ronflantes. L’intérêt politicien prend le pas sur l’intérêt général. De fait, le projet de loi constitutionnelle dit « de protection de la Nation » envisage aussi de constitutionnaliser l’état d’urgence, c’est-à-dire de banaliser un Etat de police et de bureau (préfectoral) qui impose sa loi à l’état de droit. Les mesures prévues, dit le communiqué officiel du conseil des ministres, « seront placées sous le plein contrôle du juge administratif ». Bel aveu ! Ce juge-là est celui de l’Etat, au sein de l’Etat, par l’Etat lui-même. La justice congédiée, ses magistrats du parquet comme ses juges du siège, le seul contrôle, jusqu’au Conseil d’Etat, c’est celui que l’Etat concède à l’Etat, dans l’entre-soi administratif. Plus d’équilibre des pouvoirs, plus de pouvoir judiciaire, un tant soit peu indépendant, pour arrêter le pouvoir exécutif. Les figures intellectuelles du droit, à gauche, Mireille Delmas-Marty et Christine Lazerges notamment, viennent de l’affirmer dans un appel (lire ici) disant « Non à l'état durgence permanent » où elles dénoncent le projet sur la déchéance nationale comme un moyen de « contourner les fondements républicains du droit de la nationalité ».

Avec le gouvernement Valls, la prophétie orwellienne est au pouvoir. La guerre, c’est la paix. L’Etat, c’est le droit. L’indignité, c’est l’honneur. En politique, les ruptures morales sont autrement définitives que les divergences partisanes, de programme ou d’alliance. Elles brisent ce qui faisait du commun et du lien : une appartenance, une histoire, une complicité. Le communisme français tout comme son partenaire socialiste a connu de tels moments, qu’ils s’agissent des crimes staliniens, des dérives mollettistes ou de l’affairisme mitterrandien. Ce sont des moments tragiques, tant ils déchirent des fidélités, mais aussi fondateurs, tant ils obligent à tracer une autre route.

Nous y sommes, sans retour.

https://www.monde-diplomatique.fr/2016/01/GANDINI/54469

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22 décembre 2015 2 22 /12 /décembre /2015 04:40

← Etat d’urgence: dénoncé à tort par un collègue, un assigné fait reculer le ministre

Perquisition chez une famille tchétchène : « J’ai cru que les Russes revenaient » →

21 décembre 2015

Improvisation, ratés, brutalité : plus d’un mois dans une France en état d’urgence

Les mesures prises dans le cadre de l’état d’urgence, détaillées depuis un mois sur notre Observatoire, ont toutes des points communs. ( JACQUES DEMARTHON / AFP)

Qui sont-ils, ces assignés et ces perquisitionnés que la police dit liés au terrorisme depuis le début de l’état d’urgence, décrété au lendemain des attentats du 13 novembre ?

Au fond, la question qui a donné naissance à notre Observatoire de l’état d’urgence, installé sur Le Monde.fr depuis le 23 novembre, est assez simple. Que se cache-t-il derrière les bilans chiffrés communiqués par le ministre de l’intérieur et même par le premier ministre pour afficher leur réactivité après les attentats du 13 novembre ? Tant de perquisitions, tant d’assignations à résidence, tant d’armes saisies, tant de drogue confisquée... Tiens, de la drogue ! On pensait pourtant que les mesures liées à l’état d’urgence n’étaient destinées qu’à lutter contre le terrorisme.

Rapidement, les témoignages spontanés, la lecture attentive de la presse régionale, qui assure un suivi détaillé du sujet, nous ont permis de déceler des points communs, une ambiance générale, un contexte : l’improvisation, l’exagération dans la communication, la brutalité de certaines opérations. Les récits que nous avons recueillis ne prétendent pour autant ni à l’exhaustivité, ni à la représentativité. Ils racontent simplement le quotidien d’un état d’urgence inédit dans son ampleur.

Des perquisitions spectaculaires

Les plus spectaculaires et les plus médiatisées sont les perquisitions administratives. Portes cassées, menottages illégaux ont marqué les premières, mais n’ont pas cessé pour autant après la circulaire de mise au point du ministre de l’intérieur, le 25 novembre.

Les ratés des renseignements

Mais l’état d’urgence, ce sont aussi des assignations à résidence sur la base de renseignements approximatifs. Parfois, le ministère lui-même doit renoncer.

Face à la justice

Et quand les assignés sont confrontés à la justice, ils peuvent avoir quelques surprises.

Une surenchère sécuritaire

L’état d’urgence, c’est enfin un climat, une tension, qui donnent lieu, ici ou là, à une surenchère sécuritaire.

Laurent Borredon

-Les procureurs, au bout du rouleau, veulent se recentrer sur leur coeur de métier

INFO LE FIGARO - Ces derniers entendent décider d'une priorisation de leur action, faute d'action de la Chancellerie.

La coupe est pleine, les procureurs craquent et ont bien l'intention de faire savoir haut et fort les difficultés auxquelles ils sont confrontés. Samedi dernier, la conférence nationale des procureurs, qui réunit 90 d'entre eux, des plus importantes juridictions - Marseille, Lyon, Créteil, Paris-, aux plus petites d'entre elles, s'est réunie en assemblée générale pour évoquer le malaise grandissant des parquets de France. Ces derniers sont confrontés de manière aigue à une augmentation dramatique de leur action et à un manque de moyens qui ne cesse de s'aggraver depuis quatre ans. À la fois sur le plan des effectifs mais aussi sur celui des moyens techniques.

Déjà, en 2011 et 2013, les procureurs avaient tiré la sonnette d'alarme pour dénoncer le délabrement des parquets français en charge de cette justice d'urgence qui travaille en flux tendu 24 heures sur 24 et se doit de toujours répondre. L'état d'urgence a aggravé le poids qui pèse sur ces magistrats puisque c'est sur eux que reposent les suites données aux perquisitions et aux assignations et qui assistent les préfets dans leur mission de police administrative.

Samedi dernier, la conférence des procureurs n'a pu que prendre acte de l'absence de réponse des pouvoirs publics. Elle devrait jeudi, se mettre d'accord sur la liste de ses propres priorités afin de se recentrer sur ce que les procureurs appellent leur cœur de métier. Parmi les mesures qui seront âprement discutées, l'idée de réduire, autant que cela est possible, l'intendance administrative. Ainsi serait-il possible que les procureurs limitent leur présence dans un certain nombre de réunions concernant la politique de la ville et qui ne sont pas aujourd'hui prioritaires. De même, ils pourraient limiter les rapports incessants que leur demandent les services de l'inspection et des services judiciaires sur leur gestion. Enfin, sans déroger à la remontée d'informations à laquelle ils sont astreints, ils pourraient alléger les rapports de politique pénale que leur demande chaque année la Direction des affaires criminelles et des grâces.

  • État d'urgence, ce que prévoit le projet de loi
  • Perquisitions, assignations: ce que permet l'état d'urgence
  • Les procureurs préviennent: le parquet craque

    18 décembre 2015 | Par Michel Deléan

    Débordés, trop peu nombreux, les procureurs tirent la sonnette d'alarme. Ils demandent des moyens supplémentaires et un recentrage sur leurs activités essentielles.

  • Le projet de révision constitutionnelle Article premier Article 2

    ← La loi sur l’état d’urgence, nouvelle loi des suspects

    Déchéance de nationalité : le précédent de Vichy →

    03 décembre 2015, par Franck Johannès

    Voici le projet de révision constitutionnelle, soumis pour avis au Conseil d'Etat le 1er décembre. Il s'inspire pour le premier article de la loi du 3 avril 1955, dont il reprend la formulation vieillotte sur les calamités publiques. Il ajoute une disposition étonnante sur la sortie de l'état d'exception, qui se prolonge donc plus ou moins automatiquement pendant six mois.

    L'article 2 est consacré à la déchéance de nationalité, dans une rédaction très proche de l'article 25 du code civil. Les débats sur ce point sont très partagés au Conseil d'Etat, qui doit rendre un avis - consultatif - avant le conseil des ministres du 23 décembre.

    Les constituants, aux yeux du Conseil d'Etat disposent naturellement d'une marge plus grande que pour l'adoption d'une simple loi. Si l'insertion de l'état d'urgence dans la Constitution ne devrait pas poser de grandes difficultés - le texte de 1955, rafraîchi en 2015 semble difficilement conforme à la norme constitutionnelle, donc on change la Constitution -, la sortie de l'état d'exception (§ 3 de l'article 36-1) et sa prolongation automatique inquiètent à juste titre les juristes.

    Autre difficulté, ce 3e § et l'article suivant, font entrer le mot terrorisme dans la Constitution, ce qui est aussi une forme de sacralisation, et c'est la première fois. Enfin la déchéance de nationalité, même s'il en reste des traces dans le code civil d'aujourd'hui, fait directement écho à la loi du 22 juillet 1940 du maréchal Pétain, ce qui passe moins facilement au Palais Royal qu'à l'Hôtel Matignon.

    Après l’article 36 de la Constitution, il est inséré un article 36-1 ainsi rédigé :

    Article 36-1. - L’état d’urgence est décrété en conseil des ministres soit en cas de péril imminent résultant d’atteintes graves à l’ordre public, soit en cas d’événements présentant, par leur nature et leur gravité, le caractère de calamité publique. La loi fixe les mesures de police administrative que les autorités civiles peuvent prendre, sous le contrôle du juge administratif, pour prévenir ce péril ou faire face à ces événements.

    La prorogation de l’état d’urgence au-delà de douze jours ne peut être autorisée que par la loi. Celle-ci en fixe la durée.

    Lorsque le péril ou les événements ayant conduit à décréter l’état d’urgence ont cessé mais que demeure un risque d’acte de terrorisme, les autorités civiles peuvent maintenir en vigueur les mesures prises en application du premier alinéa pendant une durée maximale de six mois. La loi peut permettre, pendant la même durée, aux autorités civiles de prendre des mesures générales pour prévenir ce risque.

    Après l’article 3 de la Constitution, il est inséré un article 3-1 ainsi rédigé :

    Art. 3-1. - Un Français qui a également une autre nationalité peut, dans les conditions fixées par la loi, être déchu de la nationalité française lorsqu’il est définitivement condamné pour un acte qualifié de crime ou de délit constituant une atteinte aux intérêts fondamentaux de la Nation ou pour un crime ou un délit constituant un acte de terrorisme.

  • Henri Leclerc "La dernière fois qu’on a utilisé durablement l’état d’urgence, cela a donné les massacres du 17 octobre 1961 et du métro Charonne" leclerc.jpg

    Société

    henri leclerc

    droits de l'homme

    Propos recueillis par Alexandre Fache

    Mardi, 22 Décembre, 2015

    Humanite.fr

    AFP

    Président d’honneur de la Ligue des droits de l’Homme, l’avocat pointe les dangers d’un état d’urgence qui deviendrait quasi permanent.

    « Je suis très réservé sur le fait d’intégrer à notre loi fondamentale un régime de réduction drastique des libertés, alors qu’on aurait très bien pu se contenter d’en passer par la loi. Cette volonté de l’inscrire dans la Constitution me paraît témoigner de la recherche d’un objectif politique, beaucoup plus que d’une réelle efficacité. De mon point de vue, il était plus urgent de sortir de la Constitution l’état de siège ou les pleins pouvoirs prévus par l’article 16. Et si aujourd’hui, on se presse pour modifier la Constitution, c’est aussi parce que dans les réformes prévues, il y en a une qui est totalement contraire à ses principes : la déchéance de nationalité pour les personnes nées en France et condamnées pour terrorisme. C’est une atteinte à notre conception républicaine de la citoyenneté. L’exécutif semble hésiter sur le sujet. J’espère bien qu’il va faire machine arrière. Par ailleurs, le projet de révision constitutionnelle prévoit la possibilité de prolonger certaines mesures, hors état d’urgence, pendant une durée de six mois, si la menace terroriste persiste. Mais qui pourra dire un jour que la menace terroriste n’existe plus ? On glisserait alors vers un état d’urgence permanent, un état d’exception pérenne. C’est pour le moins préoccupant. L’état d’urgence peut certes être un moyen de se défendre face à une agression, mais il doit être très limité dans le temps

    Quand vous donnez des pouvoirs à la police, elle ne se limite pas aux raisons pour lesquelles vous lui avez donné ces pouvoirs. Certes, les perquisitions menées dans le cadre de l’état d’urgence (2700 – NDLR) ont permis de saisir des armes (187 procédures ont été lancées sur cette base – NDLR) et de la drogue (167 procédures – NDLR), mais cela n’a rien à voir avec le terrorisme. L’état d’urgence n’est pas fait pour ça. Enfin, l’utiliser pour des raisons politiques est encore plus scandaleux. C’est ce qui a été fait avec l’interdiction de certaines manifestations ou l’assignation à résidence de militants écologistes lors de la COP 21.

    Plus on prolonge un état qui donne des pouvoirs considérables à l’exécutif, plus le risque de dérives est grand. Nous avons connu ça lors de la dernière utilisation durable de l’état d’urgence en France : en 1961, après le putsch des généraux à Alger. Cela a produit le couvre-feu pour les Algériens, qui est à l’origine des massacres du 17 octobre 1961. Puis, l’interdiction de la manifestation du 8 février 1962, qui est à l’origine des morts du métro Charonne. Voilà quelles peuvent être les conséquences d’un état d’urgence qui se prolonge exagérément. »

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19 décembre 2015 6 19 /12 /décembre /2015 08:15

Assignez-moi !

Assignation à résistance

Alain Brossat (professeur de philosophie émérite, université Paris 8 - Saint-Denis) et Olivier Le Cour Grandmaison (universitaire, maître de conférences en science politique à l’université d’Evry - Val d’Essonne) ont mis en circulation pendant le week-end des 12 et 13 décembre une lettre ouverte déjà signée par plus de 60 personnes qui brocarde l’État d’urgence.

.

blogs.mediapart.fr

Monsieur le Ministre de l’Intérieur,

Je demande mon assignation à résidence, dans les meilleurs délais. Il se trouve en effet que je partage l’essentiel des convictions de nombre de militants écologistes, altermondialistes et autres squatteurs qui ont fait tout récemment, par dizaines, l’objet de cette mesure administrative, dans le cadre de l’État d’urgence mis en place à l’issue des attentats du 13 novembre 2015 :

- Je suis l’adversaire déclaré des aventures militaires néo-coloniales actuellement conduites au nom de la France et d’un « droit de légitime défense » parfaitement nébuleux.

- Je trouve abject votre projet d’inscrire dans la Constitution de notre pays la possibilité de déchoir de leur nationalité des binationaux présumés coupables, mesure distinctement inspirée par le Front National auquel, au demeurant, vous prétendez « faire barrage ».

- Je trouve odieux que des musulmans fassent l’objet d’une assignation à résidence du simple fait qu’ils tiennent une sandwicherie halal ou fréquentent une mosquée estampillée comme suspecte – ou du simple fait qu’ils sont musulmans ou étiquetés comme tels.

- Je me refuse à me désolidariser des réfugiés (aujourd’hui par vous assimilés à des terroristes) avec lesquels je me bats pour qu’ils-elles puissent vivre là où bon leur semble. Je ne renoncerai pas à manifester auprès des collectifs des quartiers populaires qui, de Saint-Denis à Moellenbeek, n’ont pas attendu le 13 novembre pour vivre en État d’urgence (et, depuis des décennies, pour pleurer leurs morts des suites de « bavures policières »).

- Je m’oppose formellement au projet de construction d’un nouvel aéroport dans la région de Nantes et, pour cette raison, me déclare solidaire des Zadistes qui occupent la zone contestée.

- Je suis scandalisé-e par le fait que l’enquête concernant la mort de Rémi Fraisse, tué par un gendarme, ait été confiée à la gendarmerie.

- Je me suis délibérément abstenu-e de pavoiser au jour dit, ceci au mépris des consignes expressément dispensées aux citoyens par les services de l’État.

- Je considère que l’État d’urgence rendant possible, dans les conditions expéditives que vous savez, ma propre assignation à résidence (comme celle de tant d’autres) constitue une atteinte caractérisée aux Droits des Citoyens et aux libertés publiques – à commencer par l’interdiction de manifester. J’y vois l’ébauche d’un régime policier du plus mauvais aloi. Ce simple fait devrait suffire amplement à justifier l’exécution de la mesure susmentionnée.

Je ne doute pas un instant que vos services sauront utilement compléter ce tableau attestant ma dangerosité et rendant nécessaire mon assignation à résidence – ceci que mon nom figure ou non parmi ceux des suspects enregistrés sous la lettre « S ». Si ces messieurs-dames de la police pouvaient, simplement, lorsqu’ils viendront me notifier cette mesure de salubrité publique, se dispenser de faire voler en éclats ma porte (que je suis tout-e disposé-e à leur ouvrir dès le premier coup de sonnette, à toute heure du jour ou de la nuit) et de dévaster mon logement dans lequel les livres, les ustensiles de cuisine et les kits de jardinage comptent en plus grand nombre que les armes de guerre, je leur (et vous) en vouerais une reconnaissance durable.

Dans l’espoir que ma démarche saura retenir votre attention, je vous prie, Monsieur le Ministre, etc., etc.

change.org

Gilbert Achcar (enseignant université Paris 8 Saint-Denis) ; Norman Ajari (militant décolonial et enseignant) ; Gérard Alle (écrivain et réalisateur) ; Jean-Claude Amara (porte-parole de Droits Devant !) ; Sandrine Amy (architecte) ; Abdel Aouacheria (biologiste) ; Orgest Azizaj (traducteur, philosophe, binational) ;

Anne Baillard Gwernig (auteure) ; Sidi Mohammed Barkat (philosophe) ; Philippe Bazin (photographe) ; Farid Bennaï (membre du Front uni des immigrations et des quartiers populaires) ; Claude Bernard (ingénieur réseau) ; Isabelle Bettinger-Théaud (militante anticolonialiste) ; David Biet (intermittent du spectacle, technicien audiovisuel) ; Alain Bihr (universitaire retraité, militant libertaire) ; Stéphane Blondeau (graphiste) ; Philippe Bonnet (paysan) ; Said Bouamama (sociologue et militant du Front uni des immigrations et des quartiers populaires – FUIQP) ; Henri Braun (avocat) ; Olivier Brisson (avocat) ; Jean-Christophe Brochier (éditeur) ; Alain Brossat (universitaire) ;

Cédric Cagnat (philosophe) ; Cyril Cagnat (artisans audiovisuel) ; Laurent Cauwet (éditeur) ; Michèle Chadeisson (libraire) ; Estelle Chauvey (infirmière) ;

Jean-Pierre Dacheux (président de l’association Ici et Ailleurs pour une philosophie nomade) ; Jean-Louis Danflous (militant SUD à la retraite) ; Christine Delphy (sociologue, directrice de recherche émérite) ; Joachim Dupuis (professeur de philosophie) ;

Jérôme Ferrand (citoyen) ; Tony Ferri (philosophe, auteur de La compulsion de punir) ;

Jean-Pierre Garnier (sociologue) ; Albane Geslin (citoyenne) ; François Gèze (éditeur) ; Serge Grossvak (directeur du Centre Social, juif pacifiste) ; Nacira Guénif (Professeure Université Paris 8 Saint-Denis) ; Marjolaine Guillemin (coprésidente de la FASTI, coprésidente de l’ASTI d’Annonay) ;

M’hamed Kaki (président de l’association Les Oranges) ; Ali Kebir (professeur de philosophie) ;

Olivier Le Cour Grandmaison (universitaire) ;

Noël Mamère (député écologiste de la Gironde) ; Cyrille Marconi (enseignant-chercheur) ;

Alain Naze (enseignant à Mayotte) ;

Luca Paltrinieri (commerçant métaphysique) ; Christiane Passevant (Radio libertaire) ;

Jean-Cyril Vadi (dramaturge et metteur en scène) ; Christiane Vollaire (philosophe) ;

Olivier Razac (enseignant en philosophie) ; Mathilde Regad (citoyenne doctorante) ; Matthieu Renault (Maître de conférences en philosophie, Université Paris 8 - Saint Denis) ; André Rosevègue (écosocialiste antisioniste) ; Philippe Roy (professeur de philosophie) ;

Louis Sala-Molins (philosophe) ; Julien Salingue (Docteur en science politique) ; Jacques et Françoise Salles (militants de la cause palestinienne) ; Catherine Samary (économiste, altermondialiste) ; Valentin Schaepelynck (enseignant-chercheur Paris 8) ; Michèle Sibony (UJFP) ; Pierre Stambul (coprésident de l’UJFP) ;

Louis-Georges Tin (maître de conférences université d’Orléans) ; Sylvie Tissot (sociologue) ;

Richard Wagman (Union Juive Française pour la Paix)...

blogs.mediapart.fr

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18 décembre 2015 5 18 /12 /décembre /2015 07:05

action collective Interassociatif

Sortir de l’état d’urgence

En réaction à l’horreur des attentats, l’état d’urgence a été décrété par le gouvernement, puis aggravé et prolongé pour une durée de trois mois. Nos organisations ont immédiatement exprimé leurs craintes vis-à-vis de ce régime d’exception [1] ; ces craintes sont aujourd’hui confirmées par l’ampleur des atteintes aux libertés constatées depuis quelques semaines. Nous assistons à un véritable détournement de l’état d’urgence qui cible également des personnes sans aucun lien avec des risques d’attentat. Ces abus doivent cesser.

La volonté de se rassembler et de manifester ensemble a prévalu après les attentats commis à Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher de Vincennes, en janvier 2015. Elle prévaut encore. Or, depuis le 13 novembre 2015, les interdictions visant les mobilisations sur la voie publique se multiplient. Manifester n’est plus un droit, et les rares concessions accordées par les préfectures, qui attendent souvent le dernier moment pour informer de leurs intentions, entravent dans les faits son exercice.

Le ministère de l’Intérieur justifie tout cela par son incapacité à sécuriser les parcours alors même qu’il autorise, dans le même temps, les rencontres sportives et des événements tels que les marchés de Noël, qui se tiennent sur la voie publique. L’interdiction des rassemblements et manifestations entraîne la multiplication des arrestations, des gardes à vue, des assignations à résidence, un fichage policier des militants, et, pour quelques-uns, des condamnations. Qui peut croire que cela soulage les autorités ? La censure, ici, s’avère doublement contreproductive…

L’état d’urgence autorise par ailleurs des perquisitions sur ordre des préfectures, de jour comme de nuit, en dehors de tout cadre judiciaire, sur le fondement de fiches possiblement erronées, de dénonciations, d’informations et de soupçons sujets à caution. Plus de deux mille six cents intrusions discrétionnaires sont intervenues à domicile, dans des mosquées, des commerces, interventions souvent violentes, sans qu’aucune mise en examen pour terrorisme n’ait eu lieu. Rien n’indique qu’une telle frénésie va s’arrêter, chacun peut en être victime.

Les assignations à résidence se multiplient sur la base de motifs aussi vagues que la présence sur le lieu d’une manifestation ou le fait de « connaître » tel ou tel individu. Ces graves restrictions sont appliquées, sans distinction, et de manière massive, d’autant que les juridictions administratives ont montré qu’elles s’en accommodent, quitte à ce que les libertés en souffrent. Elles reprennent à leur compte toutes les allégations du ministère de l’Intérieur et, comble de la démission, sont nombreuses à considérer qu’il n’y aurait pas d’urgence à statuer sur l’état d’urgence.

L’état d’urgence et le climat de guerre intérieure alimenté par le gouvernement contribuent au renforcement des amalgames et aux pratiques discriminantes, notamment de la part des forces de police. Ce ne sont pas « les terroristes qui sont terrorisés », ce sont des jeunes et des populations victimes de l’arbitraire en raison de leur origine et/ou de leur religion qui voient leur situation encore davantage fragilisée.

Reprenant à son compte les exigences de l’extrême droite, FN en tête, le gouvernement s’engage honteusement dans une modification de la Constitution visant à étendre la déchéance de la nationalité aux binationaux nés en France.

Ces multiples atteintes portées au contrat démocratique sont une mauvaise réponse aux actes terroristes. Notre pays a été blessé, mais loin d’en apaiser les plaies, l’état d’urgence risque de les exacerber en appauvrissant notre démocratie, en délégitimant notre liberté.

Dans ces circonstances, nous appelons les pouvoirs publics à :

  • jouer leur rôle de garants de la défense des droits et des libertés publiques ;
  • rétablir, sans délai, le droit plein et entier de manifester ;
  • cesser les perquisitions et les assignations à résidence arbitraires et à agir dans le cadre de procédures judiciaires ;
  • mettre en place des garanties effectives de contrôle ;
  • lever l’état d’urgence ;
  • renoncer à une réforme constitutionnelle préparée dans l’urgence et au contenu inacceptable.

Paris, le 17 décembre 2015

Signataires :

AFD International, Agir pour le changement démocratique en Algérie (Acda), Altertour, L’Appel des appels, Assemblée citoyenne des originaires de Turquie (Acort), Association démocratique des Tunisiens en France (ADTF), Association française des juristes démocrates (AFJD), Association France Palestine solidarité (AFPS), Association Grèce France Résistance, Association interculturelle de production, de documentation et de diffusion audiovisuelles (AIDDA), Association des Marocains en France (AMF), Association pour la reconnaissance des droits et libertés aux femmes musulmanes (ARDLFM), Association des travailleurs maghrébins de France (ATMF), Association des Tunisiens en France (ATF), Association des universitaires pour le respect du droit international en Palestine (Aurdip), Attac, Cadac, Cedetim, Centre islamique Philippe Grenier (CIPG), Centre de recherche et d’information pour le développement (Crid), CGT-Police Paris, Collectif 3C, Collectif des 39, Collectif CGT Insertion-Probation (UGFF-CGT), Collectif Judéo Arabe et Citoyen pour la Palestine (CJACP), Collectif Stop le contrôle au faciès, Confédération générale du travail (CGT), Confédération nationale du logement (CNL), Confédération paysanne, Conseil national des associations familiales laïques (Cnafal), Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF), Collectif des féministes pour l’égalité (CFPE), Collectif Memorial 98, Collectif des musulmans de France (CMF), Collectif national pour les droits des femmes (CNDF), Comité pour le développement et le patrimoine (CDP), Comité pour le respect des libertés et des droits de l’Homme en Tunisie (CRLDHT), Commission islam et laïcité, Confédération syndicale des familles (CSF), Coordination de l’action non-violente de l’Arche (Canva), Coordination des collectifs AC !, Droits devant !, Droit au logement (Dal), Droit solidarité, Emmaüs France, Emmaüs International, Fédération internationale des Ligues des droits de l’Homme (FIDH), Fédération nationale de la Libre pensée, Fédération des Tunisiens citoyens des deux rives (FTCR), Femmes Solidaires, Filles et fils de la République (FFR), Fondation Copernic, Fondation Danielle Mitterrand France Libertés, Genepi, Ipam, La Cimade, La Ligue de l’enseignement, La Quadrature du Net, Le Gisti, Le Mouvement de la paix, Les Amoureux au ban public, Les Céméa, Ligue des droits de l’Homme (LDH), Maison des potes, Mamans toutes égales (MTE), Minga-agir ensemble pour une économie équitable, Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (Mrap), Observatoire international des prisons (OIP) - section française, Organisation de femmes égalité, Osez le féminisme !, Planning familial, Réseau d’alerte et d’intervention pour les droits de l’Homme (RaidH), Réseau éducation sans frontières (RESF), Réseau euromaghrébin culture et citoyenneté (REMCC), Réseau Euromed France (REF), Réseau Immigration Développement Démocratie (IDD), SNPES-PJJ/FSU, Solidaires étudiant-e-s, Solidarité laïque, Sud Intérieur, Syndicat des avocats de France (Saf), Syndicat français des artistes interprètes (SFA), Syndicat de la magistrature, Syndicat de la médecine générale, Syndicat national des arts vivants (Synavi), Syndicat national des journalistes (SNJ), Syndicat national unitaire interministériel des territoires, de l’agriculture et de la mer (SNUITAM – FSU), SNJ-CGT, Unef, Union générale des fédérations de fonctionnaires CGT (UGFF-CGT), Union juive française pour la paix (UJFP), Union nationale lycéenne (UNL), Union syndicale de la psychiatrie (USP), Union syndicale Solidaires, Union des travailleurs immigrés tunisiens (Utit).

Associations locales et autres :
Asti 93, Collectif 07 stop au gaz et huile de schiste, Collectif BDS Saint-Etienne, Collectif Justice & Libertés (Strasbourg), Collectif Maquis de Corrèze, Collectif Romeurope 94, la revue Ecole émancipée, Espace franco-algérien, Faucheurs volontaires de la Loire, la revue Inprecor, le journal Regards, Réseaux citoyens Saint-Etienne, Vigilance OGM 18.

[1] « Nous ne céderons pas ! », communiqué collectif du 25 novembre 2015.

-Après l’appel « NOUS NE CÉDERONS PAS ! », une centaine d’organisation ont rendu public le texte « Sortir de l’état d’urgence » au cours d’une conférence de presse, le 17 décembre 2015.

Nous vous proposons de vous associer à cet appel en interpellant le Président de la République et votre député.

http://tinyurl.com/hhevw2k

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16 décembre 2015 3 16 /12 /décembre /2015 07:12
17 déc.: Réunion/débat contre l'état d'urgence / Montpellier

Non à l'état d'urgence !

Réunion/débat pour la levée de l'état d'urgence.

Jeudi 17 décembre, salle Guillaume de Nogaret (Espace Pitot), à partir de 19h.

A l'initiative de l'Assemblée générale contre l'état d'urgence, avec le soutien d'AL34, BDS34, CGA - Montpellier, Ensemble, NPA34, Solidaires Etdudiants, .

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14 décembre 2015 1 14 /12 /décembre /2015 09:28

Ne laissons pas le FN faire école...

Posté le 13 décembre 2015 par Questions de classe(s)

Élus ou battus, ils sont déjà au pouvoir parce que depuis longtemps les idées réactionnaires et autoritaires irriguent notre société et sont reprises, voire mises en œuvre, par des dirigeants de droite ou de gauche. L’arsenal répressif, l’état d’urgence, la mise au pas de et à l’école (retour de la morale, célébration du « roman national », sanctuarisation et « sécurisation » des établissements scolaires, renforcement des hiérarchies, résignation face aux inégalités sociales, etc.) ne sont plus de lointains horizons mais s’installent dans notre quotidien, non pas à la cadence du bruit des bottes (encore que, je les vois chaque matin en arrivant au collège...) mais dans le silence des pantoufles.

On a beau s’agiter, se questionner, s’émouvoir et se mobiliser quelques heures avant les scrutins, la bataille des idées est depuis longtemps perdue.
Sur ce site, nous avions pointé au lendemain du 1er tour, la responsabilité de l’institution scolaire et de nos pratiques en reprenant une citation de Philippe Pernoud :

« Si un jeune sort de l’école obligatoire persuadé que les filles, les noirs ou les musulmans sont des catégories inférieures, peu importe qu’il sache la grammaire, l’algèbre ou une langue étrangère. L’école aura raté son coup dramatiquement, parce qu’aucun des enseignants qui auraient pu intervenir à divers stades du cursus n’aura considéré que c’était prioritaire. »

(Philippe Perrenoud, Dix nouvelles compétences pour enseigner)

Celle-ci a fait le tour des réseaux sociaux. Avertissement salutaire pour certains, odieuse et fallacieuse « remise en cause » pour d’autres : « Cette citation est fausse et pernicieuse. Fausse parce qu’elle met des choses très différentes sur le même plan : les opinions d’un côté et les connaissances de l’autre. Pernicieuse parce qu’elle fait l’hypothèse d’une école qui n’enseignerait ni l’algèbre, ni la grammaire, ni langues étrangères. L’école actuelle n’a franchement pas besoin de ça. » a-ton ainsi pu lire...
La rhétorique d’extrême-droite fait son œuvre quand l’inégalité entre les races ou les sexes relèvent de « l’opinion » et que l’école n’a pas à s’y intéresser. Le savoir serait lui-même « émancipateur » ou, en l’occurrence, « pacificateur ». Toutes les critiques n’ont pas été aussi virulentes et c’est souvent le sentiment d’impuissance qui domine... Une impuissance que, justement, le libéralisme comme l’école tentent de fabriquer (lire et relire à ce sujet l’ouvrage de Charlotte Nordmann, La fabrique de l’impuissance 2. l’École, entre domination et émancipation ,Amsterdam, 2007).

On peut ainsi exiger que les politiques, les journalistes, les « élites » se remettent en question mais interdire tout questionnement sur le rôle de l’école... Refuser de « tout lui mettre sur le dos » quand Ivan Illich nous rappelle que « L’école est l’agence de publicité qui nous fait croire que nous avons besoin de la société telle qu’elle est. »
En face, l’école est depuis longtemps dans la ligne de mire du FN, c’est le programme de son officine « d’enseignants patriotes », le Collectif Racine : « redresser l’école, redresser les corps pour redresser la Nation. » À l’échelle locale, dans les municipalités qu’elle dirige, son programme préfigure ce qu’il sera au niveau national : fin de la gratuité de la cantine (et/ou des transports scolaires [1]) pour les familles démunies [2], exclusion des enfants de chômeurs des activités péri-scolaires [3], stigmatisation des élèves musulmans [4], remise en cause de la scolarisation des enfants étrangers « primo-arrivants » [5], fichage ethnique des élèves [6], menaces et intimidations vis-à-vis des personnels de l’Éducation nationale [7], propos méprisants contre les familles des milieux populaires [8], etc.
Défendre l’égalité, la démocratie, la justice sociale, c’est le seul programme qui vaille d’être mené jusqu’à son terme. Il ne se « boucle » pas dans une école de l’obéissance, de la résignation, de l’impuissance...

Ici ou là, mille petites pousses donnent une idée de ce qui pourrait être la contre-offensive par en bas : la multiplication des conseils coopératifs, des classes sans notes, des ateliers-philo, du travail commun entre élémentaire et collège, la défense systématique des élèves étranger, l’importance reconnue au débat dans les classes ou à la place à faire aux parents des classes populaires, tout cela fait aussi partie de la réalité. De « n’autre » réalité, de celle que nous aurons à opposer à ceux qui aboient très fort, surfant sur une conjoncture... qui passera. Que nous contribuerons à faire passer.

Notre pédagogie est une pédagogie de combat (social) parce qu’elle considère, à l’instar de Noëlle de Smet, que « La pédagogie n’étant jamais neutre, je sais que ma pratique sera ce qu’elle est en fonction de choix : préparer les jeunes à occuper leur place dans la société ou les préparer à la transformer en transformant déjà le plus petit et le plus proche. […] Ce choix se fait tous les jours ; parfois, à propos de détails. […] Mon choix d’une éducation libératrice des classes dominées s’inscrit, bien sûr, dans une histoire collective : ce choix ne peut émerger que parce que je développe avec d’autres, et pas seulement des enseignants, l’analyse critique des projets d’éducation et des enjeux de société qu’ils contiennent. Le tout en restant à la fois consciente de ma position sociale et le plus proche possible des actions et des points de vue des dominés. 9 » Nul doute que ce choix fera à nouveau réagir...

Grégory Chambat

Le logo qui accompagne ce billet est la couverture de la BD La Présidente, signée François Durpaire et Farid Boudjellal, Les Arènes, 160 p., 20 euros.

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7 décembre 2015 1 07 /12 /décembre /2015 07:10

Abstention, la grande peur

mercredi 2 décembre 2015
par Patrick Mignard

Mais qui a peur au juste de l’abstention ? Et pourquoi ? L’abstention n’est pas, contrairement à ce que voudraient nous faire croire les politiciens, une marque de désintérêt de la chose publique… elle peut, certes, l’être, mais par les temps qui courent, elle signifie tout autre chose… le refus de jouer un jeu aux dés pipés et qui n’offre aucun avenir citoyen.

http://www.altermonde-sans-frontiere.com/spip.php?article29969

n’est pas, contrairement à ce que l’on nous raconte une manière de « faire participer les citoyens aux décisions politiques, aux affaires publiques », elle est simplement une manière de déléguer des pouvoirs à des hommes et femmes désignés par des appareils politiques pour détenir, user et conserver le pouvoir. Les partis politiques sont devenus de simples syndicats d’intérêts permettant la promotion sociale de leurs dirigeants (des exemples ? Des noms ?). Les programmes et objectifs politiques sont, de fait, inexistants, ces partis se contentant de gérer un système économique où seul l’intérêt financier est pris en considération au mépris de l’intérêt général.

Que les politiciens tiennent à ce que les citoyens votent, on peut le comprendre, il y va de leur survie, de leurs intérêts. Les discours pseudo civiques des politiciens nous culpabilisent pour nous faire voter : la démocratie, celles et ceux qui sont morts pour elle, l’avenir de nos enfants, de la planète, etc. En réalité ils se moquent pas mal de tout ça… il suffit de voir ce qu’ils font, une fois au pouvoir. Si à une époque lointaine – au début de la République (encore que !...) le fait de déléguer à des représentants pouvait avoir une signification réelle, deux siècles de ce fonctionnement nous ont conduit à la catastrophe : guerres, répression, exploitation, destruction des conquêtes sociales, des services publics, échec de l’intégration républicaine, avec en bout de course ce qui nous « pend au nez »… l’arrivée d’un néofascisme au pouvoir.

L’abstention n’est que le produit d’une désespérance face à la cupidité, la trahison et la corruption d’une classe politique qui ne s’intéresse qu’à ses propres intérêts. Aujourd’hui, de plus en plus de citoyens font le raisonnement suivant : « À quoi bon voter pour, finalement, toujours les mêmes ou leurs clones. Les problèmes ne seront pas résolus. Voter pour ces gens par peur du néofascisme ne règle rien, ne résout rien car c’est rapporter à plus tard la même question. Voter c’est finalement se soumettre. On ne vote plus pour quelque chose, mais contre quelqu’un : la démocratie ne peut pas fonctionner ainsi ».

Le premier degré de la prise de conscience citoyenne est de ne pas donner une légitimité à une classe politique qui, dans son ensemble, a failli.

Patrick MIGNARD
30 novembre 2015

- Naomi Klein essayiste et activiste :: « Cette manifestation est un geste de défi » sur http://altermonde-sans-frontiere.com/spip.php?article29959

" Naomi Klein est l'une des critiques les plus populaires et les plus écoutées de la mondialisation néolibérale et des régressions autoritaires qui l'accompagnent. Après La Stratégie du choc sur le capitalisme du désastre, qui prospère sur les violences infligées aux sociétés (cataclysme, putschs, effondrements politiques…), elle a publié en 2014 Tout peut changer, qui décrit à quel point le dérèglement climatique impose une épreuve vitale au système capitaliste."(Médiapart)

29 novembre, la République placée en garde à vue

Comme d'autres anonymes, Andréa Fichot, avocat au Barreau de Paris, a bravé l'interdiction pour participer ce dimanche 29 novembre à la manifestation contre l'Etat d'urgence. Interpellé par les forces de l'ordre, il raconte les événements place de la République et ses 23 heures de garde à vue.

Je ne suis pas communiste, je ne suis pas écologiste. Pourtant, échaudé par l’appel de Manuel Valls aux députés afin qu’ils ne soulèvent pas l’inconstitutionnalité manifeste de la loi sur l’État d’urgence, choqué par la facilité avec laquelle la France compte s’affranchir de la Convention européenne des Droits de l’Homme, je me suis retrouvé place de la République, dimanche 29 novembre, aux côtés des militants du NPA pour manifester contre l’État d’urgence. J’ai assisté dans le cortège aux affrontements entre casseurs et forces de l’ordre ; et je l’ai suivi quand il s’est désintéressé de ces scènes où policiers et jeunes cagoulés aiment à jouer à la guerre, pour continuer à faire entendre son principal slogan : « État d’urgence, État policier, on ne nous enlèvera pas notre Droit de manifester ».

Je l’ai suivi jusqu’à cette souricière mise en place par les policiers qui, sans doute déçus d’avoir si peu interpellé de « black bloc », comme ils les appellent, ont trouvé en ce cortège pacifique et bien organisé, une cible facile, avec des vieux, des couples, des mères de famille, des militants qui ne se cagoulent pas, qui ne brûlent pas leur affaires pour se camoufler, et qui n’ont pas de sérum anti lacrymogènes. Il est 15h45 quand nous sommes définitivement bloqués et que commence officiellement, comme nous l’apprendrons plus tard, notre garde à vue. Perchés sur une corniche surplombant le cortège qui s’est transformé en môle, deux policiers en civil se révèlent à leurs collègues et quittent nos rangs. Les interpellations commencent.

Les vieux militants conseillent aux manifestants du dimanche comme moi de former une chaîne bras dessus bras dessous pour ne pas faciliter le travail des policiers, sans toutefois opposer de résistance offensive. Nous sommes environ 200 dans cette souricière avec paraît-il, Olivier Besancenot dans le lot. Je ne le vois pas. J’ai su plus tard qu’il faisait partie des derniers du groupe et que les policiers n’avaient pas osé l’interpeller. Notre nombre décroit assez vite à mesure que les forces de l’ordre extirpent sans ménagement un à un les manifestants. Puis la nuit tombe. Des manifestants sont reconduits dans le môle par les policiers. Plus de cars disponibles. Au bout de 3 heures dans le froid, la plupart d’entre nous sont volontaires pour être interpellés.

Nous sommes pour beaucoup conduits à Bobigny où nous sommes de nouveau parqués pendant plus de 3 heures dans le garage ouvert du commissariat, dans le froid, sans eau, sans nourriture, sans possibilité d’aller aux toilettes depuis plus de 6 heures, gardés par des membres de la BAC qui semblent presque nous en vouloir de ne pas être des « black bloc » mais des bobos parisiens qui n’avaient rien d’autre à faire de leur dimanche. Je suis jeune avocat et conseille à la plupart de mes co-gardés à vue, de ne pas répondre aux questions des policiers et d’user poliment de leur Droit au silence pour ne pas s’auto-incriminer, même si je leur précise que le Parquet ayant l’air d’être particulièrement sur les dents, cela pourrait conduire à une prolongation de garde à vue au delà de 24 heures. Je tâche de rester mesuré dans mes conseils, n’étant au fond qu’un débutant.

À 22h45, soit plus de 7 heures après le début de ma privation de liberté, on me notifie mon placement en garde à vue, ce qui est une aberration de la procédure pénale. On nous expliquera ensuite que des circonstances insurmontables ont fait que l’on n’a pas pu nous notifier notre garde à vue, et donc nos Droits avant cette heure tardive. C’est l’interprétation de la Préfecture de police et du Parquet, mais quand on est capable d’interpeller 200 personnes qui n’opposent aucune résistance, on est capable de leur notifier leurs Droits, de les nourrir et les les autoriser à faire leur besoin, État d’urgence ou pas. Nous sommes tous poursuivis pour « attroupement non armé », c’est-à-dire qu’on nous reproche d’avoir violé l’interdiction de manifester édictée par la Préfecture de police. Le Parquet sait donc qu’il n’y a aucun casseur parmi nous. Il a quand même décidé de tous nous placer en garde à vue, probablement sur ordre du ministère de la Justice pour rassurer les Français en faisant du chiffre : « On a arrêté des gens ».

Après encore une heure d’attente, nous sommes dispatchés dans différents commissariats, tous menottés, quel que soit le sexe ou l’âge. Je ne serai relâché pour ma part que 23 heures après le début de ma garde à vue, avec cinq autres participantes, dont une mère de famille et sa belle fille. Après au mieux le désintérêt des grands médias suscités par ces événements, au pire l’amalgame opéré avec les casseurs, je tenais à témoigner pour rappeler aux Français cette vérité crue : Sur plus de 300 gardes à vues prononcées, à 16 heures le 30 novembre, seules 9 ont été prolongées.

La veille, tandis que la plupart des « black bloc » s’évanouissaient dans la nature et qu’on s’émouvait de bougies piétinées, des manifestants pacifistes, dont c’était l’honneur de défendre les libertés et Droits fondamentaux en ces temps troublés, ont été réprimés puis mis aux arrêts pendant 24 heures par un gouvernement socialiste.

06 décembre 2015

Régionales premier tour : la démocratie prend le bouillon

http://yetiblog.org/index.php?post%2F1523

par Pierrick Tillet - Le monde d'après

Faut-il s’en étonner, la démocratie a encore pris le bouillon lors de ce premier tour des Régionales. Grand vainqueur une fois de plus, l’abstention : env. 50 %.

Ce qui revient à diviser par deux le score des listes arrivées en tête pour connaître leur véritable impact dans le pays.

Imaginez, les partis de pouvoir obtiennent respectivement le soutien de 13,5 % des inscrits pour le groupe de droite (LR and co), 11,35 % pour le groupe de (fausse) gauche (PS et satellites). Soit, pour les partis dits de gouvernement, un total misérable de moins d’un quart de la population en âge de voter.

Ne parlons même pas des “idiots utiles”, EELV et le FDG, complètement dans les choux à moins de 3% chacun. Mais là, pas d’étonnement non plus.

Le FN, grand triomphateur médiatique de la soirée, aurait pourtant grand tort de pavoiser. Dans une élection où sa position d’opposant énervé lui a très certainement valu de faire le plein des voix, il ne recueille le soutien que de 15,3 % de la population.

Une faillite démocratique qui ne touche pas que la France

Qu’on évite, je vous prie, de nous servir la sauce réchauffée de l’abstention irresponsable, la ritournelle faisandée des « qui ne vote pas consent » ou « doit fermer sa gueule ». Nous autres, les abstentionnistes militants, bien plus nombreux que vous, on se fout de vos leçons de morale à deux balles. La comédie a assez duré, nous ne jouons plus.

Ne venez pas nous dire que l’on se désintéresse de la politique, c’est faux. Quand le sujet est important, la plupart d’entre nous montons au taf : 30,6 % d’abstention seulement au référendum de 2005, 28 % au dernier référendum danois du 3 décembre sur l’Union européenne.

Car le phénomène du ras-le-bol de la comédie démocratique pipée ne touche pas que notre pays. Lors des dernières élections législatives portugaises, l’abstention dépassa les 40 %. En Égypte, pire encore, ils ne furent que 26,5 % d’électeurs à se mobiliser pour adouber la bande du général al-Sissi installée d’autorité sur les ruines de la révolution arabe.

Alors oui, on sait, les résultats n’empêchent pas les rescapés morveux de régner et de parader. Mais ceux-ci devraient prendre garde que plus de la moitié de leurs administrés les tiennent pour des imposteurs, des crétins et des malfaisants. Dans un système entièrement bâti sur la confiance et sur ses apparences, ça la fout très très mal.

Et devrait se payer un jour.

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2 décembre 2015 3 02 /12 /décembre /2015 07:50

ANTICOP21 Infos pratiques

Retour sur la journée de lutte du 29 novembre contre la COP21

Publié le 30 novembre 2015

République | COP21

Récit à plusieurs mains de la journée contre la COP21, à Paris le dimanche 29 novembre 2015.

Il est midi lorsque nous arrivons sur la place de la République et rien ne laisse présager le tournant que prendra cette manifestation dans quelques heures. Il n’y a pas grand monde, chacun vaque à ses occupations respectives : les uns entassant des chaussures chargées de manifester à la place de leurs propriétaires, les autres partant vers la chaîne humaine, d’autres encore buvant un thé ou cassant la croûte. Quelques militants sont regroupés autour d’une banderole tenue par les organisations libertaires (AL, CGA...) qui donnent de la voix. On peut même trouver un groupe de Japonais suffisamment déterminés à lutter contre le nucléaire pour venir jusqu’ici, en plein état d’urgence.

Pas très loin, un groupe de manifestants en soutien à la Palestine appelle à boycotter Israël et son occupation mortifère (le 29 novembre étant aussi la journée internationale de solidarité avec le peuple palestinien). Des touristes déposant des fleurs devant la statue de la République en hommage aux victimes des derniers attentats, des derviches tourneurs, des skaters, des badauds viennent compléter ce tableau, véritable inventaire à la Prévert.

Une chose est sûre : il y a des flics partout, plus d’une centaine de camionnettes entourent la place et pas seulement des playmobils antiémeute. Enormément de flics en civil sont disséminés dans la foule, la pesanteur de l’état d’urgence se fait bien ressentir... Impuissance du tas de chaussures, impuissance de la foule clairsemée, éclatée et surveillée. Il règne une sorte de flottement, chacun sachant les raisons pour lesquelles il est venu mais n’ayant aucune idée de la forme que vont prendre les choses. L’installation des cantines qui distribuent des super repas à prix libre permet de détendre provisoirement l’atmosphère. On s’assoit par terre, on se restaure, on prend des forces pour la suite.

Pendant ce temps, malgré l’interdiction et malgré la militarisation, la foule continue de grossir. Nombre de participants à l’éphémère chaîne humaine sont revenus, un peu frustrés. Quelques petits cortèges se forment, commençant à encourager les gens à manifester. Un peu avant 14 h, un mouvement un peu sérieux commence à se faire en direction du boulevard Magenta, et la foule, qui s’ennuie manifestement sur la place de la République, se met progressivement en marche, s’intégrant au cortège en cours de constitution.

La place est déjà bloquée à toutes ses issues, nous commençons donc par marcher sur son pourtour jusqu’alors laissé ouvert au trafic automobile. Etrange cortège qui se met en branle et tourne autour de la place, et donc autour de la République, manifestant en rond et en vain sans parvenir à trouver une issue. Dès 14 h, nous nous retrouvons absolument nassés. Impossible de quitter la place par les rues adjacentes, les sorties de métro sont elles aussi fermées à la demande de la pref. Voilà donc ceux et celles qui ont bravé l’état d’urgence, enfermés dehors. Nous scandons des slogans contre la COP21 et son monde étouffant, contre l’état d’urgence qui s’abat sur nous, contre la police qui, quand elle ne nous "protégeait" pas encore, assassinait Rémi Fraisse, perpétrait des crimes racistes. "Si on ne marche pas, ça ne marchera pas", "police partout, justice nulle part", "état d’urgence, État policier, on ne nous empêchera pas de manifester" ou encore le très sobre "liberté, liberté !" sont repris avec force.

Après avoir fait face aux barrages de CRS situés à l’entrée du boulevard Saint-Martin, de la rue du Temple, du boulevard du Temple et du boulevard Voltaire, nous nous engouffrons dans l’ouverture de l’avenue de la République, pas pour longtemps. La ligne de CRS est présente là aussi. Dans un premier temps les manifestants tentent de passer pacifiquement. Au bout de quelques secondes tout le monde est aspergé par des gazeuses.

Après une bonne dizaine de minutes de "contact" où certains et certaines essayent de déborder la ligne de CRS, les flics commencent à taper plus fort et à re-gazer abondamment les premiers rangs. Nous finissons par refluer sur la place, et c’est reparti pour un tour.

Rue du Faubourg du Temple, boulevard Magenta... Toujours à quelques milliers, dans une ambiance plutôt déterminée et joyeuse : on manifeste, malgré leur interdiction minable, nous les défions, sur cette place censée incarner la citoyenneté et l’unité nationale. Convaincus que nos idées sont importantes, qu’elles méritent d’être défendues en dépit de l’injonction venue d’en haut de nous regrouper autour de valeurs supposées communes. Nous sommes là pour dire nous ne voulons pas de leur protection, que nous n’approuvons pas leur déferlement sécuritaire, la répression des composantes les plus faibles et discriminées de la population. Pas de trêve entre nous et l’Etat ! Pas de complaisance envers le cirque de la COP21, la destruction concertée et mesurée du monde. Nous l’avions déjà dit il y a longtemps : la COP sera sociale ou ne sera pas !

Avant 15 h, nous sommes donc bel et bien enfermés place de la République. Ceux qui nous bloquent et nous lançent des gaz commencent à recevoir quelques projectiles. Rien de bien méchant, d’ailleurs, il n’y aurait apparemment aucun blessé de leur côté. A l’entrée de la rue du Temple, les projectiles qui leur pleuvent dessus commençent à se faire plus nombreux et ils nous renvoient donc les leurs. Assez graduellement mais dans un temps court ce sont d’abord quelques grenades lacrymogènes, puis des grenades offensives ou de désencerclement qui sont tirées en nombre. Des dizaines de projectiles en caoutchouc dur seront retrouvés plus tard sur la place. Les tirs se font de plus en plus tendus, au niveau des visages. Certains manifestants sont blessés par des éclats. Mais qui bloquait qui ? Qui défendait les pompiers pyromanes réunis au Bourget, censés oeuvrer pour le bien de l’humanité ? Qui s’est arrogé le droit d’assigner nos camarades à résidence, de les surveiller des mois voire des années à l’avance ?

Les grenades lacrymogènes continuent de pleuvoir, leurs gaz envahissant peu à peu toute la place, chassant notamment les personnes regroupées autour du mémorial pour les victimes du 13 novembre (la rue du Temple, d’où partaient les tirs, est à une centaine de mètres du monument). Le scénario qui se déroule ensuite rappelle les manifs de l’été 2014, quand le gouvernement Valls se plaisait à interdire les manifestations de soutien au peuple palestinien (il n’avait pas eu besoin d’état d’urgence pour ça) : gros nuage de gaz, les manifestants refluent, puis reviennent. La tension ne cesse évidemment de monter et chaque fois que les gaz se dissipent, les projectiles pleuvent plus drus sur les lignes policières, à différents endroits de la place. Sauf que cette fois, il n’y a pas que des mottes de terre disponibles sur cette place aseptisée. Les chaussures, qui demeuraient jusqu’à présent impuissantes, étalées dans un coin de la place, viennent à s’écraser sur les visières des CRS, retrouvant là leur vraie fonction.

Quelques bougies volent accompagnées de leurs bocaux en verre. Il ne faut pas y voir une marque d’irrespect envers les victimes du 13 novembre, nous sommes nombreux à trouver que le drapeau tricolore et l’état d’urgence insultent bien plus leur mémoire.

Puis les forces de l’ordre pénètrent sur la place de la République par centaines, d’abord depuis le boulevard Voltaire, puis par le boulevard du Temple, rabattant tout le monde sur leur passage, véritable déferlante de bleu, par laquelle l’Etat entend montrer son intransigeance envers toute forme de contestation. Ces deux lignes sont suivies par une cohorte de flics en civil, massés à l’entrée de l’avenue de la République, puis par les autres, encerclant tous les manifestants. Cette place, incontrôlable durant quelques instants redevient alors le piège prévu par l’urbanisme sécuritaire parisien.

S’étant rendus maîtres de l’espace, les flics font ce qu’ils veulent. Ils mattraquent à tout va, saccagent les fameuses bougies devant la statue de la République et mettent en nasse plusieurs centaines de personnes. Il y en aura deux : l’une à l’entrée de la rue du Faubourg-du-Temple, l’autre sur la place au niveau du boulevard Magenta.

La plupart des copines-copains énervé-e-s ont fait cramer leurs déguisements noirs dans une poubelle et au pied d’un arbre avant de se disperser et de quitter la place. Les deux jolis feux de joie sont bientôt éteints par les bleus. Restent les clowns, les pacifistes, les acrobates et pas mal d’entre nous qui, bien qu’encerclés, constatent que l’ambiance s’est un peu détendue. Les deux groupes nassés sont séparés, les chants rebondissent d’un côté et de l’autre, plutôt bon enfant. On se fout de la gueule des flics, l’attroupement prend des allures de spectacle de rue. Peu à peu ils resserrent la zone, les coups de matraques dans la tête, les gens traînés par terre, le gazage directement dans leurs yeux rappellent aux pacifistes assis sur le pavé qu’un CRS est toujours partant pour nous casser la gueule.

A partir de ce moment ce sera l’arbitraire le plus total. Certaines et certains sont envoyés dans différents commissariats, d’autres restent parqués. L’ambiance est assez surréaliste. Nous sommes environ 150 entourés d’un dispositif massif dans un coin de la place. Le campement s’organise sous le regard vitreux des soldats. On se retrouve à pisser contre le mur dont on comprend qu’il est celui de la caserne de République. Deux copains grimpent à l’arbre pour y planter un drapeau "Pace". Une sono a été nassée avec nous et le tout prend l’allure d’une rave partie où la drum & bass se ponctue de chants anti-flics. On bêle pour moquer ces moutons, on scande "Appellez la police, nous sommes séquestrés". Sur les portables, on apprend que Le Figaro nous traite "des manifestants les plus durs" et qu’Hollande nous trouve "scandaleux", ça fait rire tout le monde. Les flics réagissent régulièrement en attrapant au hasard l’un de nous qui est traîné dans un camion où il reste pendant des heures à communiquer avec ceux toujours dehors. Peu avant 20 h, les bleus tentent de communiquer avec nous au mégaphone alors qu’un deuxième bus est arrivé pour nous embarquer et que certains ont été violemment arrachés à la foule. On refuse de croire leurs mensonges et d’être libérés sans nos camarades. Deux couloirs sont finalement organisés et nous sommes libérés après une palpation assez légère et sans contrôle d’identité. Un CRS ravi nous lâche "allez à demain, on s’est bien marrés aujourd’hui".

Durant tout ce temps et jusqu’à la fin, les personnes qui avaient d’une manière ou d’une autre pu s’échapper du "grand ratissage" reviennent en soutien aux personnes nassées. Les profils sont très hétérogènes et, contrairement à ce qu’essayent de raconter la préf’ et les mass médias, il n’y avait pas que des encagoulés présents. De nombreuses personnes sont restées, se sont mises en danger, par soutien aux autres manifestants et pour défier l’état d’urgence. Une manif sauvage de 150 à 200 personnes s’est formée à ce moment-là derrière les barrages côté grands boulevards et est joyeusement partie défiler jusqu’à ce qu’elle soit rattrapée par les fics et dispersée vers Stalingrad. Malgré la répression aveugle de la préfecture de police qui aurait encore pu blesser grièvement un manifestant, il y avait quand même une certaine énergie sur la place où les clivages classiques entre gentils manifestants vs méchants encagoulés ont partiellement sauté devant l’urgence de la situation à ne pas abandonner la rue.
Gageons que cette énergie reste vivante dans les semaines et les mois à venir.

Ne nous leurrons pas : nous avons réussi à manifester, de diverses manières, mais nous n’avons certainement pas enrayé le programme en cours d’élaboration pendant cette conférence climatique, dont les objectifs actuels, 2 C° de réchauffement "seulement", stupidement criminels pour des millions d’êtres humains, ne seront pas même atteints. Programme délirant comprenant la promotion de solutions énergétiques de remplacement ultra dangereuses comme le nucléaire, des mesures d’apprentis-sorciers envisagées telles que la géo-ingéniérie mais (évidemment !) une absence totale de remise en question de la principale cause du changement climatique, la croissance industrielle infinie exigée par le capitalisme pour sa propre survie.

Les critiques qui ne manqueront pas de pleuvoir sur la supposée irresponsabilité des manifestants radicaux ne contribueront qu’à masquer davantage à quel point cette radicalité se place en-dessous de ce qu’une telle situation appellerait comme réactions de notre part. De cette journée du 29, il faut surtout retenir ce message : nous sommes déterminés à lutter, quels que soient les obstacles qui viendront entraver notre route. Reste à répondre à cette question, toujours en suspens : comment lutter ?

Des membres de l’automédia de l’assemblée parisienne contre la COP21

PS : à l’heure où cet article est publié (le 30 novembre), la police fait état pour la seule journée du 29 novembre de 341 interpellations, dont 317 suivies d’une garde-à-vue.

Lire aussi le communiqué du collectif de soutien aux manifestant-es ainsi que le suivi de la journée et de ses suites

COP21

[Vidéo] Banquet des ZAD et autres territoires en lutte // Versailles

Retour vidéo sur le ban­quet des zadis­tes devant le cha­teau de Versailles samedi 28 novem­bre 2015.

Assignation à la révolte

Je suis un parmi les 24 assi­gnés à domi­cile, même si le fait que mon nom soit devenu public, suite au com­mu­ni­qué de la Ligue des Droits de l’Homme, m’a mis en avant par rap­port à mes 23 co-assi­gnés.

Qui piétine qui ? Qui piétine quoi ? Libération immédiate de nos camarades arrêté-e-s et retrait des poursuites

Communiqué de la CGA Région pari­sienne suite à la répres­sion de la mani­fes­ta­tion contre la COP 21. Nous fai­sons suivre le compte rendu de la grève d’un col­lège et de la mobi­li­sa­tion sur Saint Denis, en soli­da­rité avec les arrê­téEs et pour exiger la libé­ra­tion de touTEs.

Bonjour le bilan carbone ! (une assignation à résidence en Ariège)

Récit d’une assi­gna­tion à rési­dence, dans le cadre de l’état d’urgence et de la COP21.

La COP 21 commence à peine et nous en sommes déjà exclus

J’ai mani­festé hier à République. Oui, j’ai mani­festé pour le climat et contre l’état d’urgence. Oui, j’ai mani­festé parce que je suis mili­tante envi­ron­ne­men­ta­liste et que l’immo­bi­lisme des diri­geants qui se réu­nis­sent aujourd’hui m’inquiète. Oui, j’ai mani­festé alors que la mani­fes­ta­tion était inter­dite.

Repas pour les activistes pendant l'anticop21 !

Annonce des cui­si­nes col­lec­ti­ves.

AG de l'assemblée parisienne contre la COP21

Assemblée géné­rale contre la COP21

Suite des réjouissances contre la COP21

La semaine der­nière a été riche en mobi­li­sa­tions. Après que les convois venues de toute le France aient convergé sur l’Île-de-France, un grand ban­quet s’est tenu devant le châ­teau de Versailles samedi. Plus tôt, la semaine "même pas cop" avait pro­posé de nom­breu­ses ren­contres à l’uni­ver­sité Paris 7 jusqu’à que celle-ci en réac­tion déclare la fac fermé. Enfin, diman­che, plus de 5000 per­son­nes ont mani­festé place de la République.
La COP ne fait que com­men­cer, d’autres ren­contres sont pré­vues cette semaine encore. Retrouvez toutes les mobi­li­sa­tions à venir dans cet arti­cle.

Malgré l'interdiction, des milliers de personnes ont manifesté à Paris contre la COP21

Depuis le début de la semaine la répres­sion s’est inten­si­fié sur les mou­ve­ments de contes­ta­tion contre la COP21. Après les convo­ca­tions arbi­trai­res et les assi­gna­tions à rési­dence un peu par­tout en France, la pré­fec­ture a aussi orga­nisé, depuis quel­ques jours, des raf­fles au faciès dans les rues et le metro de Paris de per­son­nes qui auraient de tête de ZADiste.

En bref :
ERRATUM RDV : Une AG a été anté­rieu­re­ment annon­cée pour ce mer­credi 2 décem­bre à Paris 7 mais elle n’est pas connue par les grou­pes locaux (qui appel­lent à ne pas s’y rendre par pru­dence).
jour­née du 01 dec. 2015 :

  • 16h : Des com­pa­ru­tions immé­dia­tes de mani­fes­tants arrê­tés diman­che sont pré­vues pour ce soir au palais de jus­tice de Paris.
  • 9h : Merci aux pro­ches des per­son­nes encore en garde à vue de pren­dre contact avec le col­lec­tif de sou­tien aux mani­fes­tants
  • 21h : La pré­fec­ture a annon­cée 317 GAV suite à la mani­fes­ta­tion sur la place de la République hier. Il y a également eu, à la connais­sance du col­lec­tif d’aide aux mani­fes­tants, 5 per­son­nes étrangères qui ont été envoyées en centre de réten­tion. A ce stade 2 d’entre elles sont sor­ties du CRA.
Appel à actions devant la centrale à charbon EDF de Cordemais (44)

En réponse à l’appel à actions décen­tra­li­sées "Etat d’urgence cli­ma­ti­que", nous appe­lons à un ras­sem­ble­ment devant la cen­trale à char­bon d’EDF à Cordemais dans le 44 pour dénon­cer l’hypo­cri­sie de leur monde et la des­truc­tion de notre envi­ron­ne­ment et de nos exis­ten­ces !
En pièce-jointe, l’appel en PDF en format tract à dif­fu­ser.

Appel à une rencontre inter-territoires en lutte le 2 décembre

Appel à une ren­contre inter-ter­ri­toi­res en lutte le 2 décem­bre à partir de 13h00 à la CNT 33 rue des Vignoles.

J'accuse Michel Cadot, préfet de police de Paris, de violences et de désinformation !

La pré­fec­ture de Police de Paris, consi­dé­rée comme un véri­ta­ble « État dans l’État », est gou­ver­née d’une main de fer depuis juillet 2015 par Michel Cadot.
Derrière chaque action, il y a des indi­vi­dus qui pren­nent des déci­sions, font des choix et doi­vent en assu­mer les actes !
Aujourd’hui comme hier, Michel Cadot est res­pon­sa­ble des humi­lia­tions et des vio­len­ces poli­ciè­res !

La police se lance dans le tri selectif des manifestants

Communiqué du col­lec­tif de sou­tien aux mani­fes­tants inter­pel­lés pen­dant la
COP 21.

Leurs urgences ne sont pas les nôtres

Réflexions sur l’urgence cli­ma­ti­que et l’urgence ter­ro­riste comme dis­po­si­tifs de gou­ver­ne­ment : ce qu’elles signi­fie pour l’Etat qui les décrète, ce qu’elles signi­fient pour nous qui en sommes la cible et leur arti­cu­la­tion lors de la tenue de la COP21.

Quelques remarques complémentaires sur l'assignation à résidence

L’assi­gna­tion à rési­dence est déci­dée par le minis­tre de l’Intérieur pour « toute per­sonne contre laquelle il existe une raison sérieuse de penser que son com­por­te­ment cons­ti­tue une menace pour la sécu­rité et l’ordre public ».

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