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19 avril 2015 7 19 /04 /avril /2015 04:51

Stop OGM n’est plus la bienvenue au Vanuatu

Stop OGM sème le doute

http://www.lnc.nc/article/pays/stop-ogm-seme-le-doute

Publié le vendredi 17 avril 2015 à 03H00

Le pays et la Chambre d’agriculture lui reprochent d’avoir « créé la confusion » en faisant « courir le bruit » d’un « risque de contamination OGM évident », mettant en péril la gestion de la crise agricole post-cyclone.

Après inspection des stocks de graines, Stop OGM a tenté d’alerter les autorités sur le risque de contamination avec les semences de papayes, « vu la provenance et la marque ».

Photos Archives C.R.

«Risque de contamination OGM. » En donnant l’alerte, Stop OGM a mis le feu aux poudres. Accréditée par la NDMO (Bureau des catastrophes naturelles), l’association s’est rendue au Vanuatu, durement frappé par le cyclone Pam dans la nuit du 13 au 14 mars. Sa mission : contrôler l’origine des semences acheminées par la Chambre d’agriculture. L’origine des semences de papayes l’interpelle. En l’occurrence, la marque Know-You, produite à Taiwan et distribuée par la Nouvelle-Zélande. Problème : Taiwan importe aussi de Hawaï, où 85 % des papayers seraient OGM. « Vu les provenances et les marques, le risque de contamination OGM est évident, conclut Frédéric Guérin, président de l’association. Un kilo de semences de papayes OGM peut à lui seul contaminer tous les papayers traditionnels en dix ans au Vanuatu. » Partant de ce constat, l’association est convaincue que la « contamination s’est faite ». Le mot se passe, et la controverse autour du don est vite relayée par le Daily Post Vanuatu, dans son édition du 3 avril, semant le doute dans les rangs des fermiers. « ça a mis une pagaille monstrueuse », tempête Gérard Pasco, directeur de la chambre consulaire.

Désinformation. Pour mettre un terme à la polémique, la chambre a décidé de frapper un grand coup, forte du soutien du gouvernement vanuatais. Dans un communiqué, elle dénonce l’entreprise de « désinformation » menée par Stop OMG. Ne faisant que « rajouter une crise à la crise » et « freiner la distribution d’une aide attendue d’urgence ». Le ministre de l’Agriculture, David Mossul, n’y va pas de main morte. « Vous êtes interdit de participer aux réunions du NDMO, car vous créez la confusion chez les Vanuatais. » Ce dernier va jusqu’à demander aux médias de « ne plus relayer leur message » et menace Stop OGM d’« expulsion », si elle ne respecte pas cette « injonction ».

« Fausses allégations », rétorque l’organisation. « Stop OGM n’a aucune pression d’aucune sorte à recevoir de la Chambre d’agriculture ». Dans un communiqué, elle invoque la « liberté de la presse » et conteste « l’authenticité » de la déclaration « officielle » du ministre.

Souverain. L’association persiste et signe, réitérant ses craintes. « Les papayers n’ont que très peu été affectés par le cyclone Pam pourquoi vouloir en importer à tout prix ? » Pour la simple et bonne raison que « le Vanuatu en a commandés » répond la Chambre d’agri- culture. Du reste, la Calédonie exporte de longue date vers le Vanuatu. Les trois principaux distributeurs (La maison Verte, Hortical, Agrilogic Systeme) « tous agréés par le bureau de biosécurité », n’ont pas attendu le cyclone Pam. Et puis la Calédonie n’est pas le seul fournisseur. « Le Vanuatu est un pays souverain, rappelle François Japiot, chargé de coopération agricole régionale pour le Vanuatu. Il a nous demandé de l’aide et formulé une commande à laquelle nous avons répondue. C’est eux qui décident, personne d’autre. » Gérard Pasco garantit au passage qu’« aucune graine OGM n’entre en Calédonie ». Aucune crainte à avoir selon la Chambre consulaire puisque tout est contrôlé par le Sivap en étroite collaboration avec le bureau de biosécurité du Vanuatu.

« A ce moment-là, qu’on nous laisse faire notre enquête et qu’on nous transmette les dix millions de factures pour contrôler le nom et l’origine des variétés », martèle Frédéric Guérin. Un permis d’importation du Sivap ne constituant pas, selon lui, une « garantie suffisante ». Quant aux attestations non OGM délivrées mardi par la Chambre, elles « datent de 2014 » et « ne concernent pas les papayes ». « Nous n’excluons pas totalement les OGM, toutefois en amont, les importations sont soumises à un contrôle rigoureux, a cru bon de préciser le directeur vanuatais de la biosécurité, Tekon Timothy Tumukon. Nous faisons en sorte de protéger l’environnement autant que les moyens de subsistance de la population. »

Trois quarts des semences distribués

Au Vanuatu, où 85 % de la population se nourrit des fruits de la terre, le cyclone Pam a tout fauché sur son passage. L’urgence est à la sécurité alimentaire. Il faut replanter, et il faut faire vite.

Le lendemain de la catastrophe la Chambre d’agriculture aux côtés de la NDMO, a racheté tout le stock de semences disponibles sur l’archipel pour un total de 1,3 million de francs. Et procédé à la distribution dans la foulée. En parallèle le réseau calédonien a été activé. Elan de solidarité oblige, le gouvernement, la province Sud et le Gapce (Groupement agricole des producteurs de la côte Est) ont débloqué dix millions de francs pour l’achat de graines en Calédonie.

L’enveloppe a permis à François Japiot, missionné par la Chambre d’agriculture au NDMO (National Disaster Management Office), de glaner plus de 700 kg de fret, dont plus de la moitié correspond à de l’emballage.

Mais avant d’acheminer, il a d’abord fallu ré-étiqueter et re-packagger les milliers de graines. Un kit de semences agricoles d’urgence a été élaboré, afin de permettre aux familles de cultiver une surface de 400 mètres carrés de maraîchage.

Hybride ? Reproductible ?

« La composition de l’aide (choix des semences et du matériel agricole) a suivi les recommandations formulées par le NDMO, souligne la Chambre d’agriculture. En respectant les directives du ministère de l’agriculture du Vanuatu. »

La priorité a été donnée aux semences « reproductibles », devant les semences « hybrides », plus dépendantes aux intrants chimiques. C’était l’une des inquiétudes formulées par Stop ONG, craignant que les graines hybrides ne fassent de « gros dégâts dans les pratiques traditionnelles millénaires » des Vanuatais.

Oui, des hybrides ont été importés. Non, ce n’est pas la première fois. Devant l’urgence, le Vanuatu a bien dû se montrer pragmatique. « Il faut bien que les gens mangent, et de toute façon il n’y avait pas assez de semences reproductibles en Calédonie, ni dans la région d’ailleurs », lance François Japiot.

Près de 100 000 foyers sont concernés par cette opération de distribution, qui s’avère délicate. D’autant que les structures endommagées compliquent, encore aujourd’hui, l’accès aux îles les plus éloignées. Toutefois, un mois après la catastrophe, les trois quarts des semences ont été distribués.

Le chiffre

700

La Calédonie a acheminé vers le Vanuatu 700 kg de fret, dont plus de la moitié correspond à l’emballage des semences.

L’étiquetage OGM toujours pas voté

Le projet a déjà fêté son premier anniversaire, mais la réglementation, elle n’existe pas. En février 2014, après plusieurs années de tractation par Stop OGM et d’autres associations environnementales, dont EPLP, le gouvernement calédonien adoptait un arrêté interdisant les semences génétiquement modifiées sur le Caillou. Et proposait en même temps au Congrès une délibération visant à rendre obligatoire l’étiquetage OGM. Le texte, prévoyant des délais d’application très longs, ne convient pas à tout le monde, mais pour les militants, « c’est un pas ». Sauf que les élections sont passées par là, les conflits politiques aussi et, malgré les relances de différents officiels, le projet, préparé par le conseil consultatif environnemental et visé par le CESE, est au point mort. Une situation qui a de quoi inquiéter ceux qui suspectent des effets néfastes des organismes génétiquement modifiés sur la santé humaine. Et ils sont nombreux au vu des plus de 10 000 signatures de la pétition « Non au blé OGM Australien ». En cause : les tests réalisés en plein champs par notre grand voisin et qui promettent une commercialisation imminente de différentes variétés de blés OGM. Or, la Nouvelle-Calédonie importe plus de 99 % de son blé d’Australie, « le Pacifique est en première ligne », répète depuis des mois Stop OGM.

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